
 
        
         
		la   largeur  eft proportionnée ,  de  façon  que  cet  arc  
 forme un demi-cercle  fur l’horizon, lorfque le foleil  
 eft à l’horizon, &   qu’il  eft  tôut-à-fait cache  par  les  
 plans  E ,   E  y lorfque  le  foleil  eft  élevé  à  41*.  z  
 au-deffus de l’horizon : on repréfente donc aifément,  à l’aide  de  cette  machine  ,  comment  il  arrive  que  
 Varc-en-ciel paroiffe quelquefois très-ample, &  quelquefois  
 très-petit. 
 Il y  a Outre cela fur cette machine un autre  limbe  
 N .  placé  au-deffus  du  premier limbe  L ;   ce  limbe  
 N   repréfente  la  fécondé  iris,  &   les  couleurs de  
 cette  derniere  y   font  peintes  dans  un  ordre  ren-  
 verfé.  On a  donné à  ce  dernier limbe  une  largeur  
 fuffifante pour que cette iris paroiffe à 1 oeil du lpec-  
 tateur,  placé enZ>,  de  3d. V  de largeur.  Ce  limbe  
 repréfente un  demi-cercle au-deffus de la table lorl-  
 que le foleil S eft placé dans le plan de cette table, ou  
 fe trouve à l'horizon. Mais lorfque le foleil S eft eleve  
 à  54d. 7' au-deffus  de  l’horizon  ,  ce  limbe  defcend  
 au-deffous  de  l’horizon  ,   &   fe  dérobe  à  l’oeil  du  
 fpeâateur.  Les  bords  intérieurs  des  plans  E , E ,  
 ceux qui font contigus &  qui touchent les  côtés du  
 cône, font aufli peints des mêmes couleurs que l’iris ;  
 ils ont  les  mêmes  dimenfions  que  l’iris elle-même  
 dans  l’endroit  oh  ils  touchent  le  limbe  de la  bafe  
 B  : mais leur largeur  va  toujours  en diminuant,  &   .  
 ils  fe  terminent  en un point auprès  du  fommet du  
 cône.  Ces bords  colorés  repréfentent les jambes de  
 l’iris,  celles  qu’on  remarque  à  la campagne ,  dans  
 une iris naturelle, lorfqu’une nuée qui lance la pluie  
 paffe  fur la  tête  du  fpe&ateur,  &   fait  tomber des  
 gouttes de pluie qui s’attachent à l’herbe. La figure  2  
 repréfente la même machine, mais vue par derrière:  
 on  y   voit même  le  limbe  coloré  qui  eft  adhérent  
 à la bafe du  cône.  Les plans triangulaires E ,  E  font  
 tirés  par les  cordes H H ,  qui paffent fur  la  circonférence  
 de  deux poulies  horizontales K ,   K ,   pour  
 venir embraffer (les  gorges  de deux  autres^  poulies  
 verticales R ,  R :  on  attache aux  extrémités  de ces  
 cordes deux poids, P , P, par le moyen defquels les  
 deux  plans  font  conftamment  tirés  &   appliqués  
 contre  les côtés du cône  ; &  par  ce moyen  l’échancrure  
 faite  à  la  table  eft  continuellement  cachée,  
 &  les  plans E ,  E  repréfentent  l’horizon.  On  peut  
 confulter  fur  cela ,  &  fur  ce qui y   a  rapport,  les  
 '  TranfactionsPhilofopkiques d’Angleterre, n. 240, 267,  
 375.  Les  notes de  C la rk ,  fur  la  phyfique de  Ro-  
 hault, part.  I II.  ch.  i j .   Les  ouvrages  de  Jacques  
 Bernouilli,  vol.  l.pag.  401. L’optique  de Newton,  
 &   fes  leçons  d’optique.  Smith  compleat fyfiem.  o f  
 .Optiks ,B o o k .  2.  c.  10.  Martin  dans  fa  philofoph.  
 Britann.  volume  II.  Le  célébré  Nocetus  a  décrit  
 l ’iris dans,fes v ers,  d’une maniéré fort élégante. (+ ) 
 *  §   Arc  d e  TRIOMPHE ,  (Architecture.) les premiers  
 monumens de  ce  genre  n’eurent  rien  de magnifique. 
