Ceux quife préfentent pour être admis dans l’ordre
, doivent faire des preuves de nobleffe de quatre
degrés, tant du côté paternel que du maternel.
La croix que portent les chevaliers de Milite, eft
d’or, émaillée de blanc à huit pointes, attachée à la
boutonnière de leur habit, avec un ruban noir.
Les chevaliers François ont quatre fleurs de Us
aux angles 'de leur croix : ils y mettent fouvent
une couronne royale entre les deux pointes d’éri hau*t,
fous l’attache.
Les chevaliers profès portent avec cette croix
une autre croix de toile blanche, aufli à huit pointes,
coufue fur leur habit au côté gauche.
Lorfque les chevaliers profès font grand-croix,
ils ajoutent fur leur poitrine un plaftron noir, ou
fe trouve une, troifieme croix, femblable à celle
coufue fur leur habit, mais beaucoup plus grande ;
ils la portent les jours de cérémonies avec l’habit
de l’ordre. Voye^pl. X X I I I ,flg. 10 , de l ’Art Héraldique
, dans le Di3. raïf. des Sciences, des Arts &
des Métiers. ( G. D. L. T.)
MANASSÉ , oubli, ( Hifl.facr. ) fils aîné de Jo-
feph Sz d’Afeneth, & petit-fils de Jacob , dont le
nom fignifie l ’oubli, parce que Jofeph dit : Dieu m.'a
fait oublier toutes meS peines, & la- maifon de mon
pere. Gen. xlj. Si. Il naquitl’an du monde 2290,
Lorfque Jacob fut prêt de mourir, Jofeph lui amena
fes fils, afin que le faint vieillard'leur donnât fa
bénédi&ion ; & comme il vit que fon pere mettoit
fa main gauche fur Manajfé, il voulut lui faire changer
cette difpofition ; mais Jacob continua à les bénir
de cette maniéré, en lui difant que l’aîné feroit
peTe de plufieurs peuples, mais que fon cadet feroit
plus grand que lui, & que fa poftérité feroit la plénitude
des nations. Gen. xlix. /g. La tribu de Ma-
najfé fortit de l’Egypte au nombre de 32200 hommes
propres à combattre, & elle fut partagée à l’entrée
de la terre promife ; la moitié demeura au-delà
du Jourdain , & l’autre moitié en-deçà du fleuve. La
première poflédoit le pays de Bafan, depuis le Jaboc
jufqu’au mont Liban, & l’autre avoit fon partage
entre la tribu d’Ephraïm & celle d’Iffachar. L’aélion
de Jacob qui bénit les deux fils de Jofeph , eft vifi-
blement myftérieufe & prophétique. Cette bénédi-
élion appartient au myftere de Jefus-Chrift. Manaffé
& Ephraïm font l’image des deux peuples qui com-
pofent la famille de Jefus-Chrift, des Juifs fideles
Sz des chrétiens fideles. Les premiers font les aînés :
ils ont d’abord fuivi Jefus-Chrift, & c’eft d’eux que
les chrétiens ont reçu l’évangile. Ils font les premiers
à croire, à prêcher Jefus-Chrift, à mourir pour lui.
Mais les gentils , appellés les féconds à l’évangile ,
font plus nombreux. C’eft d’eux qu’eft fortie cette
multitude innombrable de fideles qui fe font fanôi-
fiés dans tous les états, par le courage avec lequel
ils ont combattu contre les ennemis de leur falut.
