
l’échelle, qui lui promit 3e lui donner, & à fes def-
cendans, la ferre oii il dormoit, de multiplier fa race
comme le fable de la mer, 6c de bénir en lui toutes
les nations de la terre. Eritquefemen tuum, quajipulvis
terra : dilatai tris adoccidentem & orientent, &feptentrio-
nem & meridietn, & benedicentur in te, & in femine tuo
cunctx tribus terra, G en. xxviij, 14. Jacob s’étant éveillé,
verfa de l’huile fur la pierre qu’il avoit mife fous fa
tête; l’érigeaenmonument, qui devoit défigner le lieu
où il avoit eu -cette vifion myftérieufe, & promit
de donner au Seigneur la dixmè de tous les biens.
Partant enfuite de ce lieu , qu’il appella Bethel, il
arriva près de Haran, dans l’endroit oii les pafteurs
abreuvoient leurs troupeaux. Rachel, fille de Laban,
y étant venue, il fe fit connoître pour le fils de Re-
becca, 6c cette fille courut auflï-tôt l’annoncer à
fon pere, qui vint avec emprelTement recevoir fon
neveu, 6c l’amena dans fa maifon. Jacob, image de
Jefus-Chrift, qui devoit acheter l’Eglife fon époufe,
par le plus profond anéantiffement, fervit fon oncle
pendant fept ans , au bout defquels il devoit, félon
leurs conventions , époufer Rachel fa fille cadette ;
mais Laban, le jour des noces, fubftitua à celle-ci
Lia fon aînée ; de forte qu’il fallut que Jacob, pour
avoir Rachel qu’il aimoit, s’engageât à fept autres
années de fervice, après-lefquels il l’époufa. Mais
D ieu , toujours admirable dans la difpenfation de
fés dons, voyant que Lia étoit moins aimée , la rendit
féconde, 6c elle ent d’abord Ruben, Siméon,
Lévi & Juda ; 6c Rachel fe voyant ftérile, engagea.
Jacob à prendre pour femme fa fervante Bala, dont
il eut deux enfans , Dan & Nepthali. Lia , après
avoiraufli donné, à fon mari,'Zelpha fa fervante,
dont il eut Gad 6c Afer, eut encore Iffachar, Zabu-
lon , & une fille appellée Dina. Le Seigneur fe fou-
vint de Rachel, il l’exauça & la rendit féconde ; elle
devint enceinte, 6c eut un fils qu’elle nomma Jofeph.
Ces divers mariages de Jacob repréfentoient les caractères
de l’Eglife, dont les principaux font la fécondité,
après la venue de l’époux, fon unité & fon
univerfalité. Avant l’incarnation du fils de Dieu, l’Eglife
, prefque ftérile, n’avoit qu’un très-petit nortibre
d’enfans ; mais depuis que Jefus-Chrift eft venu lui-
même chercher fon époufe, fa famille a.rempli toute
la terre. Depuis la venue de Jefus-Chrift, l’unique
époux, la grâce 6c la foi ont fupprimé toutes les
différences entre l’efclave & le libre ; 6c c’eft pour
cela que les fervantes de Lia 6c de Rachel font mifes
en liberté par Jacob, qui tient la place de Jefus-
Chrift , en qui toutes les diftinâions difparoiffent.
Vingt ans s’étant écoulés depuis l’arrivée de Jacob
chez Laban, il fongea enfin à retourner dans fon
pays ; mais fon oncle , qui connoiffoit le prix de fes
îervices, le retint encore par bien des promeffes
par lefquelles il cherchoit à le tromper ; & cet homme
, avaricieux & jaloux, changea jufqu’à dix fois
ce que Jacob devoit avoir pour récompenfe de fes
fervices. Dieû rendit vaines toutes ces précautions,
& béniffoit Jacob , qiû devint très-riche. Il lui ordonna
de retourner dans la terre de Chanaan : il le
f it , & partit avec fes femmes , fes enfans 6c tous fes
troupeaux, fans en avertir Laban. Celui-ci courut
après lui, & l’atteignit fur les montagnes de Galaad.
