Efpeces.
il
I
1. Guainier à feuilles cordiformes , orbiculaires
& unies.
Cercis folïis cordato-orbiculatis glabris. Hort. Cliff.
Common Judas-tree.
2. Guainier à feuilles cordiformes velues. Guainier
de Canada.
Cercis foliis cordatis , pubefcentibus. Hort, Cliff.
Je trouve, dans un catalogue Hollandois, une autre
efpece fous le nom de cercis Carolinenjtsfioribus
parvis : elle a du rapport avec le n°. 2 de M. Duhamel.
Ce pourroit bien être un guainier qui m’eft venu
de graines envoyées d’Angleterre : il a les feuilles,
pour la plupart, terminées en pointes, longues &
menues , ce qui le diftifigue effentiellement du«°. /
& comme fes feuilles font unies, il ne peut pas être
le n°. 2. ' ,
La première efpece s’élève à la hauteur de douze
ou quatorze pieds fur un tronc droit, couvert d’une
■ écorce brun-rougé, & fe divife en nombre de branches
irrégulières, où font attachées alternativement
des feuilles épaiffes, femblables à celles de l’ariftolo-
che , c’eft-à-dire, prefque orbiculaires ; elles font
d’un vert tendre & mat. Les fleurs paroiflent au
commencement de mai, bien avant que les feuilles
foient déployées : elles naiffent par bouquets ou aigrettes
au bout & aux côtés des branches ,*& même
tout autour du tronc , 011 elles paroiflent ferpenter
comme une guirlande. Leur couleur eft un rofe animé
desplus gracieux. Cetarbreeft le principal ornement
des bofquets de mai ( Foyei B o s q u e t , Supp. ) ; on
peut l’y employer de quatre maniérés différentes :
i°. en arbres à tige, à cinq ou fix pieds les uns des
autres fur de petites allées, ou furies devans des
mafîifs : 2°. en cépées régulières, compoféesdecinq
ou fix branches dans le fond des mafîifs : 30. en pa-
liffades : 40. en tonnelles. Le cifeau , en leur procurant
beaucoup de branches , ne fera qu’augmenter
le nombre de leurs fleurs , qui d’ailleurs étant plus
rapprochées , feront d’un effet plus frappant. Rien
de plus riche que des guainiers couverts d’autant de
fleurs qu’ils en peuvent porter. Les oifeaux les abattent
quelquefois , à l’appât d’une liqueur fucréè qui
eft dans le calice: elles ont un petit goût de câpres
qui les rend agréables en falades: on les confît auflî
au vinaigre. Cet arbre a deux variétés , une dont la
fleur eft blanche, & une autre à fleur couleur de chair:
on peut les enlacer avec le guainier commun. Miller
croit que l’efpece à feuille pointue de Tournefort,
n’ eft non plus qu’une variété ; mais nous fommes
prefque fûrs que c’eft le guainier de la Caroline,
d’autant que nous l’avons reproduit par fa graine ,
fans qu'il ait varié dans fes individus.
Notre ri°. / eft originaire de l’Efpagne, de l’Italie
& du midi de la France : il eft donc un peu délicat;
& voici comme il faut le multiplier & le conduire.
