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 après un  fiege opiniâtré.  Il avoit  promis lé gouvernement  
 de  cette  conquête  à  la  comtefle  de  Sault  
 pour  un  de  fies favoris.  C ’étoit  Louis - Honoré  de  
 Caftellane  ,  fîèu'r  de  Befaudun  ,  brave  officier,  
 efprit orné par les  lettrés,  qui  favoit nouer des  intrigues  
 , faire  des chànfons,  &  gagner dés batailles.  
 Le duc manqua  à  fa parole ;  la comtefle dévora ion  
 reffentiment, &   attendit  l’inftant  de  la  vengeance ;  
 dès-lors  elle  apprit  avec une  joie fecrette  tous  les  
 malheurs du duc de  Savoie,  lui  fufcita des  envieux  
 parmi les grands ,  des  ennemis parmi  le  peuple, &   
 ne fongea plus qu’à le chaffer de la.Provence. Le duc  
 étoit  trop clairvoyant pour  ne  pas  foupçonner  ces  
 menées.  Il  chercha  à  gagner  l’eftime  des  Provenu  
 eaux  par des traits d’équité fràppans.  Pierre  Biord,  
 lieutenant dans Arles, homme fans talens, fans courage  
 ,  fans vertus,  qui  croyoit fa vie menacée par  
 tout  ce  -qui  l’environnoit,  barbare  par  foiblefle,  
 odieux au peuple,  à fes créatures,  à  liii-même , im-  
 moloit fans pitié  tous les  objets  de  fes  pufillanîmes  
 foupçons.  Lefdiguieres  s’avaneoit  pour  venger  le*s  
 habitans ,  le  duc l’apprend,  il veut  le  prévenir. La  
 comtefle ,  qui voit  que  le  prince,  par  Une jufte fé-  
 vérité,  va  fe  concilier  l’affeftion  du  peuple,  fait  
 jouer mille  reflbrts pour  furprendre fa marche ,  &   
 pour le  rappeller. Mais  déjà le  duc  eft dans  Arles ,  
 &   Biord  eft  dans  les  fers.  Le  prince'  ne  diffimule  
 plus alors  l’indignation  que lui  caufent les procédés  
 de  la comtefle de  Sault.  Il tonne, il menace, il croit  
 n’avoir  en tête  qu’une  femme vulgaire , qu’on peut  
 féduire par la  politique,  ou intimider par  l’appareil  
 des armes.  Il court à Aix,  entend crier de tous côtés  
 fouero  Savoyard,  voit la  colere  pèintè à fon afpeft  
 dans tous les yeux,  &   reconnoît l’effet des intrigues  
 de  la  comtefle; fes partifans courent à l’hôtel de fon  
 ennemie,  enfoncent les  portes,  pénétrent  jufqués  
 dans fon appartement pour fe faifir, difoient-ils, dés  
 féditieux dont il étoit l’afyle. La comtefle fe préfehfe  
 l’air  calme,  avec une indignation tranquille. «Voilà  
 » donc, dit-elle,  le  prix des  fervices qüe'j’ai  rèndUs  
 ■ » au duc de  Savoie ,  qu’il tremble ,  qu’il  tremble !  
 » l'ingratitude ne demeure jamais impunie : les mains  
 h vires &  mercénaires qu’il arme  aujourd’hui contre  
 » moi, s’armeront un jour  contre lui». Comme  elle  
 finiffoit,  elle  entend un dès conjurés qui murmuroit  
 ces mots,  qiûattendons-nous  ?  que  ri exécutons- nous  
 notre ordre ?  « Frappez,  leur dit la  comtefle,  je n’ai  
 » point le coeur affez bas pour demander la yie. Tous  
 » les coeurs ne font pas encore  glacés pouf moi  : ma  
 » mort trouvera des vengeurs. Et v ous , dit-ellë, en  
 » s’adreflant  à  quelques  magiftrats  qui  étoient  en-  
 » très ,  vous  peres de  la  patrie,  vous  dépofitaires  
 » de  l’autorité  fuprême,  vous  fouffrez  qu’un auda-  
 »  çieux  étranger  s’élève  un  trône  au  milieu  de  la  
 » Provence ».  Ce  difeours  étonne,  fubjiigue les ef-  
 prits.  Les affafîïns tremblent,  reculent &   difpatoif-  
 fent.  Revenus  de  cette première  furprife,  ils  rentrent  
 chez la  comtefle ,  &  la chargent de  fers.  Elle  
 joue la malade,  une  femme  de  fa fuite pouffée  par  
 un  zele  héroïque,  trompe  les  furveillans,  fe met  
 dans le lit de la comtefle, &; détourne par des accens  
 plaintifs  l’attention des gardes, tandis que Chrétienne  
 £  A  guerre,  vêtue  en  Savoyard,  le menton couvert  
 d’une barbe  longue  &  touffue, s’évade  avec fon fils  
 déguifé en payfan. Les Marfeillois  ouvrent les bras à  
 ces illuftrés  fugitifs,  &  prennent  les  armes  contre  
 une troupe de commiffaires &  d’huifliers,  efpece de  
 ïnagiftrature militante,  que  le  duc  avoit  envoyée  
 pour fë  faifir de  fa perfonne. 