   Celui  de Romulus fut  affez grofliérement  
 Pendant  tin  tems  ces  arcs  eurent  la  forme  d’un  
 demi-cercle,  comme  le Fornix fabianus dont  il  eft  
 parlé dans Cicéron. On leur donna enfuite une forme  
 quartée,  au milieu  de  laquelle  s’élevoit  un  grand  
 portail voûté,  accompagné  ordinairement  de  cha-,  
 que  Coté  d’une  porte  de  moindre  hauteur. 
 conftruit de  fimple brique ,  &   celui  de Camille-de  
 pierrés  prefque  brutes.  Dans la  fuite le  marbre y   
 fut employé,  &  l’architefture  fécondée  de la fculp-  
 ture, les embellit de bas-reliefs &  d’infcriptions. Sur  
 une des  façades  de  celui de  Titus ,  on voit le  char  
 de  triomphe du  prince ,  avec une vi&oire  derrière  
 qui  femble  vouloir  le  couronner ;  au-devant  font  
 des  officiers  qui  portént  la hache  &   les faifceaux.  
 Sur  l’autre  face  on  voit  le  refte  de  la  pompe  du  
 triomphe,  avec  les  dépouilles  qui le  décorèrent,  
 comme les  deux tables du décalogue,  la table d’o r,  
 les vafes  du  temple de  Salomon,  &   le  chandelier  
 d’or  à  fept branches,  qui  avoient  été  enlevés  du  
 temple  de  Jerufalem ,  car  cet  arc  de  triomphe  fut  
 élevé à Titus ,  en mémoire  de  ce qu’il avoit  ruiné  
 la  ville de  Jefuralem ;  &   c’eft  à  cette époque  qu’il  
 faut  rapporter  l’origine  de  l’ordre  comporte ,   qui  
 gécprç  les façades  de ce  monunjent. 
 Outre  les arcs  de  triomphe  de  l’ancienne  Rome  
 décrits ,dans  le  Diction,  des  Sciences,  &c.  on peut  
 citer ici  les deux<zrc5 de Romulus,  qui étoient tous  
 deux  de brique ,  &   conformes  à la  rufticité  d’une  
 fociété naiffante. 
 Uarc de Camille bâti  de groffes pierres  de  taille ^  
 fans  ornemens. 
 L’arc  de  Scipion  l’Afriquain,   élevé  au  bas  du  
 .  mont  Capitolin. 
 Celui  qui fut élevé  à la  gloire  de Fabius  le  cen-  
 feur ,  vainqueur  des  Allobroges. 
 L’arc d’Augufte,  aux deux  extrémités du  chemin  
 de  Rome  à  Rimini,  que  cet  empereur  avoit  fait  
 rétablir. 
 Celui  d’Oûavius,  dreffé  par Augufte. 
 Celui de Drufus,  près  de la porte Capêne.-  
 Celui-de Tibere ,  qui  étoit tout de marbre, près  
 de  l’amphithéâtre  de  Pompée. 
 L’arc de  Germanicus  au  bas  du  capitole. 
 U arc de Néron ,  que le fénat fit  élever à cet empereur  
 ,  au milieu de  la  colline  oh étoit le capitole. 
 L’arc  de Claudé, dont  on  a  trouvé  les débris  en  
 1641  ,   en  fouillant  les  fondemens  du  palais  des  
 Colonnes.  ,  ~  .. 
 L V c  de Domitien,  entre  la voie Appienne &  la  
 voie Domitienne. 
 L’arc de  Marc-Aurele  &   de  Fauftine  ,  bâti  par  
 l’empereur Commode,  avec une colonne pour éter—  
 nifer la mémoire des viétoires de  cet empereur. 
 L’arc  de  Lucius  Verus,  dans la place  Trajane,  
 en  mémoire  de  la  vittoire  remportée  contre  les  
 Parthes,  par Avidius Caflius,  fous les ordres de cet  
 empereur. 
 1 Celui qu’on éleva à Trajan, vainqueur des Dàces^ 
 -  des  Arméniens  &   des  Parthes :  un  autre  élevé  au  
 même  près  de  la porte Capene. 
 L’arc de  Gallien. 
 L’arc  des boeufs,  près  du mont-Palatin,  dreffa  
 par  des  marchands  de  boeufs  du  tems  de  Septimfe  
 Sévere. On y  avoit repréfenté des facrifices de boeufs,'  
 avec  tous  les  inftrumens  dont  on  fe  fervoit pour; 
 -  immoler  ces  vi élimés. 
 Arc ,  (Mu/ïque.') On trouve  quelquefois  ce mot  
 dans  de  vieux auteurs pour archet. ( F-. D . C.) 
