ne peut pas exifter fans cet accident, parce qu*alors,
il eft un accident effentiel.
On auroit moins difputé fur les accidens , fi l’on
âvoit bien diftmgué dans tous les cas ces deux genres ,
de modifications. Je doute au moins que l’on eût
jamais agité de part & d’autre avec vivacité cette
queftion ; la fubftance peut - elle exifter fans fes
modifications, ou les modifications fans la fubftance ?
La réponfe eut été aifée. S’agit-il des modifications
effentielles, des accidens en général? nulle fubftance.
n’ éft poffible fans eux, à moins que vous n’admettiéz
là poflïbilité de l’exiftence , là où vous ne fuppofez
aucune maniéré d’être. S’agit-il des modifications
accidentelles ou non effentielles ? une fubftance peut
en être, dépouillée fans ceffer d’être la même. Remarquez
cependant que cette affertion n’eft pas vraie
àbfolument. On peut ôter à une fubftance un attribut
non effentiel, une modification accidentelle fans la
détruire ; mais vous ne pouvez détruire, un de.ces
accidens fans le remplacer par un autre. On peut
bien concevoir une fubftance dont on ne confide re
que l’effence , ou les attributs effentiels, mais ce
n’eft que par l’abftraftion de toutes les modifications
accidentelles qui n’en exiftent pas moins , & fans
lefquelles il n’eft pas poflible que la fubftance ■ exifte.
On peut les changer ; mais la deftru&ion de l’une eft
toujours la produdion d’une autre. La boule d’or,
refte la même, quoiqu’elle ceffe d’être en mouvement
, mais la ceffation du mouvement eft le commencement
du repos. La couleur, la figure, la folidité
de l’ôr ne peuvent ceffer d’ê tre, que parce qu’une
autre couleur, une autre figure , un autre degré de
folidité , fuccedent à ces premieres.
Si la fubftance ne peut exifter fans les accidens.,.
lès accidens de quelque.nature qu’ils foient, ne peuvent
pas non plus exifter fans la fubftance, fans un
être dont ils foient les modifications effentielles ou.
accidentelles ; là où rien n’exifte, il ne fauroit y avoir,
de maniéré d’exifter.
Ici on apperçoit dans lès raifonnemens de certaines
perfonnes l’abus des abftraftions. S’étant accoutumés
à penfer abftra&ivement à la fubftance & aux
accidens de la fubftance , quelques-uns ont regardé.
Ces derniers comme des êtres" à part quipouvoient.
exifter fans la fubftance , & pour preuve , ils ont;
dit que là blancheur d’un tel lis exiftoit fans lui ,
puifqu’elle exiftoit dans un autre lis, ou dans quel-
qu’autre objet qui a , dit-on, la blancheur du lis..
Mais je dirai ici avec le pefe Bu ffer, que la blancheur
du premier lis n’eft pas la blancheur du fécond,
puifque celle-là n’eft que le premier lis qui eft b lanc,.
celle-ci n’eft que le fécond lis qui eft blanc auffi,
fans qu’il y ait rien de commun entre l’un & l’autre,
mais feulement uné entière reffemblance de couleur.
La blancheur de l’un n’eft que fa fubftance même,
modifiée d’une telle maniéré ; la blancheur du fécond
n’eft que îà fubftance même du fécond modifiée
d’une même maniéré. Pour que ¥ accident de l’un fût
P accident de l’autre , il faudrait que là fubftance de
celui-ci fût la fubftance de Celui-là , puifque la modification
de la fubftance n’eft que. la fubftance même
modifiée. Mais les fubftances ne fe communiquent
pas ; la fubftànce d’un être n’eft pas la fubftance d’un
autre être. Les accidens de l’un ne peuvent donc pas,
être les accidens de l’autre , ils peuvent feulement
être fiemblables.
