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elle laiffe avancer fês deux aîles de decurions ; oc
les courbant inferifiblement en forme de bras, elle
tâche d’enfermer dans cette concavité la cavalerie
ennemie, dont la plus fûre reffource eft de lancer
fur elle beaucoup de traits & de dards, à la maniéré
des Tarentins, pour empêcher l’approche de
fes pointes circulaires, en y portant le défordrë &
la confulion. ( Planche I I , fg . 3 <f. )
Lès Grecs formoient fouvent un efcadron , de
maniéré qu’il eut peu de front & beaucoup de profondeur
, en lui donnant une hauteur qui fût double
pour le moins de fa longueur.
L’objet de cette difpofition étoit de tromper l’ennemi
, en lui cachant une partie de fes forcés par le
peu d’étendue qu’ils lui faifoient occuper de front,
& de le rompre plus aifément au moyen de cette
ïnaffe épaiffe & pefante qu’ils faifoient tomber bruf-
quèment fur lui. C’étoit encore la feule qui fut praticable
quand ils étoient obliges de s’engager dans
des défiles, & de traverfer dans leurs marches $ dés
chemins étroits & difficiles. Ils oppofoient à cette
Ordonnance la phalange tranfverfe ou oblongue.
( Voye[ planche I I ,fg . 40.)
' il y avoit une autre forte de lofange, dont les
cavaliers étoient tellement difpôfés * qu’ils formoient
des files fans former de rangs. On ne c-oni-
pofoit ordinairement cette derniere forte de lofange
que de cavaliers exercés à tirer de l’arc à la maniéré
des Parthes & des Arméniens. On lui ôppofoit là
phalange creufe ou recourbée en avant. Voyc^ P h a l
a n g e . ( Art milit. Tactique des Grecs.') dans ce Supplément.
( V. )'
L o s a n g e , f. f. teffella feutaria, ( terme de Bla-
fon. ) meuble de l’écu qui repréfente un rhombe où
figure de quatre côtés pofée fur un de fes angles aigus.
lofange fe trouvant feule, doit avoir en largeur
deux parties un tiers des fept de la largeur dé
l’écu , & une huitième partie de plus, des deux parties,
un troifieme en hauteur.
Trois lofanges, foit qu’elles fe trouvent poféés
deux & un-, ou accolées en face, ne doivent avoir
chacune en largeur que deux parties des fept de là
largeur de l’écü, & tine huitième partie de plus des
deux parties en hauteur.
Par ces proportions, les trois lofanges accolées en
fafee ne touchent point les flancs de l’éeu.
Un plus grand nombre de lofanges a des proportions
équivalentes à celles ci-deffus expliquées ,
toujours en diminuant proportionnément à leurs
plus grand nombre.
DumonCel de Martinvàft, en Normandie ; de
gueules à trois lofanges d’argent.
Cadoene de Gabriac, en Gévaudan & à Paris ;
de gueules à fept lofanges d'argent.
LOSANGÉ, é e , adj. ( terme de Blafon. )-fe dit de
l’écu rempli de lofanges de deux émaux alternés.
Pour avoir les proportions du lofangé , on trace
une ligne diagonale de l’angle dextre du haut de l’éeu
à l’angle féneftre du bas , ce qui fait le tranché ; de
cette ligne ou de ce tranché, on trace trois parallèles
de chaque côté à égale diftance ; on fait la même
opération en traçant une diagonale des angles
oppofés qui forme le taillé , & trois autres parallèles
de chaque côté de ce taillé qui croifent les premières
lignes obliquement ; ces quatorze diagonale
s , fept à dextre, fept à féneftre font le lofangé.
Voye1 fig. 4/ , planche V de Blafon , Suppl.
Lofangé fe dit auffi de la croix, de la fafee & autres
pièces remplies de lofantes.
Lofange & lofangé viennent de l’italien lofa qui
lignifie une pierre taillée en angles.aigus.
De Talhouet de Ke'raveon1, de Kerio , en Bretagne
; lofangé- d'argent & de fable.
Loras de Campagnieu, de Montplaifant, du Saix,
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en Dauphiné; de gueules à là fafee lofangé* d'or G
d'aVi r . fG ,D .L .T . )
LOSEMSTERT , ( Géog'n) Village d’Allemagne
oit l’ëmpéreùr -avoit un château 4Si oit fut' én'férrhé
Richardf roi'd’Angleterre ; au retour d’unecroifade.
