
Kepler, Afironomice pars optica, p. 264. La terre re* |
fléchit la lumière dix foleil vers la lune, comme la
lune la réfléchit vers la terre. Quand la lune eft en
conjon&ion pqur nous avec le foleil, la terre eft
pour elle en ôppofition ; c’eft proprement pleine
terre pour l’obfervateur qui feroit dans la lune ; 6c
la clarté que la terre y répand, eft telle que la
lune en eft illuminée beaucoup plus que nous ne le
fommes par le plus beau clair de lune, qui nous
fait cependant appercevoir tous les objets. La terre
ayant une furface treize fois plus grande que celle
de la lune, y doit donner treize fois plus de lumière,
& la lune ainfi éclairée, devient très-vifible pour
nous , même dans la partie que le foleil n’éclaire
point. C/eft vers le troifieme jour de la lune que
cette lumière eft la plus fenfible, parce que la lune
eft affez dégagée des rayons du foleil, 6c que fon
croiffant n’eft pas affez fort pour éteindre la lumière
cendrée 6c nous empêcher de la diftinguer. (M. d e
l a L a n d e . )
LUNE, ( Agronomie.) Depuis vingt ans les géomètres
6c les aftrononies s’occupent à faire de bonnes
tables des mouvemens 6c des inégalités de la
lune. Voici la valeur de toutes les équations, telles
qu’elles réfultent des nouvelles tables de Mayer, les
meilleures que l’on ait faites jufqu’à préfent, & que
j ’ai publiées dans mon Agronomie.
Il faut appliquer ces équations à la longitude
moyenne de la lune qui eft pour 1760, 2s 2 id 39#
38" ; la longitude de l’apogée eft de 7s 7d 54' 19'' ;
6c celle du noeud 2* 2Ôd 51' 16". Pour former les
argumens de ces équations, on commence par chercher
le vrai lieu du foleil , enfuite le lieu moyen de
la lune, de fon apogée & de fon noeud pour le moment
donné ; le lieu de fon apogée retranché du lieu
moyen -de la lune donne fon anomalie moyenne.
On ajoute enfuite à cette anomalie moyenne l’équation
annuelle, qui vient des inégalités de I’apogée
= 23' i2H fin. anom. moy. © , 6c au fupplément du
noeud fon équation annuelle — 8' iô f/ fin. anom.
moy. © ; mais on n’emploie l’anomalie de la lune
corrigée, auffi bien que le noeud corrigé, que dans
la onzième équation, pour laquelle on corrige encore
l’anomalie avec toutes les dix premières équations.
Pour la douzième on applique à la diftance de la
lune au foleil la onzième équation. Pour la t re iz ièm e ,
on emploie la longitude corrigée par la douzième ;
& pour la quatorzième on emploie la longitude vraie
de la lune dans fon orbite.
r + i i 7 16" fin. anom. moy. (^équation ann.
labié 1 _ Q J, 2. anom. moy. © . Il y en a une
£ femblable pour l’apogée & pour le noeud.
IL — o° 0' 34w fin. 2 dift. moy. (£• © 4- anom.
moy. . '
1 II. — o 1 9 fin. 2 dift. moy. (£ © — anom.
mo y,© .' • • -
IV. + q o 54 fin. 2 dift. moy. (£ © + anom.
moy. C .
C — 1 20 33 fin. 2 dift. moy. C © — anom.
V . \ moy. CEveü.
Y - f o o 36 fin. 4 dift. moy. (C © — 2 anom.
( . moy. C*
VJ. + 0 2 9 fin. arg. éveéiion + anom. moy. ©.
VII. o o 49 fin. arg. éve&ion. — anom. moy.
f.-(-o o 34 fin. anom. moy. (£ — anom.
mo y.© .
4 - 0 0 5 8 fin. 2 dift. moy. Ç © — 2 arg.
moy. de lat. ou fin. 2 ( Q_ — © }
^4- 0 0 t6 fin. dift. moy. :{£ © — anom.
I moy. C ou fin. ( apogée C — © )•
© o 58 fin. 2 dift. moy. (C ©.-^ 2 anom.
tnrwr (T* n\\y tVrt.
Equation de C orbite.
F — 6 18 15 fin. anom. C corrigée par les
jÇj \ équationsprécéd.&parfonéquationA.
