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dans la matière & dans l’épaiffeur de ces fortes de
verre : onapperçoit des défeftuofités monftrueufes
quand on met ces verres fur l’objeêtif, comme M.
le Gentil Ta éprouvé ; il vaut mieux employer des
morceaux de glace de miroir que l’on peut enfumer
foi-même; on les éprouve en les plaçant fur l ’objectif
de la lunette; & l’on n’admet que ceux dontl’in-
terpolition n’altere point l’image au foleil. Il eft vrai
que l’erreur réfultante de l’imperfeélion des verres
colorés devient beaucoup moindre, quand on les'
met entre l’oeil & la lunette ; mais cette erreur, quoique
peu fenfible, mérite encore quelque attention :
ainfi je préféré les glaces enfumées à toute autre
forte à’héliofcope. (M. d e l a La n d e . )
HELIOSTATE, (AJlron.) infiniment propre à
obferver le foleil & le s autres aflres, & à les fixer,
pour ainfi dire , dans la lunette, de maniéré que
îe mouvement diurne continuel d’un aflre n’apporte
point d’obflacle à l’obfervation. Pour cet effet, il eft
néceffaire que la lunette foit montée fur un axe
parallèle à l’axe du monde, ainfi que les lunettes
parallactiques, & de plus que l’axe foit conduit par
un mouvement d’horloge qui lui faffe faire un tour
en vingt-quatre heures. h’kéliojlate feroit fur-tout fort
néceffaire pour obferver la parallaxe de mars, quand.
il eft près d’une étoile, & qu’on veut les comparer
enfemble à plufieurs reprifes & avec une très-grande
précifion : mais les aftronomes font rarement en état
de fe procurer des inftrumens aufli compliqués &
aufli difpendieux. Il y en a un au cabinet de phyfi-
que du roi de France, près le château de la M eute,
qui avoit été exécuté par Paffement. On fe fert
aufli d’une efpece Ukéliojlate dans les obfervations
delà lumière, pour conduire le miroir & ramener
toujours le foleil fur le trou par lequel on introduit le
rayon folaire dans le lieu de l’obfervation.fAf. d e la
La n d e .")
* HELLOT1D E , ( Mythol. ) Voye^ E l l o t id e ,
( Mytkol. ) Dictionnaire raifonné des Sciences, &c. &
Suppl.
* HELLOTIES, ( Mythol.) V.oyeç E l l o t ie s ,
( Mythol. ) Dictionnaire raifonné des Sciences , &c.
Il vaut pourtant mieux écrire Helloties pour confer-
ver l’étymologie.
HELMECZ, (Géogr.) ville de la Haute-Hongrie,
dans le comté de Beregh, l’un de ceux que la Theifs
laiffe à fa gauche. Elle eft fituée au centre de plufieurs
collines : elle eft de médiocre grandeur, & appartient
à la prévôté de Lelez. (JD. G)
HELMERSHAUSEN, (Géogr.) ville d’Allemagne
au cercle du Haut-Rhin, & dans la Hefle inférieure ,
fur le Diemel, au pied du château de Kruckemberg.
Elle eft petite & uniquement confidérable par fon
bailliage qui renferme la ville de Karlshaven.
Il y a dans la Franconie, au comté de Henne-
berg, fous la domination de Saxe-Weimar, un bourg
à marché du même nom. (D . G.)
$ HELVCETSLUYS, ( Géogr. ) fortereffe des Pro-
vinces-Unies, dans l’île d’Oft-Voorn, province de
Hollande, fur le Haringvliet. Elle fut conftruite vers
la fin du dernier fiecle. Sa rade eft grande & fûre,
fon port petit mais bon. C ’eft-là qu’arrivent les paquebots
d’Harwich en Angleterre, & c’eft de là
qu’ils y retournent. Il y a de beaux chantiers & de
riches magafins pour la marine, avec un lieu de
dépôt afligné aux vaiffeauxde guerre que l’amirauté
de Rotterdam a dans fon département. Long. 21. 3S.
Lat. S i . 34‘ (D. G.)