 Depuis  cet  inftant  le  duc  perdit par  degrés  fon  
 crédit  &   fes  conquêtes.  Il voulut  faire un  dernier  
 effort pour ramener la fortune. Il préfenta la bataille  
 à la Valiette.  Les  deux  partis formoient  à-peu-près  
 huit mille hommes ; on  yit  ces deux corps s’avancer 
 A  J A 
 avec autant de gravité que les plus  grandes armées,  
 divifés  de même,  obferver  le même ordre ;  exécuter  
 les mêmes manoeuvres. La vi&oire balança longtemps, 
   enfin le duc  fut  entraîné  dans la  déroute  de  
 fes  foldats.  La Valiette furvécut peu  à fa victoire.  II  
 périt  quelques  jours  après  à l’attaque  du village de  
 Roque - Brune»  C ’étoit  un  vertueux  gentilhomme  
 qui, dans le choix des partis qui divifoiêht la France,  
 avoif plus confulté fon coeur que fes intérêts. La ligue  
 lui offrit  le  gouvernement  de'la Provence, s’il voit-  
 loitla fecohder dans fes  projets ambitieux.  Il  rejettà  
 cette  propofition  avec  beaucoup de  nobleffe,  mais  
 fans fàfte comme fans détours. 
 Après  fa  mort  là  comtefle  de  Sault  s’empara  
 des affaires  &   des  efprits,  elle  fe  préfenta  dans  les  
 principales villes,  perfua'dà  au peuple  qu’ elle  avoit  
 été féduite, qu’elle lui avoit  donné un tyran croyant  
 lui donner un protefteur. Elle éteignit peu-à-peu les  
 troubles qu’elle avoit  fait naître, ferma pour jamais  
 au duc l’entrée  de  la Provence,  &   paHâ  lè relie dé  
 fa vie adorée  dans-fa faélion, rèfpeftée dans l’autre,  
 &  redoutée d’un prineè qui, dans fes.plus hauts pro1  
 je ts , n’avoit  paru  être que  le miniftre de  l’ambition  
 d’une  femme.  (A/,  d é   S a c y ), 
 AGU1, f. m.  {Marine.') Uagui eft un cordage préparé  
 de  la façon  fuivante :  à  uii de fes bouts  on fait  
 une gârice , fuffifamment grande pour qu’un homme  
 puifle  y   pafler le"  corps  &  s’y  àffeoir.  Le noeud qui  
 arrêté  la  gance  doit être  double,  &   fait  de  façon  
 qu’il ne puifle gliflèr :  ort  l’appelle  noeud 'jfagui.  Ce  
 noeud  doit  fe  trouver  devant l’eftômac  du  matelot  
 qui  fé  place  dans  la gance»  L’ufâge  de Vagui  eft dè  
 fufpendre  un  matelot  le  long du  bord  du vaifféau,  
 ou de  le  hiffer  le  long des  mâts  auxquels  on  veut  
 travailler, à l’aide d’une poulie élevée, dans laquelle  
 on fait pafler l’autre  bout de Y agui,  Quelquefois  on  
 fait'l’agui double , c’eft-rà-dire qu’outre la gance dont  
 on  vient  de  parler  ,  on  en  fait  une  fécondé  plus  
 élevée  &  plus petite  qui paffe  fous les  aiffelles,  &   
 qui par-là  fondent mieux &  donne plus de  facilité à  
 celui  .qui  travaille.  Quelquefois  .encore  on  fait  la  
 gance  avec une  fangle,  &   elle en  vaut mieux ; car  
 une  corde fimple &  arrondie  gêneroit dans  fon  travail  
 8c fer oit mal  au  travailleur,  qui  doit être  fuf-  
 pendu  quelque tems de fuite. (M. le Chevalier d e  l a   
 Co u d  r  a y e .) 
