La quatrième efpece eft le mûrier blanc dont on à
plufieurs variétés; quelques-unes pourroient même
paffer pour de véritables efpeces. Voici lies principales
: i °. Le mûrier d’Efpagne ; fes fe.ui.Ues fôttt latt
e s , ovales, enrieres, épaiflès & gla'cées par-defiùs;
fa mûre eft blanche. 20. Le mûrier-rôfe ; les feuilles
■ font tantôt entières & ovales, tantôt découpées en
quelques lobes irréguliers : elles foiit d’unVérd-claih,
moins grandes que celles dès ‘mûriers d’Efpàgn'e , &
d’une confiflance plus légère : c’eft celui dont on
préféré la feuille ; elle nourrit très biert les vers à
foie , & l’arbre rapporte beaucoup: fâ Mûre eft
rouge. 3 0 . Le munir fauvage à grandes feuilles, à
mûres noires. 40. Le sérier fauvage à petit'es feuilles
très-découpées : c’eft le moins eftimé de tous.
Lorfqu’on feme la graine du munir-rôfe, elle ne
varie prefque pas, & c’eft cé qu’on peut faire de
mieux : on en recueille à Lyon de très-bonnes. J’ai
■ reçu de la femence de mûrier de Piémont; les arbres
qui en font provenus ont la feuille au'ffi large que
celle du mûrier-rofe, filais plus découpée , ôt moins
luifante.
Il convient de greffer les bonnes efpeces fur les
mûriers à petites feuilles. Nous ne dirons qu’un mot
•de cette opération. La greffé én bec de flûte eft difficile;
les écuffons à oeil dormant réuffiffent très-
rarement : il faut donc préférer les écuffons à la
pouffe ; on les prend fur des branches coupées en
février, & mifes à la cave ou eofttre Un mur au
nord; ils s’enleven-t avec de la foîè Wfqu’ils ùè fe
détachent pas nettement avec les doigts feuls. Les
fujéts qu’On veut écuffonner doivent avoir été coupés
le printems précédent ; ils auront fourni un jet
robufte dont l’éçorce eft nette & polie ; Vous les
écuffonnèrez au commencement de mai. Lorfque
î ’écuffon eft placé, il faut plaquer au-deÔus &au -
deffous un peu de papier enduit d’une compofitio'n
de. cire vierge , d’e poix blanche & de térébenthine.
•Cette précaution que je tiens de M. le Payen, de
la fociété royale de Metz, eft de la plus grande importance;
elle empêche l’écorce d’autour de l’écùf-
fbn de fe retirer & fe recroqueviller: accident qui
donnant de l’air aux bords de ï’écaffon, nuit extrêmement
à la reprife. Lorfque vbtis aüVez plaqué votre
papier enduit au-deflùs , at)-deffous .& pour mieux
faire encore1, aux bords latéraux de l’écuffon, vous
lierez avec de la laine. Cela fait, vo'us ôtèrèz à deux
pouces àu-deffusun cerne d’écorce rcela fert à arrêter
la lève dans votre ècuffon, fans toutefois l’én
furcharger, puifqu’U ,ën paffe une partie dans les
canaux ligneux qui foutiérinent la partie fupérieure
dans un état de végétatioù encore pendant quelque
tems. Lorfque l’écuffon aura pouffé de deux
ou trois pouces, vous' délierez. On peut laiffer le papier.
Dans nos provinces froides, la meilleure faifon
pour la tranfplanration du mûrier eft le mois de mars
& les premiers jours d’avril. Lorfqù’on les plante
en automne , fouvent la racine fe chàncit ; mais il
eft bon de faire les trous quelques mois d’âvànce ,.Ti
ce n’eft dans les terrëins bas , à caufe de l’eau dont
ils fe rempliroient. Les trous doiverft être larges &c
peu profonds. Il vaudra mieux former un oleftre
plat au pied du mûrier avec de la terre rapportée,
que de le trop enfoncer. Voye^_ Plan t a t io n ,
Suppl. P fera bôn de mettre de l'a Iiriere Ou des
feuilles feches , des rôgnures de buis ou autre chofe
femblable au pied dé Vos mûriers lotfqu’ils‘feront
plantés, &, de lès affoler par de grandes féche-
reffes.