HEMIDITON , (Mujiq.) c’étoit dans la mufique
grecque , l’intervalle de tierce-majeure , diminuée
d’un femi-ton ; c’eft-à-dire, la tierce mineure. L’hé-
midi ton n’eft point, comme onpourroit croire, la
HEM
moitié du diton ou le ton : mais c’eft le diton moins
la moitié d’un ton ; ce qui eft bien différent. (S)
§ HEMIOLE, (Mufiq.) on appelloit encore he-
miola dans la mufique du moyen âge, ces notes que
le compofiteur noirciffoit à deflein dans la mefure
de \ pour marquer qu’elles fyncopoient. Foyer T r i ple
(Mufique.) Suppl. (F. D . C.)
HEMIOPE, (Mufiq. infir. des anciens.) nom d’une
flute des anciens. Athénée qui en parle dans le livre
V Deipnos, dit que c’étoit la même flûte que la
puérile, & que c’eft d’où vient qu’Anacrépn la nomme
tendre. (F. D . G.)
HÉMISPHÈRE, oriental & occidental, (en
Agronomie. ) ils font féparés par le méridien du lieu
ou l’on obferve, mais ils changent continuellement
par le mouvement diurne. En géographie , ils font
fepares par le premier méridien' ; l’un con-
ftent l’Europe, l’Afie & l’Afrique ; l’autre contient
1 Amérique ou le nouveau monde , qui par rapport
à nous eft à l’occident, &c forme l'hémifphere occidental.
Hémifpheres vifibles & invifibles : ils font diftin-
gués dans les planètes par celui de leurs grands cercles
, dont le plan eft perpendiculaire à notre rayon,
vifuel. Les taches du foleil font pendant treize jours
dans Yhémifphcre vifible pour nous.
Hémifpheres éclairés & obfcurs : ils font diflin-
gués dans les planètes par celui de leurs grands cercles,
dont le plan eft perpendiculaire au rayon
mené du foleil au centre de la planete. Le foleil
étant plus gros que les planètes, il éclaire toujours
, à la vérité , un peu plus de la moitié du globe,
c’eft-à-dire, un peu plus d’un hémifphere; la différence
eft égale à l’angle du cône d’ombre que forme la
planete ; ou égale à-peu-près à l’angle du diamètre
apparent du foleil vu de la planete ; mais on néglige
communément cette différence dans l’aftronomie.
(M. d e la La n d e .)
HEMMEN, (Géogr. Hiß. Litt.) bourg du duché
de Gueldres, dans la Bétau, où naquit en 1644 ,
Gilbert Cuper, d’un pere greffier & fecrétaire général
de la province. Il fut profeffeur en hiftoire à
Deventer à vingt-cinq ans , & s’y fit un nom par
fes éleves & fes ouvrages. Il donna in-40. à Utrecht
fon Harpocrate en 1676, dédia fon quatrième livre
d’Obfervations à Guillaume Cuper fon pere, âgé de
foixante-quinze ans, en 1678; & une hiftoire des
trois Gordiens en 1697. Il mourut académicien des
Infcriptions & Belles-Lettres, à l’âge de foixante-
treize ans , très-regretté des fa vans & de fes compatriotes
, chez lefquels il avoit rempli les premières
places de la magiftrature. Voyi{ fon éloge dans le 2.
vol. de Lhiß. de l’acad. des Infcriptions}pag. 5j j in-12.
(C.)
HEMMING, (Hiß. de Danemarck.) roi de Danemark1,
vivoit vers l’an 811 : ce prince n’eft guere
connu que par un traité qu’il conclut avec Charlemagne
; on régla que Leides ferviroit de féparation
à l’empire François & au royaume de Danemarck.
Ce traité ne mit pas un frein à l’ambition des Danois;
Leurs flottes parurent fur les côtes de France ; mais
l’afpeâ de l’empereur qui s’avançoit à la tête de fes
troupes empêcha la defcente. Ces vaiffeaux, dit
Charlemagne , contiennent plus d’ennemis que de
marchandifes ; on furprit quelques larmes qui coûtaient
de fes yeux; les courtifans emprefles & curieux
lui demandèrent le fujet de fa douleur ; hélas, dit-il,
fileshabitans du Nord ofent infulter la France de
mon vivant, que feront-ils après ma mort} ( M .
d e S acy.)
