retentifîement du fon ; ainfi, par exemple, dans repafi
fer t détrôner, goûter t Va , Vo 6c Y ou font plus renflés
& plus fourds que dans placer , raifohner, douter,
mais l’intonation eft la même.
Les fons graves, pour la même caufe, font naturellement
longs, mais ce cara&ere ne lès diftingue
pas des fons clairs qui peuvent aufli s’alonger ; 6c
c’eft à quoi l’on s’eft mépris : le fon grave ne peut
être bref à çaufe de fon volume 6c de fon retentiffement;
mais le fon clair peut être long; 6c foit dans
la prononciation naturelle , foit dans le chant, rien
n’empêche la voix d’appuyer fur Va de bocage & fur
l’o de couronne ; mais Je fon clair, en fe prolongeant
ne devient pas pour cela plus grave, parce que l’émif-
fion en eft toujours égale, 6c que fa durée n’ajoute
rien à fon volume naturel. Ainfi en donnant la même
durée au fon clair 6c au fon grave, à Va de J'age
6c à celui d'âge, à Vo de couronne 6c à celui de trône,
on les diftinguera toujours. (M. Ma rm o ü t e l . )
* § G RAVII, ( Géogr. ) ancien peuple d'Efpagne....
Ptolomie lui donne une ville quil appelle Tydce. Cette
ville de Tyde efl préfentement Tury dans la Galice.
Lifez Tug 6c non pas Tury. Lettres fur V Encyclopédie'.
§ G R A Y , (Géogr,') Louis X IV ayant pris cette
ville en i6 68,en fit ràfer les fortifications. L’uni-
verfité de Befariçon, fut d’abord inftituée à Gray par
le comte Othon IV. P. Caflignet, premier préfident
au parlement de D o le , étoit de Gray, auffi-bien que
Gauthrot, favori de Charles-Quint. La maifon de
ce feigneur fubfifte encore. Le bienheureux Pierre
Fourier de Matincourt, aflïftant Ie£ habirans pendant
la pefte , mourut à Gray , où l’on conferve fon
loe.ur.
Il y a grande dévotion & rapport à une Notre-
Dame trouvée par Jean Bonnet 6c donnée par Rofe
de Beaufrefnont aux Capucins en 1614.
Le college a été fondé par la maifon de Conflans.
Thevet dans fa Cofmogr. dit que de fon tems il
y avoir à Gray, près de la Saône, une haute colonne
de bronze qui faifoit Iaféparation des pays de Bourgogne
6c de France , ou des diocefes de Langres 6c
de Befançon. Voye[ Gelut, pag. 77. ( C. )
GREBENAU y {Géogr.') petite ville d’Allemagne,
dans le cercle du haut-Rhin, & dans la portion de la
HefTe fupérieure , qui appartient à la maifon de
Darmftadt : c’eft le fiege d’un bailliage d’où cinq villages
refforriffent. ( D . G. )
GREBENSTEIN, ( Géogr. ) petite ville d’Allemagne
, dans le cercle du haut-Rhin, & dans le land-
graviat de Hefie-Caffel, au quartier de la Dimel,
lur la riviere d’Effe. Elle eft chef-lieu d’un bailliage
qui renferme encore la ville d’Immenhaufen, les mines
de fer de Veckerhagen, & de Wilhelmftahll,
château de plaifance des landgraves : autrefois elle
étoit munie elle-même d’un for t , fitué au fommet
d’une montagne qui la touche ; mais ce qu’elle a de
finguliérement remarquable , c’eft fon tribunal ,
appelle jufiicepontale, lequel fe forme en plein air,
fur le pont de la ville, 6c connoît de tous les cas
amendables ; fon ufage veut qu’avant tout examen,
l’accufé commence par payer l’amende ; puis on
débat la caufe, & fi l’accufé fe trouve innocent ,
l’amende lui eft reftituée, & on l’impofe au double
fur le faux accufateur. ( D . G. )
GRÉ-CONTRAIRE, ( Mùfîq. ) J’ai trouvé quel-
que part gré - contraire pour .mouvement contraire.
Voye{ M o u v e m e n t . ( Mufiq. ) Dictionnaire raif. des
Sciences, 6cc. & Suppl. { F. D . C. )
* § GRECS ( P h i l o s o p h i e d e s ) , . . . . Dans cet
article, lifez Annicerisy au lieu iïAnniumy 6c Cléanthe,
au lieu de cliantke. .