On femera fes graines en février ou en mars, dans
des caiffes emplies de bonne terre fraîche, légère &
fubftantielle, mêlée de terreau : on les recouvrira d’un
demi-pouce , & on enterrera ce femis portatif dans
line couche tempérée : en arrofant de tems à autre ,
la plupart des graines lèveront au bout de fix femai-
nés. On placera ce femis fous une caiffe à vitrage pendant
l’hiver : la fécondé année, vers la mi-avril, on
le portera furie terrein où l’on veut établir la petite
pépinière de guainier, & dont la terre aura été préparée
convenablement. On tirera ces arbres enfans
les uns après les autres hors de la caiffe , pour le$
planter à un pied de diftance, dans des rangées éloignées
de deux ; mais il faut apporter la plus grande
dexterite dans cette opération, pour ne pas troubler
la germination aéluelle du refte des graines qui n’au-
j:ont pas encore levé. On, mettra enfuite un peu de
. menue litiere entre les rangées, & on arrofera par
les tems fecs. La pépinière f e r a p a r t a g é e p a r planches
de deux ou trois rangées au plus. L’hiver füivanton,
couvrira ces planches de paillaffons difpofés en toit, '
& l’on en bouchera les deux bouts avec de la paille
de pois par les froids très-rigoureux; par d’autres
tems on les laiffera. ou verts pour aérer les jeunes
guainiers. La fécondé année, durant la froide faifon,
il f u f l i r a de les couvrir de paille de pois, pofée fur
des rameaux de noifetiers fichés enterre par les deux
bouts en arcade. Le printems d’après on les élaguera :
ceux qu’on réferve pour des cépées , feront montés
fur quatre ou cinq branches partant des pieds : pour
ceux qu’on veut élever en arbres , on leur commencera
un tige unique, &: on ne laiffera qu’une branche
montante à ceux que l’on deftine à des tonnelles ou à
des paliffades ; mais au lieu de retrancher les branches
latérales, on fe contentera de les rabattre à
quelque pouce du tronc. Lorfqu’on élague cet arbre,
il faut fe fervir d’un inftrument très-tranchant, &
enlever tout le noeud de la branche, i° . pour que le
tronc foit plus agréable à l’oeil ; 2°. pour que la plaie
fe cicatrife plus promptement ; mais fur-tout g fin
qu’il n’y ait point d’inégalités où les givres printaniers
puiffent s’appuyer; car un coup de foleilpar-deffus
ces petits amas , fuffit pour faire périr une partie de
l’écorce tout alentour. Le troifieme ou le quatrième
printems, on pourra tranfplanter ces arbres à demeure
, peu de tems avant qu’ils ne pouffent, par
un tems fombre & humide , ayant foin de ne pas
laiffer long-tems leurs racines à l’air, d’y conferver
de la terre, de mettre de la litiere au pied lorfqu’ils
feront tranfplantés, & d’arrofer, par les tems fecs ,
jufqu’à parfaite reprife. *
L’efpece n°. 2 fe cultive de même ; fes fleurs font
plus petites.
Les guainiers à fleur blanche & à fleur couleur de
chair fe multiplient par les marcottes, il faut les faire
en juillet & lesarrofer ; elles auront de bonnes racines
le fécond printems après cette opération.
Le feuillage des guainiers a l’avantage de n’être
attaqué par aucuns infeftes. Comme il eft beau &
fort fingulier, il convient de jetter quelques buif-
fonS de ces arbres dans les bofquets d’été.
Le bois du guainier eft très-agréablement veiné de
noir & de verd, & prend un beau poli, & par con-
féquent eft propre à plufieurs ufages d’agrément.
( AI. le Baron DE TSCHOVDI.)
* § GU AL AT A , ( Géogr. ) royaume d'Afie,. . .
Lifez d'Afrique.
G U A L T E R I A , ( Botanique. Jardinage, )
Caractère générique.
La fleur eft compofée de deux calices qui fubfi-
ftént jufqu’à la maturité du fruit; elle n’a qu’un pg-
tale de la forme d’un grelot : les étamines font plus
courtes que le pétale ; elles prennent leur origine au
fond de la fleur; leurs fommets, forment des efpeces
de corne. Le piftil confifte dans un embryon arrondi,
furmonté d’un ftyle qui eft terminé par unftigmate
obtus ; il dépaffe un peu les bords du pétale. L’embryon
eft entouré à fa bafe de dix petits .corps pointus
, nectarium, qui font pofés entre Chaque étamine ,
tout auprès de leur attache. Il devient une capfule
fphéroïde un peu comprimée par le haut : elle eft
divifee en cinq loges remplies de femences angu-
leufes. Dans le tems de la maturité, cette capfule eft
renfermée dans le calice intérieur qui devient
charnu, & forme une efpece de baie ronde ouvert©
par le haut.
Efpeces.
Gualterià. Linn. Ce petit arbufte a prefqu.e le
port de la pervenche. Ses feuilles font prefque ovales,
fermes, luifantes & très-légérement dentelées; affez
fouvent elles font violettes par-deffous : elles naiffent,
ainfi que les fruits, à l’extrémité des petites
branches. Le gualteria croît en Canada, dans les terres
feches & arides, légères & fablonneufes. Il fe multiplie
par fes femences & par les drageons enracinés
qu’il pouffe abondamment : la racine eft recommandée
en infufion pour arrêter les diarrhées ; en
Canada & à l’île Royale , on prend cette infufion
comme du thé , elle fortifie l’eftomac. C’eft tout ce
que nous pouvons dire, d’après M. Duhamel du
Monceau, d’un arbufte que nous n’avons pu encore
nous procurer. (M. le Baron d e Ts c h o u d i .')
