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avoit été cinq fois conful. Sa porte rite s’eteignit dans
Marcellus, &\s de la foeur d'Augufte , domil avoit
époufé la fille nommée Julie i Si cette alliance lui
ouvrait le chemin à l’empire. Il mourut l’an 547
de Rome.
M a r c e l l u s ( M a r c u s C l a u d iu s ) , deicen-
dant de celui dont nous venons de parler, fut un des
plus zélés partifans de Pompée. Après la difperfion de
ion parti, Céfar jura de ne lui jamais faire grâce. Ce
fut pour fléchir ce vainqueur irrité, que Cicéron
prononça cette harangue fleurie qui défarma la
colere de Céfar. Le fénat joignit fes prières à l’éloquence
de l’orateur : Marcellus fut rappellé de fon
M a r c e l l u s (M a r c u s C l a u d iu s ) , petit-fils du
précédent, étoit fils d’O ô a vie , foeur d Augufte. Sa
naiffance l’appelloit à l’empire du monde, 6c fes .vertus
le rendoient digne de le gouverner. Augufte qui
lé regardoit comme fon héritier, lui fit époufer fa
fille Julie. Une mort prématurée l’enleva à l’empire.
Sa famille chercha des confolatiOns dans la magnificence
de fes obfeques. On célébra des jeux en
l’honneur de fa mémoire ; mais ce furent les larmes
& les regrets qui honorèrent le plus fes cendres.
m Ê m
MARCHE ( l a ) , Géogr. Hifi. Litt. La Marche,
bourg de la Lorraine dans le Barrois, diocefe de
Toul , doyenné de V ite l, entre les fources de la
Meufe 6c de la Saône, à treize lieues de Toul. C’eft
la patrie de Guillaume de In Marche qui a acquis à
Paris le college de Conftantinople , fondé en 1286 -,
par Pierre, Piémontois , patriarche de Conftanti-
nople, adminiftrateur de l’évêché de Paris, où il
n’y avoit plus qu’un bourfier en 1362. Guillaume
qui avoit été procureur de la nation de France
& avocat à la cour eccléfiaftique, avoit gagné de
grands biens ; ce qui le mit en état d’acheter ce colleges,
où il établit un principal, un procureur,, un
chapelain 6c des bourfiers, dont quatre dévoient
être tirés de la Marche, & deux autres de Rofieres-
aux-Salines,' où il avoit été curé.
Beuve , prêtre natif de Voinville où "Winville,
près S. Michel, fon ami 6c fon exécuteur teftamen-
taire , en fonda fix autres pour fes compatriotes 6c
un Chapelain. Guillaume mourut en 1420, 6c fut inhumé
à S. Victor ; 6c Beuve qui avoit été reâeur de
l’univerfitéen 1402, mourut en 1432 , & fut enterré
au choeur des carmes de la place Mâubert. Nicolas
Varin, principal de ce college, fonda en 1502 deux
places pour les enfans de Sanatunte ou Chanimetel,
au diocefe de Verdun. Tels furent les commencemens
du college de la Marche qui fubfifte encore , 6c où
on entretient toujours pareil-nombre de Lorrains. Ce
college a porté long-tems le nom de college de la
Marche Voinville. Le principal avoit fupprimé la
moitié des bourfes ; mais un réglement de 175 1 ,
après de longues procédures, rétablit le nombre
des bourfiers & leurs privilèges.
Ce College a eu des bourfiers Lorrains diftinguéS,
entr’autres Richard de Vaubourg, né à Saint-Michel,
bourfier en 1497, régent, procureur 6c principal
environ 30 ans, enfin doyen de Verdun; il a
écrit l’hiftoire des ducs de Lorraine. D. Calmet,
dans fa Bibliothèque de Lorraine, nous fait encore
connoître au xve fiecle Hugues de Verdun , Jean de
Saint-Michel, Jean & Lambert de la Marche, tous
illuftres par leur favoir, leurs dégrés 6c leurs emplois.
Obfervons que le bourg de la Marche s’appelloit^;
autrefois Hat. Par lettres du 16 août 1725 , le duc
Léopold , l’érigea en baronnie en faveur de Remi
Guérin de la Marche. (C.)
