
FANON, fi m. ( terme de Blafon. ) meuble de l ’écu
qui repréfente un large braffelet fait à la maniéré du
fanon d’un prêtre; c’étoit anciennement une manche
pendante qu’on portoit près du poignet droit pour
lui fervir d’ornement.
Le fanon étoit fort en ufage en Allemagne, d’où
ce terme eft venu; caries Allemands appellent fanon
une piece d’étoffe.
De Clinchamp de Caudecofte de Bellegarde , à
Lizieux & à Evreux en Normandie ; dargent à trois
fanons de gueules. ( G. D . L. T. )
FANOS, ( Monn. ) monnoie des Indes qui s’y fabrique
& qui a cours en divers endroits, particuliérement
le long de la côte de Coromandel, depuis le
cap de Comorin jufques vers le Bengale.
Les fanos ont pareillement cours dans l’île de Cey-
lan, mais il ne s’en fabrique pas. Il y a des fanos d’or
& des fanos d’argent. Les fanos d’or ne font pas tous
ni du même poids, ni du même titre, ce qui fait une
grande différence pour leur valeur, il en faut dix des
plus forts pour l’écu de France de 60 fols: les plus
foibles pefent-aux environs de 7 grains,mais l’or eft
fi bas qu’il en fiait 21 pour l’écu; ceux-là fe fabri-
quentà Afem. Les fanos du Pegu tiennent le milieu;
ils pefent de même que ceux d’Afem;mais l’or en
étant à plus haut titre, les quinze font l’é cu, c’eft-
à-dire, qu’ils valent quatre fols tournois. Il y a auffi
des fanos d’or qui ont cours à Pondichéry & qui valent
environ fix fols ; ils font faits à-peu près comme la
moitié d’un pois & ne font pas plus gros. Les fanos
d’argent ne valent pas tout-à-fait dix-huit deniers de
France, il en faut vingt pour le pardo, monnoie que
les Portugais font fabriquer à Goa & qui y a cours
pour vingt - fept fols. (+ )
* § FANUS, « dieu des anciens. C’étoit le protec-
» teur des voyageurs & la divinité de l’année. Les
» Phéniciens le repréfentoient fous la figure d’un fer-
» pent replié fur lui-même qui mord fà queue ». Il
n’y a jamais eu de dieu Fanus. Bernard eft le premier
qui ait mis un dieu de ce nom dans fon Supplément
de Moréri. Il a lu dans Macrobe Fanus au lieu d’Ea-
nus qui s’y tro.uve. Il a pris un E pour une F. Eanus
ainfi nommé ab eundo, eft le même que Janus. Janus
poßea dicîus éfi qui priàs Eanus, dit Voffius dans fon
traité De litterarum permutatione , à la tête de fon
Etymologicon, où il prouve que les anciens chan-
geoient fouvent l’E en I, & 1*1 en E. Lettres fur £Encyclopédie.
FARAMOND o«Pharamond , premier roi de
France , {Hift- de Fri) Des écrivains ont placé au rang
des fables les foibles fragmens qui nous reftent de l’hii-
toire de ce prince : il ne nous paroît cependant pas
poffible de douter de fon exiftence & de fon regne.
Il étoit fils de Marcomere ou Marcomire, duc ou roi
d’une tribu de Francs, qui fe fignala fous le regne de
Théodofe le grand. C e fut vers l’an 420, que uiivant
l’ufage des tribus Germaniques qui obéiffoient à des
rois, il fut élevé fur le bouclier & montré comme
roi à la nation affemblée. Ces peuples ligués fous le
nom de Francs , occupoient le pays que renferment
le Rhin, le Vefer, le Mein & l’Océan; ils a voient
profité des troubles de l’empire & des embarras
d’Honorius, & avoient ajouté à leurs poffeffions la
ville & le territoire de Treves. On prétend même
qu’ils excitoient dès - lors l’inquiétude des Romains
au point de leur faire craindre pour la Belgique entière,
& que ce fut l’une des principales raifons qui
détermina Aëtius à paffer dans les Gaules. Les Francs
n’eurent aucun démêlé avec ce général. Faramond
mourut peu de tems après la viâoire d’Aëtius fur
Théodoric, roi des Vifigoths, qui fe rapporte à l’an
427. On ne (fait quel étoit fon âge, ni quelle fut fa
femme : on lui donne deux fils dont Phiftoire ne nous
a point dévoilé la deftinée, Ô£ Clodion qui lui fuccéda.
Une chronique fait mention d’un troifieme fils
nommé Didion; mais on ne voit rien de femblable
dans tous le écrivains qui fe font occupés de nos annales.
Ilne faut pas fe figurer la royauté parmi les Francs,
telle que nous la voyons aujourd’hui; il s’en falloit
bien qu’elle jettât le même éclat : ce n’étoit, à proprement
parler que des chefs ou des généraux d’armées
, ils étoient tout-puiffans en tems de guerre, &
puniffoient de mort quiconque avoit violé leur ordonnance.
