
 
        
         
		hameçon-, tiré de la queue d’une efpece de raye, auquel  
 il  reîte  ,  même  après  fon  exficcation ,  une  
 mucofité  noire,  qui  caufe  une'  bleffure  très  - dou-  
 loûréùfe par la  quantité de  petits  crochets  dont cet  
 os eft  armé.  Ses feuilles  fupérieures-,  qui  ont trois  
 pouces  de longueur  , étant polies &  bien'nettoyées  
 de  leurs poils, font  employées par les Malays pour  
 y   cuire leurs riz dans les-feftins. 
 Les  tiges  du bulu-tuy. de Muffalant, frottées avec,  
 le fable, prennent un-beaiupoli &  beaucoup de-blancheur. 
   Leur  bois  eft-épais  de-deux  à  trois  lignes ,  
 mais  moins dur  que celui  du  buhi - tuy  commun,  
 «dont  les  tiges  font-aufli moins großes. 
 VVngt-neuv'iimt  efpece.  OuTICK. 
 L’outick de  la  Chine &  du Japon,  appelle arund-  
 arbor nigra par Rumphe ,  dans fon Herbarium Amb'oi-  
 •nicum,  volume  I V ,  page  -/<?  .,  qui  en  donne  une  
 courte  defcription  fans  figure,  paroît s’éloigner un  
 peu des  bambous ordinaires  : fes  tiges  ont un pou®  
 &   demi  de diamètre , cinq  à  fix  pieds de hauteur,  
 les  articulations  longues  d’un  demi-pied,  liftes,  
 luifantes  ,  d’un  beau  noir  ,  prefqu’entiérement  li-  
 .gneufes, fi  folides,  qu’on peut,  avec  les plus menues  
 branches, porter  des fardeaux très-pefans.  On  
 en  fait  aufli  .des  bâtons,  des placages  d’armoires ,  
 de  tablettes,  d’écritoires  &   lemblables  ouvrages. 
 Remarques.  En comparant  attentivement  la  defcription  
 de ces  vingt-neuf fortes  de  bambou,  on ne  
 peut guère  douter  -qu’elles ne  foient autant d’efpe-  
 ces différentes..(  M.  A d a n s o n .,) 
 BAMBYCE,  ( Géogr. )  ville d’Afie, fituée,  dans  
 ï’Affyrie, au-delà  de  l’Euphrate, à  quatre  fchoenes  
 de  ce  fleuve.  On  l’appelloit  encore Edejfe  &  Hié-  
 rapolis,  c*eft-à-dire ,  ville facrée.  On  prétend  que  
 Ce fut  Séleucus  qui lui donna  ce  dernier  nom.  On  
 y  adoroit Atargatis, déeffe Syrienne, que  les Grecs  
 nommoient Derclto. 
 Pline  ajoute que  la  ville de  Banibyce,  qu’il met  
 dans  la  Céléfyrie,  étoit  appellée par lés  Syriens ,  
 Mogog. Mais M. Falconet obfervè que cette ville eft  
 la  même  que  le  Manbesja  des  Arabes,  qui  a  été  
 nommée  par  les  Syriens Mabougo  Mqbog,  &   non  
 Magog.  ( C .A . ) 
 B AM BYT A CIENS (  l e s  ) , Géogr. peuples voifins  
 du  Tigre  ,  qui  habitoient  Bambya  ou  Hiérapolis  
 dans la  Céléfyrie ; on dit qu’ils  avoient en fi  grande  
 horreur  l’or &   l’argent, &  toute  forte  de métaux,  
 dont on peut faire de la monnoie, qu’ils  enterroient  
 dans  les  lieux  les  plus déferts, tout  ce  qu’ils  pou-  
 voient  en  amaffer,  de  peur  que  cela  n’engendrât  
 parmi eux  la corruption  ( C. A .) 
 §  B AMIA, f. m. ( Hiß. nat. Botanique.') nom Egyptien  
 d’une plante annuelle de la  famille des mauves-,  
 décrite par Profper Alpin, &   figurée paffablement,  
 quoique fans détails, par  Hermann  dans fon Hortus  
 Lugduno-Battavus, page z 6 , planche X X V I I I ,  fous  
 le nom tfalthoea Indica, vitis folio , flore amplô^flavo,  
 pendente ; &  enfuite par Gafpar Commellin dans fon  
 Hortus Amßelodamenßs,  volume I I , page  lâi  , planche  
 LX X V I , fous  la  dénomination  de  ketmia  ame-  
 ricana,  annua, flore albo , fruclu  non fulcato,  longif-  
 Jimo.  M.  Linné  la  défigne  fous de  nom  de  hibifeus,  
 Zi vitifolius,/oâisquinquangularibus, acutis, ferratis ,  
 caule inermi, floribus .pendulis , dans fon Syflema natura  
 ,  édition  12, imprimée  en  1767, page 464. : les  
 Negres du Sénégal  l’appellent  kiarrhàté. 