) 4- o Ï2 58 fin. 2 anom. (Q,
( - o o 37 fin. 3. anom. C»
Yaria don.
!- 0 1 57 fin. dift. C © corrigée par
les équations précédentes.
4 - 0 3 5 43 fin. 2 dift. C © .
4 - 0 0 2 fin.- 3 dift. C ©^ ‘
4- o o 10 fin. 4 dift. (C ©.
X III. + 0 1 7 23 " fin. 2 arg. lat. corrig. —
anom. corrigée.
X IV . - 0 6 43- fin. 2 arg. lat. c’éft la réduction
à l’écliptique.
X V . — 0 0 18 fin. long. moy. Q c’eft la
nutation.
L’orbite de la lune eft inclinée fur l’écliptique, de
même que celles de toutes les autres planètes jainfi,”
la lune traverfe l’écliptique deux fois dans chaque révolution
, & fept jours après l’avoir traverfe dans un
de fes noeuds, elle s’en éloigne de 5 d. Sans cette incli-
naifon, nous aurions tous les mois une éclipfe de
foleil le jour de la conjonéfion, & une de lune le
jour de l’oppofition. Mais au contraire, il y a „des
années entières oit il n’arrive aucune éclipfe de lune,
(par exemple en 176 3 ), parce qu’au moment de
chaque oppofition , la lune eft trop éloignée de fon
noeud, & fe trouve par conféquent au-deffus ou au-
deffous de l’écliptique, oh relient toujours le centre
du foleil & l’ombre de la terre. Cette inclinaifon qui
n’eft que de 5 d dans les nouvelles ou pleines, lunes
qui arrivent à 90 d des noeuds, fe trouve de 5 d 1 7 f
6c demie dans les quadratures. Ce futTycho qui fît
le premier cette importante obfervation. L’inclinai-
fon moyenne eft de 5 d 8 '4 6 ". Le noeud afeendant
de la lune ou celui par lequel elle traverfe l’écliptique,
en s’avançant vers le nord, s’appelle quelquefois
la tête du dragon, & fe défigne par ce caraétere A..
Le noeud defeendant ou queue du dragon, fe déligne
par celui-ci Y * Ce qu’il y a de plus remarquable dans
les noeuds de la lune, c’éft la promptitude de leurs
mouvemens. Si la lune traverfe î’écliptique dans le
premier point du bélier ou dans le point équinoxial
(comme cela eft arrivé au mois de juin 1764 ) , dix-
huit mois après, c’eft dans le commencement des
poiffons qu’elle coupe l’écliptique, c’eft-à-dire, que
le noeud a rétrogradé de 30 d ou d’un ligne entier,
& il fait tout le tour du ciel dans l’efpace de 18 ans
228 jours4 h 52' 52" 3.
Ce mouvement des noeuds fut aifé à reconnoître
en voyant la lune éclipfer, par exemple,'la belle
étoile du coeur de lion ou régulus qui eft fur l’écliptique
même ; quand la lune éclipfe régulus ( comme
cela eft arrivé au mois de juin 1757 ) elle eft évidemment
dans fon noeud ; donc alors le noeud eft à
4 S 26 d de longitude, comme régulus; mais quatre
ou cinq ans après , la lune paffant au même degré de
longitude, fe trouve à 5 dau-defliis ou au-deffous de
l’étoile ; cela prouve que le noeud eft à 90 d de l’étoile:
au bout de 18 ans la lune repaffe vers les mêmes étoiles
, & tout recommence dans le même ordre. Après
avoir obfervé plufieurs fois ce retour, on a vu que
les noeuds de la lune faifoient une révolution entière
contre l’ordre des figues , en 6798 t 4 h 5 2 '5 2 " 3 ,
par rapport aux équinoxes, & de 6803 i 2 h 5 5 ' ié "
4 , par rapport aux étoiles fixes. Tycho Brahé reconnut
auffi dans le mouvement des noeuds une inégalité
qui va jufqu’à 1 **46' en plus & en moins , &
il vit que cette inégalité combinée avec celle de l’in—
clinaifon fe réduifoit à une équation de la latitude de
la lune, qui eft de 8■ ' 49 ", multipliées par le finus de
deux fois la diftance entre la lune & le foleil, moins
l’argument de latitude de la lune. Le lieu du noeud
de la lune , au commencement de 1772, étoit à 7 s
4 d 46 ' ; cela fuffiroit pour trouver fa fituation en
tout tems.
