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Mais les mouches à tarriere different des mouches
à fcie par trois caractères. Premièrement, les mouches
à fcie font plus grandes , de même que leurs
larves, qui font autant de faufles chenilles, fi lunettes
aux plantes ; 2p. les antennes des mouches h.
fcie lont filiformes, au lieu que-celles des mouches
à tarriere font cylindriques, mais hrifées, ou coudées
vers leur milieu, oit elles forment un angle plus
ou moins aigu ; 30. l’aiguillon de la mouche à fcie
caché dans fon Corps, c’eft-à-dire, dans celui des
femelles , ett dentelé à-peu-près comme une fcie,
au lieu que celui de la mouche à tarriere, terminé en
pointe aiguë, ett creufé comme une tarriere , Sc
garni de pointes fur les côtés, comme l’eroit un fer
de fléché. Cette tarriere ett entre deux lames, que
forme le ventre de l’infeéte par-deiTous.
Les larves de ces infectes, femblables à des vers
blancs, ont la tête brune & écailleufe. Toutes ont
fix pattes écailleufes, & depuis douze à quatorze Sc
feize membraneufes. La plupart de ces larves font
cachées dans ces galles , excroiffances ou tubérofi-
tés, qui viennent fur les feuilles .ou.fur les tiges de di-
verfes plantes ou arbres, Sc qui font produites parla
piquure de l’infeâe ailé , quia dépofé fon oeuf dans
lé trou qu’il avoit fait. Le fuc de la plante extravafé
forme l’excroiffance qui enveloppe d’abord l’oeuf.,
& qui enfuite fert de domicile au ver qui en fort.
C’eft ainfi que fe forme la noix de galle, employée
pour la compofition de l’encre. Les galles, produi-
tes par ces diverfes mouches, fur les différens arbres .,
varient entr’elles pour la forme : de même que les.
manoeuvres de l’infefte dans fon état de ver Sc pour
fubir fesmétamorphofes. C’eft dans ces galles, qu’ils
ie changent en nymphes ; de-là ils fortent enfin in-
feétes parfaits ou ailés. Dans ce dernier état, ils s’accouplent
Sc vont dépofer de nouveau leurs oeufs
dans des entailles, qui produifent de nouvelles galles
fur les arbres ou fur les plantes.
I! ett d’autres efpeces de mouches à tarriere qui
dépofent leurs oeufs dans le corps d’autres infectes,
qui Jeur fervent comme les galles dont nous venons
de parler.
D’autres mouches de ce genre fe tiennent feulement
cachées fous les feuilles , où elles fe changent
en chryfalides. C’eft airffique chaque efpece a fon
induftrie Sc fes moeurs propres^ mais invariable en
chaque efpece.
La plupart des efpeces de mouches, que renferme
ce genre, font brillantes par la beauté de leurs couleurs
, par celle de l’or Sc de l’émeraude, dont elles
font ornées.,
On peut les ranger toutes en trois familles, diftin-
guêes par le nombre des anneaux des antennes. Celles
de la première famille ont des antennes compo-
fées de onze anneaux : celles de la fécondé de fept :
celles de la troifieme de treize. On peut voir le
détail de toutes ces efpeces dansGeoffroi, Hifloire
abrégée des infectes s t. I l . p. 296“ ; & fuivant Linn.
Syftema n attira ; R eau mur , infeïfes, tom .lll, Tab.
X X X IX . X L r , Sec. Roefel .infectes, t. I I , Tab.'
X 9 &c. Fritfch Germ.'n0. X I I . 8cc. ( 2?. C. )
M o u c h e v é g é t a l e , (Hifl.nat.) Le P. Tor-
rubia, dans fon Apparat pour l'Hijloire naturelle d’Ef-
pagne, parle d’abeilles mortes dans les entrailles dëf-
quelies croît un petit arbriftëau qui s’élève quelquefois
jufqu’à la hauteur de trois pieds. D ’autres ont
perfectionné cette découverte, en difant qu’à la
Dominique , il y avoit une mouche qui au mois, de
mai s’enfonçoit dans la terre, pour végéter à la maniéré
des plantes; qu’au mois de juillet l’arbriffeau
avoit pris fon accroiflement parfait, fous la forme
d’une petite branche de corail; qu’il portait de pe- -
tites feves ou graines, qui à mefure qu’elles grof-
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fiffoient, laifloient appercevoir des vers fous leur
enveloppe ; Sc que ces vers devenoient enfuite des
mouches. Mais les naturaliftes n’ajoutent point foi
à ces relations. M. Hili, médecin Anglois, a reconnu
qu’il y avoit à la Martinique , une forte de champignon
ou déplanté fpongieufe du genre des clavaria9
qui croittoit fur les corps morts des cigales du pays ,
fur-tout lorfque la cigale périffoit dans fon état de
nymphe , par la rigueur de la faifon. La graine de
cette plante croît volontiers fur le corps des animaux
pourris : elle y jette racine , prend fa nourriture
Sc fon accroiflement, comme nous avons des
champignons qui croiffent fur le fabot d’un cheval
mort.
