
pieds qui ont les talons bas, les écrafent, les fenvef-
ïent, les froiffent & font boiter le cheval ( attendu
qu’il a toujours le même point d’appui J , quoiqu’on
releve l’éponge 8c lé talon en levant le pied; mais
dès qu’il eft à terre, le talon va chercher l’éponge,
parce que le fabot eft flexible : ce quife voit en le déferrant,
par une gouttière remarquable de la branche
qu’a produit le'talon. 70. Les fers longs 8c forts d’é-
ponge, Jorfque le pied eft paré, la fourchette étant
éloignée de terre, occafionnent plufieurs accidens,
comme la rupture du tendon flëchiffeur de l’os du
/pied ou l’extenfion du même tendon, 8c la compref-
fion de la foie charnue, accident plus commun que
l’on ne penfe. 8°. Les fers longs font gliffer 8c tomber
les chevaux ; ils les bleffent au coude, lorfqu’ils
fe couchent fur l’éponge; ce qui s’appelle fe coucher
en vache. 90. Les crampons' font à: fupprimer fur le
pavé, & ils ne font bons que fur la glace ou fur une
terre grade. Pour peu que le cheval marche, les
crampons ne peuvent durer plus de fept à huit jours ;
donc il eft un mois ou cinq femaines fans avoir de
crampons, puifque la ferrure doit durer fix femaines.
io°. Les crampons en-dedans font fujets à eftropier
le cheval en croifant fes pieds fur la couronne ; ce
qui forme des atteintes encornées. 119. Le cheval
qui n’a qu’un crampon en-dehors, n’a point le pied
à plomb, & ce crampon gêne l’articulation de l’os
coronaire qui porte fur l’os du pied, fe trouvant
alors de côté. 120. Si le cheval a le pied paré, 8c
qu’il vienne à fe déferrer,il ne peutpas marcher qu’il
n e s’écrafe 8c que la muraille ne s’éclate , qu’il ne
foule la foie charnue » attendu que la muraille fe
trouve fans foutien. 130. Si les fers font longs 8c les
talons creufés, les pierres & les cailloux fe logent
entre le fer 8c la foie, 8c font boiter le cheval. 140.
Les pieds plats deviennent combles, en voûtant les
fers pour loulager les talons 8c la fourchette, parce
que plus les fers font voûtés, & plus aufli la muraille
s’écrafe 8c fe renverfe, principalement le quartier
de dedans, comme étant le plus foible ; pour
lors la foie charnue bombe, c’eft ce qu’on appelle
oignons ; ce qui met prefque toujours le cheval hors
de fervice. 1 50. Si la muraille efl mince , 8c qu’on
voûte les fers , ils preffent tellement les deux quartiers
j que les os du pied 8c ce qui en dépend, fe
trouvent comprimés; cette méthode achevé de perdre
les pieds plats des chevaux. 16°. Les pieds parés
font expofés à être plus confidérablement bleffés par
les clous de rué, les taillons, &c. 170. La foie parée
prend plus facilement la terré ou le fable qui forment
une efpece de maftic entre le fer 8c cette foie,
ce qui -foule le pied 8c fait boiter le cheval. Il arrive
encore que lorfque la foie efl bien parée, & que le
cheval fe trouve dans un endroit fec, la foie fe feche,
ferre 8c comprime la foie charnue, 8c fait boiter le
cheval. 18°. Il ne faut point attendrir la foie de corne,
ni fe fervir d’un fer rouge avec lequel on la brûle ;
par cette manoeuvre, on l’échauffe, & on rend par
conféquent le cheval boiteux. 190. Un fer fort, que
l’on fait porter à chaud, nuit tant par fon épaifleur
que par fa chaleur, qui échauffe tellement le fabot,
que la chair cannelée qui fe trouve defféchée, fe détache
par la fuite de la corne cannelée, & fait un
vuide entre la foie & la muraille ;ce qui oblige fou-
vent le cheval à boiter.'20°. Pour former un pied
qui plaife à la vue , on le rogne fi fort qu’il efl: paré
jufqu’à la foie- charnue, & que la chair fe faifant
jour a travers la foie de corne, la furmonte ;'c’eft ce
qu’on appelle une cêrïfe: ce qui fait boiter le cheval.
