tic forcé-, ptiifqu’alors leufs racines les plus élevées
peuvent à peine en jouir ; mais nous devions héceffai- •
renient en conclure qu’il étoit effentiel pour les fefnis
de houx & pour les premiers berceaux de ces arbres.
Peu de tems après la maturité des "baies de lïoux,
favoir en novembre -, nous les ftratifions dans des
caiffes plates , en mettant d’abord au fond un lit de
fable fin, mêlé de terreau de couche bien mûr, ensuite
un lit de baies, puis un lit-de ce mélange, &
ainfi fucceflîvementjufqu’à ce que la caiffe Ibit em>
plie, finiflant par un lit de fable mele.
L’automne fuivant, dans le meme tems , nous •
paflons le tout au tamis pour tirer les baies, dont on
trouve partie de noyaux dépouillés de leur pulpe^
Ceux qui tiennent enfemble , le détachent aifémenty
fi on les froiffe légèrement avec les doigts : alors
nous femons ces graines dans des caiffes profondes
d’un pied ou un pied & demi, emplies jufqu’à environ
un demi-pouce de leurs bords du mélange fui-,
vant; favoir, parties égales de terre onâueufe &
douce au toucher, de fable fin & de terreau confom-
mé : les caiffes emplies on feme les graines ; puis on les
couvre du même mélange, auquel on ajoute moitié en
fus de terreau confommé, & un tiers de terreau dè
bois pourri tamifé. On répand par-deffus,environ cinq
lignes d’épaiffeur de ce mélange, & l’on applanit la
furface enpreffant avecuneplanchette unie. Cela fait,
on enterre les caiffes contre un mur ou une charmille,
à l’expofition du nord ounord-eft, ou fous un quinconce
d’arbres, ou dans un maflif clair. Sil on n’a pas
la commodité de ces arbres , on en forme d’artificiels
en élevant des paillaffons. Vers la mi-mars on
arrofera par les tems fecs ; & bientôt on verra le
houx germer en fouie : on,continuera de les arrofer
convenablement, il en pouffera encore la fécondé
& même la troifieme année.
Le troifieme printems après leur germination, au
commencement d’avril, par un tems doux , pluvieux
ou nébuleux, nous tirons des caiffes les plus
forts d’entre ces petits houx ^ en les foulevant avec
une petite truelle très-étroite, obfervant d’enlevei^
avec le plus de terre que nous pouvons , fans nuire '
à leurs voifins : nous préparons au nord-eft ou au
levant, dés planches mêlées de terreau & de fable,
mais en moindre quantité que dans le mélange des
caiffes, & nous y plantons ces petits arbres fur deux
ou trois rangées, à dix pouces en tous fens les uns
des autres; nous les arrofons légèrement , & plaquons
un peu de moufle autour de leurs pieds. Si
l’on a fait ces planches dans un lieu découvert, il
faut les couvrir d’une faîtiere de paillaffons jufqu’à
parfaite reprife, & quand même elles feroient fi-
tuées aux expofitions que nous avons confeillees,
encore faut-il par les tems les plus chauds & les
plus fecs, les abriter par des couvertures.
Au bout de deux ou trois ans, on peut fe fervir
de c es houx, fôît pour les mettre en pépinière à
deux pieds & demi les uns des autres afin de les y
laiffer fe fortifier encore quelques années ,-foit pour
les planter aux lieux qu’on leur deftine pour demeure
, ce qui vaut mieux ; ca r, plus on les aura
plantés petits pour ne plus bouger, plus ils feront de
progrès. Il faut les tranfplanter en motte, autant
qu’il fera pofîible. Le commencement d’avril eft le
meilleur tems, dans les terres humides, & les premiers
jours d’oâobre dans les terres feches.
Il fera bon de planter un certain nombre de ces
houx dans des pots , pour fe ménager la commodité
de les greffer en approche : cette greffe eft la
plus fure. On peut aufli greffer les houx en fente,
mais aveemoins de fuecès ; il ne faut laiffer au feion
que deux ou trois pouces de hauteur, en couper les
feuilles par moitié, & mettre autour de la greffe |
beaucoup de poix blanche mêlée de cire, & recou- !