§ M a r c h e , ( Artmilit. Tactique des Grecs. ) Les
Grecs formoient leurs marches en colonne dire&e,
ou en colonne indirecte. Ils les difpofoient encore
M A R
fur un feul front, ou ils les rangeoient de maniéré
qu’ellespouvoient en un inftant faire front de deux,
de trois ou de quatre côtés. Ils marchoient fur un feul.
front, lorfqu’ifs n’attendoient l’ennemi que par un
feul endroit ; ils marchoient fur plufieurs fronts , félon
qu’ils craignoient d’être attaqués à- la fois par
plus d’un cô té , ou prifes de toutes parts. C’étoit
dans cette vue que la phalange ne formoit quelquefois
en marchant qu’un feul corps, ou qu’ils la par-
tageoient en deux, en trois ou quatre divifions.
La marche fe faifoit en colonne direfte, lorfquè
chaque troupe particulière de la phalange commen-
çoit à marcher par le front, 6c que toutes les troupes
fe füivoient ainfi en ordre, félon le rang qu’elles
tenoient dans la bataille; lorfque, par exemple, la
première xénagie ou tétrarchie de l’une des deux
ailes, s’étant mife en mouvement par la tête, les
autres troupes femblables. marchoient fucceflive-
ment- l’une après l’autre, & dans le même ordrdjjP
c’étoit encore une forte de colonne direéle, loi?^
qu’une troupe commençoit à défiler ou par fa droite
ou par fa gauche, pourvu qu’elle eût beaucoup
moins de front que de hauteur, 6c que celle-ci fû t .
environ cinq fois plus grande que l’autre. F ig.zS',
pl. de l'Art milit. Tactique des Grecs, Suppl.
On oppofoit à la difpqfition précédente ce qu’on
nommoit la tenaille. Pour la former, une troupe fe
partageoit en deux divifions qui, marchant' par les
ailes, s’éioignoient par la tête & fe joignoient par là
queue, ce qui leur donnoit la forme d’un angle rentrant
, ou de la lettre V , comme il eft. aifé de le re- .
marquer par la figure où l’on voit tes deux ailes qui
font en avant, féparées, 6c les deux autres jointes
enfemble.
La colonne direéte cherchant toujours à faire fon
plus grand effort fur le centre de la troupe ennemie *
le meilleur parti que celle-ci pût prendre j étoit de
s’ouvrir par le milieu, & de former la tenaille ; parlé
fon centre fe déroboit à la tête de la colonne * tandis
que fes ailes s’avançoient pour la charger en flanc.
Il ne reftoit plus à la colonne d’autre reffource
que de fe partager en trois feéfiôns, dont deux s’at-
tachoient aux deux pointes de la tenaille, &c la troi-
fieme attendoit de pied ferméVfaifant face à l’ouverture
de l’angle, qu’on marchât à elle pour l’attaquer.
Dans la colonne indirecte, l’aile d’une troupe en
devenoit la tête, chaque décurie, au lieu de former
une file, formoit un rang, & les déeurions, au lieu
d’être fur le front, fe trouvoient placés à l’un des
flancs. Si c’étoit fur le flanc droit, la troupe marchoit
en colonne par l’aile gauche : elle marchoit au contraire
en colonne par l’aile droite, quand les décurions
étoient fur le flanc gauche. Une troupe ainfi
difpofée, devoit être prête à faire front en même
tems par autant de côtés qu’elle pouvoit effuyer à
la fois de différentes attaques ; & comme c’étoit ordinairement
par l’un ou l’autre de fes flancs qu’elle
avoit le plus à craipdre, c’étoit aufli par où il falloir
qu’elle fût en état de fe défendre avec plus d’avantage.
Il convenoit pour cet effet que fa longueur fût
au moins triple de fa hauteur, ou dans la proportion
de dix à trois. Fig: 2.8 6c 29. ( V.)
M a r c h e , f. f. ( Mufique. ) air militaire qui fe
joue par des inftrumens de guerre 6c marque le métré
6c la cadence des tambours, laquelle eft proprement
la marche.
Chardin dit qu’en Perfe, quand on veut abattre
des maifons, applanir un terrein, ou faire quelques
autres ouvrages expéditifs qui demandent une mul- -
titude de bras, on affemble les habitans de tout un
quartier ; qu’ils travaillent au fon des inftrumens,
6c qu’ainfi l’ouvrage fe fait avec beaucoup plus de
zele 6c de promptitude que fi les inftrumens n’y
étoient pas.