2 i° . Le pied paré efl principalement caufe que le
•pied en-dedans fe reflerre ; c’eft ce qu’on appelle
quartier fo ib le ou quartierferré : ce qui fait boiterie 1
cheval. Il arrivé aufli quelquefois que le fabot fe
reflerre, gene toutes les parties intérieures du pied ;
I t t qui eftropie Te cheval : en outre, quand le quartier
fe reflerre , il fait fendre le fabot dans fa partie
latérale.; ce qui s’appelle feime > 8c le cheval devient
boiteux: tous accidens qui viennent de la parure du
pied. L’habitude de parer les pieds & fur-tout lès talons
qui en font les arcs-boutans, fait ferrer les deux
talons, 8c les pieds s’encaftellent ; ce qui rend le
cheval boiteux. Enfin, à force de parer, fi le cheval
vient à fe déferrer plufieurs fois en un jour, comme
cela arrive , On lui réduira le pied prefqu’à rien ;' delà
mille inconvénrens. 220. C’eft un abus de râper
les pieds des chevaux ; le fabot eft altéré 8c il fe
forme des feimes. 230. Un autre défaut, c’eft d’é-
tamper & de contrepercer les fers avec des poinçons
trop gros , Iefquels font un trou trop large ;
enforte que fi-tôt que les clous ou que les fers font
un peu nfes, le fer bat 8c ne tient prefque plus à
rien. 240. La méthode de mettre des fers forts en
branche aux chevaux , qui fe coupent, eft inutile,
parce qu’elle n’a d’effet que lorfque le pied eft à
terre ; dès qu’il eft levé il fe met d’à-plomb , 8c l’é-
paiffeur du fer l’attrappe. 250. La plupart des maréchaux
, dans la vue de mieux parer, pouffent le boutoir
jufgu’au fang, 8c pour arrêter l’hémorrhagie de
la fourchette, ils y mettent le feu ;• ce qui rend le
cheval boiteux. 26°. Il y a des maréchaux qui croient
remédier aux talons encaftelés, 8c qui mettent des
fers qu’ils appellent à la pantoufle. Ils font forgés 8c
difpofes de façon que le bord du dedans qui regarde
la fourchette, eft extrêmement fort, & le bord du
dehors très-mince ; ils les ajuftent enforte que le
cheval appuyant deffus , l’épaiffeur du dedans de
l’éponge rencontrant le talon fur les arcs-boutans,
le bord du dehors ne touchqque peu à la muraille,
à caufe que l’éponge forme un talus de ce côté-là.
Le but des maréchaux eft d’écarter, par ce moyen ,
les talons ; mais c’eft en quoi ils fe trompent, parce
que loin de lés écarter, l’épaiffeur de l’éponge comprimant
les arcs-boutans, les empêche de profiter
& les reflerre encore davantage.
Il ne faut pas croire , tomme le penfent les
muletiers, qu’il faille que le mulet, pour bien marcher
, foit ferré avec dès fers grands 8c larges , qui
débordent en dehors 8c en pince de quatre à- cinq
pouces. 1 °. Les fers des mulets fopt beaucoup plus
pefans que les fers des chevaux, parce qu’on les
fait une fois plus grands & plus larges qu’il ne faut.
20. Ils font fujets à fe déferrer, tantà caufe de la
largeur , que de la longueur 8c de la pefanteur du
fe r , fur - tout quand ils marchent dans des terres
fortes 8c gràffes, ce qui les fatigue beaucoup.
30. Quand ils fe trouvent dans des chemins raboteux
, des rocs, des terres gelées fils ont de la peine
à marcher avec ces fers larges, attendu que le pied
eft beaucoup plus petit, & que fi qette furface de
fer ne porte pas précifément fur le milieu d’un caillou
ou d’une motte de terre gelée , le fer fait la baf-
cule , 8c occafionne un faux-pas.