 AGUIAS,  ( Géogr.)   petite  ville  d’Efpagne  dans  
 l’Alentejo ,  à  l’oueft  d’Éivas  &   à l’eft de  Lisbonne.  
 Elle  eft fur  la  riviere  d’Odivor,  dans  une  fituation  
 charmante.  Ses  environs  produifent  beaucoup  de  
 grains,  &   abondent  en  orangers.  Long.  11, 3.  lat.  
 g8 , 5o.  (C .A .) 
 A  I 
 A IA , {Géogr.) petit fleuve d’Italie qui fe décharge  
 dans le Tibre,  près  d’un  château nommé Monte ro-  
 tundo,  dans l’Etat eccléfiaftique.  Les Latins l’appel-  
 loient allia. Il eft  célébré  dans  l’hiftoire,  par  la  défaite  
 des  deux  cèns  Fabiens  qui  y  périrent  dans  le  
 combat qu’ils donnèrent feuls  contre  lesVéiens.  Ce  
 fut  aufli fur les  bords  de  ce  même  fleuve  que  les  
 Romains  furent  défaits  par  les  Gaulois  Senonois,  
 conduits par  Brennus.  (Ç. A .) 
 A JA C C IO , {Géogr. Hifl. de Corfe.) ou, félon d’autres  
 , Ad ja zzô  , Ad ja z ze ,  ou  à y a s so ,  long.  z& 9  
 z8. lût. 4/, 34, eft la plus jolie ville de toute la Corfe,  
 pour la beauté  de  fes vues  &:  de  fes  promenades,  
 la plus  agréable  pour fa  fituation ,  &   là  plus  charmante  
 pour la douceur ôt l’urbanité  de fies habitans.  
 Elle doit  la beauté de fes  promenades à l’art, l’agrément  
 de fa fituation à  la nature ;  mais elle  eft redevable  
 des moeurs polies de fes habitans  à  l’établifle-  
 ment des François qui vinrent s’y  fixer, il y  a plus de 
 A  J A 
 deux cens ans, lorfque  la Corfe fut déclarée  authentiquement  
 province de France.  Voÿ<\ dans  ce Suppl.  
 Corse {Hilloire dé). Son port  eft fu r , commode &C  
 pourvu d’un  bon môle? fon  feul  défaut  eft  d’avoir  
 au front du môle un petit  rocher, mais qu’on pour-  
 roit enlever à peu de  frais ; les plus grands vaifleaux  
 y  abordent fans peine : l’on y  pêche le corail rouge,  
 le blanc &  le  noir. Ajaccio a une citadelle &  un fort  
 beau palais, &  un  évêque  fuffragant de Pife ;  elle  a  
 encore  l’avantage d’avoir  un  territoire  qui produit  
 d’excellent  vin. On voit  dans les  environs  de  cette  
 ville  les  reftes  d’une  colonie  de  Grecs  qui  vinrent  
 s’établir  en Corfe  en  1677.  Cet  établiffement  
 remarquable dans l’hiftoire de cette î l e , eft ainfi rapporté  
 par Jacques Bofwell, auteur Anglois, qui nous  
 a donné une Relation de Vîle de Corfe. 
 «  Après que Mahomet  &   fes  fuccefleurs  eurent  
 fubjugué  prefque  toute  l’ancienne  Grece,  &   que  
 Scanderberg, qui avoit défendu  fa patrie  avec tant  
 de  gloire,  fut mort,  il  reftoit encore  à foumettre  
 une  nation  peu nombreufe, mais brave ;  qui  occu-  
 poit  une  partie de l’ancien Péloponefe , aujourd’hui  
 le royaume de la Morée, partie qu’on appelle Bruno  
 di-Maina,  &  qui formoit autrefois le  pays de Lacédémone. 
