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fervice. Tlmbèr-tru. Les habitans de l’Amérique fep*
tentrionale viennent Couvent dans ces îles pour en tirer
ce bois dont ils bâtilient des vaifleaux. Les branches de
cet arbre s’étendent au loin. Les feuilles font extrêmement
petites, 6c font par-tout appliquées les unes fur
les autres comme des écailles. L’écorce eft rude &
gercée, 6c d’une couleur très-obfcure. Lés baies
font plus petites que celles du cedre de Bermude, &
font d’un brun clair dans leur maturité,
J’ai vu fur plufieurs catalogues un genévrier panaché.
Je l’ai demandé en Angleterre. On m’a envoyé
un genévrier dont la flrie blanche du milieu des feuilles
eft un peu plus éclatante qu’elle n’eft ordinairement.
Il reffemble parfaitement à un génévrier qu’on
m’a envoyé en même tems fous le nom de genévrier
apporté de Canada , perlata Canadenjîs.
La fabine panachée eft fort finguliere : on voit des
branches d’un beau blanc , & d’autres entièrement
vertes,-ou bien fur un même rameau, des fubdivi-
fions blanches, &c d’autres vertes. Ce mélange fa it,
d’un peu loin , à-peu-près l’effet des fleurs, ce qui
rend cet arbufte très-propre à orner les bofquets
d’hiver. Nous avons fous le nom de génévrier cadiy
un arbre qui différé de tous ceux que nous avons décrits
: il a fes feuilles femblables à celles du génévrier
commun ; elles font plus longues , plus rares & plus
étendues : fes baies font fort greffes 6c de couleur
brune. Nous avons reçu ce même arbre d’Angleterre,
fous le nom de juniperus italien. Ce n’eft que dans la
fuite que nous pourrons caraftérifer cette efpece, 6c
plufieurs autres que nous cultivons, & qui ne font
bien décrites nulle part.
Les génévriers cedres & fabines fe multiplient par
leur femence. Comme elle eft offeufe & dure, elle ne
gernlë que la fécondé année. Il faut la femer dès
qu’elle eft mûre, fi on en fait foi-même la récolte.
Si on la tire de loin, & qu’elle arrive en hiver, il faut
la femer fans délai dans des caiffes emplies de terre
onftiieufe , mêlée de fable fin 6c de terreau , ayant
foin de ne les recouvrir que d’un demi-pouce au plus.
Je fuppofe qu’on l’aura tirée des baies par les lotions
ouïe froiffement. Dans les deux ca s ,il faut mettre
les caiffes fous une caiffe vitrée jufqu’au printems :
au mois d’avril on les enterrera contre un mur au levant
: en automne on les remettra fous une caiffe vitrée
: Infécond printems on les enterrera dans une
couche tempérée & ombragée, & on les conduira
fuivant la méthode détaillée aux articles C yprès &
T h u y a . Les petits génévriers paroîtront vers la fin de
mai, ou le commencement de juin ; mais il en germera
encore la troifieme & même la quatrième année.
On continuera d’abriter les caiffes l’hiver. Ce n’eft
guere que trois ans après la germination qu’on doit
tranfplanter ces arbres. Les délicats feront mis un à
lin dans des pots. Du nombre des autres, ceux des
pays chauds, qui, quoique durs par la fuite, demandent
d’être protégés durant leur jeuneffe , feront
plantés à cinq ou fix pouces les uns des autres dans
de longues caiffes; ou un à un dans des pots, ce qui
Vaut encore mieux:, afin de pouvoir les abriter pendant
cinq ou fix ans, au bout duquel tems on les plantera
en motte vers la mi-avril, aux lieux où on veut
les fixer. Les délicats, c’eft-à-dire, ceux de Bermude
& de la Jamaïque feront ternis dans la ferre ou l’o-
rangerie. Lorfque les premiers feront très-forts, on
peut rifquer quelques pieds en pleine terre à une
trè^-bonne expofition, à l’abri de quelque maffe d’ar-
brestoujours verds : ils réfifferont au froid des hivers
ordinaires, & en les couvrant, par les très-grands
froidsdès hiv ers lès plus rigoureux, peut-être pourra-
t-on enrjouir très-long-tems.