* Hijtoire des Arts che{ les Grecs. Dans cet article
nous nous propofons de donner une notice de l’hif-
#>ire des arts parmi les Grecs y c’elt-à-dire, leur naïflance
, leurs progrès 6c leur décadence. Nous y
joindrons autant qu’il fera poffible des indications
fur les moyens que les artiftes de cette célébré nation
ont employés pour parvenir au beau , 6c
même au fublime dans tous les genres : nous faifons
gloire d’avouer que les ôbfervations que nous allons
publier ne font pour la plupart que l’extrait des ouvrages
fuivans. i° UHiftoirede T art cheç les anciens,
par M. J. Winckelmann, a vol. in-8°. à Amfterdam
chez Harrevelt, 1766. Les favans confiderent cet
ouvrage comme les inftitutes, le rudiment ou plutôt
comme l’analyfe de l’art. 20. Les Recueils d'antiquités
égyptiennes , ètrufques , grecques & romaines , 7 vol.
in-40. à Paris chez Duchefne, 1756. M. le comte de
Caylus, auteur de cet ouvrage , a rangé les monu-
meris de l’antiquité fuivant l’ordre chronologique :
l’on y voit i u. les efl’ais des artiftes de chaque nation
; 20. leurs progrès, leurs fuccès 6c leurs triomphes;
30. la décadence des arts y eft prouvée par
les monumens. Ces recueils font infiniment précieux,
parce que M. de Caylus y développe plufieurs procédés
finguliers des anciens ; qu’il a lui-même gravé
une partie de cet ouvrage ; 6c quoiqu’il foit extraordinairement
difficile à exprimer les nuances qui
diftinguent le ftyle antique des Grecs , de celui des
Romains, &c. cependant on peut dire que M. de
Caylus a prefque toujours réufli à le caraâérifer,
& à le faire fentir par le trait. 30. Nous ayons tiré
plufieurs obfervations de l’origine des loix, des arts
6* desfcienceS y par M. Goguet vol. in-4?. 1758. à
Paris chez Defaint & Saillant.
L’hiftoire nous apprend que les arts naquirent en
Egypte : l’architeâure» la fculpture, &c. fe reffenti-
rentducara&ere de grandeur, de nobleffe 6c de fim-
plicité qu’infpiroit la morale, la religion 6c la politique,
chez ce peuple, dans le tems qu’il étoit gouverné
par de vrais monarques. Les Etrufques s’inftrui-
firent auprès des Egyptiens ; ils commencèrent par
être copiftes, enfuite ils perfectionnèrent les détails
en facrifiant une partie de la grandeur. Dans la fuite
les arts furent tranfportés dans la Grece,: le favoir ,
joint à la plus noble élégance, conduifit les artiftes
à la perfection. Sous l’empixe d’Augufte les arts cheminèrent
vers Rome ; les Grecs furent invités à les
tranfporter dans cette terre étrangère où ils dégénérèrent:
dans l’Italie 6c dans la Sicile les arts luttèrent
pendant environ deux fiecles contre la barbarie :
la tranflation du fie’ge impérial dans Byzance les fit
périr dans Rome, 6c les ranima un peu dans Conf-
tantinople & dans les villes de la Grece. Les Turcs
prirent Conftanfinople ,6c pour lors les artiftes Grecs
pour fuir l’oppreffion, vinrent en Italie rallumer le
génie ou refluiciter le bon goût : enfin l’Italie a fervî
pendant long-tems de modèle à la France, à l’Angleterre,
à l’Allemagne, à la Ruffie, &c. Tel eft le chemin
que les arts 6c les fciences ont parcouru, &c.
Après avoir indiqué la route des arts 6c des artiftes
, nous devons obferver leurs progrès fucceffifs.
L’hiftoire des Egyptiens, des Etrufques , des Grecs,
des Romains, des Lapons, &c. nous démontre par
le moyen des monumens que dans tous les arts 6c
chez tous les peuples, l’on a commencé par fe borner
au néceffaire; enfuite l’artifte a recherché le
beau, il a tenté de parvenir au fublime ; enfin il eft
tombé dans l’extrême en fe précipitant du coloffal
dans la miniature ou dans le grotefque : en un mot à
.force de furcharger la nature de métaux, de pierreries
6c de fleurs, on l'a écrafée fous le poids des orne-
mens colifichets.
