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celle qui n’a que peu ou point d’accent ne peut avoir
■ qu’une mélodie languiffante & fro id e , fans cara&ere
\ fans expreflion. Voilà les vrais, principes ; tant
qu’on en iortira & qu’on voudra parler du pouvoir
de la mulique fur le.coeur humain , on parlera fans
s’ entendre; on ne faura ce qu’on dira.
Si la mufique ne peint que par la mélodie, & tire
d’elle toute fa fo r c e , il s’enfuit que toute mufique qui
ne chantepas, quelque harmonieufe qu’elle puiffeêtre,
n’eft point une mufique imitative, & , ne pouvant ni
toucher ni peindre avec fesbeaux accords, laffe bientô
t les ore illes , & laiffe toujours le. coeur froid. Il
fuit encore q u e , malgré la diverfite des parties que
l ’harmonie a introduites, & dont on abufe tant aujourd'hui
, fi-tôt que deux mélodies fe font entendre à
la fo is , elles s’effacent l’une l’autre, & demeurent
de nul effet, quelque belles qu’elles puiffent être
chacune féparément : d’où l’on peut juger avec quel
goût les compofiteurs françois ont introduit à leur
opéra l’ufage de faire fervir un air d’accompagnement
à un choeur ou à un autre air; ce qui eft comme
fi on s ’avifoit de réciter deux difcours à-la-fois, pour
donner plus de force à leur éloquence. Voye{ U n i t é
d e M é lo d ie , ( Mujiq. ) Supplément. ( S. )
M É L O D IE U X , adj. ( Mujiq. ) qui donne de la
mélodie ; mélodieux, dans l’ufage, fe dit des fons
agréables, des v o ix fonores , des chants doux &
gracieux , &c. ( S )
M É LO S , (Mujiq. des une.') douceur du chant. Il eft
difficile de diftinguer dans les auteurs Grecs le fens
du mot mélodie. Platon dans fon Protagoras, met le
mélos dans le fimple difcours, & femble entendre
par - là le chant de la parole. Le mélos paroît être ce
par quoi la mélodie eft agréable. C e mot.vient de
miel. ( S )
M E L T 1A N U S P A G U S , (Géogr. du moyen age.J
le Multien ou Mulcien , qui avoit pour ch e f- lieu
Meaux en Brie, Meldi. C ’eft apparemment tout le territoire
qui obéiffoit fous la première race de nos rois
à des comtes particuliers ; car Grégoire de Tours
dit que Guerpin. ScGondebaud furent fucceffivement
comtes de ce canton , qu’il appelle comitatum Mel-
denfem. Les geftes de Dagobert difent territorium
Meldicum, & les capitulaires de Charlemagne MeL-
tianurn, & le placent inter Pagos Parijîacum & Me-
lidunenfem. Dans le partage de Louis le Débonnaire
il eft nommé Meltianus; par Charles le Chauve Mel-
cianus ; & par Nithard Miliciacus.
Le Multien en-delà de la Marne touche au Valo is,
Vadcnfîs, & au Soiffonnois.
L’autre partie du Multien, entre la Marne & la
’S e in e , eft de la C eltiq u e, dans la B r ie , inPago
Briegenji, & confine au Parifis & au Senonois.
Dans le Multien, au nord de la ville de Meaux ,
eft le petit pa ys de la Goëlle ( Goélla rtgiuncula ) ,
dont le lieu principal eft le bourg & comté de Dam-
martin en Goëlle; proche les bo is , eft une ferme qui
dépend de l’abbaye de Chambre-Fontaine , qui n’a
point d’autre nom que celui de Goëlle. Peut-etre ce
nom vient-il d’un feigneur qui l’aura donné à fa terre ;
o n v oit un Goèllus de lvriaco, fils de Robert d’Iv ry,
& d’Hildeburge, comteffe de Meulan , qui a fait
beaucoup de bien à l’abbaye de Saint-Martin de
Pontoife.