* § GU AM; autrement Gu an , ( Géogr. ) La première
& la plus méridionale des Ifles des Larrons ou
Ijles Mariancs.. . . Guam eft à fept lieues de Rota ou
Sarpana, fuivant le pere Morales ; & Juivant Wodes
Rogers, à quarante lieues. Il eft certain que Wcdes
Rogers ne dit point que Guam eft à quarante lieues
de Sarpana. Il dit que Guam peut avoir quarante
lieues de circonférence ; & par le chemin que fit fon
vaiffeau entre les Ifles Sarpana &• Guam, il eft confiant
cju’il ne met pas dix lieues de diftance entre ces
deux îles, Voye^ Voyages de Wodes Rogers, tom. II,
pag. y5 & 82. Lettres fur' VEncyclopédie.
_ * § GU ARDAFUI, ( Géogr. ) capitale de l'Ethiopie
, en Afrique.. . . lifez cap d'Afrique. Lettres fur
l'Encyclopédie.
GUDENSBERG, ( Géogr. ) petite ville d’Allemagne
, dans le cercle du haut-Rhin , & dans la Heffe
inférieure, au cagton de'Schwalm* Elle eft munie
de deux châteaux fort élevés, & elle eft le fiege d’un
bailliage , où la riviere d’Ems prend fa foûrce, &
où l’on trouve encore la ville de Riedenftein le ;
grand hôpital de Merxaufen , & divers lieux, tels
que Geilmar & Metz, envifagés par plufieurs fa- I
vans , comme des habitations déjà connues dans
l ’antiquité. ( D . G. )
GUEULE, ( Chaffe. ) On dit d’un chien, au bout
de cinq mois, qu’il a fait fa gueule , lorfqu’il a été j
nourri avec du lait, & qu’il commence à être vigoureux.
On dit qu’un chien chaffe de gueule lorfqu’il
aboie & qu’il èft fur la voie. ( + )
GUEULES , f . m. & fingulier, quoique terminé par
une S, ( terme de Blafon. ) couleur rouge, l’un des
émaux de l’ecu ; il fe repréfente en gravure par des
lignes perpendiculaires. Voyeifig. ‘ 3 , planche I de
Blafon, dans le D i cl. raif. des Sciences, &c.
Le gueules lignifie courage, hardieffe , intrépidité.
Quelques auteurs font venir gueules de gui, rouge
en langue orientale ; ils difent qu’il a été emprunté
der Orientaux, dans le tems des croifades ; mais il
eft mieux ( au fentiment d’un plus grand nombre )
de le dériver du latin gulce, les gueules des animaux;
l ’ortographe du mot françois, terminé par une S ,
confirme l’opinion de cette derniere étymologie.
De la Marche, feigneur^du Baudrier, en Bretagne
; de gueules, au chef d'argent. ( G. D . L. T. )
* § GUIARE, ( Géogr. ) ville d’Amérique fur le
golfe de Mexique, dans le gouvernement de Venezuela.
C ’eft la même qu’on appelle fauffement
Guriare, dans le Dici. raif. des Sciences, & c.
