attention, on s’ appercevra bientôt qu’un inftrument
conforme à cette idée, feroit encore fort éloigné
de fuppléer à tous les défauts des microfcopes ordinaires.
1°. L’image de l’o b je t , réfléchie du miroir A B ,
au fo ye r F, ne pourroit l’y repréfenter vivement
& nettement qu’à proportion que l’objet lui-même,
feroit bien éclairé : or il ne pourroit l ’être ici que de
biais , par la lumière qui pafléroit dansl’efpace laiflé
entre lui & le miroir ; & par conféquent on auroit
Toujours à fe plaindre que rinftrumènt empêche
l ’objet d’être bien expofé à la lumière.
2°. Quoique l’on pût, à l’aide d’un pareil microfcope
, obferver des objets plus diaphanes, & des
objets plus opaques que ceux qui font obfervés par
les/nicro/ce/j« ordinaires, il refteroit toujours un
nombre confidérable d’objets vifibles, à l’obferva-
tiôn defquels ce microfcope feroit inutile : je veux
dire tous ceux qui par leur fluidité ne fauroient être
fixés au foyer O , foit fur la pointe d’une aiguille,
foit fur le revers d’une petite plaque, enduite de
Quelque matière gluante , foit par une petite pin-
cette , qu’il faut fuppofer ici au bout d’une efpece
de branche, qui partant des bords du miroir viendrait
aboutir en forme d’aiguille on de plaque , ou
de pincette au fo y e r , marqué pour y affujettir
l’objet.
3®. Enfin, le grand inconvénient de détacher les
parties de leur tout, lorfque le tout eft un peu gros,
l'ubfifteroit ici dans fon entier.
Newton étoit en beau chemin, mais il s’y eft
arrêté ; féduit peut-être par cette idée qui paroît lui
avoir plu, qu’un microfcope à réflexion ne devoit
avoir befoin que d’un feul miroir, au lieu que réellement
il en falloit deux, comme le prouve la découverte
de M. Barker.
Soit A , l’objet qu’on veut voir-grofîir ;
foit B B un miroir concave de métal ; & D un autre
miroir plus petit, dont la concavité foit oppofée à
celle du grand miroir BB ; foit E une ouverture ,
pratiquée au milieu de ce même miroir ; &c F , une
lentille plan-convexe , placée au-deffus de l’ouverture
; foit enfin la lentille H , le verre oculaire.
Les rayons de lumière qui partiront de l’objet A ,
feront réfléchis par le grand miroir B B au foyer CC,
où ils donneront une image renverfée de l’objet ; &
là , les rayons fe croifant, ils iront en divergeant
tomber fur le petit miroir D , d’où ils feront réfléchis
prefque parallèles, par l’ouverture E du miroir,
jufqu’à la furface plane de la lentille F , par laquelle
lentille ils pafferont en fe rompant, & de laquelle
ils viendront, en convergeant de nouveau, former
en G une fécondé image, qui étant l’image renverfée
de CC, fera par conféquent l’image redreffée de
l’objet A ; & cette derniere image fera groflie par la
lentille H , tout comme un microfcope ordinaire
■ grofliroit l’objet même, en fuppofant l’objet auffi
près de l’oeil que l’eft ici l’image : de forte que l’image
tiendra lieu de l’ob jet, & l’objet fera obfervé
dans fon image , non-feulement à une diftance con-
fidérable de lui-même, mais encore à une diftance
confidérable de l’inftrument ou du tuyau qui contiendra
les différens verres & miroirs dont l’inftrument
doit être compofé : cette diftance pourra être, fui-
vant le jugement de l’inventeur, de neuf pouces &
au-deflus, jufqu’à la concurrence de vingt-quatre :
or tout cela pofé, il eft évident,
En premier lieu, que l’objet pourra être expofé à
tel dégré de lumière qu’il plaira à l’obfervateur.
En fécond lieu , que rien n’empêchera qu’on ne
faffe des obfervations fur toutes fortes d’objets vifibles
: fur les plus diaphanes, parce qu’étant vus par
la lumière réfléchie de leurs furfaces, ils feront vus
diftinûement : fur les opaques, parce qu’ils recevront
& renverront librement la lumière : fur les
plus fluides, parce que demeurant hors du microfcope,
& le microfcope étant mobile, on pourra les
placer de la maniéré qui leur conviendra le mieux
ou .les prendre dans la place où ils fe feront arrêtés
d’eux-mêmes.
