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Çircaflje, oit leur poftérité eft encore aujourd’hui
établie d’autres fe fixèrent fur les bords du Danub
e , oh .s’étant unis aux Sueves 6c aux Vandales ,
ils ravagèrent enfemble la Germanie, la Belgique.&
. les Gaulé s. JUs auroïentpouffé plus loin leurs brigandages
, mais ils ne purent franchir les monts. P y rénées',
& ils parurent fe fixer au pied de ces. montagnes
, d’oùiils portèrent les ravages ,les tempêtes
dans les villes 6c les provinces, voifines. Plu-
;fieurs Alains fe détachèrent de l’alliance commune
pour s’établir dans, les Gaules, & fur-tout dans la
-Normandie 6c la Bretagne , oit leurs defcendàns ont
hérité de leurs inclinations guerrières, .6c non de
leur férocité. . • :
L’an 409, les troupes chargées de veiller à la garde
du paflàge des.Pyrénées, arborèrent l’étendard de
la rébellion. Utace, roi des Alains, profita des cir-
conftances pour entrer dans TEfpagne avec les Sue-
ves & les Vandales , qui partagèrent eritr’eux ces
riches provinces. La Galice 6c la,Bétique échurent
aux Suèves 6c aux Vandales. LaLufitanie 6c la province
de.Çarthagene furent réduites fous l’obéiffance
des Alains. Un fpeûacle bien furprenant, e’eft de
voir un peuple forti de la Sibérie traverfer une fi
vafte étendue de pays , fe fixer fur les bords de la
Méditerranée & de l’Océan , c’eft-à-dire, dans des
climats différons de ceux qu’il avoit habités. Les
peuples modernes, aufli courageux, ne pourrpient
réfiiter à tant de fatigues.
Utace , maître paifihle du Portugal, pouvoit jouir
fans inquiétude du fruit de fa conquête ; mais dévoré
d’am b ition il s’y trouva trop refferré, il fuccomba •
à la tentation d’affervir ceux même qui l’avoient aidé
à vaincre : les Sueves’ & les Vandales attaqués par
un allié perfide, fe fortifièrent de l’alliance d’Hono-
rius , qui aima mieux les fecourir que de les avoir
pour ennemis. L’ambitieux Utace fut vaincu dans un
combat où il perdit la vie : les débris de fon armée
,fe réfugièrent dans la Galice où ils fe fournirent aux
loix que le vainqueur daigna leur prefcrire. Ceux
des Alains quin’avoient point pris les armes,fe rangèrent
volontairement fous là domination des Sueves.
Un peuple qui n’avoit d’autre métier que la
guerre -, 6c qui ne formoit plus de corps de nation,
étoit forcé de trafiquer fon fang avec l’étranger qui
çonfentoit.à Faflocier à fa fortune : ainfi, ils fe ran-
geoient fous les drapeaux de ceux qu’ils croyoient
allez puiflans pour s’enrichir par le pillage. C’eft en
qualité de mercénaires qu’on les voit combattre dans
l’armée de Radagaife contre Stilicon : ce fut encore
fous ce titre qu’ils formèrent le centre de l’armée , à
la bataille de Châlons, contre Attila qui fit la funefte
expérience de leur valeur; quoiqu’ils n’euffent plus
de roi de leur nation , ils combattoient tous fous le
même drapeau. Ce fut ainfi qu’après avoir été les
fléaux de l’empire,ils en devinrent les défenfeurs. Ils
combattirent avec d’autant plus d’opiniâtreté contre
Attila, qu’ils confervoient une haine invincible contre
les Huns qui avoient chafle leurs ancêtres de leurs
poffçffions. Dans toutes les caufes qu’ils embrafle-
rent, ils combattirent avec plus de gloire que de
fru it, & jamais ils ne purent réuflîr à former un
corps de nation. Semblables aux Suiffes, ils ëtoient
vainqueurs fans être conquérans. Quand la terre eut
pris une conftirutionnouvelle, 6c que de nouveaux
empires fe furent formés des débris de celui des Romains
, les Alains aidèrent à fe donner des maîtres
& prirent les noms des nations où ils trouvèrent des
établiffemens. On a fouvent donné leur, nom aux
Maflàgetes, aux Huns '& aux autres brigands fortis
du Pont-Euxin, quoiqu’on remarquât entre les Alains
6c ces barbares la mêmedifférence qu’on trouve aujourd’hui
entre les Tartares Calmoucs 6c ceux de la
Crimée. Les Alains, dans le tems de leur fplendeur,
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avoient. donné leur'nom à leurs, alliés & à leurs tributaires
: dans leur décadence, ils furent compris
fous le nom de ceux qui les foudoyoient, ou qui les
ayoiênt fournis ; c’efl une obferv.ation qu’on doit
faire en lifant l’hiftoire de toutes les nations Nomades.