Blondel, maître de: mufique de fa chapelle , après
l’avoir été chercher en la Terré-Sainte ; le découvrit
en ce lieu , en chantent*aù pied de la tout gril^
lé é,le prefnier couplet d’ifné-dés chanfons françoi-
feS qu’il avoit autrefois èqhipOfées avec Richard : il
entendit du fond de la fôùr ürié voix qui chanta les
COuplets füivdnS', & termina là chanfon. Certain
alors dè f e découverte -, Ce Tèrvîteurfidelé fe hâta
de pafler en Angleterre oit Toù entama avec l’empereur
les négociations qui rendirent Richard à fon
royaume. (C .)
LOT AIRE I , troifieme empereur d’Occident
depuis Charlemagne, ( Empiré F ra n ço is.) hé vers
l’an 795 , de l’émpereüf Loùis-le-Pieux , fon prédé-
ceffeur , & de l’impératrice Irmengarde , aflbcié à
l’empire en 8 1 7 , fuccéde à fon pere en 840, meurt
fous le froc dans l’abbaye de Prum en 8 5 5 , âgé
de 60 ans : il laiflà'de l’impératrice Irmengarde fa
femme, trois fils & une fille. Louis II , fon aîné, lui
fuccéda au royaume d’Italie & âu titre d’empereur.
Lotaire,fon puîné, eut l’ Auftrafie , appellée Lorraine
de fon nom, & Charles , le troifieme * eut la
Provence qui fut érigée en royaume; Irmengarde,
fa fille, époufa Gifalbert, duc d’Aquitaine. Voye^
LOUIS le Hébàmiairc & CHARLES le Chauve.
L o t a i r e I , foi de Lorraine,-fils du précédent,:
( Hijioire dé France.) On né.fait comment l’empereur
Lotaire I. qui verfa tant dé fang pour réunir la
monarchie fous un feul maître , put confentir à partager
entre fes fils la portion qu?ü en avoit poffédée,
fur-tout dans un tems où ces princes pou voient
être affervis par leurs oncles Louis de Germanie ôc
Charles-le-Chauve, qui chacun poffédoient autant
d’états qu’éux trois réunis :Tés fuites de ce partage
furent telles qu’il eût du les prévoir , les malheurs
lie fes peuples & l’aviliffement de fa poftérité : il
fut fans douté conduit par une fauffe idée d’équité,
qüi doit toujours céder â l’intérêt dé l’état : il eomp-
toit’peut-être fur l’iinion qui dévoit régner entr’eux ,
& il y en eur pteü : ils eurent dJàbord des démêlés affez
v ifs , & bien-tôf ils lè partagèrent entre leurs oncles
dont ils furent les efclaves plutôt que les alliés;
Lotaire entretenoit au fond de'fon coeur une paffioii
qui lui devint très-funefte , il avoit vécu dans fa jeu-*-
neflë avec Valdrade , il conçut le deffein de l’épou-
fer & de répudier la reine Thietberge: Charlemagne
fon bifaï'eul, en avoit fouvent ufé de la lorte ; mais
fa pofition n’étoit pas la même, il s’en falloit bien
qifil fût auffi puiffant : Charlemagne avoit commandé
au tiers de l’EurOpe , il ne pouvoit fuivre
fans danger l’exemple de ce prince : Lotaire ne s’aveugla
pas fur les difficultés d’une femblable entre-
prife: ilufadesplus grands ménagemens, tant envers
le clergé qu’énvers les princes fes oncles & fes frères
: il donna à Louis II. les villes de Laufanne &■ de
Sion, avec plufieurs comtés dans le voifinagé ; le
roi de Germanie eut l’Àlface. Au refte, les motifs
ou les prétextes ne lui manquèrent pas : il prétendit
que là reine vivoit inceftueufement avec un comte
appellé Hugues, jeune feigneur très-connu par la
licence de fes penchans, & qu’auparavant de la concoure
il avôit époufé Valdràde par un mariage
caché. Thietberge , foit par foiblelfe & par crainte ,
foit qu’elle l’eût réellement commis, avoua le délit
avec des circonftances qui poüvoient faire ajouter
foi à l’âccufation. Un concile national la jugea criminelle
prononça une fentence de divorce:
cette importante affaire fembloit être terminée, mais
Charles-le-Chauve la regarda comme un prétexte
dont il pouvoit avantageusement fe fervir pour dépouiller
fon neveu. Les conféils que'ce prince ambitieux
donna à Thietberge furentla caufe d’une in fini
té: de troubles dans l’état & dans l’églife. La reine
répudiée foutint que l’aveu de fon crime lui avoit
été extorqué par-la violence, & qu’elle n’étoit
aucunement coupable. Le pape gagné par les émif-
faire de Chàrles-le-Chauve , fe déclara pour la reine
bifgraciée , qui pafla auffi-tôt à la cour deNeuftrie ,
d’où elle prit toutes les mefures pourfemer la con-
fufion & le défordrë dans les états de fon mari. Un
fécond concile ratifia la fentence du divorcé , & or-,
bonna le couronnemOnt de Valdrade. Nicolas I. ne
laiffa pas échapper l’occafion d’augmenter les prérogatives
de fon fîegé, & contre les loixde la monarchie
qui ne perniettoient pas qu’une caufe commencée
dans un royaume en paffât les limites , il
s’en attribua la eonnoiflance, s’éle vant ainfi au-defliis
des conciles, ce que fes prédëcefleurs n’avoient eu
garde défaire. Ihcommença par lancer les foudres de
l’excommunication contre le roi de Lorraine ; c’étok
encore une ufurpâtion du faint fiege , chaque évêque
avoit le droit exclufif de les lancer dans fon
diocefe. Hincmar, -àreheVêqûe de Reims , foutint
les droits des évêques contre les entreprifes du
pape ; mais ce prélat étoit àttaché à Charles-le-
Chauve , il fe contenta de défendre les privilèges
de fon ordre, fans chercher a faire çeffer les tracaf-
feriés auxquelles Lotaire étoit en butte. Nicolas fut
inflexible fur le mariage de Vàldrade, il traita les
conciles quiTavoiént permis d’aflemblées infâmes,
& féparà dé fa communion les évêques qui y avoient
préfidé. Louis IL prit le parti de fon frere , il marcha
vers Rome, & envoya des ordres pour arrêter
Nicolas. Ce pontife employa des armes bien dange-
reufes : il fit regarder Louis II. comme un impie quï
prétendo-it renverfer l’autel ; il exhorta la populace
de Rome à fe dévouer au martyre: on fit des procef-
fions, on récita des litanies, & l’on fe condamna à
des jeûnes rigoureux. Toutes ces pieüfès pratiques
étoient employées pour perdre deux têtes couronnées
, l’empereur & le roi de Lorraine. H faut obfer-
ver que les légats du faint fiege avoient approuvé
le mariage de Lotaire avec Valdrade, comme ayant
été conclu avant celui de Thietberge. Nicolas
étoit preftpie le feul qui le regardât comme illégitime,
& fa grande intimité avec Charles-le-Chauve,
nous donne lieu de croire que fon zele n’étoit point
abfolument pur, & qu’il y entroit bien des confidé-
rations humaines. Une entrevue de Charles-ie-
Chauve avec Louis de Germanie, caufa les plus
mortelles frayeurs à Lotaire, il fentit bien qu’ils ne
fe réunifloient que pour le dépouiller. Il plia enfin
fous l’o rage, & confentit à reprendre Thietberge : ce
fut alors que la cour de Rome fit fentir tout le poids
de fon defpotifme ; le pape enhardi par le fuccès,
força Valdr-ade d’aller à Rome pour y recevoir en
perfonne la pénitence qu’il jugeroit à propos de lui
preferire. Cette contrainte de vivre, avec Thietberge
augmentoit encore le dégoût de Lotaire pour cette
prineefle, & rendoit plus tyrannique fa paffionpour
Valdrade: cependant la foumiffion qu’il avoit montrée
au faint fiege , avoit déconcerté les mefures
de Charles-le-Chauve, qui ne l’avoit traverfé que
dans refpoir de parvenir à fe revêtir de fes dépouilles.