Après plufieurs plaintes réciproques , le gendre &
le beau-pere firent alliance enrr’eux, 6c drefferent
un monceau de pierre fur les monts de Galaad pour
en être un monument. Ils fe féparerent enfuite ; 6c
Jacob continuant fon chemin vers la terre de Chanaan
, arriva fur le torrent de Jabock, oit des anges
vinrent à fa rencontre. Le lendemain il lutta toute la
nuit avec un de ces efprits céleftes, qui, voyant qu’il
ne ppuvoit le vaincre', lui toucha le nerf de la cùiffe
le rendit boiteux, & changea fon nom de Jacob en
celui d'lfrdèl. Cependant, Efaii qui demeuroit dans
les montagnes de Séïr, informé de la venue de Jacob,
vint au-devant de lui; 6c les. deux freres s’étant
donné réciproquement des marques d’amitié, Jacob
vint s établir d abord à Socoth, 6c enfuite près de
Sichem. Pendant le fejour qu’il y fit, fa famille fut
troublée par toutrage fait à Dma, 6c la vengeance
que fes freres en tirèrent. Dieu lui ordonna alors de
de fe retirer à Béthel. En étant parti avec toute fa
famille, & étant arrivé près d’Ephrata , appellée
depuis Bethléem, Rachel fut furprife des douleurs
de l’enfantement : elle accoucha d’un fils qu’elle nom-
ma B en jam in , 6c mourut. La douleur de cette perte
fut augmentée par celle de Jofeph , qu’il crut mort,
& que fes freres, par jaloufie, avoient vendu k des
marchands Madianites qui alloient en Egypte. Depuis
ayant fu que ce fils chéri étoit élevé à la dignité
de premier miniftre dans ce royaume, il quitta la
vallée de Mambré , dans laquelle il demeuroit, 6c
vint en Egypte , oii il vécut dix-fept ans. Sentant
approcher fa fin , il fit promettre à Jofeph qu’il por-
teroit fon corps dans le fépulcre de fes peres ; &
après avoir adopté Ephraïm 6c Manaffé, fils de Jofeph,
6c donné une bénédiftion particulière à fes
enfans , à qui il prédit.ce qui devoit leur arriver , il
rendit l’efprit, âgé de cent quarante-fept 9ns , an du
monde 2315. Joleph le fit embaumer , 6c toute l’Egypte
le '.’.pleura pendant foixante-dix jours , au
bout defquels Jofeph & les freres, accompagnés des
premiers de l’Egypte, le portèrent dans le tombeau
de fes peres, près d’Hébron. Ce patriarche, a non-
feulement prédit la venue du Sauveur par fes prophéties,
mais il l’a encore repréfentée dans toute fa
conduite, dans fes travaux, dans fa fuite, dans fon
mariage avec Lia , figure de la fynagogue, puis avec
Rachel, figure de l’Eglife. (-{-)
* JACQUES I , roi d’Angleterre 6c d’Irlande
( Hijloire tPAngleterre.'), fils de Marie Stuart, né en
1566, régnoit fur l’Ecoffe, lorfqu’il fut nommé par
la reine Elifabeth pour être fon fucceffeur. Il perfé-
cutales Catholiques, & quelques Catholiques tramèrent
contre lui & le parlement, la fameufe confpira-
tion des poudres, qui fut decouverte affez à tems
pour en empêcher l’effet. Il méconnut les bornes de
fon autorité ; & en voulant lui donner trop d’éclat
& une étendue illimitée , il excita le parlement à la
reftreindre autant qu’il put, 6c à veiller d’une maniéré
particulière à la confervation des privilèges 6 c
& de la liberté de la nation : ce peuple jaloux fentit
fon amour pour le monarque fe refroidir à me-
fure que le monarque vouloit s’en faire craindre.
Théologien jufqu’au pédantifme, il préféra le plaifir
de la controverse 6c des vaines difcufîions aux plus
importantes affaires : enflé de fon érudition ; il &oit
foupçonneux 6c jaloux du moindre mérite qu’il n’avoit
pas & qu’il haïffoit dans les autres : livré à fes
favoris 6c à tous ceux qui flattoient fes fantaifies 6c
fes pallions , il acheva de s’aliéner le coeur de fes
fujetsparfes profufionsinconfidérées, fon indolence
coupable qui mit l’état à la merci des hommes indignes
d’approcher du trône, par fes inconféquen-
ces, fa foibleffe 6c fon orgueil. En même tems qu’il
affeéloit le defpotifme le plus arbitraire, il n’avoit
pas la force de rien tenter de relatif à fes deffeins,
Ôc l’on eût dit qu’il ne formoit des voeux bifarres
que pour fe préparer la honte de céder au moindre
obftacle. Plus indolent que pacifique, plus foible
que bon, fier 6c lâche, politique mal - habile
Jacques I fembla n’être monté fur le trône d’Angleterre
que pour laiffer à fon malheureux fils une fuc-
ceflion funefte , la haine de fes peuples , l’indignation
du parlement, 6c un royaume en proie aux.
flammes d!une guerre civile. Il mourut en 1625,
après un régné de vingt-deux ans.
