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1 T E A , ( Botanique. )
Caractère générique.
Le calice eft petit, permanent & d’une feule
pièce , divifé en cinq ; il porte cinq pétales & cinq
étamines formées en alêne , terminées par des fom-
mets oblongs : au centre eft litué un embryon ovale
qui devient une capfule alongée, confervant le ftyle
à fon bout ; elle n’a qu’une feule cellule remplie de
femences très-menues.
Efpece.
Itea. Flor. Virg. Itea. Gronov. On ne connoît
qu’une efpece de ce genre.
L’itea fe multiplie aifément par les marcottes ; il
faut les faire avec les plus jeunes branches, qu’on
couchera en automne ; & fi l’on a foin de les arrofer
par les tems fecs , un an après elles feront fuffifam-
ment enracinées. J’ai tenté fans fuccès de le reproduire
par fa graine ; il y a apparence que celle que
j’ai employée a voit été recueillie en Angleterre avant
d’être mûre.
Cet arbriffeau croît dans plufieurs parties de P Amérique
feptentrionale , oit il s’élève à la hauteur de 8
ou i o pieds , fur plufieurs tiges droites & brunâtres
qui partent des racines : ces branches font garnies
de feuilles lancéolées , finement dentelées par les
bords, & placéesalternativement. Les fleurs naiffent
en épis droits au bout des bourgeons dont l’écorce
eft luifante 8c d’un beau verd;: ces épis ont 3 ou 4
pouces de long , 8c paroiffent en juillet. C ’eft alors
que les iteas , tout couverts de fleurs, charment le
regard par le mélange gracieux de leur blanc pur 8c
du verd gai de leur joli feuillage. Au printems mêmé
ils feroient fort parans ; mais qu’ils font précieux
dans une faifon qui accorde fi peu d’arbuftes fleuris
! Enlacez-les dans la couronne de l’été ; jonchez-
en fes pas , dans les bofquets que vous lui deftinez ;
choififfez-leur les endroits les plus frais , & dont la
terre foit legere & fubftantielle : fongez que cet ar-
bufte , dans fon pays originaire, aime à pencher fes
rameaux vers le courant des fleuves , 8c à étendre
fes racines dans les terres qu’ils imbibent. N’allez
pas le condamner à languir dans des terres feches
vous en feriez puni par le peu de hauteur qu’il ac-
querroit, par la maigreur de fon feuillage 8c par la
rareté de fes fleurs : la plus belle produfrion de la
nature perd tout fon agrément, fi elle languit, & la
plante la plus commune plaît à l’oe il, fi elle a toute
fa force 8c fa fraîcheur.
On ne fera pas toujours affez heureux pour voir
couler les flots d’une eau limpide fous les cintres
verds des bofquets qu’on confacre à l’été ; mais on y
aura des terres fraîches. Dans le cas oii elles ne le
feroient pas affez, on pourroitfuppléer quelqu’humi-
diteaux iteas par ces moyens-ci : les placer à l’expo-
fition du nord, rabaiffer le terrein, le tapiffer de
moufle, & arrofer par les tems fecs.
Itea fignifie faute en grec. Cet arbriffeau a du
rapport avec cet arbre par fes feuilles 8c par les
lieux qu’il habite de préférence. (M. U Baron d e
T s c h o u d i . )
1THOMÉE , (Mufiq. des anc.) J’ai trouvé quelque
part que pendant la fete nommée ithomèe, que
les Mefleniens cétëbfôient à l'honneur de Jupiter
Ithomete , il y avoit un combat ou concours de mu-
fique. ( F. D. C. )
ITHYMBE, {Mufiq. des anc.) chanfon à l’hon-
neur de Baçcbus. L ’air de cette chatlfon étoit encore
1 air dune danfe nommée auffi ithytnbe, de même
que le muficien qui l’exécutoir. {F . D .C . )
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JUBA , {Hiß. anc.) Le nom de Juba fut commun
à plufieurs rois africains, dont le plus ancien fe glo-
rifîoit d’être defeendü d’Hercule. C ’étoit une tradition
reçue que ce héros, après avoir purgé la Mauritanie
de monftres 8c de brigands, y laiffa quelqu’un
de fa famille , à qui la reconnoiffance publique déféra
le feeptre. C’eft de ce premier Juba que les rois
de Mauritanie fe glorifioient de tirer leur origine.
