chargés de leur conduite. Pour parer à ces inconvé-
niens, il faut établir un ordre qui les anéantiffe , &
que l’appât du gain ne puifle plus détruire ; pour -y
parvenir il faut en confier la dépenfe à des perfonnes
de probité , qui par leur état foient in téreffées à la
eonfervation du foldat ; ces deux points fe trouvent
réunis dans l’état de l’officier: c’eft ce qui fait penfer
qu’en chargeantchaquecorps.dll traitement de fes
folda ts, & y établiffant une réglé invariable pour le
maintien du bon o rd r e , l’état y gagn e ra it, tant par
rapport à la eonfervation du fo lda t, que par rapport
aux.finances, d’autant mieux que le traitement fe
fera à beaucoup moins de frais, qu’il ne fera prefque
plus queftion de procès-verbaux, & que l’on ne
v erra plus à l’armée cette quantité d ’hommes qui y
viennent à titre de chirurgiens apprendre leur métier
aux dépens du ro i & des malheureux qui tombent
dans leurs mains.
Pour être en état de former par chaque corps de
bons hôpitaux, il eft néceffaire que le roi entretienne
dans chaque régiment de fes trou p es, un chirurgien-
major , en état de démontrer & d’opérer : il faut que
ces qualités lui foient acq uifes , autant.par la pratique
que par l’étude ; qu’il foit en état défaire l’office
de médecin, qualité actuellement attachée à tous les
bons chirurgiens : enfin un fujet qui ne doive rien
à la fa v eu r, ôc qui puifle être avoué des académies
de chirurgie.
Il eft pareillement néceffaire que le roi entretienne
dans chaque compagnie de fes trou p es , ou tout au
moins de deux en deux Compagnies, un garçon chirurgien,
qui n’aura d’autre fervice à faire que celui
de fa profeffion, & dont la paie foit plus forte que
celle du foldat, pour le diftinguer ; & pour leur donner
de l’émulation, il faut que le roi accorde quelque
p r iv ilè g e , dans les pro vin ces , aux chirurgiens qui
s’y établiront, après avoir fe rvi dans fes troupes
a v e c exa&itude tk diftinétion le tems qui fera fixé ;
par ce moyen on trouvera beaucoup plus de fujets
qu’il n’en faudra pour remplir ces places : tous ces
garçons chirurgiens feront dans chaque corps aux
ordres du chirurgien-major, qui fera obligé de leur
démontrer, dans certains jours de chaque lemaine,&
dé les inftruire avec application &c exactitude,fur tout
c e qui regarde cette pro feffion,{ afin d’en faire des
fujets propres à rendre les fervices effentiels que
. l ’on doit attendre d’eux à l’armée ; le plus capable de
chaque bataillon y fera à titre de chirurgien aide-
major , avec un fupplément de paie du roi.
Vo ilà de quoi former tous les chirurgiens de l’armée
, à la tête defquels on mettra un chirurgien-
major par divifion , tel que la cour les nomme ordinairement
, gens d’un mérite diftingué ; leur fervice
fera de v eiller à l’exactitude des au tre s , à en recon-
noître la capacité, & les redreflër dans tous les c a s ,
en faifant leur tournée par d iv ifion, dans les quartiers
d’h iv e r , & en vifitant les ambulances en campagne.
Pour former des fujets toujours plus habiles , le
ro i pourroit établir à Paris une maifon , où un des
garçons chirurgiens de chaque bataillon , de chaque
régiment de ca v a le rie , dragons ou huffars, feroit
e n vo y é , au choix du chirurgien-major de chaque
c o rp s , y vivant au moyen de la folde que le roi
accorde à fon régiment, enforte qu’il ne foit fait
d’autres frais pour lui que le logement & le coucher:
tous ces garçons chirurgiens y feront leur cours
fo u s les inftruétions des meilleurs démonftrateurs
prépofés à cet effet.