§ GUIDON ; ( Mufiq. J Le guidon fe met encore
dans une partition au dégré de la portée d’une partie
, où cette partie commence à aller en uniffon
avec une autre. Quand c’eft à la quinte ou taille, le
guidon fe met indifféremment quand cette partie
marche à l’oftave ou à l’uniffon de la baffe. ( F. C. D . )
G u id o n , f . m. f terme de Blafon f meuble de l’écu
qui repréfenté une forte d’enfeigne étroite , longue
& rendue, ayant deux pointes , elle eft attachée à
un manche en forme de lance.- Voyez figure 5So ,
planche X de Blafon, Dicl. raif, des Sciences, &c, I
Baronat de Polienas, en Dauphiné ; d'or à trois
guidons d'afur, au chef de gueules , chargé d'un lion
léopardé d'argent. ( G. D . L. T. )
_ GUILLAUME, ( Hijl. d!Allemagne. ) comte de
Hollande , fut élu par la fa dion eccléfiaftique pour
lucceder à Henri, dit le roi des prêtres ; il naquit l’an
1227, de Frorent IV, & de Matilde de Brabant ; il
fut élu en 1247, & régna jufqu’en 1156, fans autorité,
& par conséquent fans gloire ; peu de tems
après fon facre il fe retira en Hollande , où il eut de
frequens démêlés avec les Frifons, qui l’ayant fur-
pris feul dans un marais glacé, le tuerent à coups
de lance ; les rebelles l’enterrerent dans une maifon
de particulier, pour cacher les traces de leur crime;
fon corps ayant été découvert en 1 2 8 2 , fut
tranfporté à Middelbourg dans un monaftere de
prémontrés. ( M— y . )
* G u il l a u m e I , dit le conquérant, ( Hifl, d'Angleterre.
) fils naturel de Robert, duc de Normandie,
& de la fille d’un pelletier de Falaife, naquit dans
cette ville en 1027; étant duc de Normandie, il
vint en Angleterre à la cour d’Edouard III, dont il
reçut les marques les plus diftinguées de confidéra-
tion & d’àmitie. On affure qu’il y venoit pour re-
connoure un pays qu’il vouloit ufurper ; d’autres
prétendent qu’Edouard le nomma fon fucceffeur par
fonteftament; quoi qu’ il en foit, Harald ayant réuni
lesfuffrages des grands & les voeux de la nation, étoit
monté fur le trône d’Angleterre , Iorfque Guillaume
paffa dans cette île en 1066 avec une flotte nom-
breufe, & une armée aguerrie ; les Anglois furent
défaits ; Harald expira furie champ de bataille, avec
fes deux freres, & le vainqueur fut couronné folem-
nellement à Londres. Quelques hiftoriens regardent
ce conquérant ou cet ufurpateur, comme le fondateur
du royaume de la Grande-Bretagne, fans doute
parce cju’il donna beaucoup de luftre à la monarchie
Angloife, qui commença dès-lors à jouer un plus
grand rôle en Europe par fa puiffance, fon commer-
ce, la gloire de fes armes, & la réputation que les
Anglois s’acquirent par la culture des fciences; mais
ce monarque, qui, dans le commencement de fon
régné, parut s’appliquer à rendre la nation heureufe,
à affermir fa puiffance par l’équité , la douceur , la
clemence^, ne foutint pas long-tems ce caraélere qui
n étoit qu emprunte. Si le mafque de la modération
couvrit fon naturel cruel & avide jufqu’à ce qu’il
eût étouffé toute étincelle de divifion & de révolte ,
1 energie de fon ame féroce fe déploya dans la fuite
avec d autant plus de violence qu’elle avoit été contrainte.
Guillaume devint le fléau des peuples qu’il
avoit juré de protéger ; il traita les Anglois, non en
fujets, mais en efclaves ; il. les accabla d’impôts, les
dépouilla des charges, des titres , des fiefs dépendans
de la couronne, pour les diftribuer aux Normands ;
il leur ôta leurs loix, & leur en fubftitua d’autres ;
il ne voulut pas même leur laiffer l’ufage de leur langue
naturelle : il ordonna qu’on plaidât enNormand;
& depuis tous les aétes furent expédiés en cette langue
, jufqu’à Edouard III ; il régna par la crainte ,
mourut peu regretté de fa famille, & détefté de fes
fujets.
G u il l a u m e II, dit le Roux,fi\s du précédent,
lui fucceda en 1087, &fe montra encore plur dur ,
plus cruel que fon pere. En recevant le fceptre il fit
de belles promeffes à la nation, & les oublia dès qu’il
les eut faites. Rien ne pouvoit affouvir fa férocité •
rien' ne pouvoit fatisfaire fon avarice infatiable. II
foula aux pieds les loix divines & humaines, infolent
dans la profpérité, lâche dans l’adverfité, il fut atta-
que d une maladie dangereufe, il fembla reconnoître
la juftice divine qui le puniffoit de fa tyrannie ; il
promit de regner avec plus'de modération, s’il re-
couvroit la fanté ; il la recouvra pour le malheur de