La Gallevaffe eft un autre petit canton, Calïvaff-
nus Pagellus. Ce nom v ie n t , non de Gcillia Vêtus,
comme l’ont dit quelques-uns , mais de Vadicaffes,
peuples dont la principale partie s’étend aujourd’hui
dans le diocefe de Châ lons, & en partie dans celui
de Soiffons & celui de Meaux. Voye^kd. de Valo is,
Not. Gai. & Hijl. de Meaux , /. / , page Cio , in-40. BB§
MEMBRANE, (Anatomie.") Pour parler exactement
, les membranes ne font pas formées par des
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fibres entrelacées ; ces fibres même leur font étran*
gérés. Les membranes font compofées effentiellement
des petites lames du tiffu cellulaire entrelacées irrégulièrement.
Une membrane macérée dans de l ’eau
la b o it , fe gonfle, & devient une éponge ; féchée
de nouv e au , elle conferve les petites cavités entre
les lames & paroît une écume féchée^
Si les membranes n’ont point de fibres, elles n’ont
aucune irritabilité, il ne leur refte que la force morte,
par laquelle les élémens tendent à fe rapprocher,
& cette fo rce fe conferve plufieurs jours après la
mort.
Effentiellement les membranes font fans nerfs St
fans fentiment : fi elles en paroiffent a v o i r , elles
doivent cette apparence à des nerfs qui rampent
fur leur furface. On a cherché avec le plus grand
foin des nerfs fur la dure-mere , où ils feroient aifés
à vo ir , parce qu’on peut la découvrir prefqu’entié-
rement fans la b le ffe r, & il eft avéré qu’il n’y en a
pas le moindre filet. Mais des nerfs peuvent ramper
fur une membrane, comme le font les nerfs inter-
coftaux fur la pleure. Leur bleflùre ou leur léfion
quelconque, peut être prife pour celle de la membrane.
11 n’y a point de glandes dans les membranes. La
liqueur fine qui fuinte de leur furface , vient des
arteres , dont les plus petites branches s’ouvrent
dans les grandes cavités & y répandent une lymphe.
(H. D . G .)
§ MEM BRE,f.m . (terme deBlaf.) patte de devant
d’un griffon , ou patte d ’un autre o ifè au , détachée
du corps de l’animal ; elle fe pofe en barre. Voye£
planche V. jig. 268 , Dictionnaire raifonné des Sciences,
& c . où vous remarquerez qu’au lieu du terme
membre, on fe fert du terme patte ; ce dernier terme
s’emploie pour les lions, ours & autres animaux quadrupèdes
, mais on nomme membre:s les pattes des
oifeaux détachées de leur corps, & membrés\zs mêmes
pattes jointes au corps des o ife a u x , lorfqu’elles fe
trouvent d’émail différent. Les griffons étant moitié,
aigle, moitié lion, les pattes de devant font nommées
membres, & celles de derrière pattes.
Armé fe dit des griffes, lorfqu’elles font d’un autre
émail que le membre,
Gaufreteau de Puynormand, en Guienne 9da^ur,
à trois membres de griffons d'or.
Bourdeille d’Archiac , de Ma tha, en Périgord ;
d'or à deux membres de griffon de gueules , armé
d'azur.
§ MEMBRE, é e , adj. (terme de B la f on?) fe dit des
pattes ou membres d’aigle s, de cygnes , & »autres
oifeaux , quand ils fe trouvent d’un émail différent
de celui de leur corps.
Les termes membre St membré viennent du latin
membrum , pa r tie , piece détachée.
Dubois d’E fpin a y, de Pirou, en Normandie ; £or
à une aigle de fable , membrée de gueules.
Foiffy de Crena y , de Villemareuil, de Moteux *
en Champagne; d'arur au cygne £ argent, becque &,
membré d’or. (G . D . L . T.)
M E N D IC IT É , f. f. (jEconomie politique. ) C ’eft
une chofe honteufe & fünefte dans un état que d’y
fouffrir des mendians. L’àumône, louable dans fes
principes, n’en eft pas moins quelquefois l’aliment
de la fainéantife & de la débauche. Dans un grande
partie de l’Europe , les enfans des villageois s’habituent
, au fortir du berceau, à ce vil métier de mendians.
Comment tirer de-là un peuple honnête St
laborieux ? Rien de plus malheureux fans doute ,
rien dont on s’occupe moins.
