
les infidèles. L e roi de Navarre informé de ces mou-
vemens , fe ren dit, fuivi de l ’élite de fes troupes,
auprès de fon neveu q u i, avec un tel fecours, marcha
contre le perfide Guittierez , le b a ttit, difperfa
les réb elles, ôc rendit le calme à l’état. Le jeune
comte de C a ftille , auquel étoit promife en mariage
la princeffe dona Sanche, dont il étoit éperdument
amoureux, après avoir fixé le jour de fon ipariage,
informé de l’arrivée prochaine de cette firinceffe,
mais trop empreffé de la vo ir pour attendre qu’elle
fe fût rendue dans fes é ta ts , alla au-devant d’e lle ,
6c entra dans le royaume de Leon. Les trois comtes
de V ê la , anciens ennemis de la maifon de Garde, ne
furent pas plutôt inftruits de ce v o y a g e , qu’ils allerem
au-devant du com te, lui témoignèrent l’attachement
le plus tendre, le zele le plus v i f Ôc le plu's
refpeftueux. Le jeune Garde avo it d’autant moins
de défiance, qu’il chériffoit l’aine des trois freres
qui étoit fon parrain, ÔC qu'il lui paroiiToit très-naturel
qu'ils marquäfTent par cette fatisfaélion apparente
l’envie qu’ils avoient de fe réconcilier avec
lu i , puifque fon pere avoit été leur fouverain ; mais
il fut cruellement détrompé par celui même des trois
comtes qu’il eftimoit le p lu s , par fon parrain qui ;
s’étant avancé comme pour lui baifer la main , le
poignarda à l’irtftant oit don Garde fe baifloit pour
l ’embraffer : ainfi mourut dès le commencement de
fon regne ce jeune comte de C aftille , l’objet chéri
desefpérancesôc des voeux de fes fujets. Don Sanche,
ro i de Navarre, fon oncle ôc fon fucceffeur, vengea
fa m o r t, ôc répandit le fang de fes lâches affaffins ;
mais la punition de ces traîtres ne confola point les
Caftillans, qui refterent long-tems fenfibles à cette
perte irréparable. ( L. C.)
* § G A R D E DES S C E A U X ,. . . . dans cet article
au lieu de Jainte Angradefine , lifez fainte Angradef-
me. Lettres fu r C Encyclopédie.
Garde du sceau privé cT A ngleterre, ( Hiß.
mod. ) c’eft un des grands officiers du royaume ôc
de la couronne Britannique, & en cette qualité l’un
des membres nés du confeil privé du ro i ; fa charge,
am o v ib le , comme la plupart des autres de l’é ta t,
confirte à prendre connoiffance de tous les aéles
roy au x qui portent, foit aflVanchiffemens, foit donatio
n s , foit giatifications, b c . avant qu’ils paffent au
grand fceau ; ôc à faire expédier , en muniffant fim-
plement du fceau privé , les autres aéles de meme
nature, mais de moindre importance , qui émanant
auffi du ro i, n’ont cependant pas befoin de paffer à
la grande chancellerie. L’on ignore de quelle ancienneté
eft cette charge ; mais on fait qu’elle eft du
nombre de celles qui peuvent être exercées par
commiffaires, & que fon falaire annuel eft de 1 500
liv res fterlings. (Z>. G .')
Garde filet, ( Aßronomie.') boîte de cuivre
fufpendue librement au centre d’un quart de cercle
m o b ile , deftinée à contenir le fil-à plomb & à le garantir
de l’agitation du vent ; le garde-filet s’ouvre
par en-haur pour vifiter la fufpenfion, & par en-bas
pour y placer un vafe d’eau où pend le fil à plomb ;
il fuit tous les mouvemens du f i l , ôc prendtoujours
la fituation v e r tica le , à quelle hauteur que l’on dirige
le quart-de-cercle. ( D . L. )
§ Garde du corps , ( Hiß. milit. ) militaires
attachés à la perfonne de la plupart des princes
fouverains, pour en défendre la v ie, maintenir la fû-
reté, combattre pour eux & près d’e u x , en exécuter
les ordres avec promptitude 6c v igu eu r , ôc le to u t,
en vertu d’engagemfcns particuliers ôc plus étroits
qu e ceux qui d’ordinaire lient à ces divers égards le
refte des ferviteurs ou fujets des princes.