V r i r le tout d’une groffe poupée de chanvre i tiouS
avons en vain effayé l’écuffon pendant tous les mois
de l’été ; mais il en réuflit quelques-uns à la fin d’avril
ou au Commencement de mai, fur-tout fi Fort
plaque au-deffus & au-deffous un peu de papier ciré
( Voye^'ci-devant G r e f f e ). La greffe fert à multiplier
les différentes variétés des houx panachés;
celles à baies jaunes ou blanches , & le9 efpeces
étrangères. On peut l’opérer de deux maniérés, ou
en portant un houx commun en pot près du houx
qu’on veut multiplier, ou en portant un houx à mut*
. tiplier près d’un houx commun en pleine terre.
Nous allons nous occuper de nos efpeces étrangères.
L’efpece n°< 2 nous eft venue de l’Amérique
l'eptentrionale, dont elle eft indigène ; elle eft très-
finguliere par fes feuilles, dont les bords & le deffus
font hériffés d’épines qui fe croifent dans tous les
fens : elle fe multiplie par la greffe en approche, par
la femence & par les marcottes faites en juillet, qui
feront enracinées pour le mois d’oâobre de la le-
conde année : elle a deux variétés, une bordée &
maculée de blanc, dont les épines des feuilles font
blanches, &,une autre à feuilles maculées d’un jaune
terne vers le pétiole.
La troifieme efpece, dahoon holly, croît naturellement
dans la Caroline : on y en trouve même deux
efpeces; l’une a les feuilles figurées en lance ; l’autre
les a étroites ou graminées: la première s’élève
fur un tronc droit & rameux de dix-huit ou vingt
pieds î l’écorce du tronc & des aheiennes branches
eft de couleur brune ; mais celle des bourgeons ôc
des jeunes branches eft verte & luifante : les feuilles
ont un peu plus de quatre pouces de long fur quinze
lignes dans leur plus grande largeur. La partie fupé-
rieure eft garnie de dents qui fe terminent en une
petite épine très-aiguë : les fleurs naiffent en grappes
épaiffes aux Côtés des bourgeons; elles font de la
même forme & de la même couleur que celles des
autres houx, mais plus petit : il leur fuccede de petites
baies arrondies , de couleur rouge, qui font
d’un très-bel effet ; mais cet arbre n’a pas enéore
fruâifié en Europe. 4
C ’eft à tort que M» LinnæuS confond ces deux
houx avec les caffines toujours vertes. Miller foup-
çonne que la caufe de cette erreur vient de ce qu’il
aura reçu d’Amérique les graines de ces efpeces
mêlées, ce qui arrive fouvent, d’où il aura inféré
qu’elles avdient varié.
Les houx de la Caroline fe multiplient par leurs
baies; mais l’hiver il faut mettre les caiffes où elles
font femées fous des chaflis vitrés, & les plonger
au printems dans une couche tempérée pour hâter
leûr germination. Les jeunes plantes qu’on tirera de
ces femis feront confervées en pot ,& abritées durant
le froid, jufqu’à ce qu’on les juge affez fortes
pour les planter à demeure en pleine terre , à une
bonne expofition.
Suivant M. Duhamel, les houx panachés perdent
leur enluminure, s’ils font plantés dans un lieu ombragé
: il confeille d’en retrancher les branches dont
les feuilles ont repris un verd plein : nous avons des
houx pânachés qui n’ont que l’afpeâ du foleil couchant
, & qui n’ont rien perdu de leur bigarrure :
il n’en eft pas un dans aucune pofition de mes bof-
quets qui ait encore pouffé des branches vertes. On
trouve dans le traité des arbres & arbuftes de cetillu-
ftre auteur, un long catalogue des houx panachés ; ils
y font défignés par des phrafes latines & françoifes.