En troifieme lieu , que par la mêmé raifon , la
nécelîité ne lubfiftant plus de détacher les parties de
leur tout, lorfque le tout eft d’une certaine grandeur
, on pourra obferver la liaifori même des parties
, les confidérer dahs leur union;, & v.oir diftinc-
tement dans les animaux qu’on ouvrira vivans, le
mouvement du fang, &c.
Ce microfcope peut fervir auffi comme télefcope
Grégorien ; & la forme du grand miroir, telle’ qu’il
a fallu qu’elle fut pour le grand microfcope, Contribue
en même tems à en faire un télefcope qui l’emporte
confidérablement, en lumière & en netteté, fur la
plupart des télefcopes catoptriques.
I. Quand on veüt qu’il ferve en qualité de microfl
cope, il faut d’abord faire gliffer le petit miroir À ,
fig. j , dans fa couliffe, vers l’embouchiire B du
grand tube, dans lequel il eft fitué à l’ôppofite du
grand miroir, fixé au fond du même tube ; & la vis
C , quifert à faire avancer ou reculer lepetit miroir,
doit fe tourner jufqu’à ce que l’alidade. D coupe un
des nombres à M ; il faut enfuite éloigner de l’objet
l’embouchure du grand tube , Sc l’éloigner à la diftance
d’autant de pouces qu’en indiquera le nombre
coupé par l’alidade; puis détacher le petit tube F ,
qui contient le verre plan-convexe & la lentille
oculaire,. moyennant quoi l’on pourra diriger le
grand tube' vers l’objet, en cherchant celui-ci de
l’oeil à travers l’ouverture pratiquée dans le grand
miroir ; & fixer la jüfte pofition du tube, [à l’aide
des deux vis-fans-fin E E , enforte que l’image de
l’objet foit vifible au milieu du petit miroir. Cela
fait, il faut remettre à fa place le petit tube F , &
fermer fon ouverture avec la petite plaque de laiton
L,qui tourne fur un pivot excentrique : au milieu
de cette plaque eft le petit trou par lequel on regarde
pour faire les obfervations.
Notez, au refte, que comme la diftance du petit
miroir, fixée au point moyen indiqué par M , ne
convient pas indifféremment à tous les yeux, chacun
doit chercher celle qûi.lui convient, en tournant un
peu la vis C , foit en-dedans ou en-dehors, jufqu’à
ce que l’image de l’objet, dans le petit miroir, pa-
roiffe bien diftinftement ; & fe régler après cela fur
le nombre coupé par l’alidade, pour la diftance qu’il
y aura à laiffer entre l’objet & l’inftrument, comme
on l’a déjà dit.
II. Pour convertir le microfcope en télefcope, il
faut ôter d’abord le petit miroir A , lui en fubftituer
un autre qui eft moins petit, faire gliffer le nouveau
miroir vers l’embouchure B du tube, & tourner la
vis Ç , jufqu’à ce que la marque G , qui eft fur l’alidade
, rencontre la marque T , ce qui donne la pofition
du petit miroir , pour obferver tout objet
placé à une grande diftance. Il faut auffi tourner en-
dehors la plaque de laiton où eft le petit trou par
lequel on regarde quand l’inftrument fert de microfcope
, & regarder après cela par l’ouverture naturelle
du petit tube F.
L’inftrument fe dirige vers l’objet, au moyen des
pinnules HH.
Quand on veut obferver le foleil, on applique le
verre noirci K , fur l’ouverture par laquelle on
regarde.
N N font deux vis , qui fervent ( félon qu’on les
tourne), ou à tenir.les parties des. deux vis-fans-
fin E E en état d’epgrenage, ou à les dégager quand
on le veut. Vufage du microfcope rendu facile. (A A .)
