tette que d’un côté, 8c d’autre sfois point du tout: il
faut donc abfolument y fuppléer. _ |
Dans le,grand nombre d’enfans qui viennent au
monde en préfentant la tête la première , quelques-
uns defcendent la face en devant, ce qui les rend
fouvent hideux, fur-tout lorfqu’ils ont été trcs-long-
temps à vaincre les obflacles qui les empechoient
de fortir. Les enfans ont toujours le vifage plus ou
moins tum éfié 8c violet, 8c ils naiffent tous la bouche
béante, bavant continuellement, comme quand la
mâchoire eft luxée , 8c elle l’eft quelquefois. Lorf-
qu’elle l’e ft, il faut la réduire furie champ, 8c la
maintenir réduite en fuivant les réglés de 1 a r t , oc
au bout de vingt-quatre heures ou environ commencer
à les nourrir, foit avec du lait de femme
qu’on leur raie de temps en temps dans la bouche,
foit en leur dégouttant peu-à-peu de celui de che^
vre ou de vache, tiede 8c coupe, ayant foin de
mettre cette boilfon dans un biberon, afin de s ap-
percevoir le plutôt poffible du temps que l’enfant
fera en état de fucer, 8c par confisquent de tetter.
Si la mâchoire n’eit pas luxée , il fufiit de badiner
feulement de tems à autre le vifage de l’enfant avec
du vin chaud. . „ .
Il y a quelques enfans qui naiffent avec des narines
fi étroites, dans leur partie fupérieure , que
très-peu de chofe les bouche entièrement. Ces en-
fans , qui font très-fouvent forcés , par cette caufe
feule , d’abandonner le mamelon à tout moment
pour pouvoir refpirer, ont presque toujours la
bouche plus ou moins ouverte, foit qu ils dorment,
foit qu’ils veillent. Lorfqu’on s’apperçoit de ce defaut,
on y remédie en fe fervant d’une plume daile
de moineau, trempée dans de bonne huile, dont on introduit
fucceffivement lesbarbes dans les deux narines
pour les déboucher. On en peutfaire autant 8c avec .
le même fuccès, pour les enfans qui s enrhument
pendant le cours de: l’allaitement. %
Il naît quelquefois des enfans à terme , a qui il
.ne manque que l’aptitude néceflàire pour pouvoir
tetter, 8c qui ne peuvent point y réuflir fans fe-
cours. M. Lapie , maître en chirurgie, près Coutras
en Guienne, a envoyé à l’académie royale de chirurgie
deux obfervations ,defquelles il refulte qu il
vient au monde des enfans q u i, fans avoir le filet
ni la langue trop courte ; ne peuvent point tetter 8c
font en danger de périr faute de nourriture ; il faut
alors examiner s’ils n’ont point la langue trop fortement
appliquée 8c comme collée au palais; en
ce cas il faut l’en détacher,8c l’abaiffer avecune fpa-
tule ou le manche d’unç cuiller ou de chofe fembla-
ble • par ce moyen M. Lapie dit avoir fauve la vie
\ deux enfans qui jufqu’à ce moment, n’avoient pu
prendre le letton,fans qu’il eût été poffible de reconrfoître
la caufe de cet empêchement.M.Bunel a trouve
un enfant dans le meme cas, il a abaiffé la langue
avec l’inftrument appellé feuille de myrthe , il a fait
mettre le mamelon dans la bouche de l’enfant, &
ayant abandonné la langue, celui- ci a fucé, ce qu il
n’avoit pas fait depuis plufieurs jours. M. Levret a
fait les mêmes obfervations depuis que M. Lapie a
communiqué les Sennes ; il a même remarqué qu’il
y a des enfans q u i, fans être nés avec ce défaut,
l’acquierent quelquefois, 8c c’eft après avoir été
trop long-temps à leur, faire prendre le.mamelon.
Pour éviter cet inconvénient ; lorfque la mere ne
veut ou ne peut point allaiter fon enfant, 8c qu’on
e f t plus de vingt-quatre heures à lui donner une
nourrice , il faut , au lieu de le faire boire,, foit'à
la cuiller, foit au gobelet, le nourrir au biberon.