Nous ne pouvons nous empêcher de décrire un
des plus beaux de notre colleâion : fes jeunes branches
font couvertes d’une écorce violette, ftriée de
pourpre & très-luifante : les feuilles font prefque
orbiculaires ; elles font plates, & les piquans des
bords font fins, aigus & égaux. Le milieu de la
feuille eft d’un vert mêlé de glauque ouvert de
mer. Le bord des feuilles & les dents font une bande
d’un blanc pur lavé de pourpre dans les feuilles à
moitié.formées & entièrement couleur de rofe dans
leur premier développement.
C ’eft- avec l’écorce des houx qu’on fait la meilleure
g lu ( Voyt^ le mot G l u dans le Dictionnaire
raif.*.des Sciences, & le Traité des arbres «S* iarbufies
de M. Duhamel ). Cet auteur dit que le bois de
houx eft blanc en dehors & brun au dedans , & qu’il
e f t affez dur.
Nous n’avons jamais effayé ces greffes merveil-
leufes qu’on affure pouvoir réuflir fur le houx ; le
peu de fuccès de celles que nous avons tentées jufqu’à
préfent fur des efpeces difparates , nous en a
empêchés : mais quand même il feroit vrai que l’écuffon
de l’oranger pût prendre fur le houx , comment
concevoir que l’oranger ainfi greffé , fe dénaturant
tout-à-coup, ceffât d’être délicat, & pût
braver nos hivers ? Ce feroit connoître bien peu
les vrais principes de la greffe. Si cette expérience
étoit vraie, ce feroit un tréfor pour les amateurs,
& nous verrions déjà des bois d’orangers couverts
de nos neiges. (M. le Baron d e T s c h o u d i . )
§ Ho u x -f r ê l o n , ( Bot. Jard.) en latin, rufcus,
en anglois knee-holly or butchèrs-broom , en allemand,
der maüsdorn.
Caractère générique.
Les fleurs mâles & les fleurs femelles fe trouvent
féparées fur des individus différens. Les fleurs mâles
ont un calice droit, étendu, compofé defix feuilles
ovales & convexes , dont les bords font rabattus :
elles n’ont qu’un neâarium droit & enflé, qui s’ouvre
par le haut. Au lieu d’étamines, elles n’ont que
trois fommets étendus, fitués au haut du neâarium
, & joints par leur bafe. Les fleurs femelles
ont des calices , mais font dépourvues de pétales :
elles ont aufli un neâarium qui cache un embryon
oblong-ovale , qui fupporte un ftyle cylindrique
couronné par un ftigmate obtus, qui s’appuié fur
la bouche du neâarium. Cet embryon devient Une
baie arondie à deux ou trois cellules, & qui contient
deux femences rondes & offeufes.
Efpeces.
i . Houx-frèlon à feuilles nues , portant des fleurs
à leurs parties fupérieures.
Rufcus foliis fuprà fioriferis nudis. Hort. Cliff.
Knee-holly or butchèrs-broom.
. 2. Houx-frêlon à feuilles nues, portant des fleurs
par deffous.
Rufcus foliis fubtüs fioriferis nudis. Hort. Cliff.
Rufcus with leaves with bear fiowers beneath and
ave naked.
3. Houx-frêlon , dont la fleur eft attachée à une
petite feuille qui vient fur les grandes.
Rufcus foliis fubttis fioriferis fub foliolo. Hort. Cliff'.
Rufcus with fiowers to a little leave growing on the
greatone.
4. Houx-frêlon à fleurs hermaphrodites en épi
terminal.
Rufcus racemo-terminali hermaphroditico. Hort. Cliff.
Rufcus with hermaphrodite fiowers on long bunches
terminating the fialks.
5. Houx-frêlon à trois feuilles ovales, pointues
& nues qui portent des fleurs pardeffus, à rameaux
flexibles.
Rufcus foliis ternis ovatis acuminatis, fuprà fioriferis
nudis, caulibusfiexuofis. Mill.
Rufcus with leaves placed by threes , &c.
6. Houx-frelon à feuilles ovales , pointues, nues ,
portant des fleurs pardeffus, à rameaux flexibles.
Tome III.
