négligé, l’autre vient après lui & perfectionne fon
ouvrage. A peine on s’ap perçoit des intermittences
du génie, parce qu’on eft préocupé par l’illufion que
le talent fait faire; car c’eft â lui qu’appartient l’a^
dreffe & la continuelle vigilance à nous faire oublier
l’a b fe n c e du génie, en (emant de fleurs l’intervalle
& le paflage d’une beauté à -l’autre, en amu-
fant l’efprit & l’imagination par des détails d’agrément
& de goût jufqu’au moment oùie génie reviendra
fe faifir du coeur, le tourmenter, le déchirer
ou s’emparer de Rame, l’émouvoir, l’étonner, la
troubler ,1a confondre , la tranfporter & l’agrandir.
Pour voir ces deux fondions dw génie & du talent
également remplies ., on n’a qu’à lire.ou Virgile ou
Racine : on diftinguera aifément le génie qui les
.;èle;ve,..d’avec le. talent qui les foutient, & qui ne
. les quitte jamais. (-M. MàRMONTEL.')
Génie , (Mujîq.) Ne cherche point, jeune artifte,
ce que c’eft que le génie. En as-tu tu le fens en toi-
même. N’en as-tu pas : tu ne le connoîtras jamais.
Le génie du muficien foumet l’univers entier à.fon
art. Il peint tous les tableaux par des Tons; il fait
parler le lilence même ; il rend les idées par des fen-
tim.ens,, les fentimens par des accéns ; & les pallions
qu’il exprime, il les excite au fond des coeurs.
La volupté , par lui, prend de nouveaux charmes ;
:1a, douleur qu’il fait gémir arrache des cris ; il brûle
fans ceffe & ne fe eonfume jamais. Il exprime avec
chaleur les frimats & les glaces ; même en peignant
le;s horreurs de la mort, il porte dans l’ame ce feri-
.tiraient de vie qui n e .l’abandonne point, & qu’il
-Communique aux coeurs faits pour le fentir. Mais,
hélas J. il ne fait rien dire à ceux oii fon germe n’eft
tpa-s j .& fes prodiges font peu fenfibles à qui ne les
peut imiter. Veux-tu donc favoir fi quelque étincelle
die ce feu.dévorant t’anime ? Cours , vole à Naples
éèouteriles chefs-d’oeuvre de Léo, de Durante, de
Jomelli/, de Pergolefe; Sites yeux s’empjiffent. de
farmes , fi tu fens ton..coeur palpiter, fi des.trefîail-
lemens t’agitent1, fi l’opprefîion te fuffoque dans tes
ïranfports , prend le Méraftafe & travaille ; fon génie
échauffera le tien; tu crééras-àfon exemple: c’eft-là
ce que fait ce génie , & d’autres yeux te rendront
bientôt Les pleurs, que les maîtres t’ont fait verfer.
Mais fi les charmes de ce grand art te laiffent tranquille,
-:fi tu n’as ni délire ni raviffement, fi tu ne
tropyes que beau ce qui te tranfporte ; ofes-tu demander
ce qu’eft le génie ? Homme vulgaire ,ne profane
point ce nom fublime ! Que t’importeroit de
le connoître ? tu ne faurois le fentir. ( £ )
* § GENiTA MAN A , ( Mytkol. ) déeffe qui
préjidoit aux enfantemens. Cette déeffe eft une Gene-
: TYLLIDE. C’eft Hécate. Lettres fur C Encyclopédie.
GENOU , ( Aflron.) piece de cuivre qui a plur
fieurs mouvemens, & parle moyen de laquelle on
met un quart de cercle, à différentes- hauteurs &
même , dans différens plans ; le genou fimple eft un
axe vertical portant une ouverture horizontale à fa
partie fupérieure. L’axe tourne dans une cavité du
pied de l’inftrument , & l’ouverture fupérieure
reçoit le cylindre qui eft fixé au centre du quart de
cçrcle, & qui y tourne à frottement. Le genou double
contient une autre piece femblable , qui tourne
dans la précédente , & qui fert à incliner le plan du
quart de cercle.. On fe fert dans les graphometres,
les bouffoles & autres inftrumens légers d’un genou
plusfimple qui ne confifte qu’en une boule fixee par
une tige à la partie inférieure de l’inftrument, & qui
eft reçue dans une concavité du pied ou du fupport,
oii elle tourne àfro.ttement ; on rend le frottement
plus ou moins dfir en ferrant avec des vis les deux
calottes ou hémifpheres qui forment cette concavité
furie pied de;l’inftrument. (M . d e l a La n d e .')
