lîtiere autour du pied, 6c de choifir un jour très-fec
pour envelopper la tige avec du foin, 6c tendre un
paillaffon par*deffus les branches. On aura loin de
lever ces couvertures par les tems'doux 6c humides
de l’hiver, 6c de les fouiever de tems à autre. pour
donner de l’air 6c empêcher que le bois ne le chan-
ciffe ou ne fe ride. Avec ces précautions on aura de
très-beaux efpaliers de jafmin d’Efpagne qui donneront
de plus belles Heurs 6c en plus grande quantité
que ceux emprifonnés dans les pots.
Le jafmin n°. G, croît naturellement dans l’Inde,
il s’élève fur un tronc droit, à huit ou dix pieds ;
l’écorce eft brune, la vigueur de fes branches fait
qu’elles fe foutiennent d’elles-mêmes; les feuilles
font alternes, compofées de trois folioles d’un verd-
luifant ; elles font ovales , entières 6c pérennes : les
fleurs d’un jaune éclatant , naiffent en grappes au
bout des bourgeons, & répandent une très-agréable
odeur : on en jouit depuis juillet jufqu’à la fin de
novembre ; fouvent il leur luccede des baies
noires.
On le multiplie par les marcottes, qu’il faut faire
en mars, à la maniéré des marcottes d’oeillet, & en
les arrofant convenablement ; elles feront affez en- .
racinées un an après pour pouvoir être févrées&
plantées chacune dans un pot; on peut aufîi le greffer
en approche fur le jafmin jaune commun. Les boutures
faites en avril ou en juin, dans des pots qu’on
plongera dans une couche tempérée 6c ombragée,
réufliront affez bien ; cette efpece demande l’orangerie.
L’efpece , n9. y , eft naturelle des Açores, elle
pouffe de longues branches grêles qui demandent
d’être foutenues, 6c qu’on peut élever à une hauteur
confidérable : les fleurs d’un blanc net font affez
larges, 6c naiffent au bout des branches en grappes
lâches, elles exhalent une odeur délicieufe ; il n’eft
pas plus délicat que le jafmin d’Efpagne. Miller dit
en avoir vu un pied en pleine terre contre un mur,
dans le jardin de Hampton-court : ce qu’il y a de
certain, c’eft que la ferre la moins bonne lui fufiit.
La huitième efpece a été apportée du cap de
Bonne-Efpérance, par le capitaine Hutchinfon qui
l’a découverte à un petit nombre de milles dans les
terres où elle croiffoit naturellement ; il fut conduit
vers cette charmante produûion par l’atmofphere
odorante de fes fleurs qui s’étendoit au loin : il y
retourna le lendemain, dit Miller, la fit enlever en
motte 6c mettre dans un pot, elle continua de fleurir
pendant le trajet, 6c elle arriva en Angleterre en
bon état; elle a décoré depuis quelques années le
jardin curieux de M. Richard Wardner, à Wood-
ford, comté d’Effex ; il en donna à Miller des branches
, qui le mirent à portée de faire deffiner ce
jafmin, dont il enrichit fa cent quatre-vingtieme
planche, dans la collection de figures de plantes
gravées qu’il a données au public.
Il paraît, dit Miller, que cet arbriffeau n’a été
connu d’aucun botanifte; car on ne rencontre nulle
part, ni fa figure , ni fa defcription ; il s’en trouve
une efpece de gravée dans la collection, appellée le
jardin de Malabar ; 6c dans les plantes de Ceylan ,
par Burman , qui approche beaucoup de celle-ci,
elle eft appellée nandi ervatum major. Hort. Mal.
mais elle différé de notre jafmin par des feuilles
plus longues 6c plus étroites ; le tube de fes fleurs
eft plus large, & les fegmens de fes bords font moins
étendus ; ce qu’il y a de très-fingulier, c’eft que ce
jafmin dont nous parlons étoit inconnu aux habitans
du cap, qu’il n’y avoit pas un feul individu de cette
efpece dans leurs jardins de botanique, & que le
capitaine Hutchinfon n’en put jamais découvrir d’autre
pied que celui dont il a enrichi l’Angleterre.