Il eft pourtant vrai que tout homme qui n’a rien
au monde , & à qui on défend de mendier , a droit
de demander à v iv re en travaillant. T ou te s les fois
donc qu’une lo i s’oppofe à la mendicité JA faut qu’elle
foit
M E N
fo it précédée d’un appareil de travaux publics qui
occupent l’homme & le nourriffent ; il faut qu’en
l ’arrachant à l’o ifiv e té , on le dérobe à la mifere.
Sans cela on le réduiroit aux plus cruelles extrémités
, & l’état feroit refponfable des crimes que la
néceffité con feille roit, St que le défefpoir feroit
commettre.
Alexandre ayant vaincu Darius , fit mettre aux
fers les Athéniens St les Theffaliens qui' fe trou-
voient avoir déferté chez les Perfes ; mais il ne punit
pas de même les Thébains , parce que nous ne leur
avons laiffé, dit-il , ni villes à habiter, ni terres à
labourer.
Il y a trois états dans la v ie qui font difpenfés du
travail , l ’enfance , la maladie St l’extrême vieil-
leffe ; St le premier devoir du gouvernement eft de
leur affurer à tous les trois des afyles contre l’indigence
: je ne dis pas feulement des afyles pub lics,
triftes St pitoyables reffources des v ie illa rds, des
ènfans St des malades abandonnés, mais des afyles
domeftiques, c’eft-à-dire une honnête aifance dans
l’intérieur d’une famille laborieufe , & en é ta t, par
fon tra v a il, de fubvenir à leurs befoins.
Mais ces trois états exceptés , l’homme n’a droit
de viv re que du fruit de fes peines , St la fociété ne
lui doit que les moyens d’exifter à ce prix ; mais ces
m o y en s , elle les lui doit' : ce n’eft pas affez de dire
au miféràble qui tend la main, va travailler ; il faut
lui dire , viens travailler.
A quoi , me dira-t-on ? quelles font les reffources
pour occuper & pour nourrir cette foule d'hommes oififs ?
Cette difficulté fera de quelque poids, lorfque toutes
les branches de l’agricu ltu re , de l’induftrie & du
commerce feront pleinement en vigueur , St que
dans les campagnes, dans les atte lie rs, dans les manufactures
, dans les armées , il ne reftera aucun
vuide. Mais tant qu’il y aura dans un état des terres
incultes ou négligées, des befoins publics tributaires
de l’induftrie des étrangers, des flottes fans matelo
t s , des armées qui enlevent la fleur St l’efpérance
des campagnes , des fortifications à rép are r, des
canaux à creu fe r , des ports & des rivières à netto
yer fans c e f fe , des chemins à entretenir fans le
fecours ruineux des c o rv é e s , des arfenaux St des
magafins à pourvoir d’un immenfe appareil de guerre
& de marine ; ce fera une queftion infenfée que de
demander à quoi employer les mendians.
Mais en les employant, dit-on , i l faut que l'état les
nourriffe. La réponfe eft fimple : l ’état les nourrit
fans les em p lo y e r , & l ’aumônefaite à l’homme o ifif
& lâche fera le falaire de l’homme utilement & honnêtement
occupé. (A A .)
M EN E S TR E L , f. m. (Mufque.) on appelloit autrefois
meneftrels ceux qui faifoient St exécutoient la
mufique fur les paroles des troubadours. (F . D . C.)
MEN1AM B E , (Mujiq. des anc.) nome de cithare
des Grecs , qui s’accompagnoit avec des flûtes, ou
que l’on exécutoit fur des flûtes. P o llu x , Onomaft.
liv. IV . chap. x . (F . D . C.)
MENiL-LA-HORGNE, (Géogr. Hift. Litt.) village
de Lorraine, près de C om m e rc i, diocefe d e T o u l,
remarquable par la naiffance d eD . AuguftinCalmet
en 16 7 2 , BénédiCHn de Saint-Vannes en 1688, abbé
de Léopold en 1718 , enfuite de Senones en 1728 ,
où il eft mort en 1757 , après avoir refufé un évêché.
