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 voyageurs  tant de  faits  ,  tant de cir confiances, que  
 ie  ne  laurois  m’ôter de l’efprit, qu’avec le  temson  
 ne  découvre  dans  ce  continent  des  nations  très-  
 nombreùfes  &  çivilifées  qui  compofent des royaumes  
 puiflans.  . 
 Les François, s’ils avoient confervé la Louifiane,  
 m’auroient paru beaucoup plus à  portée  de  les  découvrir  
 depuis' ce pays ,  qu?on  ne  l’a fait  depuis le  
 Canada :  ils ont  appris à connoître les  Miffourites,  
 les  Canfez  ,  les  Padoucas  ,  nations  q ui,  à  mon  
 a v is ,  ne  font  pas  éloignées  des  premières  nations  
 çivilifées ,  puifque  les  Padoucas  fe  fervoiént  déjà  
 de  chevaux  couverts de peaux pour aller à la chafle,  
 comme  lesTahuglanks. 
 Si donc  on pouffoit  vers la  riviere  qu’on nomme  
 de  Saint-Pierre, &  que  je  crois être la riviere Longue  
 de la Hontan, qu’on fuivît  alors la meme route :  
 ou  f i,  depuis les Padoucas  on  fuivoiwK paffoitle  
 Miffouri,  comme  a  fait  Moncacht-Apé,  nous  en  
 faurions  bien-tôt  des  nouvelles.  Je  regarde  le  lac  
 des  Tintons  comme  un  de  ces  lacs  formés  par  la  
 riviere  Longue  , qui font repréfentés fur la carte de  
 la Hontan;  car je  ne  conçois  pas pourquoi  on  lui  
 a  donné  le  nom. de  lac  des  Tintons  ,  en  ajoutant  
 Tintons  errans.  S’ils  font  plus errans que  les  autres "  
 fauvages,  qui  font  des  courfes  de  plufieurs  centaines  
 de. lieues, je  ne vois  pas pourquoi l’on donne  
 à  un  lac  le  nom  d’une nation  qui n’y  fait jamais  fa  
 demeure  fixe.  > 
 Onpeut  encore  confulter  YHifioire  gênerait  des  
 Voyages,  qui  rapporte  une  relation  tirée ,  eft-il  
 dit  ,  du Mercure  galant  de  1711»  par  M.  du Fref-  
 n o i,  &  celle-ci  d’un  manufcrit  trouvé  en  Canada ,  
 de la  découverte faite  par  dix perfonnes qui remon-  
 toient  le  Mifliflipi,  de  celui-ci  entroient  dans  un  
 autre  fleuve  dont  le  cours  étoit  vers  le  fud-fud-  
 oueft ,  &   ainfi .d’une  riviere à l’autre  jufques  chez  
 les  Efcanibas  ,  gouvernés  par  un  ro i,  Aganzan,  
 qui prétendoit  defcendre  de  Montezuma,  roi puif-  
 fant,  entretenant  une  armée  de  100000  hommes  
 en tems  de paix ,  lefquels peuples négocioient avec  
 un autre  peuple,  en y   allant par  caravannes  ,  qui  
 reftoient  fix mois  en  route,  On peut  en lire un détail  
 fort  ample  dans  la  gazette  de  Londres  du  30  
 oftobre  1767.  .  \ 
 On y  lit  que  trois  François ,  partis  de Montreal  
 l’année précédente pour faire des découvertes,  après  
 1 zoo milles de marche, ont rencontré un fleuve  dans  
 lequel  ils  ont  cru  appercevoir  un  mouvement de  
 la marée. 
 D ’après  les  axiomes  énoncés au commencement  
 de  cet article,  je regarde  de pareilles  relations  de 
 quelques aventuriers, comme les fables des anciens,',  
 qui,  fans être  vraies  ,  ont  pourtant  la  vérité  pour  
 bafe, quoiqu’elle  y   foit  fort  défigurée ;  du  moins  
 fera-t-on  obligé d’avouer que leurs auteurs  ont cru  
 inconteftable  qu’à  l’oueft  du  Canada  il  exiftoit  un  
 pays  immenfe  de peuples  plus  ou moins  civilifes,  
 &   que  c’étoit  l’opinion  générale.  Voye^ la carte de  
 VAmérique n°.  1  ,  dans  ce Supplément.  (E .) 