Il y a des enfans qui naiffent avec un prolongement
contre nature du frein de la langue , qui s’op-
pofe à la fuftion. Dans ce défaut de conformation,
qu’on nomme filet ; le bout de là langue eft figuré
à peu-près tomme la partie la plus large H’uïï coeur
de cartes à. jouer ,. & . elle ne fçauroit s’appliquer
contre le palais, ni paffer le bord des levres ; fon
bout qui eft retenu trop bas, eft toujours plus ou;
moins recourbé en deffous:, fur-tout lorfque l’enfant
crie. Cet état indique de détruire cette efpece de
bride, puifqu’elle empêche la liberté des mouve-
mens delà langue. Pour couper le filet avec: beaucoup
de facilité & fans.courir aucun rifque , la meilleure
méthode eft i°. que l’enfant foit pofé hori-
fontalement fur le dos &: en travers des cuiffes. d’une
perfonne affife fur un fiege un peu haut. 2°. Que
le chirurgien foit debout derrière la tête de l’en-;
fant, pour que fa vue puifle plonger perpendiculairement
furie lieu même de la bouche ou-il doit operer
& fur lequel le jour doit tomber direttement fans aucun
ôbftadé: 30. qu’alors il foule ve la langue avec la
piece de pouce fendue d’une fonde cannelee ordinaire,:
faifant paffer le filet à travers la fente de'la fonde :
40. qu’avec des cifeaux à lame étroite , pointes
émouffées, mais dont les tranchans foient bien.bons,
il coupe d’un feul coup toute la portion fuperflue-
du frein de la langue. Si l’on n’a coupé que cet excédent
, il fortira peu de fang; parce que cette portion
excédente du frein eft' ordinairement toute
membraneufe & fort mince. Au refte il ne faut abfolument
couper que le vrai filet ou prolongement
du frein de la langue ; car on a vu périr des enfans
à qui, faute d’attention ou de favoir, on avoit coupé
le frein réel & bien conformé pour le;filet ; & ce la ,
parce qu’on s’en étoit laiffé impofer par quelqu’au-
tre obftacle imprévu qui produifoit la difficulté de
la fuéHon. A raifon de cette méprife , il peut arri-.
ver'que la langue devenant malheureufement trop
libre de fe porter fort en arriéré dans les cris de
l’enfant, elle s’engage toute entière au-delà de la
valvule du gofier ,ce quiferoit que l’épiglotte refte-
roit p ôur toujours ahaiffée fur la glotte , d’o iis ’en-
fuivroit de toute néceffité l’interception de la ref-
piration & la mort de l’enfant par fuffocation.
Il arrive quelquefois qu’après qu’on a coupé côm-
plettement le filet, l’enfant n’a pas encore acquis la
faculté' de fucer : il faut en ce cas examiner attenti-
vent les deux côtés de la langue : car on y trouve ,
ordinairement alors des brides ligamenteufes , qui
la retiennent en arriéré , ou qui la contraignent latéralement
, foit d’un côté , foit de l’autre , & même
des deux, ce qui l’empêche, de fe creufer comme
un cuilleron , pour bien embraffer le mamelon.
Lorfqu’on a reconnu l’exiftence de ces brides, on
doit les couper tranfverfalement, & affez profondément
pour les empêcher de fe réunir aifément. Les
cifeaux dont nous venons de parler ont encore ici
la préférence fur la lancette ou les biftouris. Le chirurgien
occupé à couper ces brides, ne doit point
fe placer derrière la tête de l’enfant, mais en face
& au lieu de fonde, il fuffit de lui pincer le nez, afin
de le faire crier, parce qu’alors, toutes les. parties
de l’intérieur de la bouche étant dans uné tenfion
confidérable , on voit très-aifément ce que l’on a
à faire & comment il faut le faire. Les brides dont il
eft ici queftion font ordinairement plus charnues que
membraneufes, & par conféquent plus fujettes à fe
réunir que celles du filet ; ce qui indique qu’il faut
les couper complettement & de n’en laiffer échapper
aucune. Mais doit-on couper tout de fuite ces
brides, ou ne faut-il les couper qu’en des temps
différens, laiffant guérir une plaie .avant que d’en
faire une autre ?