On ne fait pas exactement quelle étoit
leur autorité pendant la paix : ils étoient juges nés de
tous les différends,' ils terminoienf par eux-mêmes
tous ceux qui s’élevoient fous leurs y e u x , & nom-
moient, dans les affemblées générales, les officiers
qui dévoient les repréfenter dans ces fondions partout
où ils n’étoient pas.
Des écrivains ont regardé Faramond comme l’auteur
de la loi falique qui exclut les femmes du trô.rie :
d’autres, dont le fentiment nous paroît préférable ,
penfent que cette loi s’eft introduite par l’ufage &
qu’elle n’eft l’ouvrage d’aucun légiflateur. Les différentes
tribus de Francs ne fe réunirent en forme de
nation que pour fe défendre contre les Romains, &
enfuite pour les attaquer; une femme n’eût point été
propre pour les conduire dans leurs expéditions militaires.
Qu’on les confidere dans leur origine, on
les voit dans un état de guerre continuelle , toujours
les armes à la main: ils ne faifoient pas même leur
féjour dans les villes, mais feulement dans des camps:
le peu de maifons qu’ils bâtiffoient reffembloient à
des tentes, fans foüdité & fans magnificence.
Au refte, fi nous donnons à Faramond le titre de
roi de Fiance, c’eft pour nous conformer à l’ufage ;
il n’exiftoit point dans le monde de royaume de ce
nom, & ce ne fut que fous la fécondé race qu’il put
s’appliquer au pays qye nous habitons. Jufqu’à ce
tems les Gaules, quoi qu’affujetties aux François ,
conferverent la gloire de leur premier nom. (.M—F .)
FARCE , f. fi ( Littérature. P défie. ) Dans le tems
que le fpedacle françois étoit compofé de moralités
& de fotties, la petite piece étoit une farce, ou comédie
populaire, très-fimple & très courte, deftinée
à délaffer le fpedateur duférieuxde la grande piece.'
Le modèle de la farce eft VAvocat Pathelin, non pas
tel que Brueys l’a remife au théâtre ; mais avec autant
de naïveté & de vrai comique. Toutes cesfce-
nes qui dans la copie nous font rire défi bon coeur,
fe trouvent dans l’original facilement écrites en vers
de huit fyllabes , & très-plaifamment dialoguées.
Un morceau de la feene de Pathelin avec le Berger
fuffit pour en donner l ’idée.
P a t h e l i n .
Or vien çà , parle........Qui es-tu?
Ou demandeur ou défendeur.
L e B e r g e r .
J ’ai à faire d un entendeur,
Entendez-vous bien , mon doulx maiftre ?
A qui f a i longtemps mené paiflre
Les brebis , & les lui gardoye.
Par mon ferment , je régardoye
Qu’il me payoït petitement.
Dirai-je tout ?
P a t h e l i n .
Dea furement,
A fon confeil doit-on tout dire ?
L e B e r g e r .
I l ejl vrai, & vérité, Jire,
Que je les lui ai affommées,
Tant que plufieurs fe font pâmées
Maintefois, & font cheutes mortes ,
Tant fuffent-elles faines 6* fortes:
E t puis je lui faifois entendre ,
Afin quil ne ni en peufl reprendre ,
Qu’ils rnourroient de La clavelée :
Ha ! fait-il, ne foit plus meflée
Avec les autres, gette là.
Volontiers, fais- je. Mais cela
Se faifoit par une autre voye ,
Car par faincl Jehan, je les mangeoye ,
Qui favoye bien la maladie.
Que voulez-vous que je vous die ?
J'ai ceci tant continué,
J’en ai affommé & tué
Tant , qu’il s’en efl bien apperçû;
E t quant il s’ejl trouvé déçu
M’aifl dieu, il rria fait efpier,
Car on les ouifl bien crier , .........;
Je fais bien qu’il a bonne caufe
Mais vous trouverez bien la claufet
Se voule^, qu il l'aura mauvaife.
P a t h e l i n .
Par ta f o i , feras- tu bien aife ?,
Que donras-tu , f i je renverfe
Le droit de ta partie adverfe,
E t f i je te renvoyé abfou£ ?
L e Be r g e r .
Je ne vous payerai point, en foui£ ,
Mais en bel or à la couronne.
P a t h e l i n .
Donc, tu auras ta caufe bonne.
Si tu parles , on te prendra
Coup a coup aux pojitions ;
E t en tel cas , confierions
Sont f i trïs-préjudiciables
Et nuifent tant que ce font diables.
Pour ce , vecy que tu feras ,
J ’a tofl, quant on iappellera ,
Pour comparoir en jugement,
Tu ne répondras nullement
Fors bée, pour rien que l’on te die;
Ce petit prodige de l’art, où le fecret du comique
de caradere & du comique de fituation étoit découvert,
eut la plus grande célébrité. Après l’avoir
traduit en vers françois, ( car il étoit d’abord écrit
en profe) on le traduifit en vers latins pour les étrangers
qui n’entendoient pas notre langue. Il fembleroit
donc que dès-lors on avoit reconnu la bonne comédie
; mais jufqu’au Menteur & aux Précieufes ridicules,
c’eft-à-dire durant près de deux fiecles, cette
leçon fut oubliée.