A juger de l’origine de ces gardes par la nature
de leur v o ca tion , l’on peut préiumer que leur ancienneté
ne le cede pas de beaucoup à celle des
fouverains eux-mêmes. Il dut s’écouler peu detems
après la formation des chefs entre la création des états,
6c le befoin de donner fureté à leur perfonne, ôc activ
ité à leurs ordres. La volonté générale dont cette
création étoit le réfultat, n’ayant pas en foi la faculté
d’anéantir les volontés particulières qui pouvoient la
contrarier, avoit au moins le pouvoir d’obvier aux
mauvais effets de ces contrariétés. Elle pouvoit au
moyen de certaines précautions empêcher que les
chefs ne fufl'ent maltraités, mal fervis ou mal obéis ;
elle pouvoit en un mo t, leur donner dés gardes ou
leur permettre d’en prendre.
C ’eft ainfi que l’on voit les fondateurs des empires
avo ir des gardes prefque aufli-tôt que des f u j e t s . D é -
jocès en eut chez les M e d e s , avant même que d’avoir
un palais: Cirus s’èn étoit formé dès Ton e n f
a n c e ; N in u s ou Belus ou Nimrod en avoient eu fans
doute auffi dans Ninive ou dans Babylone. G y gè s
de Lydie é to it , au rapport d’Hérodote , le capitaine
des gardes de Candaule : Alexandre 6c fes fuccef-
feurs en eurent en Europe , en Afie ôc en Afrique:
Romulus eut fes céleres, 6c Augufte établit la fameufe
cohorte prétorienne, qui fut congédiée, finon même
abolie, par Conftantin le Grand. Dans les tems modernes
, il e a e x ift e ch e z toutes les puiffances où il y
a c o u r , dans tous les Etats monarchiques ou autres,
où l’adminiftration du pouvoirfuprême dépofée entre
les mains d’une perfonne principale, eft appellée à
s’annoncer par un éclat qui en impofe , àfe montrer
fous les dehors utilement combinés dè la fpléndeur
ôc de la force.
L’àppareii des gardes du corps en E u ro p e , eft en
effet aujourd’hui celui de la puiflance ôc de la pompe
réunies : c’eft par-tout que leur nombre, grand
ou p e tit, fe diftiogue p a r la magnificence de l’e x té rieur
, l’élévation du grade , 6c la haute paie. D ans
l’empire de Ruffie finguliérement, leur état jo u it
d'avantages très-précieux 6c de prérogatives trps-
éminentes. Pierre le G ran d , leur inftituteur, en in v i-
toit fouvent les Officiers à fes confeils les plus, fe-
crèts ; il voulut même que la plupart de leurs capitaines,
lieutenans 6c enfeignes, fiégeaffent au procès
de fon fils A le x is , 6c fignaffent la fentence de
mort de ce prince infortuné. L’on fait d’ailleurs
quel rôle important l’élite de ces gardes a joué de
nos jours en R u ffie , lors des révolutions furvenues
en faveur des deux dernieres impératrices.
Enfin , s’il eft encore une obfervation générale à
faire fur cette milice privilégiée » attribut de lapuif-
fance fuprême, ÔC confiftanr indifféremment en cavalerie
6c en infanterie, c’eft qu’il a quelquefois été
du bon plailir des fouverains de communiquer l’horr-
neur d’ en avo ir à ceux d’entre leurs ferviteu rs , auxquels
ils avoient méritoirement confié le plus d’autorité.
Les cardinaux de Richelieu 6c de Mazarin
eurent des gardes du corps en France ; 6c le roi de
Pruffe en donna l’an 1763 au prince Henri de Pruffe
fon fre re, 6c au prince Ferdinand de Brunfwich fon
beau-frere. ( D . G. )
Gar d e s-Suis se s ,.( Milit, ) La fidélité 6c la bonne
f o i , caraélere national des Suiffes, leur ont attiré
la confimce de la plus grande partie des fouverains
de l’Europe. La plupart d’entr’eux ont choifi des
Suiffes pour leur garde. La France fur-tout s’eft .distinguée
à cet égard. Le régiment de Gallaty levé en
16 14 fut déclaré en 1616 régiment des gardes-Suifjes
du roi. C e régiment, compofé alors de 1280 homm
e s , a toujours fubfifté depuis, & s’eft fignalé dans
plufieurs expéditions. Il eft le fécond régiment de
toute l’infanterie françoife 6c étrangère ; il fert.à la
garde extérieure des rois de France , partage ce fer-
v ice avec le régiment des gardes Françoifès, &
prend le rang immédiatement après lui. En campagne,
en l’abfence des gardes Françoifès, il ceae le
G A R
pas au plus ancien régiment François. Les capitaines
ont le rang de colonel d’infanterie, les lieutenans
celui de lieutenant-colonel, les fous-lieutenans
ou enfeignes celui de capitaine. 11 jouit encore de
plufieurs autres privileges. Il eft compofé actuellement
de 1349 hommes.