RufcUs foliis ovatis acuminatis, fuprà fioriferis
nudis, caulibusfitxuofis. Mill.
Rufcus with acute pointed leaves, &C. •
7. Houx-frêlon dont les feuilles portent des fleur*
à leurs bords.
Rufcus foliis margine fioriferis. Hort. Cliff.
Rufcus with fiowers growing on the borders o f the
leaves.
8. Houx-frêlon à tige d’arbriffeau rameux à
feuilles lancéolées , rigides, à fleurs terminales ,
pourvues de pétioles.
Rufcus caulefruticoforamofô , foliis tanceolatis.ri*
gidis yfloribuspedunculatis terminalibus. Mill.
Rufcus with a shrubby branching fialk, &c.
La première efpece eft le houx-frêlon commun*
Des noeuds de fa racine charnue, il jette des houf-
finesde la hauteur d’environ trois pieds. Les fleura
qui font purpurines paroiffent en juin. Ses baies,
4iun goût douceâtre, font de la groffeur d’une petite
cerife, & mûriffent en hiver ; elles font alors
dë l’effet le plus agréable par leur rouge éclatant,
qui contrafte avec le feuillage d’un verd foncé &
glacé, que cet arbriffeau conlèrve dans cette faifon.
Il croît naturellement en Allemagne, en Angleterre,
& dans la France feptentrionale.
La fécondé efpece fe trouve fpontanée dans les
parties montagneufes de l’Italie : elle ne s’élève qu’à
deux pieds de haut ;les feuilles font roides, oblon-
gues, ovales , terminées en pointes épineufes, &
placées alternativement. Ses fleurs font de couleur
herbacée ; les baies font rouges & petites : elle
paffe pour diurétique.
Le n°. 3. croît naturellement fur les montagnes
ombragées en Italie & en Hongrie ; elle ne s’élève
qu’à environ dix pouces. Les feuilles font figurées
en lames, & ont plufieurs veines longitudinales ;
elles font tantôt alternes, tantôt oppqfées. Les fruits
naiffent fur de petites feuilles qui iortent du milieu
de la furface fupérieure des grandes; elles font d’un
pâle jaune; les baies font prefque aufli groffes que
celles de la première efpece, ôi du même rouge. Elle
porte aufli le nom de bijfingua, & fe trouve fur les
catalogues des plantes médicinales ; mais on s’en,
fert peu.
La quatrième efpece, qui eft indigène des îles de
l’Archipel, eft connue fous le nom de laurier Alexandrin.
On croit que c’étoit ces lauriers dont on coiH
ronnoit autrefois les poètes & les triomphateurs;
du moins les peintres , les ftatuaires & les archi-
teâes nous en ont-ils confervé une figure affez
exaâc.Ce houx-frêlon s’élève à environ quatre pieds.
Ses tiges font rameufes, fes feuilles lancéolées, obliques
, d’un verd gai & luifant, qui fait merveilleu-
fement reflortir en hiver les grappes de groffes baies
d’un fi beau rouge.
Le n°. croît naturellement dans Fîle de Zant,
& quelques autres îles de la Morée. Ce houx-frêlon
s’élève à environ deux pieds ; fes tiges font déliées
& liantes ; les feuilles ovales & arrondies aux déux
bouts, font difpofées par trois : les fleurs ont dé
longs pétioles.
La fixieme efpece croît naturellement èn Italie*
Les racines font bien plus longues que celles du
n°. i.L e s tiges s’élèvent à près de cinq pieds; elles
font très-pliantes, & pouffent plufieurs branches latérales.
Les fleurs font petites, & d’une couleur
herbacée. Il leur fuccede des baies plus petites
que celles du ii°. 1 , & qui font d’un rouge pâle
lors de leur maturité.
Toutes ces efpeces font affez dures pour fuppor-1
ter la rigueur de nos hivers. Il faut les planter fur
les devans des maflifs des bofquets d’hiver. Comme
les houx-frêlohs croiffent très - bien à l’ombre, on
peut s’en fervir pour parer la nudité de la terre fous
Mmm ij