 AMESTRIS, ( Hiß. de Perfe. )  femme de X erxès,  
 roi  de  Perfe,  fut  un  exemple  des  atrocités  dont  
 l’amour  offenfé  eft  capable.  Tandis  qüe  fon mari  
 enivré  de  plaifir,  tâchoit d’oublier fa honte  &   fes  
 débites  ,  il  conçut  une  paffion  violente  pour  la  
 femme  de fon frere Mafifte. Cette princeffe  fidelle à  
 fon premier engagement,  lui  réfuta fon  coeur  &   fa  
 main.  Xerxès, pour mieux la féduire, fit époufer fa  
 fille à fon fils Darius, qu’il  avoit défigné fon  fuccef-  
 feur ; mais moins touchée de cet honneur que  de  fes  
 devoirs, elle perfifta conftamment dans fes refus. Le  
 monarque  défefpérant  de  fubjuguer  fa  vertu,  fe  
 fentit  embrafer  d’un  amour  furieux  pour fa  fille  
 gu’il venoit  de  marier  à  Darius.  Amcßris  qui  fe 
 A M  I 
 croyoit’toujours aimée de fon  volage  époux, lui  fit  
 prêtent  d’une robe magnifique  qui  étoit  fon propre  
 ouvrage. Xerxès  ébloui  par la richeffe  du préfent,  
 s’en  revêtit  pour  aller  rendre  vifite  à fa  maîtrefle  
 qui,  charmée  de l ’éclat de fa nouvelle parure, l’exigea  
 pour  prix de  fes  faveurs. Amejlris en  la  voyant  
 parée de  ton ouvrage, s’apperçut  qu’elle  avoit une  
 rivale, &  aveugle dans fon difcernement, elle imputa  
 à la mere le  crime de  fa fille. Les  Rois de  Perfe  s’é-  
 toient fait une loi de ne rien refufer  à  leur femme le  ■  
 jour de  leur naiffance ; elle faifit cette occafion pour  
 lui demander que  la femme de Mafifte lui fût livrée,  
 &C quand èlle l’eut en fon pouvoir, elle lui fit couper  
 les mamelles ,  la langue, le  nez,  les  oreilles  &   les  
 levres qu’elle fit jetter aux chiens  qui les dévorèrent  
 à  fes  yeu x, tandis  qu’elle  refpiroit  encore.  Cette  
 atrocité ne lui rendit pas la place qu’elle avoit occu?  
 pée dans le'coeur de fon époux. Xerxès fit venir  fon  
 frere &  lui déclara qu’il devoit renoncer à fon époufe.  
 Mafifte,  époux  tendre &  confiant,  fe-retira  furieux  
 dans  fon  palais,  où  il  apperçoit  fa  femme  toute  
 mutilée.  Il fe  livre  à  tous  les tranfports d’une jufta  
 vengeance,  &  s’enfuit avec elle dans fon gouvernement  
 de la Baftriane, mais  il fut  arrêté  fur fa  route  
 par une  troupe de cavalerie  qui  le  maffacra  avec fa  
 femme,   fes  enfans  &   toute  fa  fuite.  La  barbare  
 Amejlris,  pour  remercier  les  dieux  infernaux  qui  
 avoient  fi bien fervi fes fureurs,  leur offrit en  facri-  
 fice  quatorze  enfans  des  meilleures  familles  de  la  
 Perfe, qu’elle fit entèrrer tous  vivanS. ( T— N . ) 
 * AMEUBLEMENT,  f. m.  ( Gramm. ) c’eft Faffor-  
 timènt dè meubles dont on garnit une chambre. Voilà  
 un bel ameublement. Dicl. de Trévoux. 
 §  AMEUBLIR,  ( Agric. )  fe  dit  aufli  des  foins  
 que  l’on prend pour empêcher  la  terre  de  devenir  
 compafte, foit  en divifant  fes molécules  par  des labours  
 fins &  réitérés,  foit en la calcinant,  foit en  y   
 mêlant  des  engrais. Plus  les molécules  de  la  terre  
 font divifées, enforte que le fol reffemble  prefque à  
 de la poufliere , plus les végétaux font à  portée  d’étendre  
 leurs  racines &  de le  fortifier en toutes maniérés. 
  Les neiges, les pluies d’hiver &  la gelée, contribuent  
 beaucoup à ameublir une terre qui a été mife  
 en mottes par  les  labours d’automne. Les rayons  du  
 foleil &  la grande chaleur atténuent aufli en d’autres'  
 faifons, les'terres qui ne font pas trop humides &  ar-  
 gilleufes. Il eft important 8 ameublir profondément la  
 terre.  Ces avis font pour  les femis de bois,  comme  
 pour les autres terres. (+ ) 
 AMICLÈS , ( Hijl.  de Lacédémone. )  troifii ?me roi  
 de Lacédémone, n’eft connu  que  pour  avoir  été le  
 fondateur d’une ville de Laconie, a laquelle il donna  
 fon nom, comme  fon aïeul Lacédémon avoit donné  
 le lien  à tout le  pays  de *fa  domination.  Il  fut pere  
 d’Hyacinte ,  tue  d’un  coup  de  palet par  un  de  fes  
 compagnons.  Amictes fut  fi touché  de  fà mort, que  
 pour perpétuer fa mémoire, il inftitua  des  jeux funèbres  
 qui  devinrent  la  plus  grande  folemnité  de  
 Lacédémone.  Les  récompenfes  dont  il  honora  les  
 orateurs &  les poètes  qui  célébrèrent les  vertus de  
 fon fils, prouvent qu’il aimoit les lettres. Les poètes  
 reconnoiffans  publièrent  que Zéphyr,  jaloux  de  la  
 préférence qu’Apollon donnoit  à ce prince aimable,  
 avoit dirigé  avec  fon haleine  le  palet dont  il avoit  
 été  frappé.  Ils  ajoutoient  que.le  dieu  affligé  de  la  
 mort  de  fon  favori, l’a voit métamorphofé  en  une  
 fleur blanche  qui porte encore aujourd’hui fon nom.  
 Cette  fleur eft  marquée  d’une  elpecé de  couronne  
 rouge qui retrace  la  bleffure  de  celui dont elle  emprunte  
 fon nom.  ( T—N. ) 
 AMILCAR,  fils  de  Magon.  ( Hijl.  des  Carthaginois.') 
   Plufieurs  généraux  Carthaginois  ont  illuftré  
 le nom d'Amilcar. Le premier étoit  fils  de  Magon,  
 général  célébré  qui  perfectionna  l’art militaire,  eq 
 U  E.