HEMPSTED, (Géogr.) ville d’Angleterre , datas
la province de Hertford, dans un vallon baigné de la
riviere de Gade, laquelle y fait tourner plufieurs
H E N
moulins. II n’eft pas dans la province, ni peut-être
même dans toute l’Angleterre, d’aufli gros marches
de grains, que ceux qui fe tiennent dans cette ville;
les moulins d’ailleurs y font occupes fans celle, Ôc
l’on a fupputé que la farine qui s’en tranfportoit à
Londres , montoit quelquefois a vingt mine livres
fierlings par fenîaine. Long. iG. 55. lat. 5i. 44.
(D . G.)
HENRI I , furnommé Y O ifeleur, (Hi/loire d’A llemagne.
) IIe roi de Germanie, fuccéda à Conrad I,
l’an 919; Ce prince étoit fils d’Oton de Saxe, ce
chic qui par unfentimentdegénérofité dont les tems
héroïques même nous offrent peu d’exemples, avoit
refufé de monter furie trône, dans la crainte de n’en
pouvoir remplir les devoirs. Henri I, aufli ambitieux
que fon pere étoit modéré , n’avoit pu' voir fans
une jaloufie feçrete, l’élévation de Conrad I , & l’on
ne tarda pas à reffentir les funeftes effets de la paflion
qui le confumoit. Naturellement factieux, les prétextes
de révolte ne lui manquèrent pas. Peu fatisfait
du duché de Saxe que fon pere lui aVoit tranlmis, il
vovu lut y joindre laThuringe ôda Weftphalie.Indigné
d’un refus qui cependant étoit juftifié par la plus fàge
politique, il affociaàfon reffentiment les ducs de
Bavière & de Saxe , & donna naiffance à une guerre
civile dont Conrad ne put voir la fin. Ce prince pour
convaincre Henri que ce n’étoit pas par un motif de
haine qu’il lui avoit refufé l’invelliture des provinces
qu’il follicitoit, le nomma l’on fuccefleur, & lui envoya
les ornemens impériaux; facrifiant ainfi fon
reffentiment au bien du royaume, & rendant au fils,
dit un moderne , une générofité pareille à celle que
le pere avoit fait paroître en fa faveur. Henri reçut
les marques de fa nouvelle dignité, des mains du
propre frere de Conrad ; mais comme ces gages ne
fuffifoient pas, il Te fit recqnnoître dans une affem-
blée qui fe tint à Fridzlard. Les états étoient alors en
poffelfion de fe choifir des rois. La volonté du prince
défunt étoit regardée comme un_confeil, & non pas
comme une loi. Les lèigneurs Germains (le nom
GAllemans n’étoit encore eh ufage que pour figni-
fier les Suabes) ratifièrent le teftamentde Conrad ; &
tous les fuffrages fe réunirent pour Henri. On ne fait
pourquoi ce prince refufa de fe faire facrer.Comment
put-il renoncer à une cérémonie qui à la vérité ne dé-
cidoit pas la royauté, mais qui rendoit la perfonne
des rois plus vénérable? Ce fut en vain qu’Heriger ou
Hérircé, archevêque de Mayence, l’en follicita , rien
ne fut capable de vaincre fon obftination fur ce
point.
Le premier foin de Henri fut d’affermir le trône
que lui-même avoit ébranlé. Arnoul duc de Bavière,
&Burchard, ducdeSuabe,qu’ilavoit engagés dans fa
révolté, étoient devenus fes ennemis, dès qu’il avoit
cefle d’être leur égal. Il les fit fommer de venir lui
rendre hommage ; & fur leur refus il marcha contre
eu x, & les fournit après les avoir battus. Mais comme
le duc de Bavière lui offroitencore une puiffance
redoutable , il fe crut obligé à quelques facrifices.
Jaloux de fe l’attacher, il lui donna la nomination des
bénéfices qui viendroient à vaquer dans fa province.
Ce droit précieux étoit au nombre des droits régaliens
; & les princes François, empereurs ôu rois, en
avoient toujours joui.
Le calme qui fuccéda à la guerre civile, fut employé
à réparer les défordres de l’anarchie qui
avoit fuivi le régné glorieux de Louis le Germanique.
Henri porta un oeil obfervateur dans toutes les provinces
de fon royaume ; & lorfque d’une main habile
il en déracinoit les vices intérieurs , il fe fervoit de
l ’autre pour étendre les frontières. Les grandes routes
étoient infeftées de brigands ; il en çompofa une
milice ; & les retenant fous une févere difcipline, il
les employa contre les ennemis du dehors. On peut
Tome I IIHEN
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regarder cette milice comme le premier corps de
troupes réglées qui ait été en Allemagne. C’étoit encore
un moyen d’affermir fon autorité contre cette
multitude de vaffaux,devenus rivaux des rois. Henri
cherchant fes modèles dans les plus grands princes ,
fe mon{ra fidele aux anciennes inftitutions de Charlemagne.