Le mûrier aime les'terres obéllieiifés-, pfôfondès,
fertiles & un peu humides. Pour qu’il donne beaucoup
de feuilles*, 'il faut recouper quelquefois Tes
branches. On fait des haies de mûrier qui ddifnérit
leurs feuilles plutôt que les arbres, mais elles geîent
âuffi plu^ aifément au printems ; on en peut former
des huilions, des taillis, & en mettre dans les re-
mifes. Les mûriers doivent être tenus bas. pour la
commodité delà cueillette. Miller confeillê dé couper
au cileaü les jeunes bourgeons du mûrier au
lieu d’en arracher les feuilles, comme oh fait d’ordinaire
: il prétend qUe les arbres eh fouffrent moins.
Il ne faut dépouiller les mûriers que lorfqu’ils ont
acquis une certaine force. Pour bieh faire, ôn doit
les laiffer repofer un an. Une précaution très-efferi-
tielle encore , c’éftde laiffer deux on trois branches
fupérieures fansleS'dépouiller.C’elt tout ce que nouS
"dirons d’un arbre fur lequel on a écrit de gros vo-,
lûmes.
La troifteme efpece eft le mûrie)- de Virginie , h
feuilles larges ; je l’ai reçu fous le hom de mûrier de
la Louijiane. Son écorce eft noirâtre ; fes feuilles ref-
femblent à celles du mûrier noir, mais ellesfonr plus
âpres au toucher; le deffvs'eft relevé par petites
boffes, comme du chagrin.: le verd en eft allez gai ;
elles font 'ovale-longues; leur largeur eft dè près de
trois pouces, & leur longueur de fix ou fept. C’eft
un luperbe feuillage : il eft dans toute fa fraîcheur
en feptembre ; ainfi ce mûrier fera Un bel effet dans
les bofquets d’été. Miller dit qu’il ne s’ècuffonne ni
fur mûrier noir , ni fur munir blanc : nous avons
éprouvé le contraire.
Le n°. S eft le mûrier de la Chine. C ’eft un petit
arbre dont l’écorce eft grife & velue dans les jeûnes
branches. Il fe charge à la fin d’avril d’une quantité
prôdigieufe de longs chatons ; les feuilles tantôt entières,
tantôt échancrées diyerièmerit, font très-
larges, épaiffes, velues, & d’un verd tirant fur le
glauque terne; fon beau feuillage doit lui donner
entrée dans les bofquets d’é té, où il fait un très-bel
effet. Oh le multiplie aifément de marcottes ou de
boutures; on le cultive à la Chine & au Japon pour
fon écorce, dont on fait du papier ; Ils en font des
plantations fur les coteaux &: les montagnes, où ils
le difpofent à-peu-près comme une pferaie. En automne
, ils coupent les bourgeons de l’année pour
en enlever l’écorce. Kaempfer dit que le fruit eft
pliis“gros qu’un pois, & entouré dè longs poils .purpurins
: en mûriffant il devient d’un pourpre-noir. Il
eft plein d’un jüs fort doux.
Le mûrier n°. 6 eft celui dont fe fervent les teinturiers
, & qui eft connu fous le nom de fuflick én
Angleterre , & en France fous celui de bois de Cam-
pêche. Le fruit n’eft de nulle valeur ; fon bois feul
eft eftimâble : il croît naturellement dans la plupart
des îles des Indes occidentales; mais il fe trouvé en
plus grande abondance à Campêche. Ce bois eft une
des marchandifes exportées de la Jamaïque, où il
croît plus abondamment qu’en aucune des autres îles
de la Grande-Bretagne. Dans les contrées où il vient
naturellement, il s’élève droit à la hauteur.de 60
pieds; fa vieille écorce eft d’un brun-clair & fillon-
né; il darde de toutes parts nombre de branches
dont l’écorce eft blanche. Le bois eft compare, dur,
& d’un jaune brillant ; les feuilles ont environ quatre,
pouces de long ; elles font larges à leur bafe , dentées
& arrondies près du pétiole , qui eft court ; mais
une moitié eft plus large qué l’autre, de forte qu’elles
font attachées obliquement au pétiole. Elles diminuent
infenfiblement vers le bout , & fe terminent
en pointe ; elles font âpres au toucher, & d’un verd
foncé ; les mûres font vertes en - dedans & en-dehors
, & d’un goût douceâtre. Ce mûrier demande
la ferre chaude, où il garde fes feuilles toute l’année.
