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leur fit défenfe d’aller déformais à Jerufalem. Il eleva
au facerdoce les derniers du peuple, qui netoient
pas de la tribu de Lévi, il établit des fêtes folem-
nelles à Béthel, comme à Jérufalem, ÔC il réunit dans
fa perfonne la dignité du facerdoce à la maj efté royale.
Dans le moment , qu’environné de toute fa cour,
d’une grande multitude de peuple, il faifoit briller
de l’encens fur l’autel de Béthel, un prophète vint,
de la part de Dieu, prédire à Jéroboam que cet autel
facrilege feroit détruit , qu’il naitroit un fils de la
race de David, nommé Jojîas, qui egorgeroit fur cet
autel tous les prêtres qui y offriroient de l’encens,
6 il ajouta que pour preuve qu’il difoft la vérité,
l’autel alloit fe fendre en deux à l’heure même : A lt*-
r t , Altare, hotc dicit Dominas : ecce filius nafcetur do-
ntus D avid, Jojîas nomine, & immolabit fuper te facer-
dotes excelforum qui nunc in te thura fùccendunt, 6*
ojfa hominum fuper te incendet. Jéroboam ayant étendu
la main pour faire arrêter, le prophète, fa main fe fé-
cha, 8c l’autel fe fendit auffi-tôt. Alors le roi pria
l’homme de Dieu d’obtenir fa guérifon, 8c fa main
revint à fon premier état. Ce prodige ne changea pas
le coeur de Jéroboam ,* il ne quitta point fa voie corrompue
, il continua d’entretenir le peuple dans l’erreur,
8c il mourut dans fon impiété, après vingt-,
deux ans de régné; an du monde 305o. En punition
de fon apoftafie , fa maifon fut détruite & exterminée
par Baafa, félon la prédi&ion d’Abias de Silo,
8c c’eft ainfi que ce prince, ingrat jufqu’à l’impiété,
'quoique comblé des bienfaits de Dieu, fit rentrer fa
famille dans le néant, d’oii elleavoit été tirée, en
voulant l’affermir fur le trône aux dépens de la fidélité
qu’il devoit à l’auteur de fon élévation. La vengeance
de Dieu s’étendit même fur tout Ifraël, qui
avoit eu la lâche complaifance d’imiter l’impiété de
fon roi. (+)
JÉROBOAM , ( Hiji.facr.) fécond fils de Joas, roi
d’Ifraël, ayant fuccédé à fon pere, fit le mal devant
le Seigneur, 8c marcha dans les voies de jéroboam,
fils de Nabath, qui avoit fait pécher Ifraël ; cependant
fon régné fut long 8c heureux, en exécution des
promëffes que Dieu avoit faites à fon grand - pere
Joachaz. Voye{ Jo a c h a z , Suppl. Ce prince rétablit
le royaume d’Ifraël dans fon ancienne fplendeur,
reconquit les pays que les rois de Syrie avoient
ufurpés 8c démembrés de fes états, 8c réduifit fous
fon. obéiffance toutes les terres de delà le Jourdain
jufqu’à la mer Morte. Nous voyons par les prophéties
d’Ofée, d’Amos 8c de Jonas, qui vécurent lous ce
régné, que lamolleffe, la fomptuofité 8c l’impiété.,
régnoient dans Ifraël, que l’on adoroit non-feulement
les-veaux d’or à Béthel, mais que l’on fré-
quentoit tous les hauts lieux du royaume, où l’on
commettoit toutes fortes d’abominations. Jéroboam
mourut l’an du monde 3210, après quarante 8c un
ans de régné, (-f-)
§ JERSEY, ( G é o g r île d’Europe, fituée dans la
Manche ou canal de S. Georges, à 5 lieues de diftance
des côtes de Normandie, mais foumife à la couronne
Britannique, 8c comptée dans le diftriâ: de la province
de Hamp. On lui donne 1 2 milles d’Angleterre
dans fa plus grande longueur, 8c fix dans fa plus
grande largeur. Les Romains l’appellbient Cefarea :
ils y ont laiffé les traces d’un camp 8c diverfes médailles.