 ■ Cette plante croît à la hauteur de huit à dix pieds ,  
 fous  la  forme  d’un  arbriffeau,  à  tige  verte  cylindrique  
 ,  de  deux  pouces  de  diamètre,  entourée  
 dans  fa moitié fupériëure  feulement,  de  branches  
 affez  nombreufes,  écartées fous un  angle  de  trente  
 à   quarante  degrés 1 d’ouverture,  qui lui forment une  
 pime.conique,  une  fois plus  longue  que  large. 
 Ses  feuilles  font  alternes,  affez  lâchés j   arrondies, 
   de fept à huit .pouces  de  diamètre ,  mais  découpées  
 un peu  au-delà de leur milieu en  cinq lobes  
 triangulaires,  une  fois plus  longs  que  larges ,  dentelés  
 inégalement,  d’un verd  clair,  légèrement  velues 
 ,  echancrees  à  leur  origine  ,  &   portées  fur un  
 pédicule  cylindrique ,  égal  à leur  longueur. 
 Les  fleurs  fortent  folitairement  de  l’aiffelle  de  
 chaque  feuille, -longues  de  deux  pouces-  &   âuflï  
 larges  quand  elles  font  bien  épanouies,  foutenues  
 fur un  péduncule cylindrique  ,  trois  ou  quatre  fois  
 plus  court,  inclinées  fous  un  angle  de  quarante-  
 cinq  degrés.  Elles confiftent  en  un  double  calice  
 tous  deux caducs ,  dont  l’extérieur eft compofé  de  
 dix à douze feuilles linéaires,  très-écartées  les unes  
 des  autres  à  leur  origine  ,  deux  fois  plus  courtes  
 que  l’intérieur  qui  eft  d’une  feule  piece,  deftinée  
 à  s’ouvrir  en  cinq  divifions  triangulaires,  à-peu-  
 près  égales, mais~qui  fe  fend  communément  d’un  
 feul  cote.  La  corolle eft  une  fois  plus  longue  que  
 ce calice, compofée de  cinq pétales, grands ,   blanc-  
 jaunâtres ,avec une tache purpurine fur l’onglet, qui  
 les unit,  non  pas  entr’eux,  mais  à  un  cylindre  de  
 quatre-vingts étamines, réunies par leurs filets en un  
 tube  qui  eft  enfilé  par  le  ftyle  de  l’ovaire, qui les  
 furpaffe  en fe  partageant  en  cinq  ftigmates fphéri-  
 ques, velus comme de petites  houppes  purpurines.  
 L’ovaire  eft d’abord  conique, fort  petit $ enfuite  il  
 s’alonge &  devient,  en mûriffant,une cap fuie  feche,  
 confervant  fa  forme  conique,  longue  de  quatre  à  
 cinq  pouces, quatre à cinq  fois  moins  large, jaune  
 de.  bois,  legerement  velue,  marquée  légèrement  
 de cinq angles,  par  lefquels elle s’ouvre, mais très-  
 rarement ,  en  cinq' valves  ou battans  triangulaires  
 applatis ,  qui ont  chacun une  cloifon  longitudinale  
 à  leur  milieu,  &   qui  forment  cinq  loges ,  contenant, 
  chacune  quarante  à  cinquante  graines  fphé-  
 roïdes grifes ,  ternes,  de  deux lignes  de  diamètre ,  
 difpofèes  fur  deux rangs, &   attachées horizontalement  
 fans aucun filet  au bord  des cloifons.  Chaque  
 graine  a  deux  enveloppes ;  l’une  extérieure,  carti-  
 lagineufe,  grife,  extrêmement dure ;  l’autre, mem-  
 braneufe,  extrêmement fine, appliquée immédiatement  
 fur l’embryon.  Celui-ci eft courbé en portion  
 de  cercle  autour  d’un  corps  charnu  ,  fphérique,  
 blanchâtre,  &   confifte  en  deux  cotylédons  orbi-  
 culaires,  relevés de. cinq  nervures  longitudinales,  
 fur  lefquelles  ils  font  repliés ,  &   portent  au  fond,  
 d’une  échancrure  qui  eft  entaillée à  leur  bafe,  une  
 radicule  cylindrique  affez  longue.  . 