Jacques I I , fils de Charles I , naquit à Londres
en
en 163 3 , & fut proclamé duc d’Yôrck à l’âge de dix
ans. Obligé de s’expatrier pour fauver fes jours,
lorfque fon pere infortuné expiroit fur un échafaud,
il rentra en Angleterre au rétabliffement de Charles
II, fon frere , 6c à fa mort il monta fur le trône,
en 1685 , finon avec acclamation, au moins fans
obftacle 6c fans concurrens. Son régné fut courf.
Son zele pour le Catholicifme, qui avoit déjà in-
difpofé les efprits contre lui, du vivant de fon frere,
le porta, lorfqu’il fut roi, à plufieurs avions imprudentes
, telles que la révocation du ferment,
du teft ; une diftinûion trop marquée pour les fujets
de fa religion , à qui il prodigua toutes les charges,
à l’exclufion des autres ; une ambaffade folem-
nelle au pape ; la demande d’un nonce , qui fit fon
entrée publique à Londres. Les Anglois allarmés,
craignirent qu’il ne détruisît le Protettantifme , auquel
ils étoient plus attachés qu’à leur ro i, ils invitèrent
le prince d’Orange , Guillaume de Naffau ,
ftathouder de Hollande, & gendre de Jacques, à
venir les délivrer de la domination d’un roi catholique.
Guillaume paffa en Angleterre , 6c Jacques alla
chercher un afyle en France , mais fans renoncer à
l’efpérance de remonter fur le trône. L’Irlande lui
étoit reftée fidele. Le comte Tyrconnel y avoit une
armée de trente mille hommes à fes ordres. Louis
XIV lui donna une flotte 6c des troupes-. Jacques
paffa en Irlande ; mais ayant été défait par l’armée de
Guillaume à la bataille de la Boine, en 1600 , il perdit
tout elpoir de recouvrer fon royaume", revint
en France,& paffa le refte de fes jours à Saint-Germain
, vivant des bienfaits de Louis X IV , 6c d’une
penfton de trois mille livres fterlings que lui faifoit
Marie, reine d’Angleterre , fa fille. Il mourut en
1710, à foixante-huit ans.
J a c q u e s d e l ’E p é e ( l'ordre de faint"), en Ef-
pagne & en Portugal, doit fon origine à treize gentilshommes
qui réfolurent de fe dévouer à la garde
des chemins de Saint-Jacques de Compoftelle, en
Galice, 6c à fecourir les pèlerins en leurs voyages.
Alexandre III, fouverain pontife, approuva cet
ordre militaire lors de l’inftitution par une bulle du
5 juillet 1175.
Les chevaliers devinrent très-puiffans par leurs
conquêtes fur les Maures , & par les libéralités de
plufieurs princes chrétiens.
Les chevaliers de Saint Jacques de C Epée, font
preuves de quatre dégrés, tant du côté paternel que
du côté maternel : ils doivent, par les mêmes preuves
, prouver que leurs aïeuls n’ont été ni Juifs, ni
Sarraiins , ni hérétiques , ni repris en aucune maniéré
par l’Inquifition.
La marque de cet ordre en Efpagne, eft un collier
à trois chaînes d’or , jointes à un chaînon , d’où
pend une épée de gueules à poignée 6c garde fleu-
ronnées, la pointe en bas, l’épée chargée en haut
de la lame d’une coquille d’argent. Voyer la planche
X X I I I , figure 13 , de Part Héraldique , dans le Dictionnaire
raifonné des Sciences, 6cc.
La marque de ce même ordre en Portugal, eft
une croix de gueules fleurdélifée à l’antique au pied
fiché ; elle eft fufpendue à une chaîne d’or. Voye%_ la
planche X X P I , figure 80 , de Part Héraldique, dans
le Dictionnaire raifi. des Sciences, &c. ( G. D . L. T. )
JÆGERNDORFF ( principauté de ) , Gèogr'. province
de la haute -Siléfie , entremêlée avec celle de
Troppau , 6c ayant ainfi pour bornes communes
avec elle, les principautés de Neyffe , de Ratibor,
d’Oppeln & de Tefchen, les feigneuries de Freu-
denthal, deLosflau & d’Oderberg , avec le marqui-
fatde Moravie. La riviere d’Oppa, groflie de celle
de Mora, traverfe ce pays, 6c va fe jetter dans
l’Oder. Le fol en eft généralemont montueux, mais
cependant affez fertile : il y croît des grains 6c des
Tome III.
fourrages, & il , a de belles forêts: il y a aufli quel-
ques eaux minérales. L’on y trouve les villes de
Jxgerndorjf, de Leobfchutz, de Benfche, de Pauer*
witz & de Zauditz, avec nombre de villages 6c plufieurs
terres feigneuriales.