Dans les farces du même tems, il y avoit peu d’intrigue
& de comique, mais quelquefois des naïvetés
plaifantes, comme dans celle du Savetier qui demande
à Dieu cent écus, & qui lui dit de fe mettre
à fa place.
Beau jir e , imagine£ le cas ,
E t que vous fufjie£ devenu
Ainfi que moi pauvre & tout nu,
E t que je fujfe Dieu , pour voir :
Vtus Us voudriez bien avoir.
Au bas comique de la farce , avoit fuccédé le
genre infipide & plat des comédies romanefques &
des paftorales ; & celui-ci, plus mauvais encore,
faifoit regretter le premier. On y revenoit quelquefois:
Adrien de Monluc donna une farce en 16 16,
fous le nom de la Comédie des proverbes , où il avoit
reuni tous les quolibets de fon tems, lefquels font
prefque tous encore ufités parmi le bas peuple ; &
en cela cette farce eft un monument précieux. En
voici des échantillons.
« La fortune m’a bieb tourné le dos , moi qui
» avois feu & lieu , pignon fur rue, & une fille belle
» comme le jour ! A qui vendez-vpus vos coquilles ?
» A ceux qui viennent de Saint-Michel ? Patience
» paffe fcience. Marchand qui perd ne peut rire ; qui
» perd fon bien perd fon fang. Je reffemble à chianr
» lit , je m’ert doute. 11 h’y longea non plus qu’à fa
».première chemife. Il eft bien loin , s’il court tou-
» jours. Il vaut mieux fe taire que de trop parler.
» Tu es bien heureux d’être.fait, on n’en fait plus
» de fi fot. Je n’aime point le bruit, fi je ne le fais.,
» Je veux que vous ceffiez vos riottes, & que vous 1
» foyez; comme les deux doigts de la main ; que vous
» vous embraffiez comme freres , que vous vous
» accordiez comme deux larrons en foire , & que
» vous foyez camarades comme cochons. Je ne fais
». comment mon pere eft fi coëffé de cet avaleur de
» charrettes ferrées :quelqiies-unsdilënt qu’il eft aflez ■
» avenant ; mais pour moi'je le trouve plus fot qu’un
» panier perce, plus effromé qu’un page de cour ,
» plus fanta.fcjue qu’une mule., méchant comme un
» ane rouge , au refte plus poltron qu’une poule,-
» & menteur comme un arracheur de dents. . . Vous
» dites-là bien des vers à fa louange, &c. »
Cette plaifanterie d’un homme de qualité: femble
avoir été faite fur le modèle ; du rôle de Sancho
Pança , elle parut la .même année que mourut Michel
Cervantes , le célébré auteur de Don Quichotte.
,
Que le fuccès de la farce fe foit foutenu jufqu’a-
lors, on ne doit pas en être furpris ; mais que la bonne
comédie ayant été connue & portée au plus haut
degré de ^perfeûion , les farces de Scarron aient
reuffi à côté des chefs-d’oeuvre de Moliere, c’'eft
ce qu’on auroit de la peine à croire, fi l’on ne fa-
voit pas que dans tous les tems le rire eft une con-
vulfion douce, que le plus grand nombre des hommes
préféré, autant qu’il le peut fans fougir, aux1 plai-
firs les plus délicats du fentiment & de là penfée.
( M. Ma rm o n t e l . ) ^
* § FARD, ( Art cofmètique ) ........On fe trompe
lorsqu’on dit que Poppée fit mener avecTèïle un
troupeau d’âneffes dans fon éxil. Jamais Poppée n’a
été exiléë. Juvenal dit feulement que fi elle l’eût
é té , elle eût mené avec elle fon troupeau d’âneffes.
Foyei fa fixieme fatyre. Au lieu de Poppceana pin-
gicla dans le Dictionnaire raifi des Sciences , &c. lifez
Poppceana pinguia, comme dans Juvenal. Au lieu
de Bapfes d’Athènes, lifez B aptes. Lettres fur L’Encyclopédie.
FAREWELL, ( Géogr. ) cap du Groenland , à
la pointe méridionale d’une petite île qui eft à
l’entrée du détroit de Davis : ce nom qui veut dire,
adieu, lui fut donné l’an 1616 par le capitaine Munk,
navigateur Danois, envoyé par le roi Çhriftian IV
à la découverte d’un paffage en A fie, par le nord-
oueft. ( D . G .)
§ FARINE, ( Boulang. ) La farine de feigle feule,
ou mêlée avec celle de froment,.fait un pain rafraî-
chiffant & quelquefois laxatif. Les pâtiffiers en font
des pâtes bifes.
La farine d’avoine eft très-bonne pour faire des
boiffons & des bouillies rafraîchiflàntes ; on l’appelle
gruau.
La farine de froment, de feves , d’haricots de
racines d’arum, &c. eft propre à faire de la poudre
à poudrer.
La farine de froment qui paffe par un bluteau fin
s’appelle pure farine ou fleur de farine. La fécondé *
qui a paffé par un bluteau moins fin, eft nommée fa rine
blanche, ou farine d?après lafleur, Enfuite viennent