Ses côtes font d’un accès fort difficile; elle
eft comme entourée de bancs de fable 8c de rochers:
il faut le fecours des pilotes du pays pour y aborder
ou pour en fortir fans péril. Son fol très-peu fertile
en grains, produit d’excellens pâturages, 8c nourrit
entr’autres des brebis dont la laine eft d’une extrême
fineffe. Il y croît peu de bois, peu de fruits 8c peu
de légumes. L’on y brûle le varec ou fucus marinus
de Pline, 8c l’on y fupplée par le commerce à tout
ce dont on y peut d’ailleurs avoir befoin, 8c que leterroir
ne fournit pas. Il y a dans cette île, en dépit
de fa ftérilité, près de vingt mille habitans, repartis
en douze paroiffes. Les lieux_principaux en font faint
Helier ôc faint Aubin. Chacun s’y livre aux travaux
ou de la pêche, ou de la navigation, ou des manu-
fa&ures. L’on y parle François , l’on y fuit le droit
Normand, 8c l’on y chérit la domination Angloife.
Un lord de la famille de Villiers porte le titre de
comte de Jerfey. (D . G . )
JESRAEL ou Jezr AEL,/tvne/zce de D ie u , ( Géogr.
facrée. ) ville fituée dans le grand champ de la tribu
d’Iffachar, autrefois habitée par les Chananéens,
étoit le féjour ordinaire d’Achab. Cette ville eft devenue
fameufe par la vigne de Naboth , dont Achab
s’empara, 8c par la vengeance que Dieu tira de ce
prince 8c de fa famille. (+)
JESSÉ, ( Hifi. facrée. ) pere de David, de la race
duquel devoit naître leMeflie: Egreditur virga de
radice Jejfe, & flos de radie e ejus ajeendet. I f x j . 1.
Ce pays fe prend auffi pour le pays méridional de
l’Arabie, du côté de l’Egypte: Nabuchodonofor mifit
ad omnem terramJejfe. Jug. x iij. C’eft le même que la
terre de Jeffen. (+)
IESSO, ( Géogr. ) Voye^ YEÇO, ( Géogr.) Suppl.
JETTER l'or, Vargent ou le cuivre en lames, ( Mon-
noie. ) c’eft remplir de ces métaux quand ils font en
bain, c’eft-à-dire, quand ils foht parfaitement en
fufion, les moules ou chalïis qui ont été préparés
avec de la terre à fondeur pour fervir à cet ufage. .■
Quand on jette de Vor en lames, on le verfe dans le
jet du moule avec le creufet où il a été fondu; mais
pour verfer l’argent bu le cuivre, on fe fert de grandes
cuillers de fer à manche de bois, avec lèfquelles
on puife les métaux ardens 8c liquides dans les creu-
fets de fer, où ils ont été mis en fufion. (+)
§ JETTONS, (Monnoie.) L’Angleterre a l’obligation
au célébré Jean Loke de l’ufage fe s jetions. Pour
nous, nous avons des jetions très-anciens : il y en a
du tems des rojs Charles VII, Louis X I, Charles
VIII, LouisXII 8c FrançoisI ,qui expriment par leurs
inferiptions 8c leurs fymboles, qu’ils fervoient à calculer,
tant dans les bureaux des rois que chez les
ducs de Bourgogne, les ducs d’Orléans, divers officiers,
cardinaux, prélats; on les appelloitpièces de
plaijîrs. On ne peut douter que ces pièces, ainfi
que les monnoies, n’aient été fabriquées avec le marteau
jufqu’à Henri II. Un Menuifier, natif de Saint-
Geneft en Auvergne, nommé Aubin Olivier, inventa
fous ce régné l’art de monnoyer au moulin
: on fut furpris de la beauté de fes effais. Henri
II établit une nouvelle fabrique de monnoie à Paris.
Olivier y prit foin des machines; J. Rondelle 8c
Delaune, excellens graveurs, firent les poinçons 8c
les quarres : 8c fous la direôion de Marillac, ils firent
les jettons les mieux monnoyés qu’on verra peut-
être jamais. Il y en a du roi Henri II, de François II,
de Charles IX 8c de Henri III. Warin, excellent
graveur, ajouta aux machines d’Olivier la balance ;
il n’y a rien de comparable à cétte machine pour
le force, la vîteffe 8c la facilité d’y frapper des pièces.