Le tronc de cz jafmin eft ligneux 6c robufte, il fe
divife en plufieurs branches, dont l’écorce polie eft
d’abord verte, 6c devient enfuite grife ; les branches
naiffent deux à deux, 6c ont des joints courts ; les
feuilles, dont la confiftance eft épaiffe, font aufil
attachées deux à deux aux bourgeons, elles ont
cinq pouces de long, 6c deux 6c demi de large au
milieu, & diminuent infenfiblement par les deux
extrémités : les fleurs naiffent au bout des branches,
6c font affifes à l’aiffelle des feuilles, une à une, fur
chaque pédicule. Le calice eft un tube à cinq angles,
dont les bords font découpés en cinq fegmens alon-
gés, étroits & terminés en pointes très-aiguës : la
fleur eft monopétale, elle eft découpée en nombre
de fegmens profonds ; mais ces fegmens font tous
joints au tube par le bas : cette fleur a donc l’afpeâ
des fleurs polypétales, mais il s’en trouve qui font
plus doubles que les autres ; cellesrci ont trois ou
quatre rangs de fegmens, 6c on ne leur trouve qu’une
étamine : dans les moins doubles on en trouve , tantôt
deux, tantôt trois, de forte qu’il n’eft pas pofli-
ble d’afligner par ces parties fexii elles la claffe 6c le
genre de cette plante. Comment pourroit-on ( dit
Miller ) déterminer le genre d’une efpece par des
individus à fleurs doubles, dont les parties fexuelles
varient fuivant qu’elles le font plus ou moins : c’eft
en vain qu’on a cru pouvoir faifir uncara&ere confiant
à l’infpedion feule de l’embryon imparfait de
ces fleurs; ceux-ci vus avec une forte loupe , peu
de temps après leur formation, n’ont paru être autre
chofe que des projets de capfule à plufieurs femences.
Des embryons de capfules monofpermes, examinés
de cette maniéré par des perfonnes prévenues
de leur opinion, pourront de même être pris pour
des capfules polyfpermes. Comme j’ai reçu depuis
peu (continue notre auteur ) de Ceylan, des-fe-
mençes de ct jafmin, dont les fleurs font fimples ;
femences qui font accouplées deux à deux dans les
baies, ainfi que celles du café 6c du jafmin des Azo-
res , 6c que ces femences ont levé dans le jardin de
Chelfea; lorfque ces plantes fleuriront, on pourra
déterminer fi notre arbriffeau appartient au genre
des jafmins ou à celui du café ; certainement c’eft à
l’up ou à l’autre, 6c c’pft une précipitation répré-
henfible en botanique que de vouloir en faire un
nouveau genre.
Cette plante fe multiplie aifément par les boutures,
qu’il faut prendre des jeunes branches. ( M.-le
Baron DE T s c h o u d i . )
JASMINOÏDE, {Bot. Jard.) en latin jafminoïdes>
en anglois boxthorn, en allemand b a fart jafmin.
Caractère générique.
La fleur eft un tube campaniforme & incliné,
dont les bords font découpés en cinq fegmens obtus ;
cinq étamines en forme d’alêne environnent un
embryon arrondi, qui devient une baie fphéroïde à
deux cellules : celle-ci contient plufieurs femences
réniformes attachées au placenta.
Efpeces.
i. Jafminoïde à feuilles très-étroites & longues,'
dont le tube des fleurs qui eft alopgé a les fegmens
obtus. Jafminoïde d’Afrique , premier.
Lycium foliis lineari-longioribus, tubo forum Ion-
giori. Mill.
Box-thorn with longer linear leaves, 6cc.
z. Jafminoïde à feuilles très-étroites 6c courtes ,
dont le tube des fleurs qui eft court a les fegmens
ovales 6c étendus. Jafminoïde d’Afrique, fécond. .
Lycium foliis lineari-brevioribus, tubo forum brevio-
ri, fegmentis ovalibus patentiffmis. Mill.
Box-.thorn with shorter Linear leaves.
3. Jafminoïde à feuilles -Cunéiformes. Jafminoïde
d’Italie 6c de Provence.
Lycium
J A S
Lycium foliis cuneiformibus-. Vir. Clif.
Box-thorn with wedge-shapedleaves.