Pour obvier au foin que demande le tranfport des
caiffes femées,je me fuis très-bien trouvé de la méthode
fuivante. J’ai ftratifié des baies de cedre dan§
des terrines , en mettant alternativement un lit de
ees baies & un lit de fable fin , mêlé de terreau ru-
mifé : en tenant ces terrines dans un lieu frais,- Sc Ici
arrofant lorfqu’eües font extrêmement feches, lest
graines fe préparent à la.germination : au bout d’un
an on peut tirer les baies de cette terre en la tami-*
fant ; les graines en fortent aifément en les froiflàns
fous les doigts , alors on les feme 6c elles germent
tout déduite.
Les génévriers & cedres des pays froids doivent
paffer des femis dans des berceaux formés ; d a n s une!
planche de bonne t e r r e légère relevée de Tablé &: des
terreau : on les y plantera à la fin d’o S o b r e . .en trois
rangées, diftantes d’un pied & à huit pouces des uns
des autres dans le fens des rangées : on mettra des
feuilles fechésfur toute la furfa.ee. libre de cette p la n c
h e . Le printems luivant, par.le hâle de mars , 011 f o r m
e r a une arcade deffùs avec des baguettes de c o u d
r i e r pour les couvrir de paille de pois jufqu’aux
pluies douces de la mi - avril. La troifieme ' année'
on pourra les planter en motte là où ils doivent d e m
e u r e r . Si on veut les laiffer fe fortifier davantage ,
on fe contentera à certe époque d’en prendre de deux
un : orrrebouchera les trous de ceux qu’on a enlevés,
qui pourront refter en nourrice encore deux ans. Les
génévriers des bois peuvent fe planter à fix pieds do
haut, lorfqu’on les arrache bien 6c qu’on les plante
à la fin d’oftobre.
Il ne faut élaguer ces arbres qu’avec bien-dés préc
a u t i o n s , 6c p e u - .à - p e u ils fouffriroient d’être tout-
à-coup privés de plufieurs branches latérales ; d’ailleurs
leur tronc ne prendroit point de groffeur, & il
faudroit trop long-tems les loutenir. La meilleure’
faifon pour leur retrancher des branches, c’eft le .
mois de juillet ; il fe forme encore le même été un-
petit bourrelet qui garantit la bleffure des coups de
l’hiver. Au-deffus des branches qu’on aura c o u p é e s -
rez tronc, on peut en couper quelques-unes à cinq
ou fix p o u c e s du tronc ; les chicots ne grofîironf
prefque pas : l’été fuivant on pourra les couper.
J’ai marcotté pkifieurs cedres & génévriers en juillet-
fuivant la méthode expliquée à Xarticle Alaterinf.^
ces marcottes fe font trouvées enracinées un an apres
le mieux eft de ne les févrer qu’au bout de deux ans.-
Les marcottes de fabine fe font en oûobre, & reprennent
fans beaucoup de précautions. Les fabines pren-,
nent parfaitement de boutures. Il faut enlever des-
crochets dé fix pouces à un pied de long avec la protubérance
qui fe trouve à leur infertion-, les nettoyer
6c les planter de la moitié de leur longueur en juillet,
août & feptembre, fuivant l’état de ratmofphere ,
car il faut un tems humide. On les plante dans des
parties de terre rapportées, mêlées de terreau & de:
fable, entre des planches dont on borde ees petits ef-
paces pour foutenir cette terre , qui eft hauffée au-»’
deffus du terrein. On mettra de la mouffe ou des feuilles
feches entre les boutures. Cette petite pépinière
de boutures doit être expofée au levant ou au nord
contre un mur, une haie ou uniftaflif; encore faudra-
t-il la couvrir de paillaffons aux tems ou aux heures
très-chaudes. On les couvrira aufli l’hiver, de crainte
que lesgelées ne les jettent dehors : ces couvertures
feront encore néceffair.es par le plus grand hâle de-
mars ; en avril on les ôtera : au refte, ces couvertures
font plus effentielles pour les fabines panachées
que pour les communes. On pourra traiter de même
les boutures de quelques cèdres 6c génévriers ; plufieurs
m’ont réufti de boutures : c’eft toujours l’été
que je les plante ; mais je n’en puis fixer le moment,
il dépend de l’état de la feve dont le mouvement eft
différent fuivant les efpeces : il faut faifir l’inftant oif
ee mouvement eft m oyen, & où les pouffes du printems
ont déjà un peu de confiftance par le bout, iaosty
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cela elles fe flétriroient ; les boutures des efpeces
les plus délicates, je les plante dans des pots em*
plis de bonne terre, fur une couche tempérée 6c
ombragée, de paillaffons ; on les arrofe convenablement
: on met ces pots foùs des caiffes a vitrage 1 hiver,
&c aù mois d’avril on .les enterre contre un mur,
au levant d’été. L’orxiceëre, le génévrier cade, le
cedre de Caroline, le cedre à gros fruit brun , à rameaux
cylindriques , 6c le cedre de Crete à bois très-
odorant, m’ont déjà réuffi par cette voie de multiplication
: je viens feulement de l’effayer fur les
autres.