T e l avoit été autrefois le deftin des Medes , qui
prirent le nom de Perfes, quand ils eurent été fubju-
gués par Cyrus, fouverain d’tine,province.de ce nom.
Les Perfes , à leur tour, furent connus fous le. nom
.de P arthes, lorfqu’ils pafferent fous;la domination
d.Arfaee , roi de la . Parthie, petite province qui
donna fon nom à un des plus, vaftes empires de
.l’Orient, ( T— n .)
ALAJOR ou Alcior , ( Géogr*) petite p lie de
Fille Minorque, fituée p r e fq u e au. milieu de l’ifle
au nord-oueft du Port-Mahon, & .à l ’eftde la Cita-
délia. Elle a un diftriéf aflez confidérable. Long, z z ,
■ 10. lat. g g , 56. (C. A .)
§ ALa IS , ( Géogr. ) ville de France dans les Se-
vennes, au diocefe de Nifines, province de Languedoc,
fur une branche du Gardon, .auprès d’une
.belle prairie. Elle fe nomme Alejia dans les -Commentaires
de Jules Ç éfar, liv. F i l .Ce tte ville eft la
capitale d’une ancienne feigneurie érigée en comté ,
6c pofledée par Charles de Valois , fils naturel dfe
Charles IX. Elle eft devenue épifcopale depuis la
révocation de l’édit de Nantes, & fon é.vêque eft:
fuffiragant de celui de Narbonne. Louis XI V. y fit
;bâtir en 1689 une citadelle, où l’on enferma ceux dés
réformés qui n’avoient aucune difpofitipn à fe.convertir.
Quoiqu’elle ne foit pas fort grande, elle ne Iaifle
pas d’être peuplée, 6c de faire un commerce confia
dérable de foie crue 6c fabriquée. Elle eft à 14 -lieues
N. de Montpellier, 6c ,140 S. E . de Paris./ C. A . )
A L A L C O M E N E , ( Géogr. ) petite ville de
Béotie, ainfi nommée, à caufe d’Alalcoménie qui
fut la nourrice de Minërve. Cette dée.fîe avoit en ce
lieu un temple & unfimulacre d’ivoire extrêmement
refpeétés des peuples ; ce qui empêcha que cette
v ille , quoique facile à emporter, ne fut jamais facr
cagée, fuivant ce que nous dit Strabon. Paufanias
affure que la ftatue de Minerve en fut enlevée par
S ylla , & que, depuis çe'tems-Ià, le temple 6c la
ville furent déferts & tombèrent en ruines. Les géographes
anciens & modernes rfe nous ont rien dit
de plus pofitif fur, cette ville ; 6c il y a apparence
qu’on n’en a plus aucune trace. (C. A .)
ALAMAC , ALAMAK ou .AMAK , ( AJlron. )
nom que les Arabes ont donné à une étoile de la
fécondé grandeur , qui eft dans le pied auftral d’Am
dromede; elle eft appellée y dans les cartes céleftes
de Bayer & de Flamfteed, ainfi que dans nos catalogues
d’étoiles. (A/, d e l a L a n d e .') ,
A la mi re , ( Mujîque. ) Voye^ A MI la dans,
le Dicl. raif. des Sciences, &c. {F. D . C.)
A L A M P Y ou L a y , {Géogr. ) ville d’Afrique fur
k . c° te ^ ^ du grar)d Ningo, & à quatre
lieues de la grande montagne de Rëdundo, qui fe
préfente en forme de pain de fucre au nord-nord-
oueft. Cette ville eft fituée fur. le penchant d’une
montagne qui regarde le nord. La côte aux environs
eft bordée de collines aflez hautes , dont plufieurs
font ornées de palmiers. Les habitans font doux 6c
civilifes, mais timides & défians. Leur plus grand
commerce eft,celui des efclaves, que les Negres
d’Akin y amènent. Le mouillage de la rade eft fort
bon. Long. i5. lat. 5. (C. A .)
§ ALAND, {Géogr.) île delà mer Baltique, entre
la Suede 6c la Finlande. Elle peut avoir 30 à 40 lieues
de circuit ; 6c quoiqu’elle s’étende au-delà du foi-
I xante-unieme dégré de latitude feptentrionale, il eft:
I rare qu’elle ne produife.pas aflez de grain chaque
| année pour nourrir fés habitans. Elle a, des pâ-
I _ turages abondans., qui lui fourniflent le moyen de
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faire lin gros commerce1 de- beurré & de fromage.