U n’y à qu’une ferrure à mettre en ufage pour les
chevaux qui ont bon pied 8c qui n’ont pas de défaut,
c’eft celle de ferrer court, de ne jamais parer le
pied : il ne faut pas confondre les termes parer &
abattre : parer, c’eft vuiderlë dedans du pied ; abattre,
c’eft rogner la muraille. Les fers pour ces pieds
doivent être minces d’éponge, de maniéré que les
talons 8c la fourchette polent à terre ; bien que la
foie foit dans fon entier, elle n’acquerra pas pour
cela plus d’épaiffeur ; elle le débarraffe elle-même
de ce qu’elle a de trop , car dans les chevaux qui
n’ont point eu le pied paré, fi on gratte cette même
foie, on trouvé une fubftance. farineufe , ce qui
prouve que c’eft un fuperflu prêt à tomber. S’il en
et oit de meme de la muraille , on né feroit pas dans
lç cas de 1 abattre. Les fers ne doivent point être
couverts,
couverts, l’épaiffeur ne doit pas être confidérable, un
fer mince eft plus léger. Quoiqu’il y ait des chevaux
qui ufent plus du derrière que du devant, 'l’étam-
pure doit être ferrée également du pied de devant ;
le fabot en eft moins fatigué ; à l’égard du derrière,
cela doit être à-peu-près de même , fi çe n’eft qu’on
laiffe en pince un écartement de la valeur d’un clou,
vu le pinçon que l’on eft obligé d’y mettre, 8c le
point d’appui confidérable que le cheval eft obligé
de prendre avec tout fon train de derrière. La
courte perçure doit être faite du même côté de
l’étampure,; l’ajufture doit être douce 8c un peu
relevée en pince, le corps des branches à-plat. Les
clous , à leur tête , doivent être coniques , repré-
fentant la figure de l’étampure ; il arrive de-là que
quand ils font bien ufés , ils paroiffent ne faire
qu’un fe-ul 8c même corps avec le fer. De pareils
fers s’uferont minces comme des lames de couteau,
8c tiendront aufli bien que s’ils étoient neufs ; il
n’en fera pas ainfi avec les clous à tête quarrée , les
fers doivent garnir tant au devant que du derrière
aux chevaux de trait, mais il faut qu’ils foient juftes
pour les chevaux de felle ; les pieds de derrière
feront de même ferrés court, & de la même façon :
on évitera, par ces moyens,tous les accidens qu’oc-
cafionne la ferrure aôuelle.
Celui qui veut être maréchal, doit commencer
par connoître tous les outils d’une forge, 8c apprendre
à diftingper un fer de devant d’avec celui de
derrière ; celui du montoir d’avec un dehors le mon-
toir , ainfi que les différentes fortes de clous. Il doit
favoir la maniéré de forger 8c de ferrer, ainfi que
les précautions qu’il y a à prendre pour ferrer un
cheval malin. Je renvoie, pour tous ces différens
objets, à mon Ilippiatriqut, page 384. 8c fui vantes,
édition de Paris 1 7 7 2 ; on trouvera tous les
détails néceffaires , 8c qu’un bon maréchal ne peut
fe difpenfer de connoître. Nous allons paffer à la
ferrure qu’on doit mettre en ufage. On le répété,
la bafe du chirurgien vétérinaire eft la ferrure,
c ’eft elle qui l’occupe davantage : on doit donc plus
s’attacher à cette partie qu’à toute autre ; car »comme
on l’a dit plus haut , fur cent chevaux boiteux,
quatre^vingt-feize le feront du pied ; or la ferrure
étant le moyen d’y remédier, comment prefcrire
celle qui convient, fi on ne la connoît pas dans
toute fon étendue ? comment pourra-t-on fe déterminer
pour telle ou telle , fi on en ignore les avantages
Sc les inconvéniens ? comment, après en avoir
choifi une, l’appliquer, fi l’on n’a perfonne qui foit
en état de l’exécuter ? Il faut donc avoir manié le
marteau pour être capable d’ordonner, & fouvent de
forger foi-même. En général il n’eft pas abfolument
néceffaire qu’un maréchal poffede la fine anatomie : il
fuflit qu’il connoiffe la ftruéture des parties fur lef-
quelles il doit porter le biftouri, afin qu’il ne coupe
que ce qui doit être coupé , 8c qu’il évite de toucher
aux vaiffeaux , aux nerfs, &c. en un mot, il
fera bon maréchal pourvu toutefois qu’il connoiffe
à fond le pied du cheval. Avant d’entrer dans le
■ détail des différentes efpeces de ferrures qu’on doit
mettre en- ufage, nous allons dire deux mots des
propriétés de la fourchette du cheval, 8c des avantages
qu’il en retire. i° . Elle conferve les talons
bas 8c foibles : pour fuppléer au défaut, la nature
a formé une groffe fourchette, fur laquelle les chevaux
marchent 8c qui leur fert de point d’appui.