Le fécond Juba, fils d’Hiempfal, fe diftingua par
fon attachement à Pompée , dont il fut le plus zélé
partifan. Ce fut lui qui défit Curion , lieutenant de
Céfar, 8c qui releva , par cette vi&oire, le courage
des amis de Pompée. Ce fervice lui mérita le titre
de roi de toute la Numidie. C éfar, voyant en lui un
rival dangereux, fe chargea lui-même du foin de lui
faire la guerre. Il paffa en Afrique, & remporta fur
lui une viftoire éclatante dans les plaines de Tapfe.
Juba fe battit en combat fingulier contre Petreius, &
Payant tué, il fe fit ôter la vie par un de fes efclaves.
_ Juba , troifieme du nom , 8c fils de celui dont on
vient de parler, fut élevé à Rome, où une excellente
éducation perfectionna les talens qu’il avoit
reçus de la nature. La douceur de fon caractère 8c
fon amour pour les fciences, lui méritèrent la faveur
d’Augufte, qui lui donna les deux Mauritanies en
échange de la Numidie , dont il avoit hérité de fon
pere, 8c q u i, depuis ce tems-là , fut réduite en province
romaine. Ce prince, appellé au commandement
d’un peuple barbare, en adoucit la férocité par
fes exemples 8c fesloix. On vit briller le flambeau
des armes dans des contrées ténébreufes ôù les plus
favans de la Grece vinrent perfectionner leurs con-
noiffances. Juba, occupé des devoirs du trône ,
trouva des délaffemens dans l’étude de l’hiftoire. II
confulta les plus anciens monumens , & fouilla dans
les archives les plus lècretes pour y débrouiller le
cahos des événemens. Ce travail le mit en état de
donner une hiftoire'completre des Grées , des Carthaginois
, des Africains & des Arabes. Son ouvrage
fur 1 antiquité des Affyriens 8c des Romains , offroit
la plus riche érudition. Toutes les contrées du génie
etoient de fon domaine ; il écrivit l’hiftoire des théâ-
tres^de la peinture 8c des peintres. II s’exerça avec
le meme fuccès fur la grammaire & l’origine des langues
: il étudia la propriété des plantes 8c des animaux.
Toutes ces productions , dont nous n’avons
plus que quelques fragmens, avoient l’empreinte
du génie. Pline , qui s’eft paré d’une partie de fes
dépouillés , dit que fes connoiffances lui donnèrent
plus d’éclat que fa couronne. La douceur de fon
gouvernement le rendit l’idole de fes fujets : ils lui
éngerent une ftatue ; 8c pour immortalifer leur reconnoiffance
, ils inftituerent des fêtes 8c lui rendirent
des'honneurs divins. Il avoit époufé Cléopâtre ,
fille de Marc-Antoine & de la fameufe reine d’Egypte
, dont il eut un fils appellé Ptolomée Celené°qui
fut fon fucceffeur, 8c que Caligula fit égorger. (T-N.)
JUDA, (Geogr.) royaume confidérable de la Guinee
en Afrique, fur la côte des Efclaves. Il y a trois
forts à trois quarts de lieue de la mer : la defeente à
terre eft défendue par une barre formée par un banc
de fable. Cette barre eft affreufe 8c terrible par fes
naufrages 8c par l’avidité des requins qui y font en
grand nombre. Les chaloupes ni les canots de navire
ne peuvent venir fur cette barre : on y va avec de
petits canots faits exprès , nagés par vingt Negres
adroits à ce métier, 8c armés de petits poignards,
avec lefquels ils fe battent contre les requins , quand
le canot vient a virer. Le fort françois eft le premier
des trois., étant au vent des autres ; le fort anglois
eft le fécond, 8c le fort portugais le troifieme. Ces.
trois
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trois nations y font un commerce confidérable d’ef-
claves ; c’eft l’endroit de la côte qui en fournit le
plus. Les Noirs de Juda fönt les meilleurs 8c les plus
chers de tous les Negres de l’Afrique'’: On les eftime
en Amérique , fur-tout à eau le de leur dextérité 8c
de leurs difpofitions à tout apprendre en peu de tems.