§ MOUCHETÉ , ÉE , adj. ( terme de Blafon. ) fe
dit du papelonné , lorfqu’il ett rempli de tréfilés, de
mouchetures d’hermine, &p. & auffi des taches ou
marques qui paroiffent fur quelques poifibns.Voye^
planche V , figure xgÿ .dc Blafon, dans le Dictionnaire
raifonne des Sciences.
De Fouilleufe de Flavacourt en Picardie ; déargent
papelonné de gueules , moucheté de trcffl.es verfés de
D ’Helie de Vilarfel, de Montgranier, de Roque-
taillade, de S. André , au pays Narbonnois ; d'azur
1 à trois lamproies dé argent , mouchetées de fable, en
fafees l'une fur L'autre , celle du milieu contre-p affame.
(G .D .L .T .)
MOUCHETURE, f. f. ( terme de Blafon. ) meuble
de l’écu qui repréfente une queue d’hermine ; fon
émail particulier ett le fable,;
Druais de Franclieu en Bourgogne; d'argemà la
moucheture de fable.
Dubois d’Efcordal, de Momby en Champagne ;
d'argent à cinq mouchetures de fable , 3 & z.
Roux de Puivert de Sainte-Colombe à Touloufe ;
de gueules à f ix mouchetures d'argent. ( G. D . L. Té)
MOURKI, ( Mufiq.) efpece d’air de mufettedes
Maures. (T. D. C.)
MOUSQUETERIE, ( Are militaire. ) Si l’art de
tirer, tant accrédité aujourd’hui chez toutes les nations
, peut donner quelquefois de l’avantage dans
un combat, il n’eft pas moins vrai que le plus fou-
vent il n’y a rien de plus incertain, de plus nuifible,'
de plus dangereux , ni de pins ridicule. En vain les
plus grands généraux nous ont-ils appris à méprifer
la moiifqueterie, Sc les moyens de vaincre nos ennemis
fans en avoir befoin : en vain plufieurs auteurs
refpe&àbles par leurs talens & leur expérience fe font-
ils élevés contre cette fureur que nous avons pour le
feu, nous n’en fommes que plus opiniâtres à fopte-
nir ce fyftême. Non contens d’être parvenus à faire
tirer le foldat avec toute la vivacité poflible, nous
avons vu, il y a peu d’années’, avec un enfhoufiafme
fans égal, un fufil dont le fecret important confiftoit
à pouvoir tirer neuf coups par minute ; am fufil ,
avec lequel nous deyions, difoit-on, à la première
guerre, battre nos ennemis par-tout. Mais cette arme
ou quelqu’autre femblable dont le maréchal de Saxe
avoit déjà parlé ( a ) , bien loin d’être auffi merveil-
leufe qu’on le prétend, ett à coup su r& .a tous
égards une très-mauvaife découverte , uniquement
bonne à augmenter le bruit Sc la fumée & qu’on fera
bien de laiffer dans le filence Sc dans l’oubli(b).
Nous avons dans le tems combattu ce fufil par un
mémoire qui ne fera pas de trop dans ce Supplément
f Voye{-y Varticle F u s i l à DÉ a fecret ) ;
mais afin de ne laitter rien à dire contre, le fufil
(j) Voy ez mes Rêveries, c h a p . & ï-
[/■ ) Nous ne faifons pas plus de cas du rufil a la chamnette
du fufil de Vincennes , imaginé pendant la guerre de 1741
qui, felon fes admirateurs, devoit procurer la paix a
inee; ni d’aucune autre invention de cette efpece, -
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à dé à fecret, nous ajouterons ici que chercher à
perfectionner la moufqueterie, c’eft travailler pour
nos ennemis, qui sûrement en fçauront toujours
faire un meilleur ufage que nous, bien plus que
pour notre nation dont le fort a été de tout tems la
charge, du moins jufqu’au commencement de ce
fiecle qu’on a négligé cette excellente méthode pour
s’adonner aveuglément Sc obftinément à l’art de
tirer des coups de fufil.