Tous les génévriers & les cedres font très-propres
à orner les bofquets d’hiver ; leur bois eft bon & incorruptible.
Les génévriers communs fervent à garnir
des côtespelées où tout autre bois ne viendroit pas.
On fe fert de la réfine ÔC des baies des génévriers, en
médecine, f^oye^ Genévrier ( Mat. méd. ) , DLcl.
raif. des Sciences y Sic. (Af. le Bar on DE TSCHOUDI.)
GÉNIE, f. ni. ( B elles-Leur es. ) On demande en
quoi le génie différé du talent; le vo ic i, ce me fem-
ble. Le talent eft une difpofitîon particulière & habituelle
à réuflir dans une chofe : à l’égard des lettres,
il confifte dans l’aptitude à donner aux fujets que l’on
traite, & aux idées qu’on exprime une forme que
l’art approuve & dont le goût foit farisfait : l’ordre,
la clarté, l’élégance , la facilité, le naturel, la cor-
reftion , la grâce même font le partage duraient.
Le génie eft une forte d’infpiration fréquente,
mais paffagere ; Sc fon attribut eft le don de créer. II
s’enfuit que l’homme de génie s’élève & s’abaiffe tour-
à-tour, félon que l’inlpiration l’anime ou l’abandonne.
Il eft fou vent inculte, parce qu’il ne fe donne
pas le tems de perfectionner ; il eft grand dans les
grandes chofes’, parce qu’elles font propres à réveiller
cet inftinCt fublime, & à le mettre en activité ; il
eft négligé dans les chofes communes, parce qu’elles
font au-deffous de lu i , & n’ont pas de quoi l’émouvoir.
Si cependant il s’en occupe avec une attention
forte, il les rend nouvelles 6c fécondes, parce que
cette attention qui couve les idées, les pénétre, fi
j’ofe le dire, d’une chaleur qui les vivifie & les fait
germer, comme le fôleil fait germer l’or dans les
veines du rocher.
Ce qu’il y auroit de plus rare 6c de plus étonnant
dans la nature , ce feroit un homme que fon génie
n’abandonneroit jamais ; 6c celui de tous les écrivains
qui approche le plus de ce prodige, c’eft Homère
dans XIliade.
Si l’on demande à préfent,quelle eft la différence de
la création du génie, & de la production du talent ;
l’homme éclairé, fenfible, verfé dans l’étude de l’art,
n’a pas befoin qu’on le lui dife ; & le grand nombre
même des hommes cultivés eft en état de le fentir. La
production du talent confifte à donner la forme, & la
création du génie à donner l’être ; le mérite de l’une
eft dans l’induftrie, le mérite de l’autre eft dans l’invention
; le talent veut être apprécié par les détails,
le génie nous frappe en maffe. Pour admirer le cinquième
livre de XÈneïdeyil faut le lire ; pour admirer
le fécond 6c le quatrième, il fuffit de s’en fouvenir,
même confufément. L’homme de talent penfe & dit
les chofes qu’une foule d’hommes auroit penfées &
dites, mais il les préfente avec plus d’avantage , il
les choifit avec plus de goût, il les difpofe avec plus
d’art, il les exprime avec plus de fineffe ou de grâce
; l’homme de génie, au contraire, a une façon de
voir, de fentir, de penfer qui lui eft propre : fi c’eft
un plan qu’il a conçu, l’ordonnance en eft furpre-
nante & ne reffemble à rien de ce qu’on a fait avant
lui. S’il defline des carafteres , leur fingularité
frappante , leur étonnante nouveauté, la force
avec laquelle il en exprime tous les traits, la rapidité
& la hardieffe dont il en trace les contours .