Pour donner de l’émulation & récompenfer les
foins des chirurgiens-majors, il faut que les places
attachées à leur profeffion, dans les hôpitaux roy aux
de France, foient le prix de leurs fe rv ic e s , & leur
fervent de retraite.
s II femble que dans cet arrangement, toutconcourt
1'■ a donner de l’émulation à l’un & l’àutre état des chi.
i rurgiens ; &,qu’étant attachés aux troupes, ils feront
portes . autant par inclination que par-devoir à le .
bien traiter. ’ *
- , chirurgien-major fera chargé de l’emplette &
de la fourniture des drogues, des eaux-de-vie lin .e s
a panfement, charpies, &c. au moyen d’un prix fixe
par chaque journée de tnalades ; & les chirur«iens-
majors des dtyifions feront chargés de l’in fpeaîonde
eur pharmacie ; le roi fournira les moyens de la
tranfporter , elle doit toujours marcher -avec la
troupe. ^ “
H i — 8 9 1 régiment feront leur
Charge a 1 hôpital, en fuivant l’ordre 6e la reele bref,
çnte aux aumôniers des hôpitaux g il y en aSra tou-
B B n0n,bfe au quartier g én éral, attachés à
ambulance, pour remplacer Ceux des régimens qui
ferment morts ou malades. 4
Comme l’on propofe décharger les corps du trai.
tement de leurs malades, au moyen d’un prix fixe
que la cour leur accordera par chaque journée de
m a .ad e, au moyen duquel ils feront chargés de la
touroiture des ahmens, médicamens, eau- de-vie &
-inge a panfement, &c. ce fera aux commandans Sc
majors des corps à choifir parmi leurs fergens , des
hommes intelligens & propres à ménager leurs inté-
re ts , fans préjudice au Son traitement du fo ld a t ,
pour remplir les fonflions de direfeeur, dépenfier 8c
gardë-magafin.
Les infirmiers feroient fournis par Vhôpital ambulant
, qui en fera toujours fourni d’une fuffifante
quantité, ils feront payés par les corps ; dans le cas
ou il en manquerait, on en demanderait de bonne
volonté dans la troupe; & i i faut é v ite r , autant qu’il
eft poffible, de les prendre par force ; car le dégoût
que caufe un pareil m é tie r , à ceux qui n’y font pas
propre s, cauferoit la perte de quantité d’hommes
qui pourraient ptre ailleurs de fort bons fu je ts ;'ils
feront diftribüés de vingt-quatre en v ingt-quatre
malades ; il y en aura un de furnuméraire pour enterrer
les'inorts, & un dans chaque hôpital, qui fera
celui qui paraîtra le plus p ropre , le plus intelligent;
& le plus ferme pour commander les autres ; v oilà
tous les hommes propres à former de bons hôpitaux,
qui feront à la charge des corps.
II faut qu’il y ait à chaque hôpital, un homme qu i
y foit^attaché, pour v eiller aux intérêts du roi & au
bien-etre du fo ld a t; il fera nommé par la c o u r , à
titre de con trô leu r, & fera pa yé par le roi ; il fera
indépendant des c o rp s , & fera chargé conjointement
avec les commiffaires des gu erres , dé faire
executer les ordonnances du rai concernant les
hôpitaux ; il ne fera tenu de rendre compte qu’à
1 intendant de l’armée , & à l’officier général, fous
les ordres duquel fera le corps à qui appartiendra
l hôpital dx\c\\\e\\\ fera attaché.
D e Quelle utilité peuvent être d’autres commis
pour faire ou fairç faire le fervice dans un hôpital ?
& à quoi fert cette quantité de commis qui font à la
fuite des entrepreneurs , avec des appointemens li
confidérables, tels que
Un direftéur à . . . 150 liv.
Un dépenfier à . . . 100
Un garde-magafin à . . 100
Un commis aux entrées. . 120
Un chirurgien aide-ma- .
j o r ............................................ 150
D ix garçons chirurgiens .
fans nourriture, à foixan- .
te livres chacun . . . .
Un contrôleur à . . , 150
1370 liv.
D i ? a iit r tp a n . - - ’ k w ■ '* * 3 7 ° ^ .
Kl dans les hôpitaux confidérables, un
M 8c un fous-côntrôleur, à ^
sent livres c h a c u n ......................... ‘ ,________
r 57P liv.