Originairement incorporée à celle de Troppau *
la principauté de Jasgerndortf en fut détachée dans le
feizieme fiecle, jiour devenir le partage propre d’un
cadet de la première de ces maifons : ce cadet en
mourant n’eut qu’une fille pour héritière; 6c cette
fille en premières noces époufa un duc de Tefchen ;
en fécondés noces elle époufa un baron de Schellen-
berg; 6c celui-ci, conjointement avec fes enfans,
6c par la permiffion du roi Louis de Hongrie , vendit
à pur 6c à plein Jagerndorjfiau marcgrave Georges
de Brandebourg * l’an 1524, pour la fomme de
5 8900 florins. A la faveur de cette vente, les princes
de la maifon de Brandebourg pofféderent tranquillement
ce pays-là , 6c s’y fuccéderent jufqu’à la
guerre de trente ans. Dans cette guerre ils en furent
dépouillés par le violent empereur Ferdinand II ,
qui en invêtit la maifon de Lichtenftein. L’an 1686 ,
le grand eleâeur Frédéric-Guillaume, dont l’empereur
Léopold avoit befoin, reçutlecercle de Schwi-
bus, à compte des dédommagemens dûs à fa maifon
pour la perte de Jxgerndorjf-; 6c l’an 1742 , à
l’iffue d’une courte 6c heureule guerre, le roi de
Pruffe mit fin à fes prétentions fur ce pays-là, en
prenant poffeflion de la meilleure partie de la Siléfie,
6c en confentant que les villes de Jxgerndorjf 6c de
Benfche, avec quelques dïftriéls, rellaffent fous la
fouveraineté de l’Autriche. ( D . G .')
Jæ g e r n d o r f f ; en Bohémien , K am ow ; en Latin
, Carnovia , Cornuv ia, {Géogr.') ville de la Siléfie,
fur Ia riviere d’Oppa, & au centre de montagnes
affez élevées. C’eft la capitale de la principauté qui
en porte le nom, 6c dont on vient de parler. Elle eft
fermée de murailles, 6c ornée d’un palais, où réfi-
doient autrefois les princes du pays. L’on y profeffe
la religion Catholique ; 6c l’on y obéit à la maifon
de Lichtenftein, fous la fouveraineté de l’Autriche.
Cette-ville eft une de celles que cette puiffance fe
réferva par le traité de paix fait avec la Pruflè, l’an
1742. ( D .G . )
JAGELLON ou LADISLAS V, ( Htfloirè de P o logne.
) roi dé Pologne, étoit auparavant duc de
Lithuanie , de Samogitie, 6c d’une partie de la Ruf-
fie. Après la mort de Louis, en 1382, il prétendit
au trône de Pologne, lutta plufieurs années contre
fes concurrens , 6c fut préféré. Son attachement à
l’idolâtrie, le fouvenir des maux qu’il avoit faits
aux Polonois , oppofoient de grands obftacles à fon
ambition ; mais le peuple aima mieux l’avoir pour
maître que pour ennemi.. Il reçut lé baptême , & fut
couronné l’an 1387. Hedwige , fon époufe, fut aceu-
fée d’un commerce fecret 6c criminel avec le dûc
d’Autriche : c’étoit une calomnie. L’accufateur, fui-
vant un ufage antique confervé en Pologne , parut
au milieu dufénat, te traîna fous le fiegede la reine,
avoua qu’il avoit menti comme un chien , 6c abboya
trois fois: c’eft la peine des calomniateurs. Hedwige
mourut peu de tems après. Son époux inconfolable
abdiqua la couronne : trait de défefpoir, dont il fe
feroit bientôt repenti fi on ne l’avoir forcé de la reprendre.
On ofa même lui propofer la main d’Anne,
niece de Cafimir le Grand : il confentit à tout. Cependant,
foit politique, foit équité, ilrefufa la couronne
de Bohême, 6c ne voulut point s’enrichir de
la dépouille du malheureux Venceflas. Bientôt il
marcha contre l’armée Teutonique, 6c remporta
fur elle une fanglante viftoire , l’an 1410. Avant le
combat, le grand maître de cet ordre lui avoit envoyé
des épées, comme pour infulter à fa foibleffe.
« 11 n’étoit pas tems encore, dit Ja g e llon , de rendre
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