Charles changea alors de fyftême ; toujours
guidé par l’envie d’accroître fes états, il montra
des dilpofitions favorables pour Valdrade: il eut
une'entrevue avec Lotaire, qui pour récompenfer
les fervices-qu’il loi faifoit efpérer, lui donna l’abbaye
de Saint-Vaft. Thietberge fe voyant privée de
fon principal appui, defeendit du trône où monta
fa rivale. Elle écrivit même en pour de Rome ; elle
sfluroit le pape que Lotaire avoit eu de juftes motifirde
la répudier ; elle s’àVoua même incapable
de remplir les voéùX du mariage', elle fit le même
aveu dans une affemblée fyriodalë ; mais le pape fitt
toujours fidele à fes premiers fentiméns, il réfuta de
croire Thietberge, & lui fit un devoir facré-dé féfter
dans le palais de Lotaire, qui fut-'encore obligé'dè
fê retourner vers les oncles. Charles Favoit déjà
abandonné, dans Fefpoir qu’il lui Teroit faire dè
nouveaux facrificesVee fut pOur s’en difpenfer que
•Lotaire implora'leTécours dé.'Louis de Germanie:
On prétend memé qu’il promit de lui laiffer fon
royaume par fon .Uëftàmerit^ H én obtint uné lettré
pour le pape qui mourut fur cés entrefaites. Adrien
qui lui fucceda, & qui fentoit le Bèfoin de ménager
l’empereur Louis II dans un tems Où lès Sàrrafins
menaçoient Rome, montra moins d’opiniâtreté '; il
conferttit à convoquer un nouveau concile, bien différent
de Nicolas qui prétendoît être l’uniquè juge.
Charles-le-Chauvé ne s’etoit pas 'fi1 bien caché que
l ’on n’eût de voilé les vues d’intérêt qui le faifoient agir.
Ses deffeins parurent dans le plus grand jour : la mô»-
déràtion d’Adrien qui fe montrbit difpofé à pacifier
les éhofeS j lui ôtant tout efpoîr dë perdre •Lotaire
par le clergé , il redoubla fes efforts & les brigués
auprès du roi de Germanie, çjui përdit bientôt de
vue les prômeffes qu’il avoit faites à fon neveu. Ilè
firent ënfemble ürv traité qui poftoit, « qu’en cas
» qu’il plût à Dieu d’augmenter encore leurs’ états dë
» ceux de leurs- neveux, foit’ qu’il fallût les ccin-
» quérir, foit qu’il fallût les partager entré feux pat
» des arbitres, foit qu’après la .conquête ou le parafa
ge il fallut cônférver ou défendre ce qui leur
» feroit échu , -ils. s’a ffifteroierit mutuellement de
» -toute leur puiflancé & de -fous leurs obéfèils, &c. 4
Il paroît bien clairement que cés deux princes éonî-
voitoient le royattme de leurs neveux. Louis de
Germanie ne comptoit plus fur le teftament dé
Lotaire, il connoiflbit l’affiêtion .de ce prince pour
Hugues qu’il avoir eu de Valdrade. Us formèrent lé
projet de faire condamner Lotaire à garder Thiet-
berge, fousprétèxte du feandâle que caufoit fonpre'-
tendu adultéré avec Valdrade. Le roi de Lorraine
avoit un fidele ami dans l’empereur : ce prince ouvrit
les yeux du pape fur les deffeins de Louis de
Germanie & de Charles-le-Chauve. Adrien leva
l’excommunication de Valdrade. Lotaire avoit cette
affaire tellement à coeur, qu’il fe décida à aller en
Italie folliciter en perfonne la proteélion du faint
pere qui l’admit à fa communion ; il lui fit des
préfens très-confidérables, il lui donna entr’àütreà
des vafes d’o r , dont l'art de l’ouvrier égaloit là
richeffe ; mais ce qu’il demanda au pape & ce qu’il
en obtint, lui parut plus précieux que tous ces prë-
fens : c’étoit une lionne, une palme & une férule ; la
la lionne repréfentoit VaWradè ; la palme, Ja rêuf-
fite de toutes fes entreprifes ; la férule, le pouvoir
de chaffer les évêques qui oferoient s’oppôfér à. fes
deffeins; mais ces favorables augures ne furent point
juftifiés: il mourut à Plaifance d’une maladie con-
tagieufe , que fes ennemis firent paffer pour une ma*
lédi&ionduciel. Thietbergefe rendit auffi-tôt auprès
de fon corps, elle lui fit rendre les honneurs funèbres
, elle verfa un torrent de larmes, & montra, par
fa fenfibilité qu’elle étoit digne de l’amour qu’elle
n’avoitpuluiinfpirer; il n’en avoitpointeu d’enfans ,
on peut croire, d’après l’aveu qu’elle en fit, qu’èllé
étoit ftérile.
Le régné de ce prince forme une époque remarquable
dans notre hiftoire : cette malheureufe paf-
fipn qu’il ne fut vaincre, ne fervit j>aspeu à accélérer
la chûte de la fécondé race : il fit plufieurs con-
ceffions dangereufes , & pour conferver fa couronne
, il la dépouilla de fes plus précieufes prëror
gatives, La politique ne lui pardonnera jamais les