Que l’on àte cent foixante-dix livres pouî les
appointemens du contrôleur, mentionnes dautre
part, il -reliera par chaque mois en bon pour le
ro i, de quatorze cens livres dans les hapttaux Confi-
dérables, & de douze cens livres dans les morns
confidérables ; Ces femmes doivent faire une déduction
fur ie prix des journées, comme on le verra
en fon lieu.
Fonctions des employés au fervice defdits hôpitaux\
Le chirurgien-major fera fa vifite tous les matins s
à huit hèures en été, 8c à neufheures en hiver; il
fera fuivi des garçons chirurgiens de garde, qui écriront
fes ordonnances, 8c des chirurgiens-alde-majors
de Chaque bataillon, qui relieront à mpttalytlm à
midi, pour faire exécuter les ordres qu il aura donnés
dans fa vifite ; tous les autres garçoÿchirurgiens
du ré.iment le fuivront pareillement dans fa vifite ;
8C les chirurgiens-aide-majors les difperferont dans
les falles oit ils feront néceflaires, confequemroent
aux ordres du chirurgien-major ; il préparera ehfuite
de fa vifite les médicamens néceflaires, 8c chargera
deladiftribution ,un des çhirurgiens-aide-majors, le
plus intelligent dans cette partiffc , - s H H
L’aumônier fera fa charge fmvant la réglé prefente
aux aumôniers àtshôpïtaux. ,
Le direüéur fera avertir le controleur toutes, les
fois qu’il fera mettre la viande à la marmite, afin
qu’il vérifie fi l’on y met la quantité fixée , 8c fi elle,
efi de la qualité requife ; il fera tous les matins 8c
dans toutes les falles fa vifite, une heure avantcelle
du chirurgien-major ; il verra fi les lits font faits fi
l f s falles font balayées, 8c fi;l’infirmier-chef fait
tenir l’ordre de propreté qui lui eft prêtent ; tl s informera
des malades, fi les infirmiers font exaûs à
les fervir, 8c verra fi les plaintes qu’il recevra font
fondées,afin depunirfévérement l’infirmier quiau-
roit manqué : il aura toujours une fuffifante provi-
fion de toutes les chofes néceflaires aux ahmens des
malades ; il aura l’oeil à ce qhele dépenfier fon Julie
dans toutes fes diftributions, tant pour 1 interet du
corps, que pour celui des malades ; il dreffera un
état journalier de la dépenfe qu’il fera, -dont il remettra
copie, tous.les.cinq jours, au major ou à
ljofficier préppfé pour recevoir fes comptes l ies ■
vifites -du chirurgien-major qu’il y joindra, ku ter-
viront de pièces juftificatives. Les officiers commandés
tous les jours pour la vifite dudit hôpital,.répondront,
en leur propre 6c privé nom , du mal-etre
du foldat malade, s’il y avoit des plaintes légitimés
le jour de leur vifite, 8c qu’ils n’y aient pas tait
apporter le remede convenable. Lorfque les corn-
' miffaires 8c contrôleurs ferontleur vifite dans leldits
hôpitaux, il ne s’y trouvera aucuns officiers, fergens
ni commis intéreffés pour le corps, afin que le? foldats
malades puiffent faire librement leurs plaintes ;
& fi elles font juftes, ils en rendront compte ter le
champ à l’officier général, fous les ordres duquel
fera cette troupe. ,
Le dépenfier fera chargé de faire le partage des
alimens canféquemment.à l’état de vifite du chirurgien
major , dont copie lui fera remiffi ; il aura un
panier par falle , diviféen quatre, oii fera le pain de
chaque efpece de portion ; une cuvette de bois , di-
vifée pareillement en quatre, oii fera la viande de
chaque efpece de portion ; un broc pour le vin , ou
fera la quantité néceffaire pour toute la diftribiUion,
une marmite de diftribution pour faire les bouillons
Tome ///.