 A rc femi-diurne,  ( Afiron. )  c’eft  l’arc  parallèle  
 diurne  d’un  aftre qui  eft compris  entre le méridien  
 &  l’horizon,  8t qui  réglé  le  tems  qui  s’écoule  depuis  
 le  lever jufqu’au  paffage  par le  méridien,  8c  
 depuis  ce  paffage  jufqu’au  coucher  ;  ainfi le  calcul  
 du lever ou du  coucher d’un aftre,  fe réduit à celui  
 des" arcs femi-diurnes,  qui  changent  à Taifon  de  la  
 hauteur du pôle du lieuv8c de la déclinaifon de l’aftre.’  
 Pn  en  trouve  une  table  fort  détaillée  dans  la  plupart  
 des  volumes  de  la  Connoijfance  des. tems  que  
 l’académie  publie  chaque  année,  pour  l’ufage  des  
 aftronomes &  des navigateurs. (M. d e  la La n d e .y   
 Arc démerjion,  ( AJlron.)  eft  la  quantité  dont  il  
 faut  que  le  foleil  foit abaiffé  verticalement  au-deffous  
 de  l’horizon pour  qu’un  autre  aftre foit vifible  
 à la  vue  fimple ;  on  eftime  ordinairement Y arc d’é-  
 merfion  de  dix-huit  degrés  pour  les  plus  petites  
 étoiles,  de  quatorze dégrés pour les étoiles de troi-  
 fieme  grandeur ,  de onze  à  douze  dégrés  pour les  
 étoiles de première grandeur ,  comme pour Mars 8c  
 Saturne,  de dix dégrés pour Mercure &  Jupiter, 8c  
 de cinq dégrés pour Vénus;mais ce dernier varie beaucoup  
 . 8c il (ç réduit même  à rien f puifque l’on voit  
 quelquefois 
 quelquefois,Vénus en plein jour, le foleil  étant très-  
 élevé  fur l’horizon. Voye^ CR EPUSCU LE, Dicl. raif. (  
 des Sciences,  & c . , (  M .  DE  L A   L a n d e .  ) 
 A r c   de pofition,  ( terme d’Aßrologie. ) Y arc de  l’équateur  
 compris  entre  le  méridien &  le  cercle horaire  
 ou  cercle  de  déclinaifon qui  paffe par le pôle  
 &  par l’aftre  dont on s’occupe ;  c’eft  la même chofe  
 que  ce  que  nous  appelions  angle  horaire;  ( M ..d e   
 l a   L a n d e .') 
 §  A r c   e n   B a r r o i s   ,  (  Géographie. )  petite  
 ville  de  France,  dans  le  duché  de  Bourgogne,  au  
 bailliage de la Montagne  ,  diocefe de  Langres ,  fur  
 l’Aujon ,  &   non  l’Anjon comme  le  dit  le Dicl. des  
 Sciences,  &c.  d’après  celui  de  la Martiniere. Ce  lieu  
 a été déclaré ville, par arrêt du Parlement, en 1726.  
 Arc  eft à  14 lieues nord de  Dijon ,  &   6  nord-oueft  
 de Langres. C’eft  la  patrie de  Pierre  du Châtel.  (C.),  
 A r c   ou  l ’A r  ,  (Géogr.)  petite  riviere de  France  
 en Provence.  Elle  a  faïburce du côté de Porciouls,  
 traverfe  la  plaine  de  Pourieres  oh  Marius  défit  les  
 Cimbres ,  paffe  aux  environs d’A ix ,  &   enfuite va  
 fe  jetter  dans l’étang  de Berre ,  près  de  la  ville de  
 ce  nom.  Quelques-uns  la  prennent  pour le  coenum  
 flumen de Ptolémée. (  C. A .  ) 
 A r c  DU CO LO N   ,  ou la grande courbure'du colon ,  
 ( Ahat. )  c’eft  le  nom  que  l’on  donne  à  une grande  
 courbure  que  fait  l’inteftin colon ,en remontant fous  
 la  véficule  du  fiel,  fous  l’eftomac,  &   defcendant  
 enfuite fur laraje  &  le  rein  gauche  ,  jufques  fur le  
 dos des  iles,  oh  fe  termine fon  arc.  (+ ) 
 A r c   (  J e a n n e   d’ )  Hiß. de  France.  Cette  célébré  
 amazone  à  qui la  France dut  fa  confervation,  
 &   Charles  VII  fa  couronne  ,  naquit  l’an  1412  à  
 Domremi  ,  hameau  de  la  paroiffe  de  Greaux  ,  
 proche  de  Vaucouleurs.  Elle  eut  pour  pere  Jacques  
 d’Arc,  8c  pour  mere  Ifabelle  Rome,  dont  
 probablement  le  nom  n’auroit  jamais  figuré  dans  
 l’hiftoire  fans  les  exploits  de  leur  fille.  Obligée  
 par  la  mifere  de  fortir  de  la  maifon  paternelle,  
 Jeanne  fe  mit  fervante  d’hôtellerie  ;  née  dans  un  
 rang  inférieur,  elle  avoit  des  grâces  naturelles,  
 une  phyfionomie très-heureufe : ces  détails  font in-  
 téreffans,  ils  donnent  plus  d’éclat  à  cette vertu qui  
 lui mérita  le  fùrnom  de pucelle,  fous  lequel  on  la  
 défigne  plus  ordinairement que  par  celui  de  fa  famille. 