Des obfervations générales defeendons aux particulières
, qui concernent les Grecs. 400 ans avant
la guerre de Troye, l’Egypte étoit humanifée, policée
, 6c pour lors le roi Séfoftris émployoit les artifi*
tes à fortifier des villes, à bâtir des temples fuperbes*
à élever des obélifques, des pyramides , des fia- ,
tues,6*c. mais pendant ce tems-là, &même juf-
ques an régné de Codrus, roi d’Athenes, la férocité
des moeurs des Grecs répondoit à la groffiereté
de leur efprit ; la plupart vivoient de glands ou de
fruits cruds ; ils s’habilloient de peaux d’animaux ;
ils couchoient fur la terre, étendus fur des peaux :
plufieurs infulaires de l’Archipel immoloient aux
dieux leurs ennemis , les étrangers, ou leurs en-
fans &c. en un mot l’on ne trouvoit ni repos , ni
fureté dans la Grece. M. Goguet, dans VOrigine des
loix y ajoute ces mots : Nous rapportonsces faits pour,
prouver combien les éloges que certains efprits poétiques
donnent aux tems héroïques de la Grece y font faux &
déraifonnables ; il s'efl paffé bien des fiecles avant que
la plus grande partie de Tunivers foit fortie de cette fa ne
fie ignorance, dont les vices'& les excès les plus honteux
font la fuite inévitable,
M. l’abbé Winckelmann obferve que l’art naquit
beaucoup plus tard chez- les Grecs que chez les autres
peuples orientaux : mais comme la Grece paroiftbit
leur terroir naturel,ily fit en peu de tems beaucoup
de progrès. Paufanias dit que les peuples de T Archipel
commencèrent par adorer des cailloux, des
troncs d’arbre, des pierres équarries ou arrondies
grofliéreiiient ; telles étoient la Junon adorée àThef-
pis, la Diane adorée à Icare 6c à Patroa ; Jupirer-
Milichius adoré à Corinthe , 6c Vénus fous la forme
d’une colonne adorée à Paphos; Bacchus, les
grâces, les amours même étoient repréfentés par
des colonnes ; 6c le nom de K/«r, c’eft-à-dire, colonne,
fignifioit une (latue. Sparte, Caftor 6c Pollux étoient
indiqués hiéroglyphiquement par deux morceaux de
bois parallèles, liés par deux petites traverfes fembla-
bles à la figure qui défigne lés gémeaux dans le zodiaque.
Peu de tems après, les Grecs mirent destêtesfur
les pierres dont on vient de parler : on donna le nom
de ermai, hermes, terme ou mercure à ces pierres quar-
rées qui fervirent de limite 6c de divinité. Dans la fuite
les Grecs mirent au centre de ces pierres quarrées ou
de ces colonnes, des marques vilibies du fexe de la
divinité qu’elles repréfentoient : peu après , Dédale
fépara la partie inférieure de la pierre, il y forma
deux jambes. Dans les premiers tems, les ftatuaires
ne marquoient les traits du vifage 6c même ceux des
yeux que par des lignes droites, ou par des traits
applatis 6c alongés. M. Winckelmann penfe qu’il
eft plus vraifemblable que les Grecs ont plutôt puifé
l ’art chez les Phéniciens, que chez les Egyptiens,
parce qu’avant le régné de Pfamméticus , aucun
étranger rie pouvoit aborder en Egypte, & pour lors
les Grecs coinmerçoient déjà ayet les Phéniciens.
Les Egyptiens, les Etrufques 6c les Grecs les plus
anciens, mirent des inferiptions lur la bafe ou fur la
poitrine , ou fur la cuifle des figures. Myron mit fon
•nom, en lettres d’argent incruftées , fur la cuiffe
d’Apollon. Les premières figures des Egyptiens, 6c
des Grecs étoient roides comme Jes momies, fans
mouvement; les pieds étoient joints, 6c les bras
collés fur les anches : dans la fuite on tâcha de marquer
les mufcles fur les parties du corps ; mais on
les traça en ligne droite 6c en vives arêtes: peu après
on donna un peu de mouvement aux bras & aux jambes.