4. Jafminoïde à feuilles lancéolées , un peu epàif-
•fes, & qui a un calice de trois feuilles. J'afminoïde
d ’Afrique, troifieme.
Lycium foliis lànceàlatis xrajfufculis \ Calicibtis
trifidis. Linn. Sp.pl.
Box-thorn with fpear-shap'd ihick leaves.
5. Jafminoïde à feuilles ovales lancéolées, à rameaux
épars ■» à fleurs folitaires, étendues & axillaires
, à ftylë long. Jafmindide de la Chine»
Lycium foliis ovato-lanceolatis, ramis dijfufs,
foribus fùlitariis, patentibus, alarïbus , fy lo longiori.
Mill.
China boX-lhorn.
6. Jafminoïde à feuilles lancéolées , aigues.
Lycium foliis lanceolatis acuds. Mill.
Box-thorn with fpear-shap'd acute leaves.
7. Jafminoïde à feuilles ovales-oblongues , épaiffes,
grouppées, à épines robuftes. Jafminoïde d’Afrique
-, quatrième.
Lycium foliis oblongo-ovatis , craffufculis, confer-
t is , fpiriis robufioribus.
African box-thorn with leaves growing in clufers
and firorig fpïnes.
S. Jafmindide à feuilles très-étroites lancéolées,
grouppées, à calices courts 6c aigus.
Lycium foliis, line ari-lanceolatis, confertis, calici-
bus brevibus acutis. Mill.
Box-thorn with linear fpear-shap'd leaves, growing
in clufers and short acute empalements.
9. Jafminoïde défarmé , à feuilles lancéolées,
alternes 6c pérennes.
Lycium inerme foliis lanceolatis altérais, perennan-
tibus. Mill.
Ever-green fmooih box-thorn.
10. Jafminoïde à feuilles ovale-cordiforïnes , àffi-
fes , oppofées, pérennes, à épines épaiffes accouplées
, 6c à fleurs grouppéès.
Lycium foliis cordato-ovatïs, fefilibus, oppoftis ,
perennantibus ; fpinis crafjis bigeminis , foribus confertis.
Ever-green box-thorn with tkick. double fpiries and
fowers growing in clufers.
Lo. jafminoïde, n°. / ,croît de lui-même en Efpagne,
en Portugal & au cap de Bonnë-Ëfpérance : il s’élève
fur plufieurs tiges irrégulières, garnies de branches
tortues , à la . hauteur de dix ou douze pieds : fes
fleurs d’un pourpre terne, naiffent aux côtés des
branches, 6c font remplacées par des baies jaunâtres
: on le multiplie par fes graines, qu’il faut femer
en automne dans des pots qui pafferOnt l’hiver fous
une caiffe à vitrage, 6c qu’on plongera àu printems
dans une couche tempérée : on peut auflî le reproduire
par les marcottes 6c les boutures au mois de
juillet: les arbuftes obtenus par ces moyens doivent
être plantés chacun d a n s un pot, 6c confefvés l’hiver
avec les myrtes ; car ils auraient peine à foutenir à
l’air libre , les froids les moins rigoureux du nord 6c
de l’occident de la France.
La fécondé efpece habite le cap de Bonne-Efpé-
irace, 6c ne s’élance guere qu’à trois ou quatre piéds
de haut ; les fleurs 6c les fruits font plus petits que
dans le n°. 1 ; il fe trouve dans cette efpece, comme
dans celle que nous Venons de décrite, des touffes
de feuilles largeS, 6c des touffes de feuilles étroites ;
les premières font dâhs celle-ci plus larges, 6c les
fécondés plus étroites que dans la précédente : elle
fe multiplie 6c s’entretient de la même maniéré.
La troifieme vient naturellement datis les haies,
en Efpagne, en Italie, 6c dans les provinces méridionales
de la France : elle s’élève à huit ou dix
pieds dè haut fur plufieurs tiges irrégulières , dont
l’écorce eft blanchâtre : fes feuilles d’un verd-pâle
Tome I I I ,
J A S 50*
font étroites par leur bafe & s’élârgiffent vers le
bout : fes fleurs font petites 6c purpurines, elles
naiffent aux côtés des branches. Cette efpece fe multiplie
comme la prèmiere ; fi l’on expofe cet arbufte
à l’air libre ; il faut avoir foin de le couvrir durant
l’hiver, 6c de mettre beaucoup de litiere fùr fa racine
qui pourrait périr par de fortes gelées.