Des marquis furent établis fur toutes les
frontières; il en mit dans le Brandebourg, la Luface
& la Mifnie : il en plaça même dans la haute Autriche;
lorfqu’il eut reconquis cette province fur les Hon-
. grois. Ses différentes victoires fur ces peuples affranchirent
la Germanie du tribut honteux qui la def-
honoroit depuis Louis l’Enfant. Les Hongroisavoient
des armées fort nombreufes ; on prétend même que
dans une feule bataille qui fe donna dans les plaines
de Mersbourg, Henri leur tua plus de quatre-
vingts mille hommes. Ses troupes pourrécompenfer
des fuccèsaufli prodigieux, lui offrirent le titre d’empereur,
mais il le refufa fans doute,parce qu’à l’exemple
de Charlemagne, il vouloit fe le faire déférer
dans Rome. On prétend qu’il fe difpofôit à en prendre
la route , lorfqu’il fut attaqué de la maladie dont
il mourut. Il ne longea plus qu’à affurer la couronne
à Othon fon fils. La gloire de fon régné captivant les
fuffrages de fes grands vaffaux, il eut la confolation
de voir ce fils s’affeoir fur le trône à l'in liant qu’il
en defeendoit. Il mourptl'an 936, dans la foixantieme
année de fon âge, la dix-leptieme de fon régné.
Ses cendres repofent dans l’abbaye de Quediembourg
dont fa fille Malthilde étoit alors abbeffe. L’hiftoire
ne lui reproche que là révolte contre Conrad : au
relie il fut bon fils, bon pere & bon mari. Il jouit
d’un bonheur que goûtent rarement les rois ; Henri
eut des amis, il aima la vérité, & détefta la flatterie.
Une douleur univerfelle préfida à fes funérailles
: toutes les voix fe réunirent à dire que le 'plus
habile homme du monde ôi le plus grand roi de l’Europe
étoit mort. On auroit pu ajouter le plus grand
capitaine ; toutes les guerres qu’il entreprit eurent
un fuccès heureux. Les Bohemes furent forcés de
payer les anciens tributs dont ils s’étoient affranchis
fous les régnés précédens. Les différentes nations
Slaves furent réprimées ; & les Danois vaincus fe
virent contraints de lui abandonner tout le pays que
renferme la Slie & l’Eder.On prétend qu’il forçaChar-
les-le-fimple à lui céder la Lorraine par un traité; mais
cette circonftance de fon régné fe trouve dém'entie
par plufieurs Chartres dont on ne peut méconnoître
l’authenticité. Il eft certain qu’il régna dans cette province,
mais feulement après la cataftrophe de l’infortuné
Charles-le-fimpie. Avant lui, les villes
n’étoient encore qu e, des bourgades défendues par
quelques foffés. Il les fit environner de murs garnis
de tours & de baftions ; & comme les grands en
abhorroient le féjour , il attacha aux charges municipales
des privilèges capables d’exciter leur ambition.
On y établit des magafins où les habitans de la
campagne dévoient porter le tiers de leurs récoltes.
Une partie de ces biens étoit deftinée à faire fubfif-
ter les armées en tems de guerre. Outre un nombre
confidérable de villes qu’il fit fortifier, il en fonda
une infinité d’autres parmi lefquelles on compte Mif-
ne ou Meiffen fur l’Elbe, Quediembourg, Gotta ,
Herfort, Goflard, Brandebourg & SIeswick. Toutes
ces villes eurent des garnifons, & pour les entretenir,
il força chaque canton, chaque province à lui
fournir la neuvième partie des hommes en état de
fervir. On admire fur-tout dans ce prince la maniéré
dont il s’y prit pour réformer la haute nobleffe affe»
puiffante alors pour braver le glaive des loix. Il
inftitua des jeux militaires d’où furent exclus tous
ceux qui étoient foupçonnés de quelque crime foit
envers la religion, foit envers le prince ou les particuliers.
Les nobles devenus leurs propres juges,