3°. Je ne fais pas trop ce que quelques théologiens
ont voulu dire quand ils ont parlé à!accidens abfolus,.
c’eft-à-dire à?accidens ou de modifications qui ont,
une exiftence propre , qui leur permet de, fubfifter
lors même que la fubftance qu’ils modifioient n’exifte
pluS, à moins qu’ils n’entendent par-là les accidens
qui confiftent dans -l’application d’une fubftance modifiée
, fur une autre fubftançe auffi m odifiée, dont.
la, première devient une nouvelle modification ;
comme quand fur mon corps je mets des habits dont
il fe trouve alors revêtu ; en conféquenee de quoi
je dis de mon corps , qu’il eft habillé ; dans ce cas
l’habillement eft un accident àw corps habillé , un
accident qui peut fubfifter , féparé de la. fubftance;
qu’il modifioit lorfqu’il lui étoit joint.; il en eft de.
même de tout mélange d’une fubftance avec une.
autre qu’on lui unit, ou qu’on incorpore en elle pour
lui donner une,nouvelle modification ; comme quand
je mélange dés couleurs différentes ; mais alors cette
nouvelle modification, n’eft que l’union de deux ou;
plufieurs fubftances , dont chacune a fes propres
accidens auffi-bien que fa propre fubftance. Dépouillé
de mes habits, je refte nud, & j’exifte encore ; mes
habits féparés de moi ne me revêtent plus , cepen-,
dant ils fubfiftent encore : mais s’ils .fubfiftent, c’eft
qu’fis font eux-mêmes une fubftance , qui a fes-
accidens : détriufez-enla fubftance., vous en- anéan-
tiffez les accidens, vous ne pouvez plus m’en revêtir:,
ils ne fauroient fubfifter fans elle , ni elle fans eux.
La difficulté fe retrouve donc par rapport aux fubftances
modifiantes ,. tout comme quand il n’étoit,
queftion que de la fubftance fimplement modifiée ;
& on ne donnera jamais à l’efprit l’idée d’un accident;
qui exifte fans une fubftance.
Ces.différens fens qu’on peut donner au terme
accident, rentrent tous dans l’idée générale qu’Arif-
tote attachoit à ce mot, lorfque confidérant tous les
. êtres, il. les divifoit en. deux claffes , la. fubftance
& les accidens. C e t t e d e rn ie r e , favoir celle des,
accidens, fe fubdivifoit en neuf autres qui, en y ajou-,
tant celle delà fubftance, formôient dix claffes d’ob-;
jets d’idées : claffes que les Ariftoteliciens nommoient
catégories, & qui font connues dans l’école fous le
nom des dix catégories d’Ariftote ou des dix prédi-.
camens, qui font, i° . la fubftance ; x°. la quantité;..
3°. la qualité ; 40. la relation ; 50. l’aftion; 6°. la,
"paffion; 7 0". le . l ie u ; 8 ° . le t e in s ; 9 ° . la fituation;-
io°. les accompa.gnemens.extérieurs : les neuf der-.
mers prédicamens étoient renfermés fous le terme'
à’accidens. , ,.
40. Enfin le terme accident s’emploie pour défigner
le cinquième des uniyërfaux , c’eft-à-dire la cinquie-,
me & derniere claffè des idées abftraites méthaphy-
f iq u e s . C e s cinq claffes ou.degrés d’abftraûions mé-
thaphyfiques, en commençant par les idées les plus
univerfelles, pour defcendre à celles qui le font le
moins , font le genre , l’efpece, la -différence , le.
propre & \ accident.. On entend ici par ce dernier
des. univerfaux, ces attributs des ch o fe s que nous,
1 avons nommés modifications accidentelles , & dont
| le cara&ere confifte en ce que ces attributs p e u - .
vent être détruits , fans que la. fubftance ceffe d’être
la même, foit que ces modifications foient des fubftances
telles que les habits, les cheveux, foit qu’ils,
•foient des modifications inhérentes, à la fubftance,
comme la couleur du papier, la rondeur par rapport
• à de la cire , le mouvement dans une pierre.
Dans' le langage ordinaire des philofophes qui.
n’emploient pas les termes fcholaftiques, le mot
; accident fe prend toujours dans ce dérnier fens, pour
défigner ce qui n’eft pas effentiel à la chofe dont
‘ il s’agit.
Dans le cours ordinaire de la. vie le mot accident
fe prend dans un fens différent, pour marquer un,,
• événement que l’on n’avoit pas cherché à procurer,
auquel on ne s’attendoit pas , & qui caufe quelque
dommage. Une chûte , un incendie , une rencontre
funefte, font des accidens. (G. M.)