   Couverts par des montagnes inacceflibles,  
 fi ce n’eft par un défilé fort étroit, ces peuples firent  
 face pendant long-tems, par leur valeur,  aux armes  
 redoutables de  l’empire Ottoman, comme anciennement  
 Léonidas ,  à  la tête  de  300  Lacédémoniens ,  
 avoit réfifté à l’armée de Xerxès,  forte de  800,000  
 hommes. Mais  enfin,  les Turcs  s’étant  emparés  de  
 Fîle de  Candie  en  1669,  &   ayant  fait par mer une  
 invafionjufqu’aucoeur de la province de Maina, dont  
 ils fe rendirent bientôt maîtres, les infortunés defeen-  
 dans  des Spartiates furent  réduits  dans  un état  peu  
 différent de l’efclavage. On impofa fur eux  des  taxes  
 exorbitantes ;  les  plus belles de leurs femmes furent  
 enlevées pour les ferrails, &  l’on bâtit plufieurs tours  
 en divers  lieux du  pays, où l’on mit de  fortes garni-  
 fons  pour contenir les  habitans  qui,  fans efpoir  de  
 délivrance,  perdirent  peu-à-peu courage,  au point  
 qu’un grand nombre d’entr’ eux fe firent mahométans.  
 Cependant  une  étincelle de  cet  ancien feu  fe  con-  
 ferva parmi ceux qui étoient demeurés à Porto-Vitilo,  
 &  qui,  ne  voyant  pas  la  moindre  apparence  d’un  
 changement  favorable  à  leur patrie,  réfolurent  de  
 l’abandonner tous pour aller s’établir ailleurs. 
 Dans cette v u e , ils envoyèrent en Italie des  députés  
 qui avoient quelques liaifons dans fes divers états,  
 &   qui  étoient autorifés de  leur  part  à  leur trouver  
 un afyle  aux  conditions  qu’ils  jùgeroient  convenables. 
   Les  Génois les firent tranfporter  en C o rfe,  &   
 leur offrirent un diftriû appartenant à la chambre des  
 domaines de l’état, dans la partie occidentale de File,  
 à environ trois milles du rivage. Les députés,contens  
 delà propofition, conclurent, à leur retour à Gênes,  
 une convention  avec  la  république  ;  &   le  rapport  
 qu’ils  en  firent  à  leurs  compatriotes  ,  ayant  été  
 approuvé, ces triftes débris des Grecs s’embarquèrent  
 au nombrë d’environ 1000 âmes. La famille de Stefa-  
 nopoli, la plus diftinguée  parmi  eux ,  étoit à la  tête  
 de  l’émigration.  Ils  arrivèrent à  Gênes  au  mois  de  
 Janvier  16 7 7 ,  &  y  refterent jufqu’au mois  de Mars.  
 La république fè  chargea des  frais de leur tranfport,  
 &  leur fournit  le logement &  la  fubfiftance  , en  attendant  
 qu’ils puflènt être rendus dans l’île de Corfe. 
 Les conditions  dont  on  étoit  convenu, portoient  
 que  les Génois  leur accordoient  les  territoires de  
 Paomià, de Buvida &  de Salogna, voifins d’Ajaccio,  
 à titre  de  fief perpétuel;,qu’ils  les  fourniroient  de  
 maifons, de  grains  &   de  beftiaux ;  qu’ils  tien-  
 droient  un  corps de  troupes Génoifes  pour  les  défendre  
 contre toutes infultes, pendant les premières  
 jannées de leur féjour en Corfe.  Ils nommèrent aufli  
 Jomt  /, 
 A  J A  «7 
 un noble Génois, pour juge de leurs différends, avec  
 la  qualité de  dire&eur,  dont  l’office  devoit  durer  
 deux  ans, &  être  rempli à tour de  rôle  par  la  no-  
 bleffe  de  Gênes.  Enfin,  la  république  s’engageoit  
 d’entretenir à fes frais,  un vicaire  fiachant  la  langue  
 Grecque , pour inftruire leurs  enfans  en  différentes  
 fciences, &   en même tems  célébrer la meffe &  prêcher  
 dans la chapelle du dire&eur. 
 D ’un autre cô té, les Grecs s’obligeoient à cultiver  
 les  terres,  à  rembourfer le  plutôt qu’il  leur feroit  
 poflible  les  avances  que  la  république  leur  avoit  
 faites, à  lui payer une  taille annuelle  de  cinq  livres  
 par famille, outre la dixme de  toutes leurs productions, 
   &  à  fe tenir toujours prêts pour  fonfervice,  
 tant  par  terre  que  par  mer,  chaque  fois  qu’ils  en  
 feroient requis. 