Diodore de Sicile remarque que les Doriens
-conferverent plus long-tems que les autres Grecs.l’ancien
fty le, fans arrondir les mufcles. Les hiftoriens
nous attellent que l’artifte Grec commença à travailler
fur l’argille, enfuite fur le bois, l’ivoire, le bronze,
la pierre, g*c. Les Grecs employèrent l’argille à colorier
les ftatues de leurs dieux, à faire des vafes 6c
à modeler des figures : on peignit ces vafes. Il nous
refte une affiez grande quantité de vafes grecs, même
de ceux du ftyle àntique ; ils reflemblent à notre
faiance, mais leur forme eft infiniment plus élégante,
,
Les premières ftatues 6c les premières maifons
des Grecs étoient de bois *, dans la fuite l’on dora les
ftatues. Il paroît que dans les tems les plus reculés,
les Grecs fculpterent l’ivoire. Homere parle fouvent
des gardes d’épée, 6c même des lits ornés de pièces
d’ivoire. Dans la fuite ils compoferent les ftatues
de leurs dieux, partie en bois ou en métal, 6c partie
en ivoire. Les Grecs des premiers fiecles firent les
ftatues des mêmes pierres dont ils bâtiffoient leurs
maifons, c’eft-à-dire de tu f, dans la ville d’Elis , &c.
Ces peuples ne commencèrent à travailler des figures
entières en marbre, que dans la cinquantième
olympiade. On habilla quelquefois les ftatues, en
les couvrant d’étoffe ordinaire ou de métal; enfuite
l’on peignit les draperies de pierre & les parties qui
repréfentoient les chairs : pendant les jours de fê te ,
on rougiffoit la face des ftatues. Paufanias obferv«
que l’on fit plutôt des ftatues de bronze dans l’Italie,
que dans la Grece ; il dit que Rhæcus 6c Théodore
de Samos font les premiers qui aient modelé & cifelé
le bronze parmi les Grecs. Cependant long - tems
avant C réfus, roi de Lydie, on a voit fait à Samos
trois figures de fix aunes de hauteur, qui foute-
noient un très-grand vafe ; le tout étoit de bronzé ;
ce monument étoit le produit du dixième du gain
provenu de la navigation des Samiens à Tartefus,
au-delà des colonnes d’Hercule. Hérodote prétend
qu’après'la mort de Pififtrate, les Athéniens firent
faire le premier quadrige de bronze ; ils firent placer
ce magnifique char au-devant du temple de Pallas.
Dans la fuite, les Grecs érigerent dans les temples des
ftatues d’argent 6c même d’or.
^A l’égard de la gravure en cachet, elle paroît être
tres-ancienne chez les Grecs ; l’on obferve que dans
les_. premiers tems ils faifoient des cachets avec du
bois vermoulu. La gravure des. cachets eh pierre paroît
delà plus haute antiquité parmi les Egyptiens.
Chez les anciens, au lieu de ligner les aftes, l’on im-
primoit fa note avec fon cachet ; chacun avoit le
lien.
Après avoir indiqué l’origine de l’art 6c les matières
fur lefquelles il s’exerça , M. Winckelmann
recherche dans la troifieme feftion du premier volume
les caufes des différences de l’art chez les
différentes nations : il prouve que le climat influe
fur la conftitution des peuples & fur leur maniéré
de penfer. Il dit que l’infpe&ion des hommes 6c
des animaux démontre l’influence générale du climat
fur la taille, la figure, la couleur, les pallions,
6c fur le langage. L’élégance des formes eft proportionnée
à la pureté & à la chaleur du climat.
La beauté fublime qui ne confifte pas feulement
dans la douceur moëlleufe d’une peau fatinée ,
dans la couleur fleurie d’un teint de iis 6c de rofes ,
dans la langueur f é d u i f a n t e y e u x humides, ou
dans la vivacité piquante des yeux pleins d’un feu
malin ; mais qui confifte encore plus dans la jufte
proportion des traits, 6c dans leur affortiment le
plus touchant ; cette beauté fe trouve plus fréquemment
dans les pays qui jouiffent d’un ciel plus pur,
plus fertile & plus bénin. L’ Italie renferme plus de
belles perfonnes que la France : la Sicile ou plutôt
Malte produit plus de belles femmes que l’Italie ;
l ’Ionie en voit plus naître dans fon fein que toutes
les autres îles de la grande & de la petite G re ce,
parce que le climat y eft doux, l’on y jouit d’un prin-
tems perpétuel * la température de l’air y eft plus
confiante, & plus foutenue que dans le refte de la
Grece ; la figure y eft par conféquent moins altérée
par lés maladies.
Parmi les Grecs , l’on ne voit point de perfonnes
qui aient le nez écrafé ; peu de perfonnes ont le nez
aquilin ; l’ovale de leur tête eft plus parfaite que
celle des Allemands 6c des Flamands, Dans lespay9