 Qualités.  Le  bamia  eft  extrêmement  mucilagi-  
 neux  :  on  trouve  quelquefois  le  long de  fes  figes  
 quelques  larmes  d’une  gomme  rougeâtre ,  qui fe  
 fond  dans  la  bouche. 
 'Vfâges. Les feuilles de cette plante font employées  
 par  les Negres,  comme  toutes  les  qutres  plantes  
 malvacées,en  topique,  pour réfoudre l f  s  tumeurs  
 enflammées, &  caufees par un  défaut de  circulation  
 dans  les  liquides  ;  mais  ils  la  cultivent communément  
 pour  fe  nourrir  de  fes graines,  qu’ils mangent  
 crues au moment de leur première maturité, comme  
 nous  mangeons quelquefois des petits pois dans leur  
 primeur  ,  pour  nous  faire  bonne  bouche.  Cette  
 gr-aine  n’a  qu’un  goût  fade ; -néanmoins  les  Negres  
 oui y  font accoutumés la  trouvent fort  bonne ;  fans  
 doute  parce  que  fon mucilage  acide  leur  eft très-  
 falutaire  dans  le  tems  oii elle  paroît, qui  eft  celui  
 où régnent  les  fievres  putrides  &   les  dyffenteries  
 bilieuîes,  fur la  fin  de  la  faifon  des  pluies. 
 Remarques. Il  eft  étonnant  qu’Hermann &  Com-  
 melin  aient  varié  fur  le  pays  de  cette  plante :  on  
 fait  qu’elle  ne  fe  trouve  dans l’Inde  &  en  Amérique  
 ,  que  parce  qu’elle  y   a  été  transportée.  Elle  
 eft  çriginaire  du  pentre  de  l’Afrique,  &   fur-tout 
 du 
 du  pays  de Galam ,  où  les Negres Banbaras  la cultivent  
 fous le nom de kiarrhàté, la préférant  à  beau-,  
 coup, d’autres nourritures, dans la  faifon des  fievres  
 putrides.  Ils  en  mêlent  même  alors  les  feuilles en  
 poudre, fous le nomdelalo, dans leurs diversmêts,  
 comme on  emploie- dans  d’autres  cantons du Sénégal, 
   les  feuilles du  baobab,  qu’ils  appellent goui,  
 pour tempérer la  chaleur  de  leur  fang. 
 C’eft  fans  doute  pour fe  conformer  à la defcription  
 d’Hermann ,  que M. Linné a dit que cette plante  
 portoit  fes  fleurs  pendantes  ,  &   il  ne  l’a  vraifem-  
 blablement pas vue :  elles font relevées pendant tout  
 le  tems de  leur épanouiffement,  ainfi que  les fruits  
 qui  leur  fuccedent. M.  Linné  cite  encore  dans  fon  
 Spteies plantarum ,  édition de  1753 ,  le  hatu-beloere,  
 figure dans  l’Hortus Malabaricus ,  volume V I , planche  
 X L V I ,  comme  tfh  individu  de  cette  efpece  ;  
 mais c’eft une  erreur,  le katu-beloere eft une plante  
 d’un  genre  fort  différent ;  il  ne  faut  pas  non  plus  
 confondre ,  comme  ont  fait  quelques  auteurs,  le  
 bamia avec  l’abelmor,  qui  eft  une  autre  efpece  de  
 plante  du  même  genre.  (   M .   A d a n s o n . ) 
 } BAMIAN ,   (  Géogr.  )  ville  d’Àfîeç,  .&   capitale  
 d’une  contrée de même nom, dans le  Choraffan. Son  
 pays s’étend à l’orient de  la ville  de  Balkhe ,  en  tirant  
 vers  le  Kabul, province feptentrionale des Indes. 
  Long. 102  , lat. fept. j  (T, 3 5. Gengiskan la facca-  
 gea  en 1221  , à  caufe  qu’il perdit un de fes petits-fils  
 en l’afliégeant  : elle ne s’eft point rétablie depuis/-)-) 
 §   BANANIER,  f.  m;  {Hifl.nat. Botanique.)  le  
 bananier eft. une plante des plus communes, des plus  
 utiles ,  &  des  plus falutaires  de toutes celles  qui  fe  
 cultivent dans les climats fitués fous  la  zone  torride  
 ou dans  fon voifinage.  Autant  elle a  été étudiée par  
 les voyageurs ,  jutant  il  femble que  les  botaniftés  
 modernes, qui n’.ont pas voyagé, aient voulu la confondre. 