   Elle  avoit  à  peine  aix-fept  ans  lorfqu’elle  
 conçut, ou  plutôt  lorfqu’on  lux infpira le noble def-  
 fein  de  fauver la  France du  joug  des  Anglois ; ,ces  
 fiers  infulaires  en  étoient  prefqu’entiérement  les  
 maîtres.  Leur  domination  étoit  affermie  dans  la  
 capitale;  Charles  VII  au  défefpoir  faifoit  des préparatifs  
 pour  fe  retirer  en Dauphiné,  feule  province  
 que  les ennemis n’euffent  pas  entamée :  il ne  
 lui  reftoit de plus que  quelques places éparfes  dans  
 le  royaume.  Ce  fut  dans  ces  triftes  conjonôures  
 que  Jeanne  s’offrit  à  Baudricourt,  gouverneur  de  
 Vaucouleurs  en  Champagne.  Son  imagination  em-  
 brafée  par  le  récit  des  hauts  faits  dont  elle  enten-  
 doit  parler  chaque  jour  ,  &   penfant  avoir  une  
 infpiration  divine,  elle  crut  qu’elle  étoit  deftinée  
 à  chaffer  les  Anglois  ,  &   conduire  Charles  à  
 Reims..Charles  ne  portoit  dans  le  pays  oh  domi-  
 noit  la  faftion  Bourguignonne  ,  que  le  titre  de  
 dauphin ,  encore  bien  qu’il  fut  vraiment  ro i,  les  
 cérémonies  du  facre  n’ajoutant  rien  à  la  dignité ;  
 elles  ne  fervent  qu’à  rendre  la  perfonne  des  rois  
 plus  vénérable,  en  lui  donnant  Un  earaôere  facre  
 :  la  couronne  ne  dépend  en  France  que  de  la  
 loi  qui  la  déféré  aufli - tôt au  plus  proche  héritier  
 du  roi  décédée  «  Capitaine  Mefîire  ,  dit  Jeanne  
 »  à  Baudricourt,  Dieu  depuis un  tems  en  ça m’a  
 »  plufieurs  fois  fait  favoir &   commandé  que  j’al-  
 »  lafle  devant  le  gentil dauphin qui  doit  être &  eft  
 ,»  vrai  roi  de  France,  6c  qu’il me  baillât  des  gens  
 Tome  I.  .< 
 »  d’armes,  &   que  je leverois  le  fiege d’Orléans » :  
 telle fut à-peu-près fa harangue. Rejettée par le gouverneur  
 qui la traita comme  une fille en  délire, elle  
 alla faire le' même compliment à Longpont ; ce vieux  
 gentilhomme  blâma  Baudricourt  de  fon  indifférence., 
   &   eut  affez  de  génie  pour  voir  qu’elle  
 pouvoit  fervir  à  inlpirer  un  zele  extraordinaire,  
 fëul  remedê  qui  pût  alors  opérer  une  révolution.  