2°. Les pieds plats 8c les talons bas ont tous une
grofle fourchette qui foulage les talons : en effet
tout le poidsdu corps tombe fur la fourchette, 8cnon
fur les talons. Le contraire arrive aux bons pieds ;
car pour l’ordinaire ils ont une très-petite fourchette
, mais en revanche de forts talons qui
font la fonâion de fourchette, 8c qui par con-
Tome III,
féquent foutiennent tout le poids du corps du cheval.
La ferrure qui convient pour aller fcnidement fur
le pavé fec 8c plombé , tant pour les chevaux de
trait que les chevaux de bât, c’eft-à-dire pour les
chevaux de carroffe, de felle 8c autres, eft celle
qu’on a indiquée pour les bons pieds : c’eft la ferrure
courte, qu’on appelle en croijfant, c’eft-à-dire
un fer dont l’étampure eft également femée ,8cdont
les éponges minces viennent fe terminer au bout des
quartiers, de maniéré que le bout des éponges foit
de niveau avec les talons. On peut même , aux chevaux
qui en ont beaucoup , faire des crampons de
corne , de la hauteur d’un tiers de pouce 8c plus ;
ce qui les retiendra plus fermement, non-feulement
fur le pavé fec 8c plombé, mais fur toutes fortes de
terreins. Ces crampons de corne ne s’ufent pas: cela
eft fi vrai, que,quand on ferre le cheval , on eft
obligé d’en abattre une partie. Ces fortes de crampons
ne peuvent fe faire qu’aux pieds qui ont de
petites fourchettes, autrement il faudroit s’en tenir
à la ferrure courte, à celle dont les éponges feroient
égales à la muraille des talons, 8c dont la fourchette
poferoit à terre, 8c c’eft celle qui donne le plus,
d’appui au cheval ; cette ferrure s’exécute de même
aux quatre pieds. •
Comme la ferrure précédente ne fauroit empêcher
le cheval de gliffer dans le premier tems qu’il
pofe fon pied fur Je terrein plonibé, vu que la pince
porte la première , 8c qu’elle eft totalement garnie
de fer , on fe fervira du fer à demi-cercle pour les
chevaux de carroffe. Il doit être mince du côté de
l’étampure , plus jufte que le pied, 8c pofé de maniéré
que toute la muraille déborde de la moitié de
fon épaifleur dans tout fon pourtour. Après avoir
raifonnablement abattu le pied, on cernera le dedans
de la muraille , cette partie qui avoifine la foie de
corne ; on fera enfuite porter fon fer à chaud , puis
on l’attachera avec de petits clous dont la tête
fera enfoncée moitié dans l’étampure. On rapera
'les bords de la muraille en rond , afin qu’elle ne
puiffe pas s’écarter lorfque le cheval marchera. Au
moyen de cette ferrure, il marchera fur toute fa
muraille, foit en montant, foit en defcendant.
La ferrure pour les chevaux de felle doit être à
demi-cercle, le fer de deux ou trois lignes de largeur
fur une 8c demie d’épaiffeur ; il doit avoir dix
étampures, également femées & contrepercées du
même côté ; les clous doivent être par conféquent
très-petits. On le placera de la même maniéré que le
précédent, dont il ne différé que par fa largeur , 8c
par deux trous de plus. Le cheval ainfi ferré eft plus
léger, fes mouvemens font plus lians, 8c plus fermes
fur le pavé fec 8c plombé.
En général la plupart des chevaux ufentplus de derrière
que de devant, plus en dehors de derrière qu’en
dedans: ce qui vient de ce que le cheval ne metpas fon
pied en ligne droite, mais en formant le demi-cercle.
Il le porte en dedans 8c le reporte en dehors. C’eft
une remarque que perfonne n’avoit faite avant
moi. Par ce mouvement il y a, comme l’on voit,
un frottement du fer fur le pavé, mais plus en dehors
qu’en dedans, parce que ce bord fe préfente le premier
fur le terrein. Tout cheval qui ufe également
a une marche non-naturelle, ce qui provient d’une
mauvaife conftruftion. Il ne doit pas porter les jambes
de derrière fur la même ligne, mais plus près
du centre de gravité ; autrement il perdroit fon équilibre
, fes mouvemens feroient plus précipités 8c
moins àffurés. Ainfi tout cheval qui aura les jambes
inclinées de dehors en-dedans, fera toujours préférable
à celui dont les jambes font perpendiculaires.
Ces fortes de chevaux ont befoin d’un fer dont la
I branche foit bien forte én dehors, mais qui ait très-
peu de fer en dedans : celle de dehors doit être
Hhh