Cependant, pour qu’on puiffe ici trouver le dépôt
de nos connoiffances les plus exaéles fur la théorie
de la lune f à l’époque aéluelle de 1774, nous allons
rapporter encore l’équation entière de la latitude,
fuivant les nouvelles tables de Mayer, comme nous
l’avons fait pour la longitude,
Table I , f — 5 d 8 ' 46" fin. arg.-de latit.
Latitude 6 " fin. 3 arg. de latit.
I I . 4. 8 ' 49 w fin,. 2 dift. (£ © ,7 -arg. de latit.
III. 0 . x " fin. arg. de latit. - a n o m . © .
IV . — 17 " 4 fin. arg. de lat. — anom. moy. (£•
V. — 24 " 1 fin. arg. latit. — 2 anom. moy. (£.
4“ z " 7' arg* latit. — 3 anom. moy, (£.
VIL - 8 " 3 fin. 2 dift. C © B arg. latit. +
anom.©. , . . -«■ ;
V I I I .- 3 " 7 fin. 2 dift. (C © - arg. latit. -
anom. © .
v“ z " -A fin. 2 . dift. C © - arg. latit. 4-
anom. moy. (CX
. 4- 15, " o fin, 2 dift. C © - arg. latit. -
anom. moy. (£•
XI- ï— 6 " o fin. x - arg. latit. — 2
anom. moy. (£.
Le diamètre apparent de la lune varie comme la
parallaxe, à raifon de fes di.verfes diftances à la
terre ; le plus grand diamètre périgée eft de 33 ' 34"
dans les oppofitions, & le plus petit diamètre,.lorf-
que h lune eft apogée 6c en c o n j o n c t i o n , n ’ e ft. que
de 29 25 ". On verra les caufes de ces changemens
au mot P a r a l l a x e , dans ce Suppl.
La maniéré la plus fimple de mefurer le diamètre
de la lune, eft d’obferver le tems que le difqûe de la
lune emploie à paffer par le méridien , ou de le mefurer
avec les micromètres 6c les héliometres. CM.d e
l a L a n d e . )
L u n e , ( AJlron. Chron.) fe dit auffi du mois lunaire,.
une lune, deux lunes, &c. un mois , deux
mois , comptés fur les phafes de la lune. Le peuple
dit auffi la lune de mars, la lune d’a v r il, &c. fans
trop favoir ce qu’il entend par-là. Les favans ont
quelquefois varié à ce fujet, & il fera utile d’en
donner ici l’explication.
Dans le Journal Eccléjiaftique ( janvier t j j t ) ,
M. Rondet a mis une affez longue differtation pour
prouver que la lune pafchale doit être appellée lune
de mars ■: mais l’ufage eft contraire ; ca r, fuivant
l ’ancienne réglé des computiftes, in quo completur
menfi lunatio detur. La lune de mars eft celle qui
finit dans le mois de mars. Cet ufage eft attefté par
Clavius ( pag. /3( f ) , par M. Blondel, de l’académie
des fciences, maréchal-de-camp, mort en 1686,
dans fon Hijloire du calendrier romain, publiée en
168a {pag. 11 cf ) , 6c par l’auteur d’un mémoire intitule
: QueJIion curieufe, oh l’on demande de quel
mois de l’année folaire doit prendre fon nom chaque
mois de l’année lunaire ( Journal de Trévoux, mai
iy4i ). L’ufage que je viens d’obferver a été de
même fuivi dans le grand ouvrage intitulé : l'Art
de vérifier les dates , édition de 1770 , in fol. p. 22.
Sur xce principe , la lune pafchale n’eft jamais la lune
de mars; ce que l’on avoit déjà obfervé dans le Mercure
de France, Si dans le Calendrier de la Flandre pour
l’année 1740.
Le venerable Bede penfoit que le mois lunaire
devoit prendre fon nom,du mois folaire oh la pleine
lune arrive ; d’autrës ont prétendu qu’il fàlloit donner
au mois lunaire le nom du mois oii la lune com-
mençoit : mais dans une queftion de mots, fi l’on veut '
L U ^ 5 1 3
prendre un parti, je crois qu’on peut s’en tenir à ”,
l’ufage le plus général. L’on s’en eft cependant écarté
dans le Colombat ou Calendrier de la Cour jufqu’à
1770,0b je fisfupprimer la dénomination des lunes,
en meme tems que j’y fis quelques autres correClions.