Le fort françois de Juda appartgnoitau roi, mais il
l’a cédé à la compagnie des Indes. Le royaume de
Juda a fouffert de grandes révolutions. Dahomet
fortit des bois à la tête de cent mille hommes en
1 7 1 7 , s’en empara, après avoir battu, chaffé ou
fait prifonnier les poffefféurs, qui étoient plus nég
o c ia i que guerriers. Ce prince negre a dépeuplé
tout ce pays. Au mois de décembre de chaque année
, il faifoit inviter les Européens-de fe trouver
à fa cour, pour aflifter à ce qu’il appelloit Us coutumes
, c’eft-à-dire, à l’anniverfaire de fon pere. Là il
immoloit aux mânes de fon pere un grand nombre
d’hommes , de femmes, de chevaux , boeufs, moutons
, chevreaux , poules 8c a utre„s. animaux, auxquels
il faifoit couper la tête , 8c qu’il faifoit jetter
dans un trou creufé en terre, pour aller, dit-il, fervir
fon pere dans l’autre monde. On jettoit dans le même
trou de l’eau-de-vie, du mahis , des mouchoirs, des
pièces de foie, 8c toutes fortes de vivres 8c d’étoffes.
Les Européens étoient prélens à cet affreux fpe&acle,
& Dahomet étoit alors environné des trois directeurs
françois , anglois 8c portugais. Enfuite on re-
fermoit le trou, 8c il faifoit diftribuer au peuple de
l’eau-de-vie & d’autres marchandifes. 11 irfimoloit
autrefois à l’anniverfaire de fon pere jufqu’à huit ou
neuf cens, tant hommes que femmes ; mais en 1758,
qu’il ne lui reftoit plus environ que onze mille hommes
, & qu’il étoit mal avec tous fes voifins, il n’im-
moloit plus que peu de monde. On appelle judaïques
les habitans de ce royaume de Juda. ( + )
J u d a , louange du Seigneur, ( Hiß. facrée. ) quatrième
fils de Jacob 8c de L ia, naquit en Méfopota-
mie l’an du monde 1149 : ce fut lui qui confeilla à
fes freres de vendre leur frere Jofeph qu’ils vouloient
faire mourir, 8c qui depuis , ayant promis à Jacob
de ramener Benjamin d’Egypte, s’oftrit à Jofeph de
tenir fa place en prifon , 8c lui fit à ce fujet un dif-
cours qui eft un modele de l’éloquence la plus per-
fuafive 8t la plus touchante. Il époufa la fille d’un
Chananéen nommé \Hiran , 8c il en eut trois fils a
Her , Onan 8c Séla. Il eut auffi de Thamar, femme
de fon, fils > dont il jouit fans là connoître , Pharès
& Zara. Lorfque Jacob bénit fes enfans, il dit à Juda t
Le feeptre ne fortira point de Juda , ni U lègijlateur de
fa pofiérité, jufquà la venue de celui qui doit être envoyé
, & à qui Us peuples obéiront. Gen. xlix. 10. La
tribu de Juda, dès le commencement, tenoit le premier
rang parmi les autres: elle a été la plus puiflante
& la plus nombreufe ; car, au fortir de l ’Egypte, elle
étoit compofée de foixante-quatorze mille fix cens
hommes capables de porteries armes. Le lot de cette
tribu occupoit toute la partie méridionale de la Pa-
leftine. La royauté paffa de Benjamin, d’où étoient
Saiil & Isbofeth, dans la tribu de Juda, qui étoit
celle de David & des rois fes fucceffeurs. Les dix
tribus s’étant féparées , celle de Juda 6c celle de
Benjamin demeurèrent attachées à la maifon de
D avid, & formèrent un royaume quifefoutint avec
éclat contre la puiffance des rois d’Ifraël. Après la
difperfion & la deftruûion de ce dernier royaume,
celui de Juda fubfifta , & fe maintint même dans la
captivité de Babylone, confervant toujours l’autorité
fur les fiens. Au retour, cette tribu vécut félon
fes loix, ayant fes magiftrats & fes chefs, & les reftes
des autres tribus fe rangèrent fous fes étendards,
& ne firent plus qu’un peuple que l’on nomme
Juifs. Les tems où devoit s’accomplir la promeffe du
Meffie étant arrivés , la puiffance romaine, à qui
Tome III,
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rien ne réfiftoit, affujettit ce peuple , lui ôta lédroit
de fe choifir un chef, & leur donna pour roi Hé-
rode, étranger & iduméen ; & ainfi cette tribu,;
apres avoir confervé le dépôt de la vraie religion ôc
l’exercice publicdufacerdoce & des cérémonies delà
loi dans le temple de Jérufalem , & avoir donné naif-
fance au Meffie, fut réduitë au même état que.les
autres tribus, difperfée & démembrée comme elles,
étant pâr-là une preuve fubfiftante de l’accompliffe-
ment de la prophétie de Jacob. (+ ).