§ M i c r o s c o p e s o l a ir e , ( Optique, ) On a vu
dans le D ic l.r a f des Sciences , &c. que le microfcope
folaire eft compofé d’un miroir A (fig. y , pi. I l
d'Optiq. dans ce Suppl.') qui reçoit les rayons du
foleil, & qui les renvoie parallèlement à l’horizon
fur une grande lentille B qui les. raffembie fur un
objet tranfparent enfermé dans le tube C , pour le
pénétrer d’une plus vive lumière ; & que ces rayons,
après avoir pénétré cet;objet, tombent fur une fécondé
lentille qui les raffembie en un foyer , d’où,
ils,vont en divergeant peindre en grand fur un plan
blanc, tel qu’un écran, l’image de l’objet qu’ils
ont pénétrée. Voye^ fig. 8. Les rayons , au fortir
de la lentille G H , vont éclairer & pénétrer
l’objet a b ; & , après l’avoir pénétré, ils tombent
fur la petite lentille mr qui les réunit au foyer q ,
d’où ils s’échappent, en divergeant du tube L M ,
pour aller peindre l’objet en grand O P fur un plan
quelconque, propre à en recevoir l’image. Cette
image eft encore plus belle , lorfqu’on la reçoit fur
un plan cpncave.
Mais ce microfcope a cela d’incommode, que l’image
de l’objet ne fe peint point très-diftinftement ;
& par conféquent on ne peut point faire des obfervations
fort exaftes à l’aide de ce microfcope. Le célébré
Euler a entrepris deremédier à ce défaut. Pour
cela il a fubftitué un miroir de métal plan au miroir
de verre dont on faifoit ufage auparavant ; parce
qu’un miroir de verre, réfléchiffant les rayons parfes
deux furfaces, fait que les bords du fpeélre ne font
jamais bien terminés ; au lieu que le miroir de métal,
n’ayant qu’une furface réfléchiffante , termine plus
exactement les bords des images.
A l’aide de ce microfcope, ies objets paroiffent
extrêmement augmentés fur le plan blanc qui en
reçoit l’image ; car la grandeur de cette image eft à
celle de fon objet, comme la diftance du plan à la
lentille eft à la diftance de l’objet à la lentille.
Suppofons donc que Le foyer de la lentille foit d’un
pouce, & que la lumière qui pénétré l’objet éloigné
d’un pouce de la lentille foit compofée de rayons
parallèles; le foyer où fes rayons fe raffembleront
fera à un pouce de diftance au-delà de la lentille ;
fi le plan qui reçoit l’image eft à 12 pouces de la lentille
, la grandeur linéaire de l’image fera à celle de
l ’objet, comme 12 : t ; & la grandeur de leurs fur-
faces feront entr’elles dans le rapport de 144: à 1.
Si le foyer de la lentille étoit d’une ligne , & que
le plan fut éloigné de 12 pouces, la grandeur linéaire
de l’image feroit à celle de l’objet, comme
144 X 144: 1 , ou : : 20736 : 1. Si ce même, plan
étoit à 6 pieds de diftance de la lentille, ce rapport
deviendrait = 144 x 144 X 36 : ou : : 746496 :
1 ; ces nombres deviendront très-grands, fi on con-.
fidere les folidités' des objets. Cours de Phyflque expérimentale
, &c. par Mufchenbroeck ; The complété
Dictionary o f Arts and Sciences , tom, II. ( A A )
§ MIDI, ( Aflron. ) C ’efl; par le moyen des hauteurs
correfpondantes que les aftronomes déterminent
le moment du midi pour régler les pendules, ÔC
trouver le tems vrai de toutes les autres obferyations.
Midi fe dit aiifli de la région du ciel vers laquelle
fe trouve le foleil au milieu du jour dans nos régions
feptentrionales ; il eft oppofé au nord ou au fepten-
trion. On trouve le midi par les méthodes qui fervent
à tracér une méridienne , ou par la bouffolé,,
quand on cohnoît fa décliqaifon dans le lieu de
l’obfervation. ( M. d e l a L a n d e . )
M I -F A , ou M i c o n t r a f a , fMufiq.') On
appelloit, & on appelle quelquefois .encore mifa,
une fauffe relation dans le chant ; parce .que.,. Fui-g»
vant l’ancienne .maniéré de folfier, une des notes .qui
forme la fauffe relation, s’appelloit toujours fa &
l’autre mi. Par exemple,.dans le triton fa f ï , I efi.fè
nommoit mi. O r , comme dans la müfique du moyen
Tome III.