L’efpece, n°. 4 , s’élance fur des tiges irrégulières
à la hauteur de fept ou huit pieds; les branches fort
armées d’épines robuftes 6c garnies de feuilles ovales
, terminées eh lance, épaiffes, courtes & placées
fans ordre : les fleurs font axillaires, petites, blan-1
ches 6c de peu d’effet, elle fe multiplie 6c fe çonferve
comme la première; elle eft naturelle d’Afrique
d’où elle a été apportée en Angleterre, dit Miller ,
par le dofteur Shaw.
Le jafminoïde, n°. 5, ëft originaire de. la Chine ;
cet arbriffeau pouffe une quantité prodigieufe de
branches fouples ; déliées & tombantes , de forte
que fi on ne les fupporfe pas, après s’être élevées
à deux ou trois pieds, elles fe courbent 6c traînent
par terre ; mais qu’on leur donne un appui, elles
vont prendre un effor prodigieux ; jufque-là que
j’ai mefuré une pouffe de quinze pieds d’une feule
année : on en peut garnir des murs ou des tonnelles ;
les feuilles font légères, ovales, d’un verd gai 6c
affez larges : les fleurs naiffent folitaires aux côtés
des rameaux, elles font d’une formé agréable 6c
d’un purpurin tirant fur le violet ; comme elles ne
font pas grouppées, elles h’ont que peu d’effet;
mais elles fe fuccedent depuis le mois de juin jufqu’à
la mi-novembre, 6c font remplacées par des baies
oblongues 6c pointues d’une belle couleur orangée :
cet arbufte eft très-dur, il reprend de boutures auflî
facilement que l’ofier ; il trace prodigieufement 6c
pouf(e des rejets à plus.de deux toifes de fon pied \
ce qui le rend incommode ; les vaches en mangent
les bourgeons, mais je n’ai pas continué mon expérience
affez Iong-tems pour favoir fi cette nourriture
leur conviendrait»
Le n°. eft aufli indigène dé la Chine ; cet ârbrif*
feau prend une hauteur très-eûnfidérable, il jette
quantité de branches couvertes d’une écôrcé blanchâtre
, 6c armées d’un petit nombre de foibleS
épines : les feuilles ont environ trois pouces de long
fur neuf ou dix lignes de large par le milieu , ce qui
le fait nommer par quelques-uns, jafmindide de la
Chine, à feuilles étroites ; les fleurs font de la même
couleur, mais un peu plus grandes que celles du
précédent : elles paroiffent en juin 6c en juillet, il
leur füccede des baies d’un rouge-vif : cette efpece
fe multiplie de boutures, faites en avril ; cet arbufte
étant foutenu par un bon piquet, & recoupé du
haut annuellement, parviendra à fe foutenir de lui-
même, & formera une grande gerbe très-agréable ;
on peut auflî le Iaiffer ferpenter nëgligémment parmi
d’autres arbuftes, en couvrir des tonnelles ou
en garnir des murs ; il convient de le placer dans les
bolquets d’été : fes tiges & fes branches font plus
robuftes que celles du n°. 6 , 6c s’élancent plus haut
avant de retomber.
La feptieme efpece atteint à la hauteur dé fept où
huit pieds : elle pouffe plufieurs tiges rameufes
armées de longues & fortes épines, au-deffus
defquelles font attachés des grouppes de petites
feuilles oblongues, ovales, & difpofées fans Ordre ;
quelquefois auflî les feuilles rtaiflerit feules : elles
font toutes d’une confiftance affez épàiffe, & leur
couleur eft un verçl tendre; Miller à reçu cetteefpecé
du cap de Bonne-Efpérance , il ne l’a pas vu fleurir,
il affure qu’elle a paffé deux hivers à l’air libre, au
pied d’un mur expofé au fud-eft ; cependant il convient
de l’abriter : elle fe multiplie de la même maniéré
que les premières efpeces.