Pour fe décider prudemment fur le parti qu’il y a
à prendre çn pareille occurrence , il faut commencer
par examiner les avantages & les inconvéniens
de ces deux méthodes. Si on fuit la première , on
remplit l’indication principale qu’on a en vu e , en
détruifant fans délai tous les obftacles qui s’oppo-
fent au mouvement de la langue, par conféquent à
la fuéiion & à la déglutition. Mais les douleurs , les
plaies multipliées’, & la perte de fang inféparable
de cet état, ne peuvent-elles pas mettre la vie de
l ’enfant en plus grand danger, que fi l’on fuivoit la
fécondé méthode ? L’expérience confirme la négative.
Cependant il faut bien fe donner-de garde de
faire prendre quelque chofe à l’enfant par la bouche
; car non - feulement l’enfant ne peut point tetter
, mais, il lui eft impoffible d’avaler ; & pour peu
qu’on fut affez mal avifé pour en faire la tentative,
on ne tarderoit pas à s’en repentir, ayant mis pour .
lors l’enfant en danger d’étouffer. Il eft auffi à propos
d’attendre qu’il ne; forte prefque plus de fang
de la première, fedion , avant de faire la fécondé
ainfi de fuite, autant qu’il y aura des brides à couper
jufqu’à la derniere, & de commencer par les
antérieures avant que d’attaquer les poftérieures}
Quant à l’hémorrhagie , elle n’eft point à craindre,
quoique la feftion de ces brides fourniffe chacune
plus de fang que celle du filet ; mais comme les
vaiffeaux des parties latérales de la langue ne font
pas j à beaucoup près , auffi gros que ceux qui accompagnent
le frein, leur fe&ion ne menace point
la vie de l’enfant, comme pourroit le faire celle des
racines', fi malheureufement on les ouvroit en coupant
le filet. A u .refte, fi-tôt qu’on aura coupé une
bride, il faut tourner la face dé l’enfant prefqu’en
deffous & l’y maintenir fur le bras jufqu’à ce qu’il ne
forte prefque plus de fang. .
Il me refte à tracer le plan de la conduite qu’il
faut fuivre pour réuffir dans l’allaitement. Je ne crois
pas pouvoir prendre en cela .lin meilleur guide que
Madame le Rebours, que l’expérience, une judiciaire
exercée & des connoiffances au-deffus de celles qui
font communes aux perfonnes de fon fe x e , ont mis
en état d’inftruire les femmes qui veulent s’acquitter
des devoirs de mere.
Prefque aufli-tôt que les enfans font nés, avant
qu’ils s’endorment, &: toutes les fois qu’ils fe réveillent
, ils cherchent à tetter. Il faut profiter de
cette indication naturelle pour leur donner le fein,
fût-ce même pendant la nuit, plutôt pour les purger
que pour les nourrir. Lorfqu’on manque le premier
moment oii les enfans cherchent à tetter, on
eft ordinairement plufieurs heures fans pouvoir leur
faire prendre le fein , qui pendant ce temps s’emplit
de lait & caufe des fouffrances proportionnées à la
longueur de ce retard.
, Les femmes qui ont beaucoup de la it , ont le fein
gonflé & tendu douze ou quatorze heures après leur
accouchement. Les bouts fortent alors plus difficilement
, & l’enfant a de la peine à les prendre. Si
l ’on attend au deuxieme ou troifieme jour,l’enfant ne
peut fouvent plus faifir le bout ; s’il le prend, ce
n’eft qu’avec peine , & la mere fouffre beaucoup,
parce que la peau eft très-tendue par la plénitude
du fein, & qu’elle eft même irritée & enflammée
par la fievre de lait que la femme a eue , & qu’elle
n’auroit point ou prefque point eue, fi elle avoit
donné à tetter dans les premières heures après l’accouchement.
Si l’on n’a pas foin de faire détendre
promptement le fein par des cataplafmes lorfqu’il
eft trop plein, le lait s’y arrê te ,,y prend uncarac-
tere de corruption & finit par caufer des accidens.
On dit communément que toutes les femmes fouf-
frent dès bouts à la première nourriture, parce
qu il faut que les cordes fe caffent ; cela n’eft point-
vrai. Ces prétendues cordes ne font autre chofe que
de petits vaiffeaux qui fe rompent lorfqu’il y a irrita—
îion par l’amas & le féjour du lait dans le fein. Lorfque
la femme commence affez tôt, & qu’elle donne affez
louvent à tetter pour ne pas laiffer féjourner le lait
& tendre la peau, elle ne fent point ces tiraillemens,
& les bouts ne s’âpplatiffent pas, même la première
fois qu’elle allaite.