L’efpeçe «°V y croît natufelîemeritjdans l’Inde, où
elle forme un grand arbre couvert d’une ecorce
unie , épaiffe & jaunâtre ; il circulé fous çette écorce
une fève laiteufe, comme celle du figuier : cette
liqueuj:
liqueur eft aftringente. Les branches s’élancent de
toutes parts; elles font garnies de feuilles ovale-
oblongues, pofées alternativement ; les bords en
font inégalement dentés ; elles font rudes au toucher,
d’un verd-obfcur par le deffus, & d’un verd-
pâle par-deffous ; les fleurs qui font d’un blanc herbacé
, naiffent en corymbes ronds à l’aiffelle des
feuilles; les fleurs males ont quatre étamines : le
fruit eft arrondi ; il eft d’abord verd, puis blanc ;
dans fa maturité, il fe colore d’un rouge-obfcur. Ce
mûrier demande la ferre chaude, & peu d’eau dans
l’hiver : il garde fes feuilles toute l’année. ( M. le
B a ron d e T s c h o u d i . )
M.UKUS CÆSARIS, ( Géogr. anc. ) Céfar voulant
fermer aux Helvétiens le paffage dans la province
Romaine, fît élever un retranchement, qu’il appelle
Mururn, depuis le lac Léman jufqu’au mont
Jura. Des vertiges de ce retranchement, s’il en exifta,
comme on les a trouvés dans quelques cartes, à une
diftance du Rhône, affez confidérable, ne conviennent
point au mur de Céfar.
Appiendit, en termes formels, que la rive du
Rhône fut fortifiée par Céfar d’un retranchement ;
d’ailleurs les Helvétiens qui tentèrent de s^ouvrir un
paffage en traverfant le fleuve, ne purent exécuter
cette entreprife, operis munitione & telisrepulfi.
Céfar indique la longueur de ce retranchement à
dix-neuf milles : Appien, auteur Grec, à cent cinquante
ftades.
Cet.efpace fe renferme entre Geneve , où le
Rhône fort du lac Léman & le mont de Vache qui
refferre la rive gauche du Rhône, en même tems
que le Credo, qui tient au mont Jura, refferre la
rive droite, dans l’endroit où le fort de la Clufe défend
cette gorge, au paffage de laquelle le Rhône
eft prefque couvert par ces deux grouppes de mon-
tagnes.D’Anv. Nùt. Gat. page 470. ( C. )
§ MUSCLE, ( Anatomie. ) Le mufcle eft effentiel-
lement un paquet de fibres irritables. La rougeur eft
confiante dans les animaux à’fang chaud, mais elle
n’eft pas effentielle, & les infeéles ont un nombre
confidérable de tnufcles entièrement dénués de cette
couleur.
Les fibres font de là même grandeur dans les animaux,
malgré la différence de leur grandeur; l’éléphant
n’a pas la fibre plus groffe que la fouris, mais
il en a un plus grand nombre. Il en eft de même des
globules de fang.
Ce qui paroît n’être qu’une fibre fimple, eft très-
compofé. Chaque fibre eft à la loupe un paquet de
fibres femblables & parallèles, raffemblées & unies
par un tiflù cellulaire. Si l’on fubftitue un microfcope
à la loupe, la fibre qui paroiffoit élémentaire, devient
encore un paquet de fibres plus Amples, toujours
femblables aux premières fibres, & de la même
nature.
Quelques auteurs ont cru voir dans les dernieres
fibres vifibles une ftruClure cellulaire & des cloifons
parallèles , qui divifoient le cylindre de la fibre perpendiculairement
à l’axe. J’ai bien apperçu des rides
tranfverfales ; mais elles me paroiffoient les effets
de la contraéüon naturelle ; elles font fort vifibles
dans le coeur : il paroît qu’il y a dans la fibre comme ' i
des points moins mobiles, qui fervent de point fixe
aux points plus mobiles. Peut-être eft-ce une alternative
de glu & d’élémens terreux , & que les derniers
fervent de point fixe à la contraction naturelle
de la colle animale.
v Je ne fais pas fi la fibre eft cellulaire, comme le
font les membranes : elle a certainement une plus
grande difpofition an mouvement que le tiflù cellulaire.