MA R
Le maréchal de Saxe a montré dans fes Rêveries,
que l’effet des tambours ne fe bornoit pas non plus
à un vain bruit fans utilité, mais que félon que le
mouvement en étoit plus vif ou plus lent, ilscor roient
naturellement le foldat à preffer ou ralentir
fon pas : on peut dire aufli que les airs des marches
doivent avoir différens cara&eres , félon les occa-
fions où l’on les emploie ; & c’eft ce qu’on a dû
fentir jufqu’à un certain point, quand on les a distingués
& diverfifiés : l’un pour la générale , l’autre
pour la Marche, l’autre pour la charge, &c. mais il
s’en faut bien qu’on ait mis à profit ce principe autant
qu’il auroit pu l’être. On s’efl borné jufqu’ici à
compofer des airs quififfent bien fentir’ le métré 6c
la batterie des tambours : encore fort fouvent les
airs des marches rempliffent-ils affez mal cet objet.
Les troupes françqilès ayant peu d’inftrumens militaires
pour l’infanterie, hors les fifres & les tam-
'l> bours, ont aufli fort peu de marches, & la plupart
très-mal faites ; mais il y en a d’admirables dans les
troupes allemandes.
Pour exemple de l’accord de l’air & de La marche,
on peut voir ( fig. S , pL. VII de mufique, dans le
Dict. raij. des Sciences , &c. ) la première partie de
celle des moüfquetaires du roi de France.
II n’y a dans lés troupes que l’infanterie & la cavalerie
légère qui aient de smarches. Les timbales de
la cavalerie n’ont point de marche réglée ; les trompettes
n’ont qu’un ton prèfque uniforme ,& des fanfares.
Voye{ FANFARE ( Mtifiq.) dans le Dict, raif. des
Sciences, &c. (S')
Remarquons encore qu’une marche doit être à
deux ou quatre tems, 6c commencer par une croche
ou une noire avant la mefure ; il eft prefque impof-
fible de marcher en cadence fur un air à trois tems,
à moins qu’il ne fût fait enforte que la céfure fe fît
fentir de deux en deux tems, c’eft-à-dire#, à moins
que le compofiteur n’ait écrit un air à quatre temS\
comme s’il étoit à trois. Le levé de la mefure marque
naturellement le lever de la jambe; c’eft pourquoi
l’air commence par une note avant la mefure.
Marche fe dit encore pour exprimer la fucceflion
des tons ou des accords. Voye£ M a r c h e r , (\Mufiq.)
Suppl. ( F. D. C.)
MARCHER, v . n. (Mujîque.')ce terme s’emploie
figurément en mufique , & fe dit de la lucceflïon des
fons ou des accords qui fe fuiventdans certain ordre.
La baffe & le deffus marchent par mouvtmens contraires.
Marche de bajje. Marcher à contre-tems. ( S ) jg.
MARCIEN , ( Hijîoire des, empereurs. ) Ce Thrace
fit Oublier la baffeffe de fon origine par fon courage.
6c fes talens guerriers. Le jour qu’il quitta fon
pays pour aller s’enrôler penfa être le dernier de fa
vie. Il rencontra fur fa route le cadavre d’un voyageur
qui venoit d’être affafliné. Il s’arrêta pour examiner
fes bleffures autant par curiofité que par le defir
de lui procurer un remede à fes maux ; il fut apperçu
& foupçonné d’avoir commis ce meurtre. On le
conduifit en prifon, & l’on étoit prêt à le condamner
au dernier fupplice lorfque le véritable affaflin fut
découvert. Il ne vieillit point dans l’emploi de foldat
; il parvint aux premiers grades de la milice fans
d’autrës protefteurs que fon mérite. Théodofe trop
foible pour fupporter le poids d’une couronne,
avoit avili le pouvoir fouverairt moins par fes
vices que par fon indolence. Sa foeur Pulche-
rie employa tout fon crédit pour lui donner un
fucceffeur qui fît refpefter la majefté du trône :
.elle fe flatta que Marcien lui devant fon élévation
, l’épou feroit 6c partageroit avec elle l’autorité
fuprême. Ses intrigues eurent un heureux
fuccès. Marcien fut proclamé empereur, mais engagé
par un voeu de chafteté, il refufade le rompre.