Le liquide qui fort du fein le premier jour après
L’accouchement, n’eft que de la férofité propre à
purger l’enfant ; il prend enfuite de la confiftance &C
devient nourriffant. Comme il n’y a pas d’amas de
lait dans lesfeins les premières heures après l’accou-
ehement, la femme ne s’apperçoit pas qu’elle en a ;
cependant, l’enfant tire & il avale. Mais, comme iL
remonte plus de lait que l’enfant n’en tire, elle s’apperçoit
davantage! de fon exiftence dans le. fein le
fécond jour ; le troifieme ou le quatrième , il y a
furabondance, le fein picote lorfque le lait monte ;
la femme en fent le mouvement, parce qu’il tend
la peau, & beaucoup de femmes concluent que ce
n’eft que du. jour que le lait gonfle 4e fein , qu’il
monte. D ’après cette opinion, on a regardé cette
époque comme le moment propre à commencer à
donner à ‘tetter..
Il eft dangereux d’adopter des fyftêmes qui tendraient
à régler les enfans, dès leur naiffance, pour
les heures de tetter, en prenant peu de lait à.Chaque:
fois ; mais en en prenant fouvent, leur eftoniac eft
moins fatigué que lorfqu’ils en prennent rarement &C
trop à la fois. Quand ils ont quelques mois, ils
s’accoutument tout naturellement à ' tetter moins
fouvent, & il n’eft pas fi incommode qu’on fé l’imagine
de donner à tetter la nuit. « Tout eft habitude ,
dit Madame L. R. on fe rendort très-facilement après
avoir donné à tetter, & l’on dort d’un meilleur
Çommeil. Lorfqu’on dit aux femmes que de donner
à tetter la nuit les échauffe , on les trompé ; je fou-
tiens au contraire que le lait qui a paffé la nuit dans
leur fein, eft capable de les agiter, de les échauffer,
& qu’il eft d’une mauvàife qualité pour les enfans. »
Pour que la femme ne fe fatigue pas lorfqu’elle
donne à tetter, il faut fe coucher de fon long, avoir
les reins & la tête un peu élevés & foutenus, fe
tourner fur le cô té, & paffer un bras fous le cou de
l’enfant. Lorfque la mere trouve une attitude commode
, il eft bon de garder un peu de temps l’enfant
auprès d’elle & fur fon fein, afin qu’il fe mette bien
en train de tetter. Les nouveaux nés tirent peu de
lait à la fois , & s’endorment fur le fein prefqu’auffi-
tôt. La chaleur de la mere eft la meilleure que l’on
puiffe leur procurer ; là quantité.des vêtemens & la
chaleur du feu leur nuifent fans les bien réchauffer.
Il eft on ne peut pas plus intéreffant pour le fuccès
de l’allaitement, que la nourrice & le nourriffon
foient conduits de la maniéré la plus fimple & la
plus conforme aux vues de la nature. Tout ce qui
peut étourdir, inquiéter, tracaffer, échauffer la
mere, doit être évité avec foin. Les vifites, l’embarras
d’un grand nombrë de perfonnes qui habitent
dans fa chambre les premiers jours, ne peuvent
que lui être contraires, ainfi que le foin outré de la
garantir du froid. C’eft une très-mauvaife habitude
que celle de fermèr les rideaux autour du lit; on
concentre par-là les mauvaifes odeurs, l’on appauvrit
l’air qu’elle refpire, on lui échauffe la tête. II
faut l’arranger de maniéré qu’elle foit toujours au
même degre de chaleur fans fuer ; le froid arrêteroit
la tranfpiration, & pourroit caufer des engorgemens
dans les feins : les fueurs feroient difliper les parties
les plus déliées des humeurs.
La chambre d’une femme en couche eft toujours
affez chaude, pour qu’il ne foit pas néceflàire de
garnir l’accouchée plus que dans un-autre temps : on
évite par-là le paffage fubit du chaud au froid. Il ne
faut pas qu’une femme en couche s’expofe à fe
bleffer, en voulant marcher trop tôt ; mais elle peut
fans danger, lorfqu’elle a bien donné à tetter dès le
premier jou r , fe tenir fur une çhaife longue dès le