Ce n’eft pas à fa figure cylindrique qu’elle la
doit. Les fibres ligamenteufes U tendineufes n’en
Tome II J,
font pas plus irritables pour être cylindriques ; c’eft
qu’elles font effentiellement celluleufes.
On a cru que la fibre étoit un chapelet de petites
véficules ; c’étoitune hypothefe. On a cru qu’elle
étoit un vaiffeau rouge ou bien un nerf. RI le différé
du nerf par fon irritabilité, qualité dont les nerfs
font entièrement deftitués. D’ailleurs les nerfs,
moins gros encore que les vaiffeaux, n’ont pas allez
de volume pour pouvoir fournir la matière des
fibres, & plufieurs animaux ont des mufcles très-
aû ifs, fans avoir des nerfs.
Tout ce que l’on peut prononcer fans crainte fur
la ftrutture de la fibre,,c’eft que dans les animaux à
fang chaud il y entre effentiellement des nerfs dépouillés
de leurs enveloppes, des arteres, des veines
& des cellulofités, & que toutes ces parties
avec l’élément irritable, qui fait l’effentiel de la
fibre, compofent un cylindre.
Chaque fibre eft attachée aux fibres, voifines par
un tiflù cellulaire : chaque paquet de fibres I’eft aux
autres paquets, dont le mufcle eft compofé, & chaque
mufcle l’eft aux parties voifines. La membrane
commune du mufcle n’eft autre chofe que la couche
la plus extérieure de la cellulofi'té, dont les couches
intérieures defeendent entre les paquets des
fibres.
Les fibres tranfverfales, que l’on a attribuées aux
mufcles, & auxquelles on a affigné un grand rôle
dans leur aûion, ne font que cette même cellu-
Iofité.
Dans ce tiflù cellulaire eft dépofée de la graiffe,
en grandes maffes dans les grands mufcles, & dans
l’intervalle des paquets confidérables, moins abondante
dans les petits paquets, réduite à la fin à une
humidité graffe dans les enveloppes cellulaires des
fibres qui paroiffent Amples. Trop accumulée, cette
graiffe étouffe l’aftion des fibres. On a vu même
qu’elle a fait difparoître ces fibres, & détruit en
quelque maniéré les mufcles entiers.
Le même tiflù cellulaire accompagne les arteres ,
les veines'& les nerfs qui fe' partagent dans les:
mufcles. Le mufcle étant prefque toujours plus long
que large , a prefque toujours plufieurs troncs artériels
, à la différence des vifeeres.
Les arteres rampent dans les intervalles des paquets
des fibres & des fibrilles, &. donnent aux plus
petits filets vifibles quelques rameaux. Elles exhalent
avec beaucoup de facilité, dans le tiflù cellulaire,
l’eau & même la colle de poiffon qu’on yinje&e.
Cette liqueur élargit les cellules du tiflù, arrondit le
mufcle, & produit une efpece de contraction dans le
cadavre , qui eft toute méchaniqùe , & n’appartient
en aucune maniéré à la fibre.
Les veines accompagnent en général les arteres ■
elles font conftamment valvuleufes.
Il y a des vaiffeaux lymphatiques dans le tiflù cellulaire
de plufieurs mufcles , & fur-tout dans le cou
& autour de la langue.
Aucun mufcle de l’animal à fang chaud n’eft fans
nerfs ; le mufcle de l’étrier a fon filet bien marqué.
En général les mufcles font plus abondamment fournis
de nerfs que prefque toutes les autres parties du
corps humain, & beaucoup plus que les vifeeres.
Les nerfs des mufcles font en y arrivant généralement
d u r s ,& couverts d’une enveloppe cellulaire fprt
ferrée. Ils la quittent en fe divifant, & deviennent
plus mous : ceuxùu coeur, le font effentiellement
à leur arrivée même. Ils n’entrent pas préférablement
dans la partie du mufcle la moins mobile , celle
qu’on a nommee tête. Les mufcles longs reçoivent des
nerfs dans toute leur longueur.
Leur diftribution eft à-peu-près la même que celle
des arteres, qu’ils accompagnent le plus fouvent.
Les plus petites fibres vifibles ont fouvent plus d’un
HHHh h h
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