 C ’eft  ainfi  que  cette  colonie  fut  établie.  On lui  
 laiffa le libre  exercice  de la religion,  fuivant  les rits  
 de l’églife Grecque, fous la  conduite de  l’évêque de  
 Porto-Vitillo, qui étoit venu en Corfe avec quelques  
 religieux de  l’ordre de S. Bafile,  le  feul qu’admette  
 leur  églife,  &  lefquels  établirent  un  couvent  dans  
 une  belle  vallée  déferte de  l’ifle ;  mais  les  Génois  
 n’approuvant  pas  ces  peres,  firent bientôt  fermer  
 leur monaftere; 
 Les  Grecs  jouirent  d’un  fort  doux  &   heureux  
 pendant  plufieurs années. A  la faveur  de  leur  indu-  
 ftrie  &  de  leur aélivité, ils firent valoir leurs poflèf-  
 fions,  &   fe  conftruifirent  de  belles  maifons,  ou  
 régnoit un goût qui étoit nouveau en Corfe ; mais ces  
 progrès joints à  leur dévouement pour  les  Génois,  
 excitèrent bientôt la jaloufie des infulaires  leurs voifins  
 , qui  vinrent fouvent  les  attaquer,  fur-tout  les  
 payfans de la province de V ic o , dont les territoires  
 de la nouvelle  colonie  avoient  autrefois  fait partie.  
 Comme les Grecs étoient bien pourvus  d’armes, ils  
 foutinrent  long-temsles efforts  de leurs ennemis. La  
 rébellion de l’année  1729 leur attira de nouvelles inquiétudes  
 de la part des Gorfes ,  &  dans une  action  
 fort méurtriere qu’ils eurent, les Grecs fe diftingue-  
 rent  encore par  une  bravoure  extraprdinaire.  Les  
 Génois  en  formèrent  trois  compagnies  ,  qu’ils  prirent  
 à leur folde, &  qu’ils employèrent dans Ifes  en-  
 treprifes les  plus  difficiles,  entr’autres  à l’affaut du  
 château de  C o r te,  où ils  furent  battus  par  les  patriotes, 
  &  perdirent beaucoup de monde. Les Grecs  
 enfin furent forcés  d’abandonner leurs  pofl'eflions &   
 de fe  retirer à Ajaccio,  où  ils  fe foutinrent par  leur  
 travail, dans un  état affez peu avantageux». 
 Cette colonie avoit prefque triplé, avant les malheurs  
 qui la détruifirent en partie. S i, à l’exemple de  
 Gênes, la France accordoit un afyle  en Corfe à  tous  
 les  Grecs  qui  voudroient s’y   réfugier,  il n’eft  pas  
 douteux que  cette  î le , dont  la. population  a  grand  
 befoin  d’être  refaite, ne  fe  trouvât  riche  &  indu-  
 |  ftrieufe  en  beaucoup moins  de  tems  qu’il ne  lui en  
 faudra pour le  devenir,  fi  on  la réferve  exclufive-  
 ment aux naturels du pays.  Les Grecs font encore  à  
 Ajaccio , &  y  vivent dans la mifere. Ils s’attendoient  
 que protégés par la France,  ils  rentreroient dans  la  
 poffeflion  de  leurs  anciens  établiffemens.  Ils attendent  
 encore  cette  juftice,  car  on  ne  peut  pas  dire  
 eette  grâce. Ils ont confervéle  coftume Grec, la religion  
 Grecque , reconnoiffant pourtant  le  pape, &:  
 parlant le G rec vulgaire bien différent de cette langue  
 harmonieufe que parloient Homere, Socrate, Platon,  
 Anacréon.  Ils font  grands  &   affez bien  faits, &   les  
 femmes, ainfi que les hommes, font d’une plus belle  
 efpece  que  les  Corfes.  EJfai hiforique fur la  Corfe  
 manuferit, par M. DE P om mereul. 
 AJALON ou He lg n , {Géogr.) nom propre dune  
 ville  de Judée. Elle  étoit  lévitique &  fituée  dans  la  
 tribu de Dan, près de la vallée du Térébinte. Ce fut  
 dans la vallée d' A jalon que Jofué, combattant contre  
 F f i j