Le feu ett le plus fouvent très-incertain, Sc rien
n’eft plus vrai. Dans quelque pofition qu’on veuille
fuppofer une troupe d’infanterie, foit en rafé campagne
, foit en pays de montagnes, il eftinconteftabie
que le vent, la pouffiere, ou le foleil; les cris, le
bruit Sc la fumée qui font inévitables ; le mouvement
perpétuel Sc les inégalités du terrein qui font que les
foldats s’entreheurtent, & qui changent l’ordre Sc
l’union des différentes parties d’une troupe Sc l’ex-
pofent à fe rompre ; la vivacité avec laquelle le fol-
dat charge fon fufil, qui eft caufe qu’il répand fou-
vent la moitié de fa cartouche, ou qu’il ne la pouffe
pas au fond du canon ; le canon qui devient brûlant
Sc craffeux à force de tirer ; la platine qui fe deffeche
& fe détraque, ou dont la batterie ne donne plus de
feu ; enfin l’ardeur qui échauffe toutes les têtes, Sc les
. étourdit; tout cela concourt évidemment à déranger
la juftefle du tir , & à diminuer confidérablement le
feu Sc fon effet. « R ien, félon le maréchal de Saxe
» (Mes Rêveries, liv. I , chap 2 .), n’eft fi fin, ni fi facile
» à déranger que l’effet de l’arme à feu. J’ai vu, dit cet
» auteur, (Ib. chap. t,art.6é) des falves entières ne pas
» tuer quatre hommes ». Il rapporte qu’à la bataille
de Bellegrade, il a vu tailler en pièces deux bataillons
én un inftant, après avoir fait leur décharge à
trente pas fur un gros de Turcs qui les attaquoit. Il
ajoute , après avoir donné le détail de cette action,
qu’il s’amufa à compter les morts, Sc qu’il ne trouva
pas trente-deux Turcs tués de la décharge générale
de ces deux bataillons :« Ce qui, d it- il, n’a pas
» augmenté l’eftime que j’ai pour le feu de l’infan-
» terie »,
A Malplaquet, où on eftime qu’il y eut 1800,000
coups de fufil de tirés, fans compter les coups de
canon , la totalité des tués Sc des bleffés des deux
partis fut au plus de 30,000 hommes. « Mais, dit
» Folard, qui étoit à cette bataille, combien les alliés
» perdirent-ils de monde par le fer à la gauche, Sc
» dans la fortie de la droite » ?
A la bataille de Czaflau où les Pruffiens firent un
feu prodigieux , leurs ennemis perdirent à peine
deux mille hommes.
La ligne pleine des Pruffiens', à Rosbach, qui
nous fuivoit de près faifant un feu continuel, ne nous
caufàpas une grande perte; du moins, le champ de
bataille que nous eûmes qccafion de parcourir le
lendemain de l’affaire, étoit très-clair femé de morts
Sc de bleffés.
Souvent même on-a vu des troupes faire leur décharge
de pied ferme fans effet. A Calcinato, les
Pruffiens que nous citons volontiers, parce que leur
infanterie patte pour celle de l’Europe qui tire le
mieux, firent une de ces "décharges fur la brigade de
Piémont, quoiqu’ils fuffent poftés fur un plateau Sc
qu’ils euffent l’avantage fur cette brigade qui alloit à
eux en montant ; & fi cela arrive à de telle infanterie
, combien à plus forte raifon à la nôtre qui n’a
ni le phlegme, ni le bon ordre des Allemands. Quelquefois
un coup de fufil lâché par accident, fait partir
fans utilité Si fort à contre-tems, tout le feu d’une
troupe. « Il ne f a u t , dit l’auteur des Rêveries ( Lettre
» à M. dé A rgenfon , mes Rêveries , tome II. ) , qu’un
» féul coup en préfence de l’ennemi pour faire tirer
»> un bataillon , une brigade, une ligne ,une colonne
» entière: je n’ài que trop de ces exemples à citer,
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» Sc nos militaires n’en fauroient difeonvenir. A la
» fécondé bataille d’Hochftet, vingt-deux bataillons
» qui étoient au centre , tirèrent en l’air, Sc furent
» diffipes par trois efeadrons ennemis qui avoient
» paffé le marai$ devant eux ». Nos colonnes d’infanteries
à Rosbach, marchant aux ennemis, firent leur
décharge en l’air par quelque incident de cette
efpece.