Gn y trou ve'dé belles forê ts, dont on exporte béàu-
coup -de- bois 6c -de* éharbons y 6c des carrières de
pierres calcaires , dont on tire ’grand parti. Elle eft
envirortfiée :dë?rocs & 'de bas-fonds qui en rendent
l’abord très-dangereux. Cette i'flene fut 'rëtînie à
la Finlande1 qu’en 1634; auparavant’ elle avoit un
•gouverneur particulier. On croit même qu’il fut un
tems où'formant elle feule un état fép a ré e lle avoit
des rois ou princes indépendàns. (C. A.)
§ ALANGUER ou A lenqulr , ( Géogr:):Ville
-de Portugal dans rEftrama'diire , ait n o r d à ■ fe.pt
lieues de Lisbonne, & a u fud-oueft de Santaren. Elle
■ fut fondée , à ee que l’on croit, en 409 par lès Alains,
•qui lui donnèrent le nom d’Alan^er-Cânà. On y
compte aujourd’hui environ deux mille a mes. On
■ y voit cinq églifes pâroiflialés, trois monafterés ,
une maifon de la miféricôrde & un hôpital. C ’eft le
■ chef-lieu des domaines de la’ reine. {C. A .)
AL AP A , (Géogr.) montagnes de Sibérie dans la
:Rufîie Afiatique. Elles s’étendent depuis le lac de
Jaiokaia jùfqu’aux confins de la Baskirie. On y
■ exploite avec fuccès des mines de cuivre très-
•irichès. (C. A.)
* ALAR, (Géogr. ) riviere dePerfe quife jette
dans la mer 'Càfpienne;
A L A RC ON , (Géogr.) petite ville d’Efpagne dans
la partie occidentale de la nouvelle Caftille. Elle eft
fituée au. pied des montagnes, fur la rivière dé
Xucaf. On la croît fort ancienne. En .1178, fous le
régné des Maures, elle fut totalement; ruinée. Al-
phonfe IX. la rétablit quelques années après, 6c
aujourd hui elle eft aflez confidérable, & peut palier
pour un jolie petite ville. Long. 15, 46. lut. 30 ,4 0 .
ALARIC I . , (LUfl. des Vflgoths. ) juge fouverain
ou roi des Vifigoths, étoit de la famille des Baltes \
la plus ill.iflre parmi les nations Go thés après cellé
des A mal es. L’hiftoire commence à faire mention
de ce prince vers l’an 395. Il étoit alors en alliance
avec T hé o do fe le Grand, qui s’en fervit utilement
dans plufieurs guerres. Il lui dut en partie cette fa-
meufe viftdire qui mit à fes pieds Èugenè le tyran.
Lés fervices d'Alaric lui méritèrent l’eftime des
Romains; 6c ils en auroient tiré de bien plus grands
ïecours , fans les troubles qu’pccafionna la rivalité
de Rufin & de Stilicon, miniftres d’Honbrius 6c d’Ar-
cadius, fils- 6c fucceflèurs de Théodofe le Grand.
L ’ambitieux Rufin, peu contënt de préfider dans les
confeils d’Arcadius en qualité de régent, brigua
l ’honneur d’avoir ce prince pour gendre. Humilié
d’un refus, il prétendit s’en venger , & invita les
Barbares à piller la Grece. Alaric, charmé de trouver
cette occafion pour fatisfaire la cupidité de fon
peuple , ne manqua pas d’en profiter. Le proconful
Anthiocus , gagné par le perfide miniffre, ne lui
ayant oppofé aucun obftacle , il pénétra jufqu’au
détroit des Thermopiles. Le roi des Vifigoths alloit
porter plus loin fes fuccès ou plutôt fes ravages,
lorfque Stilicon, ennemi fecret de Rufin, trouva le
moyen de le rappeller fur les bords du Danube,
il y refta pendant deux ans, fans y caufer de grands
troubles; mais après cette époque (40 1 ) , il fît une'
irruption fur les provinces d’occident. Les hifto-
nens ont négligé de nous apprendre la caufe de fon
mécontentement : peut-être avoit-on manqué à lui'
faire les préfens auxquels les prédécefleürs d’Hono-
nus avoient accoutumé les natioiis barbares. Stilicon
raffembla aufli-tôt toutes les troupes de l’em-
Pire. ’ &■ marcha avec la plus grande célérité à l’endroit
on le danger étoit le plus imminent. Les deux
armees fe rencontrèrent près de Quierrafque. Le
choc rut rude dès deux côtés , mais il dura peu. On
prétend qùe' Stilieofî ménagea le roi Barbare pour'
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s’ën faire tin appui contre Honorius, qu’il avoit dèf-
• ^ n c‘e précipiter du trôné pour y mettre Eu chef,
fdn fils. Il eut èn fapdiflarice la femme 6c les enfans
:à’Alaric , q ui, pour les ’délivrer, fit un traité par
lequel'il s’obligéoit à fe retirer en Epire , pourvu
' cependant qu’on lui donnât quatre' mille' livres pe-
fant d or. Le roi des Goths fe montra fide le à fa parole
, 6c iortit aùfîi-rôt' de l ’Italie ; mais les Romaiiis
feignirent d’oublier leurs'obligations , pour fe'difpen-
' fér de lès; remplir. Le roi des Vifigoths attendit'dans
' le calmé & da'n^ le filence , mais toujours inutilement,
' les quatre mi:1e li vrés d’or promifes par Stilicon. ïî
entretenoit fes fujets dans une pai'x fi profonde , que
' l’on n’entendo '• t non plus parler ; dé la i, qii e s’il eut
I été mort. Lé bruit s’én répandit me’me dans Fèmpire ,
loffqué tôut-à-coup il parut aux portes de rïtaliè.