La compagnie .générale eft la première de toutes:
e lle eft composée de 200 hommes. Elle a fa juf-
tice féparée de celle du refte du régiment, 6c des
drapeaux différens de ceux du régiment. ( H. )
G A R D E N IA , ( Botan. ) genre de plante à fleur
complette monopétale , dont le calice eft à cinq angles
Ôc divifé en cinq lanières étro ite s , pointues 6c
verticales. L a corolle eft en foucoupe à tube prefque
cylindrique, divifée en cinq lobes un peu contournés
d’un c ô t é , 6c elle porte cinq étamines attachées
aux parois, du tube : il n’y a qu’un piftil qui
fe termine par denx grands ftigmates : l’ovaire eft
pla cé fous la fleur 6c devient une baie ovale oblon-
g u e , divifée en deux loges qui contiennent plufieurs
iemences applaties. Ellis , Tranf. phil. v. 5 i. Linn.
G en. pl. pentan. monpg.
On n’en connoît encore qu’une efpece qui a été
décrite comme un jafmin par E h r e t , Piet. tab. iS.
C ’ eft un arbufte qui fe trouve aux Indes 6c au cap
de Bonne-Efpérance. Ses fleurs font fans pédicule &
épaiffes. On dit que les Chinois préparent avec fes
graines une teinture rouge. Tranf.pkilof v. 6 2. (D . )
G A RDEN SÉE ou G A R N SÉ E , ( Géogr. ) v ille
du royaume de Pruffe, dans le grand bailliage de Marien
werder , à la droite de la V if tu le , dont elle n’eft
pas éloignée , 6c dont elle tire pour le commerce
des facilités très-avantageufes : les Polonois l’appellent
en leur langue Schlemno: elle a des environs
agréables ôc fe r tiles , 6c un château qui paffe pour
fo r t ancien. ( D . G. )
G A RN ISSEU R , f. m. ( Fabrique des armes. Fujil
de munitions. ) Lorfque le canon ( i \ fig. 6 .p l. I . Fabrique
des armes. F u jil de munition, dans c,e Suppl. )
a été fo r é , dreffé ôc poli en-dedans, qu’il a été mis
à fon calibre, & qu’il a été blanchi 6c dreffé en-dehors
, il eft queftion de le tarauder pour y adapter
une culaffe, de le garnir de fes tenons 6c de percer
la lumière.
L ’ouvrier chargé de ces opérations, qu’on appelle
'legarniffeur, a dans fa boutique, une,efpece de banc
ou d’établi, haut de quatre pieds en v iro n ,, large
de quinze à dix-huit p o u c e s , épais de trois ou quatre
, ôc fixé folidement 6c horizontalement fur deux
o u plufieurs pieds dont les extrémités inférieures
font enfoncées en terre. L ’établi eft percé au milieu
de fa largeur d’un trou de treize lignes de diamètre :
on fait entrer le canon dans ce trou , la bouche en-
bas , enforte qu’il fe trouve fixé dans une fituation
v ertica le , le tonnerre en-haut, & excédant un peu la
fuperficie de l’établi. On introduit dans le canon le
faux tarau applati fur deux faces & qui ne coupe que
pa r les deux autres côtés : cet outil doit être terminé
par un cylindre de cinq à fix pouces de long ôc
du même diamètre que celui de l’intérieur du canon:
ce cylindre n’a point de filets, mais il doit être
rond ôc poli ; la partie qui a des filets fe trouve au-
deffus du cylindre ôc cet acier trempé, un peu>conique
, enforte que ces filets augmentent infenfible-
ment de d iamètre, jufqu’à la tête de l’outil : cette
tete eft^ applatie pour entrer dans une mortaife
pratiquée au milieu d’un tourne-à-gauche, lequel
eft un lévier de fer d’environ deux pieds ôc demi
de longueur. La tête du ta rau , étant placée dans la
mortaife du tourne-à-gauche, repréfente une tarriere.