Ses vertus ne le cédoient point à fes lumières. On a de
lui un grand nombre d’ouvrages fur l’écriture fainte,
dans lefquels on remarque une vafte érudition ;
YHifloire eccléfiaflique & civile de Lorraine , en trois
volumes in-fol. & réimprimée en f ix , eft là meilleure
qu on ait publiée de cette province : il a au fil donné
la Bibliothèque des auteurs Lorrains, un volume in fo l.
fes differtations fur les efprits , les rev enans , les
vampires font une compilation de rêveries faites par
Tome 111%
M E N 8 9 7
un vieillard octogénaire. Voici fon épitaphe compo-
fée par lui-même :
H i c j a c e t F r . A u g u s t in u s C a l m e t
N a t i o n e L o t h a r u s ,
R e l i g i o n e C a t h o l i c o -R o m a n u s ,
P r o f e s s io n e M o n à c h u s ,
N o m i n e A b b a s ,
M u LT A LEGIT , SCRIPSIT , O R AV IT ,
U t i n a m b e n è . (C . )
M E N IS P E RM U M , ( Bot. Jard. ) en anglois j
moonfeed.
Caractère générique.
La fleur confifte en fix pétales oblongs St cbnca-
v e s , & en fix étamines plus courtes que les pétales1.
Au haut des ftyles fe trouvent trois embryons prefque
o v a le s , couronnés par des ftigmates obtus & dentési
Les embryons deviennent trois baies ovales à une
feule cellule , dont chacune contient une femence
comprimée en forme de croiflant;
Efpeces.
1. Menfpernie dont les feuilles font figurées en
boucliers, arrondies & terminées e,n pointés.
Menifpermum foliis peltatis. fubrotundis , angulatis,
Hort. Cliff.
Climbing moonfeed o f Canada.
2. Menifpefme à feuilles cOrdifôrmes & à lobes.
Menifperme à feuilles de lierre.
MeniJ'permum foliis cordâtis. peltatis, lobatis. Flor-.
Virg,
Moonfeed with an ivy leaf.
3. Menifperme à feuilles cordiforrties, velues par-
deflbus.
Menifpermum foliis cordatis fubtus villofs. Linn*
Sp. pl._
Monfeed with hqiry leaves on their underfde.
L e menifpermum ri0. / eft une plante ligneufe &
grimpante ; fes farmens g rêles , couverts d’une écorcé
verd-rougeâtre& p o l ie ,fe tourmentent finguliére-
m e n t, lorfqu’ils manquent d’ap p u i, au point que
leurs fibres l'aillent en-dehors & qu’ils forment différentes
révolutions en s’embraffant étroitement les
uns les autres ; mais qu’ils puiffent accrocher quelque
fu p p o r t, ils s’y éleveront en ferpentant à la
hauteur d’environ quatorze pieds : ils ne prennent
leurs feuilles qu’à une certaine hauteur, de forte
qu’ils ne peuvent garnir que les voûtes des tonnelles
& non les parois ; mais qu’on les faffe grimper après
les arbres dans les maflifs , ils y feront un effet très-
pittorefque par la touffe de feuillage qu’ils enlaceront
dans leurs rameaux. Les feuilles font larges *
d!un verd gracieux & en grand nombre ; le pédicule
eft attaché au milieu, & leur forme finguliere fait
une variété piquante. Cette plante fe multiplie aifé-
mentde marcottes ; on en tire aufii des rejettons*
& même en plantant quelqu’une de fes racines au
printems, elles poufferont des tiges: elles croiffent
naturellement en Canada, en Virginie, & dans plufieurs
autres parties de l’Amérique feptentrionalei
On doit l’em p lo y e r , ainfi que les deux efpeces fui-
vantes , dans la compofition des bofquets d’été.
La fécondé différé de la première par fes feuilles
qui font échancrées en lobes comme celles du lierre.
Comme la queue eft attachée à la bafe de la feuille
Sl non au milieu comme dans la première e fp e c e ,
on n’y voit pas, comme dans celle-là, un ombilic dans
la partie fupérieure ; on la multiplie & on Remploie
de même.
La troifieme efpece croît en Caroline ; elle eft un
peu délicate : il faut couvrir fa racine de litiere Rhiver
ou la planter contre un mur ; fes tiges font herbacées ;
fes racines ne deviennent pas boifeufes comme dans
X X x x x