Son régné fut appellé Yâge d'or, & ce fut la loi
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aflife fur le-trône qui prcfida aux deftinées des citoyens.
Quoique Marcien fût déjà vieux, il fem-
bloit avoir encore la vigueur de la jeuneffe. Les
Barbares n’exercerenr plus impunément leurs brigandages.
Attila lui envoya demander le tribut annuel
que Théodofe fécond s’étoit fournis à lui payer.
Il lui répondit: «Je n’ai de l’or que pour mes amis
» & je garde le fer pour en faire ufage contre mes
» ennemis. » Quoiqu’il eût tous les talens pour faire
la guerre avec gloire, il ne prit jamais les armes que
pour fe défendre. Il avoit coutume de dire qu’un
prince qui faifoit la guerre lorfqu’il pouvoit vivre
en paix étoit l’ennemi de l’humanité. La reconnoif-
fance fi rare dans les fortunes élevées, fut une de
fes vertus furie trône. Talianus & Julius, qui étoient
deux freres, lui avoient donnél’hofpitalité dans une
de fes maladies ; après qu’il eut recouvré fai fanté
par leurs foins, ils lui firent encore préfent de deux
cens pièces d or pour continuer fon voyage. Mar-
çien s en fouvint lorfqu’il fut parvenu à l’empire :
il donna à l’un le gouvernement d’Illyrie & à l’au-
tre celui de Conftantinople. Genfenc avoit envahi
l’Afrique. Marcien fe difpofoit à le dépouiller de fes
ufurpations, lorfque la mort l’enleva aux voeux des
peuples après un régné de fept ans dont chaque jour
avoit été marqué par des traits de bienfaifance. Sa
foi fut pure & brûlante. Les ortodoxes exilés peu-
ploient les déferts , il les rappella pour les élever
aux premiers emplois. Les hérétiques furent perfé-
cutes 6c exclus des dignités. Il convoqua en 451 le
concile général de Chalcédoine, & fe chargea d’en
faire oblèrver exadement les décrets. Sa mémoire
fut long-tems précieufe aux peuples qu’il avoit déchargés
du poids des impôts. Le pinceau des hérétiques
,a un peu défiguré fes traits. Ils l’ont peiht
comme un prince foible & pufillanime. Il mourut
en 457- ( T - * . )
§ MARCOT f E , ( Jardinage.) Nous avons dit
dans Yarticle B o u t u r e , Supplément ? que les parties
noueufes, âpres & inégales des branches, fe trouvoient
pourvues d’un grand nombre de mamelons
intercutanés, propres à pouffer des racines dès
qu’ils fe trouvent enterrés; quelquefois même la
fraîcheur de l’ombre fuflit pour procurer leur développement.
J’ai vu dans un de mes bofquets une
branche de troène qui s’étendoit à quelques pouces
de la fuperficie du fo l; elle avoit pouffé des
racines tendres qui vivoient d’air; & plufieurs efpe-
ces de figuiers lont naturellement pourvus de pareilles
racines.qui partent des noeuds des branches.
C’eft ainfi que la nature a pris foin de nous dévoiler
l’ingénieufe 6c utile pratique de marcotter les
arbres.
Elle fe trouve parfaitement détaillée dans l'article
M a r c o t t e du Dictionnaire raif. des Sciences, &c.
on y trouve même le moyen de contraindre à s’enraciner
les marcottes des arbres qui y font le moins
enclins. Voyeç aufli à l 'article B i g n o n i a de ce
Supplément, la façon dont nous nous y fommes pris
pour faire réuflir les marcottes du catalpa , qui juf-
ques-là pafloit pour ne pouvoir pas être multiplié
par cette voie. Les articles A l a t e r n e & C l é m a t
i t e de ce même ouvrage, contiennent quelques détails
que le cultivateur ne dédaignera pas.
Nous nous bornerons ici à une obfervation qui
paroît avoir échappé aux auteurs du jardinage : ils
n’indiquent pour marcotter que le printems & l’automne
; cependant chacune de ces faifons a des
inconvéniens pour ce qui concerne certains arbres.
Il en eft de délicats, dont les branches très-fatiguées
par l’hiver, loin d’avoir au retour du beau tems
affez de vigueur pour produire de leur écorce des
racines furnuméraires ,'ont à peine la force qu’il
leur faut pour fe rétablir. D ’autres arbres moins