Mais une femblable dénomination des lunes fera
toujours équivoque ; elle ne fera jamais comprife
par le grand nombre de ceux qui s’en ferviront ; 6c
c eft ce qui nous a obligé à n’en point faire ufage. II
aut convenir cependant que la dénomination des
■ lunes, dans les 19 années du cycle lunaire, a dû faire
adopter l’ufage que j’ai expliqué ci-deffus/préférablement
à tout autre.
En effet, la première année du cycle lunaire, par
exemple , 1767, a une lunaifon qui commence le
p rem ie r ja n v ie r , 6c finit le 30. C’eft inconteftable-
ment, & pour tout le monde , la lune de janvier»
La fuivante doit être naturellement appellée la lune
de février : celle-ci finit en février. Il en eft de même
de toutes les fuivantes , jufqu’au mois d’o c to b r e de
la troifieme annee , oh il finit deux lunaifbns, après
lesquelles on com m en c e à compter les lunes de la
même maniéré. Mais c’eft toujours la lune, qui finit
dans un certain mois, qui en prend la dénomination.
( M. d e l a L a n d e . )
LUNEL , {Géogr.) en latin LunateLünelium,
ville ancienne , & autrefois célébré du Languedoc .,
diocefe de Montpellier, entre Montpellier 6c Nifmes.
Son terroir eft fertile & agréable, & produit d’excellent
vin mufeat.
Aux 12e & 13e fiecles , il y avoit une fynagogué
de Juifs qui étoit fameufe : les Juifs étrangers ve-
noient étudier la loi dans l’académie de Lunel, SC
les jeunes éleves ëtoient nourris & vêtus aux dépens
du public , chez les rabbins , qui avoient foin
d’eux. Les plus fameux font le rabbin Benjamin,
Salomon Larchi, morts en Ü05 6c 1080 ; Jüda , 6c
fon.fils Samuel, morts en 1201. Lunel, chef-lieu
d’une baronnie 6c d’unè viguerie, fouffrit beaucoup
pendant les guerres de religion. Le niâréchal de
Damville y fit conftruire une citadelle eri 1574 ,
qui fut détruite par ordre de Louis X I I I , en 1632.
Lunel fut uni au domaine en 120? & en iaoo.
wBê ■ ■ - H LUNETTES a c h r o m a t i q u e s , ( Optiq.) c’eft-
à-dire , fans couleurs, font celles oh l’on corrige
l’aberration des rayons qui colorent & défigurent
les objets, 6c dont les verres font coiripofés de deux
ou trois côüches de d iv e r fe s denfité s. Voy. A c h r o m
a t i q u e , dans ce Suppl.
Cette découverte eft une des plus importantes
qu’on ait faites pour le progrès de raftronomie depuis
un fiecle : la première idée en eft due à M.
Euler, 6c elle fe trouve dans les Mém. de Berlin,
tom. JII. ann. 1747 9 p. zy5. Cet illuftre académicien
obferve que la différence des foyers des rayons
de diverfes couleurs, eft la principale caufe de l’im-
perfeftion des lunettes, parce qu’entre le point oh fe
réuniffent les rayons violets 6c celui oh concourent
les rayons rouges , il y a un pied de différence fur
une lunette de .27 pieds. Cette difperfion des foyers
eft caufe qu’on ne peut pas joindre à un objeélif
donné, un oculaire d’un très-court fo y e r , parce
que l’image que l’oculaire doit repréfèhtér étant
étendue fur un efpace confidérable, le petit oculaire
ne peut,la raffembler. Newton avoit déjà foup-
çonné que des objëclifs, Compofés de deux verres
avec de l’eau entre-deux, pourroient diminuer l’aberration
de la fphéricité ; mais il ne paroît pas qu’il
eûtfongé à rétrécir , parle même moyen , l’efpace
par lequel les foyers des divers rayons fe trouvent
difperfés. M. Euler confidéra que dans notre oeil les
différentes humeurs font arrangées, de forte qu’il
n’en réfulte aucune diffufion de foyer; il penfa qu’on