âge, toute fauffe relation ou mi-fa étoit défendu,
les muficiens avoient le proverbe mi contra fa efl
diabolus in mufleâ. ( F. D . C.)
MILICE DES G r e c s , ( Art militaire. ) Les parties
de la milice des Grecs font fi nombreufes, qu’il
faudroit pour l’approfondir, raffembler tous les faits
qui peuvent nous inftruire à fond de leur ta&ique.
Je me bornerai, donc à quelques réflexions qui puif-
ferit mettre dans un plus grand jour ce que les auteurs
en ont dit.
Quelques auteurs prétendent que Philippe , roi
de Macédoine, & pere d’Alexandre le Grand, a été
l’inventeur de la phalange ; mais ils ont confondu
l’époque de fa perfe&ion avec celle de fon invention.
Le terme de phalange étoit connu chez les
Grecs long-tems ayant lui, '& il défignoit chez eux
un grand corps d’infanterie pefamment armé, mis
en-bataille fur beaucoup de front & de hauteur, &
qui ne laiffoit aucun intervalle entre fes divifions.
Cette maniéré de ranger leur infanterie , leur étoit
Commune avec les peuples d’ Afie , avec les Egÿp-
tiens, les Carthaginois , les Gaulois & les Romains
même, dans les premiers fiecles de leur république.
Polyén attribue cette difpofition à Pan , général de
l’armée de Bacchus. Mais , fans recourir aux tems
fabuleux, les monumens hiftoriques nous offrent
affez.de lumières fur l’ancienneté de la phalange.
Xenophon , en parlant des réglemens militaires de
Lycurgue, fe fert du nom de phalange, dans: le fens
que Polyen lui donne. Plutarque en fait ufage auffi
dans la vie de ce légiflateur : il en eft également
parlé dans la Cyropoediè. Les Egyptiens fe formèrent
ep plufieurs bataillons quarrés de dix mille hommes
chacun, contre le gré de Créfus, qui vôu-
loit donner à fa phalange lé plus, d’étendue qu’il
étoit poflible. Tous ces. exemples prouvent que le
. mot de phalange a de tout tems été propre à la tactique
des Grecs.. Deux caulès ont pu donner cours
à l’opinion contraire : il n’y avoir point de corps particulier
dans les troupes grecques , auquel on donnât
le nom dé phalange. Depuis Philippe , il y en
eut toujours un dans celles des Macédoniens qui
fut diftingué par cette dénomination. Le dénombrement
des premières ne nous montre de diftinûion
entr’elles, que dans la différence de leurs armes.
On n’entendoit par le mot de phalange, que la difpofition
ordinaire de l’infanterie pefante dans les
batailles. Pour recevoir ce nom, il falloit. qifelle
fut mife en ligne : elle le confervoit enfuite dans les
manoeuvres qui dépendoient du premier arrangement.
Chez les Macédoniens au contraire, on ne
voit qu’une feule troupe , toujours remarquable
par le choix & la qualité des foidats , & par leur
expérience , qui foit ainfi nommée : mais comme la
eonrtitution que Philippe lui donna contribua beaucoup
à fon excellence , il n’eft pas étonnant qu’on
l’en ait cru l’inventeur. Il n’embraffa point d’autre
fyftême de taftique que celui des Grecs ; ;il en fit la
bafe de fes opérations militaires;
L’ordonnance folide, unie 8c condenfée qui fut
toujours affeâée à l’infanterie pefante des; Grecs, &
qui rendoit le choc de la phalange fi formidable , efl
clairement décrite dans .Homere ; & il eft aifé de
s’affurer par la le&ure de l’Iliade,, que les maniérés
de fe former, de combattre , de ^.retrancher., que
l’on .Voit chez les Grecs dans les fiecles poftérieurs,
çtoient pratiquées,par eux dès le tems de la guerre
de Troye. Ils avoient dès-lors pouf armes le cafque;
la cuiraffe , les grèves , de bouclier, des javelots à
lancer , da.piqùe & l’épée. Le combat commençoit
avec.des cris extraordinaires , par les armes de je t ,
les fléchés , les traits , les dards : on fe joignoit en-
fuite , foit avec la.pique , foit avec l’épée ; & pendant
la mêlée, les armés à la légère, placés derrière
B B B b b b ij