En 1 6 4 0 , toutes les vieilles monnoies furent fondues
8c fabriquées de nouveau; mais avec un tel
éclat de beauté, que depuis cette réformation générale
les monnoies de France ont été admirée^ des
peuples même de l’Afie ; les dames de ce pays les
entremêlent avec les pierres 8c lés perles pour fe
faire dés coliers , des braffelets.... En 16 4 5 , fut fup-
primé l’ufage du marteau; Warin devint alors directeur
des monnoies de France , à M. Warin fuccédà
M. Balin, fameux orfevré du roi qui a orné la galerie
de Verfailles de chefs-d’oeuvre : après lui l’abbé Biron ,
connu par fa belle Hifloire métallique de Hollande :
M. Petit, fectétaire du roi, l’exerça jufqu’en 16 90 ,
qu’elle fut érigée en charge ; M. de Launai en fut
pôurvu ; on lui doit des curiofités 8c des embelliffe-
mens qu’il a fait à là monnoie des médailles. L’invention
de la légende Dominefalvum eft de M. Caftamg,
ingénieur du r o i , qui la mit en oeuvre en 168 5. dans
toute la France. Il n’y a qu’une feule monnoie des
médailles. Sous M. de Launaifurent faites deux fuites
complettes de médailles : la première eft cette belle
hiftoire métallique de Louis X IV , par les foins
de M. Colbert; elle parut en 1702; elle contient
286 médailles qui vont jufqu’à l’avénement de Philippe
, duc d’Anjou, à là couronne d’Efpagne : l’autre
fuite due à M. de Launai, eft celle des rois de France
depuis Pharamond jufqu’à LouisXIV. Pour & Contre,
cinq vol. 1 y34’ (<"■ •)
JEU, ( Mufiq. ) l ’ a & i o n de jouer d’un infiniment :
on dit plein-jeu, demi-jeu, félon la maniéré plus forte
ou plus douce de tirer les fons de l’inftrument. ( S )
Je u x d e l a N a t u r e , & Mo n s t r e s , ( Anat.
Phyfiol. ) Nous ne féparerons pas ces deux articles,
il feroit difficile de trouver leurs limites. Nous entendons
par monftre tout animal, dont la ftrutture
s’éloigne de la ftru&ure ordinaire d’une maniéré à
frapper les yeux, 8c à s’attirer l’attention du phyfi-
cien. Pour donner au le&eur une idée un peu dif-
îin&e de ces écarts de la nature, il faudra les rapporter
à des claffes, expofer la ftru&ure particulière
des organes, 8c chercher à la fin la caufe de cette
formation irrégulière. On doit ne recevoir dans cet
expofé que des faits vrais; car plus que par-tout
ailleurs la fable eft entée ici fur la vérité.
Il y a des difformités légères, 8c qui ne paffent pas
la peau. La couleur d’un enfant peut être extraordinaire
: on en a vu de blancs nés d’une mere noire
ou brune: les Negres blancs font de cette claffe: ils
ne forment pas des nations, ils naiffent ou des negres
d’Afrique, ou des hommes bruns des îles de l’Afie
auftrale ; ils font affez communs dans les îles fujettes
au gouvernement d’Amboine. Il eft vrai qu’une difformité
particulière accompagne cette couleur blanche
; ces negres blancs naiffent fans cette mucofité
noire, qui dans les européens couvre la face pofté-
rieure de l’uvée 8c les rayons ciliaires : pareils aux
lapins blancs , ils ont l’iris 8c la choroïde rouge. Le
défaut de cette mucofité rend leur yeux tendres,
8c incapables de fupporter la lumière.
Des enfans nés velus ne different que peu de la
ftru&ure naturelle, l’homme a naturellement du poil
prefque à toutes les parties de fon corps, 8c fur-tout
au vifage. Quelques enfans ont eu ce poil plus copieux
8c plus apparent ; on les a pris pour des fa-
ty res , des linges, des ours & des lions.
J’ai vu rapporter comme une preuve de la force
de l’imagination de la mere, un enfant qui paroiffoit
avoir du poil de biche fur une bonne partie des flancs
8c du dos. C ’étoit un fein énorme, mais tout-à-fait
femblable à des feins ordinaires, avec l’épiderme
brune 8c ridée, 8c un poil qui s’étoit répandu fur
toute l’étendue de cet énorme fein.
On a vu la peau écailleufe. On a montré en Angleterre
un homme qu’on appelloit Dorcepic, parce que
fa peau étoit couverte de verrues.
Des cornes qui » affez fréquemment naiffent de
quelques, maladies de la peau, ont orné le front des
lievres, des biches, des hommes même.
On a vu la grandeur varier dans l’efpece humaine ;
des géans s’élever jufqu’à la taille de huit pieds , des
nains rentrer dans celle de vingt-deux pouces.