   Ils  réduifent à deux ,  les  ving-neuf efpeces  
 qui ont été bien reconnues, bien caraâérifées. C’eft  
 ainfi que M.  Linné, qui les avoit d’abord, réduites,à  
 une feule efpece  dans fon Mufceum, page  /  , planche  
 I ,  fous le nom  de mu fa  cliffortiana , &  enfuite fous  
 celui de mufa  racemofimplicifflmo  ,  dans  fon  Hortus  
 Cliffortianus, page 4 B y , puis en  1753  , fous celui de  
 mufa paradijutca  ffladice  nutante ,  dans  fon Species  
 plantarum  ,  a  fini  par  ’en  faire  deux  efpeces  dans  
 la  derniere  édition  de  fon Syflema  natures,  imprimée  
 en  1767, page  6 6j  •  la  première  fous le nom  
 de mufa 91 paradifiaca, fpadice nutante, floribus maf-  
 culis perftflentibus ; la fécondé'fous  celui de mufa, 2  
 fapientum , fpadice  nutante , floribus  mafeulis  décidais•: 
   on  verra,  ci-après,  combien  ces  dénominations  
 font  défe&ueufes. 
 La plupart des plantes utiles,  qui font nombreufes  
 en efpeces,  ont reçu des peuples qui les  poffedent,  
 outre  le nom  propre à chaque  efpece, un nom  générique  
 commun  à toutes. C’eft ainfi que  les  noms  
 de  poirier,  pommier,  abricotier,  prunier,  n’appartiennent  
 à  aucune  efpece  particulière  de poire ,  
 de  pomme  ,  d’abricot  ou  de prune,  mais  à  toutes  
 les  efpeces de chacun  de  ces genres. Le^ bananier  a  
 de  même  reçu un  nom générique. Les Malays l’appellent  
 piffang ,  les Macaffares,  unting ;  les Mala-  
 bares,  bala ;  les  Chinois,  tschio ;  les  habitans  de  
 Java,  kedang; ceux de  Baleya ,  byo;  ceux de Ter-  
 nate, cojo ;  ceux  de  Banda  &   d’Amboine ,  kula &   
 “O'»  ceux de Loehoe &   de  la petite  Ceram, tema ;  
 ceux  de  la  Guinée,  banana;  \ts  François,  bananier  
 ; les  Efpagnols  des îles  Canaries, plantano; les  
 Anglois , plantain-tree. C’eft  par  une erreur impardonnable, 
  que  quelques  diftionnaires  écrivent pla-  
 tano ,  qui eft le nom Italien du platane. 
 L’épi  des  fleurs  du bananier,  s’appelle  régime  en  
 françois ; fpica en  latin, félon  Van-Rheede ;  corym-  
 bus,  félon  Rumphe 5 fpadix,  félon M, Linné ; fa-  
 Tomc  I.  .  '  1 
 pohon p iffa n g en Malays.  Chaque  paquet de fleurs  
 s’appelle,  en  Malays ffaflcka  ou faflekat,  à  caufe  
 de  fa reffemblance  avec  un  balai.  L’extrémité  de  
 l’épi,  qui  porte des  fleurs  ftériles  &  des  écailles,  
 dont  l’affemblage  forme  une  efpece  de  coeur  rougeâtre  
 ,  s’appelle  en Malays djantong^  c’eft-à-dire,  
 le coeur,  en latin cor  félon Rumphe.  Les  bourgeons  
 011  cayeux, flolones,  qui pouffent  au  pied  des  bananiers., 
  s’appellent  anack en langage  Malays. 