Accolade , f. f. ( terme d’imprimerie & de Fonderie.
de caractères. ) ce font pu des affem-i
blages de. différentes, pièces qui font une piece de
milieu à laquelle onajOute des pièces droites»»»»
de différente épaiffeur ou longueur, qui font multipliées
fuivant le befoin, & terminées par des cro-
Cet affemblage décrit dans l’impreffion , les lignes
courbes ou mixtes qui fervent pour accoler toutes
les différentes parties d’une chofe à fon tou t, qui fe
trouve nommé en-dehors de Haccolade. (-{-) .
§ ACCOLE , ÉE ; part. & adj.. torquatus , a , um,
(terme de Blafon. ) fe dit des animaux qui ortt des
colliers ou couronnes pafféés au col ; des fufées,
macles, lofanges , lorfqu’elles fe touchent de leurs
flancs ou de leurs angles fans remplir l’écu.
Accolé, èe ; fe dit auffi-d’une biffe entortillée à
une colonne , à un arbre, à une plante ; d’un cep
de vigne attaché à un échalas.
Accolés, fe dit encore de deux écus ou écuffons
joints enfemble par les côtés..
Accolé, fe dit de même des colliers des ordres
de chevaleries qui environnent l’éat.
Les chevaliers des ordres accolent leurs armoiries
de l’ordre de Saint-Michel & de celui du Saint-
Efprit.
L’ordre de Saint-Michel accole de plus près l’écu,
parce qu’il eft de plus ancienne création.
Les prélats affociés à l’ordre du Saint-Efprit accolent
leurs armoiries du ruban bleu , d’ôù pend la
croix du Saint-Efprit.
Les grand-croix & commandeurs de l’ordre de
Saint-Louis accolent leur écu d’un ruban rouge où
eft attachée la croix du Saint.
De Valbelle de Meirargues , de T o u rv e , en Provence
; d’azur au. lévrier rampant £ argent, accolé de
gueules.
Nagu de Varenes en Beaujolois; d’azur-à trois
fufées d’argent, accolées en fafce.
Chauvelin de Grifenoir, de Beauféjour, à Paris;
d argent au chou fauvage de Jinople à cinq branches ;
pofe fur une terrajfe de même , la tige du chou accolée
d’une biffe d'or.
Voye{ la planche V I I I , fig. 42g , du Dict. raif.
des Sciences, Arts & Métiers. ( G. D . L. T.')
* ACCOLER , v. a. ( terme d Agriculture. ) fe dit
particuliérement des pampres & des bourgeons de
la vigne, quand on les rapproche enfemble , &
lorfqu’on les lie à l’échalat, ainfi qu’à tout ce qui
lui fert de fupport.
§ ACCOMPAGNÉ , ée ; adj. {termede Blafon. )
fe dit lorfqu’un ou plufieurs chevrons , une ou
plufieurs fafces, ont en ch ef, en pointe ou ailleurs
en féantes pofitions, un ou plufieurs meubles.
Une ou plufieurs bandes font dites accompagnées,
lorfqu’elles ont à leurs cotés des pièces ou meubles
de longueur en féantes pofitions, & perpendiculaires
; mais fi ces pièces ou meubles font pofés
en diagonales, c’eft-à-dire, dans le fens de la bande,
alors on dit que cette bande ou ces bandes font
accotées.
Accompagne, ée ; fe dit auffi du lion, du léopard ,
& autres quadrupèdes , de même que de l’aigle &
autres volatils & reptils, lorfque quelques meubles
ou pièces fe trouvent en féantes pofitions au-deffus
au-deflbus ou à leurs côtés.
Les croix & fautoirs , dont les vuides font remplis
de quelques pièces ou meubles , font dits cantonnés,
oc non accompagnés, jf
Si dans un écu , un animal occupoit le milieu ,
oc qu’il y eût quatre piecés ou meubles aux angles,
on fe ferviroit du terme cantonné.
Laurencin de la Buffieie en Bourgogne de fable,
au chevron d’or , accompagné des trois étoiles argent. \
Kanchin d’Amalry, deFronfrede, en Languedoc;
attira la fafce d or, accompagnée en chef de trois étoiles
fie meme,& en pointe d’un puits d’argent.