Une partie du corps de l’animal a pris des accroif-
iemens extraordinaires : on a vu les bras d’une longueur
approchante de celle de certaines efpeces de
finge : un doigt extraordinaire, 8c des nez prodigieux
, 8c contournés comme une trompe d’élé-
I phant: cette difformité eft affez commune parmi les
cochons.
La gelée, qui naturellement fe trouve fous la peau
de l’embryon de toutes les efpeces d’animaux, s’eft
accumulée dans quelques enfans, elle a étendu la
peau, formé des capuchons, des; cafques, des prétendus
pénis , desfauciffes: répandue fur toute l’étendue
du corps cette gelée en a impofé fous la reffem-
blance d’un froc 8c même d’un lion : on a prétendu
reconnoître dans un enfant de cette claffe l’image du
lion de marbre du port Pirée.
Il n’arrive que trop fouvent, que les trois grandes
cavités du corps humain confervent à-peu-près leur
ftru&ure originaire ; dans l’embrion elles n’étoient
formées que par une' membrane affez fine , pour
avoir été difputée par d’habiles gens. Au lieu de la
[ boîte offeufe du crâne , de l’enveloppe mufculaire
I du bas - ventre, d’un thorax en partie offeux 8c en
I partie cartilagineux , des foetus parvenus à leur plein
1 accroiffement n’ont eu pour cacher le coeur, les in-
teftins 8c le cerveau qu’une membrane. Alors ces vif-
ceres trop grands, 8c trop preffés les uns par les
autres, ont forcé leur foible enveloppe. On a vu
le coeur tout nud fe préfenter devant la poitrine
comme une médaille: le foie 8c lès inteftins iortir
avec le nombril, 8cn’être contenus que par les té-
gumens, 8c le crâne manquer de toute fa partie fu-
périeure ; 8c comme la confiftance du cerveau eft
prefque fluide dans le foetus, on l’a vu fe perdre 8c
difparoître, 8c ne laiflèr à fa place que quelques
tubercules médulaires. J’ai vu plufieurs de ces foetus,
dont la dure-mere fe continuoit à la peau, 8c auxquels
les os pariétaux , une grande partie de os co-
ronaux 8c de l’occipital, manquoient entièrement.
Ces foetus ont confervé la vie, malgré l’énorme perte
qu’ils avoient faite , 8c ils font parvenus à leur parfait
accroiffement. On a trouvé dans les trous du.
crâne les nerfs, qui commençoient par eux-mêmes :
ils avoient été confervés par la ftru&ure de ces trous ,
8c ils étoient devenus iïolés, parce que le cerveau
étoit détruit. Mais aucun de ces enfans n’a prolongé
fa vie'après la naiffance.
On a vu de ces enfans avoir la poitrine ouverte
8cle bas-ventre.
L’hernie de l ’épine dorfale eft analogue à ce mal.
Les épines des vertebres , des lombes 8c du facrum,
ne le ferment pas dans un foetus, elles font comme
elles étoient dans l’embryon, deux cartilages fépa-
fés. La queue de cheval paroît fous la peau, 8c des
enfans font parvenus à la puberté dans cet état. Il
eft vrai que leurs pieds fe contournoient en-dedans,
8c reftoient fans force.
Dans les foetus, dont la tête eft fans crâne, il eft
affez ordinaire de voir manquer une partie des vertebres
du col: la tête paroît alors être attachée aux
épaules, 8c l’enfant a quelque.reffemblance avec le
crapaud.
Un manque de folidité dans le diaphragme a eau-
fé, dans bien des foetus, un dérangement fingulier,
8c qu’on n’a découvert que par la diffedion. L’efto-
mac, l’épiploon, une partie des inteftins remontent
alors dans la poitrine.
On a vu des déplacemens extraordinaires dans la
fituation des parties: le coeur placé dans le bas-ventre
, 8c les reins dans le baffin. Mais le changement
le plus important dans la fituation des parties, eft
celui dans lequel tout ce qui ordinairement eft placé
du côté droit l’eft du côté gauche, 8c où les parties
du côté gauche fe font trouvées du côté droit. On a
vu, 8c plufieurs fois, le coeur tourné à gauche, le
foie dans l’hypocondre gauche, Feftomac iSc la rate
dans l’hypocondre droit ,• l’azygos faifant fon arcade
par le côté gauche > le grand arc de l’aorte retourné