GENTILHOMME , f. m. nobilis , fculifer.. Un
gentilhomme eft un homme noble d’extraôio'n , qui
n’a point été annobli par lettre du ro i, ni par aucune
charge.
U n gentilhomme ne doit faire que des aôions d’honneur
, & ne jamais manquer à fa parole. ■
Ce mot vient de gentilis hùmo qui fe difoit chez les
Romains d’une race de gens nobles ,- nés de parens
libres, & dont les aïeux n’avoient point été iefcla-
ves , ni repris de juftice.
Quelques auteurs rapportent que‘fur le déclin de
l ’empire , il y eut deux compagnies de gens de
guerre, l’une appellée gentilium , l’autre feutarium,
& que de-là font venus les noms de gentilhomme &:
d'écuyer.
D ’autres font venir ce mot de gentil, parce qu’une
action gehtile fignifioit une action noble & mémorable.
Pafquier croit que ces noms de gentil & d’écuyer
nous font venus de la milicej romaine. Ces gentils &
écuyers étoient des foldats vaillans , auxquels on
donnoit en récompenfe de leurs aérions , les dépouilles
des ennemis. (G . D . L. T. )
* § GÉNUFLEXION , fléçhiffement dègenoux..,.
S. Jérôme dit que S. Jacques avoit par-là contracté une
àurete aux gerioux , égale a celle des chameaux.... M.
Baillet s’exprime plus claireme;nt, en difant que les
genoux de S. Jacques s’étoient endurcis comme ceux
' d’un chameau. Eufebt taffure de S. Jacques de Jérufa-
lem. On diftingue ici mal-à-propos S. Jacques de Jé-
rufalem, de S. Jacques dont parle S. Jérôme. C ’eft
le même , S. Jacques le mineur, apôtre & évêque
de Jérufalem. Voyez M. Baillet au premier de mai.
Lettres fur ÜEncyclopédie.
* § GÉOGRAPHIE. Nous ajouterons à cet article
un fyftême figuré des parties de la Géographie.
Foyei le Système figuré ci-joint.
* GEORGES I , ( Hiß. d.’Angleterre. ) appelle à
la couronne d’Angleterre par le teftament de la reine
Anne , naquit le 28 mai 1660, d’Erneft-Augufte ,
duc de Brunswick & de Lunebourg , électeur d’Hanovre
, & de Sophie fille de Frédéric V , éleveur
Palatin , qui avoit époufé Elifabeth Stuart d’Angleterre.
Ce prince monta fur le trône en 17 14 , & loin
de fuivre les vues d’Anne fa bienfaitrice, qui avoit
élevé le parti des Torys, Georges donna toute l’autorité
aux Wighs ; démarche qui trouva bien des cen-
feurs, & fit éclqrre un grand nombre de fatyres
contre le nouveau regne. Ma maxime, difoit-il, eft
de n’abandonner jamais mes amis, de rendre juftice
û tout le monde, & de ne craindre perfonne. En effet
il donna dans plufieurs circonftances, des preuves
éclatantes de la fidélité qu’il avoit jurée à fes alliés.
Sa valeur qui avoit éclaté dès fa plus tendre jeuneffe,
lorfqu’il faifoit fes premières armes fous fon pere,
& l’autorité prefque defporique avec laquelle il prétendit
régner, malgré les confpiratiqns multipliées
qui fe formèrent contre lui, montrerentaffez qu’il ne
craignoit perfonne. Quant à fa juftice, elle fut fé-
vere , & fouvent inexorable. Il fembloit fans ceffe
irrité par les efforts que faifoit fans ceffe le parti du
prétendant , en faveur de ce prince infortuné. Le
comte d’Oxford, confident & miniftre de la reine
Anne , enfermé à la tour malgré fa vieilleffe & fes
infirmités, fept pairs du royaume condamnés à morr,
fans qu’il fût polîible à leurs familles éplorées d’émouvoir
le coeur du monarque inflexible , un évêque
banni du royaume, quoiqu’il eût prouvé clairement
fon innocence, un grand nombre d’eccléfiaftiques
& de laïques exécutes fur des accufations quelquefois
légères;.tels furent les coups de rigueur qu’il
crut néceffaires pour s’affermir fur le trône, & q ui,
loin de lui réconcilier cette partie de la nation qui
tenoit pour le prétendant, ne fervit qu’à l’aliéner davantage.
On reconnut même dans quelques occafions