Nous croyons pourtant, comme le dit le maréchal
de Puifégur, qu’une décharge d’infanterie faite
de près, à propos Sc par des gens fermes, peut faire
tomber beaucoup de monde. Nous ne fommes pas
moins perfuades que le feu d’une troupe peut être
fournis à une théorie ; mais chez nous il ne s’exécutera
jamais que par hafard & machinalement. Un
allez grand nombre de batailles Sc d’adions de guerre
auxquelles nous nous fommes trouvés, ne nous permettra
jamais de penfer autrement. Folard qui avoit
fait la guerre avec application, étoit de ce fenti-
ment. « On a beau, dit-il, apprendre aux François
» l ’art de tirer par pelotons, Sc d’augmenter leur
» feu, tout cela ne leur fera qu’une occafion de ruine.
» Ils pourront réuffir dans la théorie & de' fang-
» froid, lorfqu’ils n’auront pas d’ennemis en préfence;
» mais dans la pratique, on verra que l’ennemi fera
» dans fon avantage, tant qu’on ne l’abordera pas :
» fon feu fera plus v i f , plus uniforme Sc plus fuivi,
» Sc celui des François tout au contraire ».
Nous ne difeon venons pas que notre feu ne puiff«
être très-redoutable à l’ennemi, Sc lui caufer beaucoup
de perte, mais il faut pour cela que nous foyons
derrière des retranchemens quelconques (c) : cardans
tout autre cas, fi nous ne chargeons pas avec la
baïonnette, nous éprouverons tout le contraire, &
ce fera la faute des généraux qui préféreront de s’en
tenir à ce genre de combat, fi peu propre à notre
nation, Sc non celle des troupes qui feront à leurs
ordres.
Une grande partie des chofes qui font que le feu
eft fi incertain, font en même tems celles qui le
rendent nuifible Sc dangereux : elles peuvent mettre
le trouble Sc la confufion dans une troupe, & être
caufe de fa défaite; elles empêchent qu’on ne voie
diftinftement l’ennemi, & qu’on ne puifle juger de
fes mouvemens. Il eft arrivé dans quelques batailles
qu’à la faveur de la fumée, des généraux ont employé
fort utilement de la cavalerie contre de l’infanterie
qui ne s’y attendoit pas. Nous voulons que
ce moyen foit commun aux deux partis; mais nous
préférerions toujours de voir clair en pareille occafion.
Quand les foldats ont beaucoup tiré , qu’ils
croient avoir fait bien du mal à l’ennemi, Sc qu’au
lieu de cela il leur paroît encore entier Sc ferme,
Sc qu’ils voient que le feu auquel ils avoient mis
toute leur confiance ne peut l’arrêter, que même il
en a confervé l’avantage, leur imagination qui leur
groffit cet avantage ne leur préfente plus que le
danger, Sc dès-lors il ne faut pas autre chofe pour
les mettre en déroute. Nous ajouterons que le feu
peut devenir contraire aux plus grands fuccès, en
nous mettant hors d’état par notre perte , qui quelquefois
eft plus confidérable que celle de l’ennemi,
Sc par le défordre où il nous met néceffairement de
pouvoir completter la vi&oire. «La tirerie, dit le
» maréchal de Saxe, fait toujours plus de bruit que
(c) Il eft certain qu’en pareil cas les foldats qui Tentent l’avantage
de leur pofition, dont l’attention n’eft point diftraite parles
mouvemens de l’ennemi, ni par ceux qu’ils obligent de
faire, ni par le commandement, peuvent charger promptement
& tirer jufte. D’ailleurs, nous avons une maniéré de tirer qui
confifte à faire palier aux foldats du premier rang les fufils des
autres rangs, dont le feu eft le plus vif, le plus égal & le plus
meurtrier qu’il foit poflible de faire, & à laquelle on ne doit
pas négliger d’exercèr l’infanterie.