JUDAS , dit Macchabée , ( Hijt. facrée.) fils de
Matthâfias , de la famille des Afmonéens, fuccéda à
fon pere dans la dignité de général des Juifs. Mattha-
tias, qui avoit éprouvé fon courage & fon zele pour
la loi de Dieu , le préféra à fes autres enfans , & le
chargea de combattre pour la défenfe d’Ifraël. Judas
ne trompa point feS efpérances ; mais, fécondé de
fes freres, il marcha contre Apollonius, général des
troupes du roi de Syrie, le défît, le tua, & alla
contre Sélon , autre capitaine , qui avoit une nombreufe
armée , qu’il bàttit également, quoiqu’avec
un fort petit nombre, mais en mettant fa confiance
dans la force de Dièu. Àntiochus, ayant appris ces
deux vi&oires, envoya contre Judas trois généraux
de réputation, Ptolomée, Nicanor & Gorgias. L’ar-
mee prodigieufe qu’ils firent marcher en Judée,
épouvanta d’abord ceux qui accompagnoient Judas ;
mais fon courage ayant ranimé celui de fes gens, 8c
s’étant préparé au combat par le jeûne 8c la priere,
il tomba fur cette grande armée 8c la diffipa. Lyfias ,
régent du royaume pendant l’abfence d’Antiochus ,
défefpéré de ce que les ordres de fon prince étoient
fi mal exécutés, crut qu’il feroit mieux par lui-même.
Il vint donc en Judée avec une armée nombreufe ;
mais il ne fit qu’augmenter le triomphe de Judas ,
qui le défit, 8c l’obligea de retourner en Syrie pour
armer de nouveau. Macchabée profita de cet intervalle
pour rétablir Jérufalem ; il donna fes premiers
foins à la réparation du temple , détruifit l ’autel que
les idolâtres avoient profané, en bâtit un autre , fit
faire de nouveaux vafes, 8c le 1 5e du mois de Cafleu,
l’an du monde 3840 , trois ans après que ce temple
eut été profané par Antiochus, il en fit la dédicace,
8c célébra cette fête pendant huit jours. C ’eft de la
mémoire de cette dédicace dont il eft parlé dans
l’Evangile , où il eft dit que Jefus-Chrift vint au
tertiple de Jérufalem, à la dédicace, pendant l’hiver.
Peu de tems après cette cérémonie, Judas défit
encore Timothée 8c Bacchides, deux capitaines
Syriens, battit les Iduméens, les Ammonites, défit
l’es nations qui affiégeoient ceux de Galaad, 8c revint
chargé de riches dépouilles : il avoit Dieu même pour
conduûeur. Dans un nouveau combat contre Timothée
, les ennemis font épouvantés, en voyant cinq
cavaliers envoyés du c ie l, dont deux couvroient
Judas de leurs armes , 8c lançoient fur eux des foudres
quiies terraffoient. Plus de vingt mille hommes
refterent fur la place : Timothée s’étant enfui, fut
pris 8c tué. Lyfias revient avec plus de cent mille
hommes ; un autre prodige encourage l’armée des
Juifs, 8c l’affure de la vi&oire. Un homme à cheval,
vêtu d’un habit blanc , avec des armes d’or 8c une
lance, marche devafit eux. L’armée de Lyfias eft
mife en déroute, 8c ce général eft forcé de recon-
noître que les Juifs font invincibles, lorfqu’ils s’appuient
fur le fecours du Dieu tout-puiffant. Lyfias ,
ayant perdu une partie confidérable de fon armée,
conclut la paix avec Judas. Elle ne fut pas de longue
durée ; la guerre recommença, 8c Judas remporta
plufieurs avantages. Antiochus Eupator , qui avoit
luccédé à Epiphanès , irrité des mauvais fuccès de
fes généraux, vint lui-même en Judée , 8c affiégea
Bethfure. Judas marcha au fecours de fes freres : du
premier choc il tua fix cens hommes des ennemis ;
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