& tfefiVper les foupes; deux pots.propres à tenir le riz
| & les panades : il remettra tous ces uftenfiles garnis
des. alimens néceflaires aux infirmiers de diftribution
, qui la feront à l’heure fixée , fur un extrait par
falle delà vifite du chirurgien-major, qui leur fera
remis par le dépenfier » afin qu’ils puiffent recon-
noître par les numéros des Lits, les malades auxquels
; ils doivent faire les différentes efpeces de diftribu-
tion ; il aura une extrême attention à faire tenir tous
ces uftenfiles très-propres , & que les infirmiers faf-
fent leurs diftributions avec beaucoup de propreté;
qu’ils ne fervent point la viande , le pain , ni autres
alimens avec les doigts, & qu’ils aient des fourchettes
de bois pour ce fervice : il veillera à ce que le
cuifinier tienne fa cuifine & tout ce qui en dépend
dans le plus grand ordre de propretéi
L’infirmier-chef fera chargé de veiller à l’exafti-
tudé des autres, il fera fa tournée dans les falles
deux fois par jour, il fera balayer & nettoyer par^
' tout, fera faire les lits, fera laver lés écuelles, af-
fiettes, & généralement toute la ferraille à l’iifage
des malades ; fera faire un feu tempère dans les (alies
pendant le froid ; fera par un infirmier peigner les
foldats malades , qui feront en état de le foufirir, 8ç
hors d’état de le faire ; il veillera à ce que les foldats
qui font en état de fe tenir propres, le faffent ; & fi
quelqu’un s’obftinoit à refter dans la mal-proprete,
il en rendra compterait direfteur qui, étant fergent,
fe fervira de fon autorité pour le faire tenir dans
l’état de propreté où il doit être. La propreté que
l’on doit obferver & faire obferver dans lès hôpitaux
t eft d’une fi grande conféquence, que c’eft
prefque toujours de la mal-propreté que naiffent les
maladies contagieufes : s’il y a beaucoup de niala-
des dans un hôpital, dont l’emplacement foit nécef-
fairement refferré, que ces malades 'foient tenus
mal-proprement, ou foient eux-mêmes mal-propres,
ils s’infeûent, & tout ce qui eft à portée d’eux s’en
fent; c’eft ce qui arrive prefque toujours dans les
hôpitaux dé l’armée, foit par la négligence de ceux
qui font chargés d’y veiller, ou parce que les foldats
n’étant point fubordonnés aux commis des hôpitaux,
méprifent ce qu’ils peuvent leur dire à ce fujet. L’m^
firmier-chef commandera tous les jours les infirmiers
de garde qui doivent veiller pendant les vingt-quatre
heures aux befoins de tous les malades ; il prendra
l’ordre du chirurgien-major, pour fa voir la quantité
qu’il doit y en avoir de garde, tant par rapport au
nombre des malades, qu’à remplacement de Vhôpital
y le tout fans préjudice du fervice journalier que
les autres infirmiers doivent faire , de vingt-quatre
en vingt-quatre malades; tel que celui de faire les
lits exactement tous les matins, &c tenir propres dë
tout point les vingt-quatre malades q.ui leur font1
confiés. L’infirmiér-chef fera brûler des parfums
communs, tels que genievre, romarin , fpiqne , lavande
, &c. dans touteslesfalles, deux fois par jour j
une demi-heure avant 1* diftribution des alimens;
tous les jours, le matin, il tiendra les Fenêtres ouvertes
dans toutes les falles, au moins une demi*
heufe , quand il fera froid, à moins qu il ne faffe un
: vent trop fort ou du brouillard; il les tiendra tou-
I jours plus Ouvertes, en fuivant les gradations de la
chaleur ou du froid ; il veillera à ce que les morts
foient enterrés douze heures après leur décès, oc
que les foffes foient aflèz profondes pour que les
cadavres ne caufent aucune infeCfion. ^
Le garde-magafin fera charge de recevoir & dit—
tribuer les fournitures de toute efpece , qui feront
deftinées pour le fervice de l'hôpital & pour qu’il
en rende compte à la première requifition, il tiendra
un état de fa recette qu’il formera fur autant de colonnes
qu’il y aura de différentes efpeces de fournitures
, en faifant la diftin&ion du bon & du mauvais ;