Avant de traiter les Rômâins ën ennemis , il'envoya
dés députés au féhàt, demander les /oirimés qu’on
lui avoit accordées pour fë joiirnér en Epire. Comme
il'fallut le vér nouveaux impôts, oh fit murmurer
le peuple, qui commençait à fe fatigùer d e ‘fe'vôir
tributaire des Barbares.' Le fênat, voyant Fimpofli-
bilitê'de réfifter à dette formidable puiffàncëa'ppaifa
les'clameùfs avec lés quatre mille livres d’ôr. On lui
donna la pofleflion de FAquifaine. Cëtfe dernier’e
conceifion marquôit plus d ’intérêt que de généro-
Les Romains marchoient à_ grands pas vers
leur déèadehcë. Un fpldat (Cbnftantin dit le TyranV,
âpres avoir pris la pourpré dans la grande Bretagne,
à voit envahi les1 Gaulés, dont F A qui mine faifôit partie.
Alaric étoit le ïéùl qui pût lui faire abandonner
la conquête : cependant ce traité refta fans exécution.
Honorius n’àyânt pas jugé à propos de le ratifier,
fit charger les Vifigoths, comme ils fe difpo’-
foient à pafler les Alpes. Æaric efliiya une perte
aflez confidérable ; fon armée ayant mieux aimé fe
faire mettre en pièces, que de cô in battre le dimanche
dé pâqiiés,jour auquel on rapporte cètte perfidie.
II revint lur fes pas , à dëflein d’en tirer vengeancê.
Arrivé fur lès bords du P ô , il y apprit la mort de
Stilicon. Il envoya des députés a Honorius, 6c feignit
d’ignorer qu’il trërnpoit dans la perfidie dont on
avoit ufé à foii égard. Il lui demandoit dés aflùrances
du traité que l’on avoit conclu avec lui. L’empereur,
oubliant à quel peuple il avoit affairé, lui répondit
qu’il ne lui avoit rien accordé , & que c’étoit en vain
qu’on exigêoit la ratification des proniefles qu’on
pouvoit lui avoir faites. Alaric , fûr de tout obtenir
par là voie des armes , continue fa. marche; il fe
rend maître des deux rivés du Tibre, 6c réduit R orné
à l’extrémité. Le fénat, tremblant 6c confterne, lui
envoya des ambaffadeiifS, qu’il refufa d’entendre"-
il leur dit qu’il fentoit en lui quelque choie. qui I’ex-
citôit à mettre Rome en cendres. Il confentit cependant
a s’en éloigner, mais à cette pénible condition.,.
qu’on lui livreroit tout For & tous lès meubles précieux
qui fe trouvoierit dans là ville : & lorfqu’un
dés ambaffadeurs lui demanda cé qu’il préiendoit
laiflèr aux habi tans ; je leur laijfe là vie , répondit-il.
Il né tenoit effectivement qù’à lui de les en priver.
Les Romains, oubliant cette antique, fierté qui afïe-
éloit des hommes qiii le difoiént lés maîtres au monde
, fe jetterent a fés pieds, & defeendant aux plus
lâches foumiflîons , ils Rengagèrent à. diminuer la
rigueur dé cette demande. Alaric, vaincu par leurs
larmes, leur donna la paix; & lorfqu’il pouvoit tout
exiger, il fé contenfà de fix mille livres pelant d’o r , de
quatre mille robes dé foie, & de trois mille tapis de
pourpre. Dès qu’il eut fignéce traité, il leva lefiege,
6c réprit le chemin dé fes états ; mais, quoique l’hiver
fut proche, il ne crut pas devoir pafler les Alpes
avant d’avoir reçu les Tommes' qu’il avo.it. exigées.
Honorius, prince qui, comme le dit Montefquieu ,
rie favoit faire nilâ|)aix hi'làg(ièrré,'fit d’exprëfles