 Jeanne avoit bien des qualités qui pouvoient la  faire  
 paffer  pour  une  fille  envoyée  par  le  ciel  :  elle  
 avoit  un  efprit  jufte  ,  une  conception  vive  ,  une  
 taille  bien  prife &   peu ordinaire  aux  perfonnes de  
 fon fçxe, un courage  à  défier  non un homme , mais  
 une  armée  ,  maniant  un  cheval,  le  pouffant  avec  
 autant d’adreffe  &   d’intrépidité  que  le  cavalier  le  
 mieux  exercé ;  elle  fie  fervoit  avec  la  même dextérité  
 du  fabre  &   de  l’épée  ;  elle  s’étoit  formée  à  
 tous  ces  exercices  dans  fon  hôtellerie  dont  elle  
 alloit abreuver les chevaux ,  &   oh elle  vivoit  confondue  
 avec les  gens de guerre, dont  la Champagne  
 etoit pour lors remplie.  Elle étoit parfaitement  inf-  
 truite  de  tout  ce  qui  s’étoit  fait  de  grand dans  les  
 deu x armees , elle  connpiffoit le nom de tous les fol-  
 dats &  des officiers qui s’étoient  diftingués par quel-  
 qu’a&ion  d’eclat ;  enflammée  du  defir  de  partager  
 leur  gloire ,  elle  retourna chez  Baudricourt.  «  Au  
 »  nom de dieu, lui dit-elle, que tardez-vous à m’en-  
 »  voyer ?  aujourd?hui  le  gentil  dauphin  vient  d’a-  
 »  voir un  affez  grand dommage  aux environs  d’Or-  
 »  léans ».  Baudricourt,  déterminé  par  Longpont,  
 confentit enfin à l’envoyer  au roi  qu’il avoit  eu  l’attention  
 de  prévenir ;  il  lui  donna  des  armes  ,  un  
 cheval,  &   la  fit  conduire  à  Chinon  oh  la  cour  
 étoit  alors :  elle  parut  devant  le  roi  fous  l’appareil  
 d’un  guerrier ,  &   le  reconnut,  dit-on,  au  
 milieu  d’une  foule  de  feigneurs,  quoiqu’il fût dé-  
 guifé.  Suivant  une  réflexion  judicieufe  du  pere  
 Daniel,  cette  circonftânce , dont on eut grand foin  
 d’informer l’armée,  n’avoit  rien  d’étonnant,  parce  
 que  la  majefté  d’un  roi  imprime  toujours  un  certain  
 refpeft que  l’on  ne fauroit perdre,  lors même  
 qu’il l’ordonne ;  mais n’étoit-il pas aufli poflible que.  
 Jeanne  fut  informée  du  déguifement  dont  le  rox  
 devoit ufer  ce  jour-là, comme  de l’habit qu’il avoit  
 coutume  de  porter.  Les affaires de  Charles étoient.  
 tellement défefpérées,  que  l’on  croyoit qu’elles ne  
 pouvoient  fe rétablir que  par un miracle ; il  ne devoit  
 donc  pas  être  fâché  que  l’on crut que  le  ciel  
 put  en  opérer  en  fa  faveur.  Jeanne  ayant  obtenu  
 l’audience, du  ro i,  lui  fit  part  de  fa  miflion ,  l’affu-  
 r'ant  qu’elle venoit  de la part  de  Dieu  pour le  conduire  
 à  Reims  &   délivrer  Orléans  dont  l’ennemi  
 faifoit  le  fiege.  Charles  confentit  fans  peine  à  la  
 reconnoître  pour une  infpir.ée ;  il  la  fit auffi-tôt pa-  
 roxtre  en  préfence  de  fa  cour,  armée  de  toute  
 pièces ;  la  pefanteur  de  fon  armure  ne  l’empêcha  
 pas  de  monter  fur  fon  cheval  fans  aide  ,  ce  que  
 pouvoient  à  peine  les  cavaliers  les  plus  robuftes.  
 Comme  elle  n’avoit  point  d’épée  ,  elle  voiilut  
 en avoir  une  qui  depuis  plus  d’un fiecle  étoit  dans  
 le  tombeau  d’un  chevalier,  derrière  l’autel de Ste.  
 Catherine  de  Fierbois ;  le  roi  affeétant  une  grande  
 furprife , publia qu’elle  avoit deviné un grand fecret  
 qui n’étoit connu que de  lui feul ; telle fut la fécondé  
 preuve  miraculeufe  de  fa miflion..  Il en  falloit une  
 troifieme,  on  la  trouva  dans  fa  virginité;  on  né  
 eroyôit pas que fans une faveur particulière du ciel,  
 une  fille  fi  fa vante dans  le  métier  de  la  guerre, &   
 qui  avoit  fait  fon  apprentiffage  dans  le lieu  le plus  
 funeffe  à  la  vertu,  l’eût  confervé  jufqu’à  l’âge  de  
 de  dix-fept  ans:  Jeanne  fut  indignée  du  foupçon  ,  
 elle  jura,  on  ne  fe  contenta  pas  de  fon  ferment :  
 on  la  met entre les  mains  des matrones;  ces  vénérables, 
   préfidées  par  la reine de Sicile  ,  déclarèrent  
 X x x