 Le  pays  originaire  des  bananiers  a  donné  lieu  à  
 bien  des  difcuffions  de  la  part  des  auteurs. Cette  
 plante a  été-  connue des  anciens : il paroît  que c’eft  
 le  dudaïm. des Hébreux, &  le  figuier d’Adam, ficus  
 Adami,  ou  la pomme  de  paradis, pomum  paradiji  
 des  Syriens.  L’Eclufe ,  Clufius,  dans  fes  notes fur  
 le  dixième  chapitre  du  fécond  livre  des  aromates  
 de Garcias ,  femble  croire que  c’eft le palma  cypria  
 que Théophrafte, au livre I I  de fes plantes, chapitré  
 8,  dit avoir les feuilles  plus grandes que celles d’aucun  
 autre  palmier,  &   le  fruit  plus.grand  qu’une  
 grenade , mais alongé ,  quat folia gerit multb  majora  
 cunctis palmis, fruclumque majorent porno granati, fed  
 oblongum ;  ou  bien , dit le même  l’Eclufe , ce  feroit  
 cet  autre  arbre  que  décrit  encore  Théophrafte  ait  
 livre  I V ,  chapitre  5 ,  en  difant  qu’il  a  les  feuilles  
 longues  de  deux coudées ,  femblables  aux  plumes  
 de  l’autruche ; arbqr  quee  longiffimum  gerit folium fî-  
 mileplumisflruthiocameli quagaleis  imponuntur, quod-  
 que  binos  cubitos longum  ef.  Mais 'cette  opinion  de  
 l’Eclufe  eft  d’autant moins vraifemblable,  que  fi le  
 bananier eut exifté  dès-lors en Chypre, il fe  fut certainement  
 répandu  dans les environs. La  citation de  
 Pline  eft la  plus ancienne de celles qui  ont  quelque  
 rapport'avec  le bananier.:  voici  ce  qu’il  en dit  dans  
 fon Hifoire naturelle ,  livre  X I I ,  chapitre  (f,  major  
 alia porno,  6* fuavitate proecel'lentior ,  quo fapientes  
 Indorum  vivant.  Folium alas  avium imitatur,  longi-  
 tudine trium cubitorum , latitudine  duum. Fruclum cor-  
 tice  emittit,  admirabilem fucci  dulcedine ut uno  qua-  
 ternos fatiet.  Arbori  nomen paies , porno  arienoe.  Plu-  
 rima  efl in fydracis  expeditionum Alexandri  termino.  
 Bjl & alla Jimilis  huïe ,  dulcior porno , Jed interaneo-  
 rum  valetudini infefla.  Edixerat Alexander ne quis ao~  
 minis fu i id pomum  attingeret.  On ne  pouvoit certainement  
 défigner  plus clairement les deux efpeces de  
 bananier  les  plus  communes.  Ses  feuilles ,  en effet  
 par leur forme  oblongue  ,  &   lorfqu’elles  fe  déchi-  
 renj, peuvent  fe  comparer  aux  grandes plumes  de  
 l’autruche. Les Brames, qui.font les fages des Indes,  
 en font leur principale nourriture, parce qu’ils s’abf-  
 tiennent.communément  de  chair.  Son  nom  ancien  
 pala  ne  différé  de  celui  de  bala d’aujourd’hui,  que  
 comme le  mot  ancien papyrus, diffère  du babir  des  
 Arabes  qui étoit  le .fouchet du papier. Le peuple çle  
 Sydrace  eft  fans  doute  la nation  des Oxydraces qui  
 habite  le  centre  de  l’Afie  où  Aléxandre  pénétra  ,  
 comme on l’apprend dans l’hiftoire de Quinte-Carce.  
 Enfin la fécondé efpece  à fruit plus petit,  dont Alexandre  
 défendit l’ufage à  fon  armée,  parce  qu’elle  
 dérange les eftomaes froids, eft celle que l’on nomme  
 communément  bacovo en Guinée  ou bacove. 
 Le  bananier exiftoit  donc  dans les  Indes du tems  
 d’Alexandre.  Il  exiftoit aufli  dans l’Afrique  fur  la  
 cote  de  Guinée,  depuis le Sénégal jufqu’à Angola ,  
 où  celui  à gros  fruit s’appelloit  banana ,  &   celui à  
 petit  fruit,  qui  y   eft  le  plus  commun,  fe nomme  
 bacovo , 'quoique Thevet  dife  que  ce nom qu’il corrompt  
 en  celui  de pacona, pacoba &  bacoba ,  eft un  
 nom  Américain.  On  fait le  contraire  par  Oviedo,  
 qui  affure  que  les  premiers  bananiers qui  aient  été  
 vus en Amérique , y  ont été  tranfportés  de la grande  
 île Canarie ,  où ils  fe cultivoient depuis long-tems :  
 on fait  d’ailleurs  que les Portugais  les  ont portés  de  
 la Guinée  au  Bréfil, 
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