L ouvrier paffe de rhuile a v e c une plume fur les
filets du tarau, ôc faififfant des de.ux mains les extrémités
du tourne-à-gauche, il taraude en tournant
©£ détournant l’outil , .jufqu’à çe que l’iuterreur du
lome /// . ■ '
G A R 187
tonnerre ^ait huit filets ou pas de vis. Cette opération
n’eft qu’une préparatif pour admettre le tarau
cylindrique qui doit donner les vrais filets au tonnerre
, ôc le cylindre qui termine l’outil ôc qui entre
dans le canon , n’eft deftiné qu’à affurer la direction
du taraudage, maintenir l’outil dans une fituation
droite ôc l’empêcher de pencher d’aucun côté.
Lorfque le taraudage a été ainfi ébauché, on fub-
ftitue au faux tarau , le tarau cylindrique, dont la
tête .s’adapte auffi au centre du tourne-à-gauche :
l’ouvrier opéré comme la première fois; Ôc lorfqua
le tarau a perfectionné les huit filets qui n’avoient
été qu’ébauchés par le premier o u t i l, il dreffe à la
lime , le derrière du canon.
Il arrive quelquefois que le taraudage fait fendre
le derrière du canon *;n?<jis ce n’eft guere que lorfque
le fer en eft aigre ôc qu’il a trop f'ouffert au
fe u , ou lorfqu’on n’a pas pris la précaution d’employer
d’abord le faux tarau pour ébaucher les filets,
ou lorfque l’ouvrier a voulu brufquerÔc a été trop
v ite ; quelles que foientlescaufes de cet accident, le
canon ne peut être admis dans ce cas il.y auroit
cependant du remede , en coupant la partie fendue
ôc foudant à fa place une efpece de v irole à laquelle
on donneroit le même diamètre extérieur qu’au
tonnerre : mais il faudtoit forer enfuite le canon par
derrière dans toute la longueur qui auroit été mifè
au feu ôc diriger les forets fùcceffifs, de maniéré
qu’ils n’agiffent que fur cette partie ôc pas plus
avant ; fans quoi on pourroit déranger la direction
de l’ame. Cette opération exigeroit tant de précautions
pour être bien fa ite , qu ’il me paroît plus
prudent de ne pas la permettre.
L e garnijfçur étant pourvu de culaffes ( H fig.
8. ) qui ont été forgées fur des dimenfions d on nées
; le bouton fe paffe fucceflivement dans deux
filières brifées, contenues ôc fortement faifies dans-
un étoc Ôc qui ont exactement le même pas de
v is ôc la même quantité de filets que les taraux
avec lefquels on a taraudé le derrière du canon j
la première filiere commence, ôc la fécondé finit
ôc perfectionne les filets (f^oy. 1 . fig. 9 . ' ) ; on-
blanchit enfuite à la lime , le talon ôc la qusue de
la culaffe ; on dreffe l’extr.êmité du bouton ôc on le
place dans le canon 7 où 0x1 le fait arriver à fond
avec le tourne-à-gauche, en introduifant la queue
ôc le talon, de la ..culaffe dans la mortaife qui eft au
milieu de cet infiniment: le bouton de la culaffe a
huit lignes de longueur ôc un peu moins de n euf
lignes de diamètre ; il doit être bien droit, pour
que la culaffe, étant en pla ce , ne penche -d’aucun
cô té : les filets du bo u ton , comme ceux du tonne
rre , doivent être v ifs , profonds ôc fans bavures.
La lumière fe perce de deux maniérés ôc toujours
à fro id , au foret ou au poinçon. Bien des
gens préfèrent le poinçon, parce qu’il comprime
la matière, autour de lui ôc la lumière eft par-là
moins fujette à s’évafer.
On fo rm e , à la lime , deux petits pans au tore-
nerre du canon, l’un à droite où la lumière doit
être p la cé e , lequel facilite l ’ajuftement de la plar
t in e , dont le rempart s’adapte ôc fe colle mieux au
.canon ainfi ap plati, que s ’il étoit rond ; le pan du
c ô té o p p o fé , n’eft que pour la fymmetrie: l ’un 8c
l’autre ne font fenfibles que par leur arrête fupérieu-
re, ôc le canon refte rond en deffous, c e qui ménage
le bois qu’une arrête v iv e feroit fendre. Le centre
de la lumière, qui a une ligne foible de diâmetre,
doit être à fept lignes de l’arriere du canon, bien
au milieu du pan : trop ba ffe , elle feroit couverte
par l’épaiffeur du baffinet ; trop hau te , elle excédée
roit l’épaiffeur de la batterie , ôc ne feroit pas cou verte.
On emploie deux poinçons pour percer la
lumière, le prentier eft conique ôc d’un plus petit