S / r e , 'eCailm° nt> en C1,amPagne i.ifaiur
au lion d'or, accompagne de-trois mouchetures d hermine
d’argent. ( G. D . L. T. )
ACCOMPAGNEMENT , f. m. ( Poéfie lyrique. )
Dans la mufique vocale, tout doit avoir fon analogie
avec la fiflion poétique , & fa vraifemblance
comme elle. Les vers, léchant, la fÿmphônie qui
raccompagne , forment enfemble une hypothefe,
dont le principe eft dans la nature. Voye^ dans les;
articles air, duo*, chant, lyrique, récitatif,
Suppl, en quoi confifte la vraifemblance de l’ex-
preffion muficale.
La vraifemblance de 1 accompagnement eft moins
aifec- a concevoir ; & de toutes les licences que la
mufique s’eft données, la plus grande eft fan s contredit
le concours des inftrumens avec la voix. Il
ne laiffe pourtant pas d’être indiqué par la nature ,
& d’être analogue au fyftême de la fi&ion poétique,
dont la mufique eft une branche du côté de l’ex-
preffion.
i° . On a obfervé dans la nature du corps fonore
qu’il n’y a point de fon pur & fimple, comme il
n Y à point de rayon pur & fimple dans la lumière
du foleil. Chaque rayon de lumière eft formé
comme l’on fait, d’un faifceau de rayons qui, féparés
, donnent les couleurs primitives. Chaque fon
eft compofe de même de fes élémens qui donnent
la baffe & fes accords. Ce n’eft pas ici le moment
d’en faire l ’analyfe ; mais de cela feul que dans la
nature le fon principal eft toujours accompagné de
fes harmoniques, la voix humaine eft en elle-même
un compofé de fonsîqui forment enfemble un accord.
Le premier modèle de Vaccompagnement eft donc ce
compofé harmonieux , & fa première réglé eft
d’imiter l’accord donné paria-nature.
Quel eft donc l’emploi de lafymphonie dàns cetté
efpeee à!accompagnement ? G’eft d’imiter le reten-
tiffement harmonieux dé la v o ix , & de le rendre
plus fenfible. L’oreille même la plus .exercée ne
diftingue pas dans le timbre de la voix lès fons harmoniques
& fugitifs ; la fymphonie les exprime , ôc
l’oreille qui en eft frappée, reconnoît leur analogie
avec la voix dont ils font émanés. Ainfi une voix
foutenue par des accords de tierce & de quinte ,
n’eft qu’une voix dont la réfonnance eft diftin&e-
ment proqoncee. Voilà dans l’accompagnement le
premier procédé de l’imitation : pour rendre cela
plus fenfible , on n’a qu’à fuppofer un peintre q ui,
au microfcope peindroit en grand des objets imperceptibles
à’ la vue ;) l’image, qüoiqu’èxagérée , en
.feroit correfte & fidelle ; l’hypothefe eft la même
à l’égard des fons. Le muficien nous donne , s’il eft
permis de le dire, une oreille microfeopique , &
nous fait entendre dans la nature des fons que notre
fimple organe n’auroit pas appèrçus fans lui. D elà ,
guidé par fon oreille, l’artifte a étendu les procédés
de l’harmonie; mais il n’en eft pas moins vrai que
la nature du corps fonore lui a indiqué les premiers
accords, i •
20; La force, l’énérgie, la délicateffe, les nuances
de la penfée & du fenriment font bien fouvent au-
deffus de l’expreffion de la parole & de la voix. La
mufique , a imaginé de donner à l’ame un nouvel,
organe, & comme une fécondé voix qui mêle aux
fons articulés des fons plus confus & plus vagues ,
mais dont la fenfibilité fe communique, à la vo ix
même.; & rend plus vive & plus touchante l’impreffion
commune que l’oreille en reçoit. Tantôt
la ,voix fiflive ne fait que foutenir & féconder la
voix réelle ; tantôt elle y fupplée, enachevant pour,
elle les parties du chant les plus déliées, & en donnant
à l’expreffion fes nuances les plus délicates ott
fes traits les plus énergiques; tantôt, dialoguant
avec elle fur un deffein quilui eft propre, elle exprime
les accidens, les variétés, les différences fimultanées
P i j