Tome //ƒ.
l ’enfemble & l’accord qui fe rencontrent dans ces
conceptions foudaines, font dire qu’il a créé des hommes;
& s’il les grouppe, leur contrafte, leurs rapports
, leur aftion & leur réaâion mutuelle font encore
, par leur vérité rare, une forte de création ;
dans les détails, il femble dérober à la nature des
fecrets qu’elle n’a révélés qu’à lui; il pénétré plus
avant dans notre coeur que nous n’y pénétrions nouS-
mêmes avant qu’il nous eût éclairés ; il nous fait découvrir
en nous & hors de nous, comme de nouveaux
phénomènes. S’il peint les pallions il donne
à leurs refforts une force qui nous étonne, à leurs
mouvemens des retours dont le naturel nous confond
; tout eft vrai dans cette peinture, & tout v
eft furprenant. S’il décrit les objets fenfibles, il y
fait remarquer des traits frappans, qui jufqu’à lui
nous avoient échappé, des accidens & des rapports
fur lefquels nos regards ont gliffé mille fois. Le commun
des hommes regarde fans voir, l’homme de
génie voit fi rapidement, que c’eft prefque fans regar-.
der. S’il s’enfonce dans les poflîbles, il y découvre
des combinaifons à la fois fi nouvelles & fi vraifem-
blables, qu’à la lurprife qu’elles caufent fe mêle en
fecret le plaifir de penfer qu’on a vu ce qu’il feint,
ou du moins qu’on a pu l’imaginer fans peine.
Il y a donc en première claffe le génie de l’invention
, de la compofition en grand :• c’eft ainfi que chez
les anciens, X Iliade y XCEdipe, les deux Iphigénies ,
& chez nous Polieucle, Héraclius, Britannicus, Al-
%ire y Mahomet, le Tartuffe, le Mifantrope font des
ouvrages de génie; i l y a de plus, dans les compofî-
tions même que le génie n’a pas inventées , des détails
qui ne font qu’à lui. Ce font des carafteres créés,
comme celui de Didon; des deferiptions d’une beauté
inouie , comme celle de l’incendie de T ro y e , des
feenes fublimes dans leur gënre, comme la reconnoif-
fance d’OEdipe & de Jocafte dans XCEdipe françois ,
la rencontre de l’Avare & de fon fils dans Moliere,
quand l’un va prêter à ufure & que loutre vient
emprunter. Enfin ce font des traits de lumière &
de force qui reffemblent à des infpirations , & qui
étonnent l’entendement, pénètrent l’ame , ou fub^
juguent la volonté. D e ces traits, il y en a fans nombre
dans les écrits de tous les grands poètes & de
tous les hommes éloquens ; mais dans tout cela le
ftyle eft pour fort peu de chofe : c’eft la conception
qui nous frappe, c’eft la penfée qui nous refte, &
dont le fouvenir confus eft, fi je l’ofe dire, un long
ébranlement d’admiration. On fe fouvient que dans
XIliade y Priam vient fe jetter aux pieds d’Achille &
baifer la main meurtrière, la main encore fumante du
fang de fon fils ; on fe fouvient que dans le Tartuffe,
l’hypocrite accufé fe jette aux pieds d’Orgon & lui
en impofe encore en s’accufant lui-même ; mais les
paroles de l’une & de l’autre feene font oubliées ,
& l’impreffion profonde qui nous refte, eft l’im-
preffion des chofes & non celle des mots. Voilà le
génie de la penfée. Prefque tous les traits en font à la
fois rares 6c Amples, naturels & inattendus.
Mais il y a auffi l’expreflion de génie, c’eft-à-dire
l’expreflion que l’on paroît avoir créée pour rendre
avec une force ou une grâce inouie la penfée
ou le fentiment. Et cçlui qui a lu Tacite, Montagne
, Pafchal, Boffuet, la Fontaine, fait mieux que je
ne puis le définir, ce que c’eft que cette efpece de
création. Ce feroit au génie à parler de lui-même; mais
les foibles traits que je viens d’indiquer, fuffifent
pour le reconnoître & le diftinguer du talent.
Du refte, on a vu plus d’un exemple de l’union
& de l’accord du talent avec le génie. Lorfque cet
heureux enlemble fe rencontre, il n’y a plus d’inégalités
choquantes dans les produftions de l’éfprit;
les intervalles du génie font occupés par le talent ;
quand l’un s’endort, l’autre veille ; quand l’un s’eijt
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