Ainfi s’accomplit la prophétie qui dit, que Manajfé
fera grand & chef d?un peuple, qu’Ephraïm fon frere ,
qui efl plus jeune , fera plus grand que lui , & que fa
poflérité fera la plénitude des nations. (-J-)
* MANCHE, (Marine?) Une machine très-commode
pour porter l’air dans les fonds des vaiffeaux,
eft une longue manche de toile, faite à-peu-près
comme une chauffe ; on la fufpend à une vergue ,
elle reçoit le vent par toute la furface de fon embouchure,
& le répand par fôn extrémité ; mais s’il
faut avouer que cette machine eft fimple, on ne peut
pas fe difpenfer de dire que le calme ne lui eft pas
favorable, & qu’en général elle convient mieux dans
les ports qu’à la mer , oit plufieurs capitaines trouvent
qu’elle porte dans l’entrepont un trop grand
torrent d’air qu’il eft difficile de modérer, à quoi ils
attribuent bien des fixions de poitrine. Mémoire fur
la corruption de Cair dans les vaijfeâux, par M. Bigot
de Morogues. • ■
M a n c h e , f. m. (Luth.) On appelle manche de violon,
de luth, de guitare, Szc. la piece dè bois collée à
l’extrémité du corps de l’inftrument ; le" manche fert
non-feulement à tenir Finftrument, mais il porte les
chevilles par le moyen defquelles on l’accorde, &
c’eft en *pôfant les doigts fur Le manche qu’on forme
les différens tons. Il y a des inftrumens v comme la
guitare , dont le manche eft garni de touches. On dit
d’un muficien qu’i l connoît bien fon manche , qu’il efl
sûr de fon manche,-lorfqü’il touche les cordes avec
jufteffe & précifion. (F. D. C.)
MANCROS , ( Muflq. des anc. ) Voye^ LlNOS.
( Muflq. ) Dict. raif. des Se, &c.
M AND AL, ( Géogr. ) riviere de la Norvège méridionale
, dans la préfefture de Chriftianfand : elle
eft remarquable par la quantité de faumons & par la
beauté des perles que l’on y pêche ; & elle donné
fon nom à un fief ou jurifdiétion, Mandals-Lehn ,
qui comprend entr’autres la ville de Chriftianfand
& Fîle de Fleckeroe, avec diverfes petites places de
commerce, dont l’une porte aufli le nom de Mandai.
( D .G .)
MANDRENAQUE , ( Comm.) efpece de toile
dont la chaîne eft de coton , Sz la trame de fil de palmier.
Il s’en fabrique quantité dans plufieurs des îles.
Philippines ; Sz c’eft un des meilleurs commerces que
ces.infulaires, foit ceux qui font fournis aux Efpa-
gnols, foit ceux qui font encore barbares, faffent
entr’eux cz avec les étrangers. (+ )
MANDUBIENS , f. m. pl. ( Géogr. anc. ) Mandu-r
bii, peuples qui dépendoient des Eduens , & ha-
bitoient fiir la frontière des Lingons. Si l’on en croie
Strabon, ils étoient auparavant limitrophes des Ar-
Vernes ; là célébré ville d’Alize étoit leur capitale,
A vallon, Semur & Solieu étoient de leur territoire f
qui prit enfuite le nom d’Alienfls Pagus,, l’Auxois.
( M. B e g u i l l e t . )
M A^IA, ( Hifl. anc.) tient un rang diftingué parafi
les femmes illuftres de l’antiquité. Après la mort de
fon mari, gouverneur de l’Eoliei elle pria Pharna-
bafe de lui conferver le gouvernement de cette pro.-
vince. Le fatrape étonné de fa demande , Sz féduit
par fon affurance , lui confia une place qui jufqu’a-
lors n’avoit été occupée que par des hommes de
guerre. Elle s’en acquitta avec l’intelligence des
plus grands capitaines. Les villes furent tenues dans
l’obéiffance, elle fe mit à la tête des armées, & montée
fur un char elle donnoit fes ordres avec la contenance
d’un général expérimenté. Les limites de fori
gouvernement furent reculées par fes conquêtes,
Ce fut au milieu de fes profpérités , que fon gendre
humilié d’obéir à une femme, la maffacra avec fori
fils qu’elle formoit dans l’art de vaincre Sz de gouverner.
( T —N.)
MANLIUS, ( Hifl. Romaine.) gendre de Tarquin
le Superbe, eft regardé comme la tige de l’illuftre
famille des Manliens qui fournit à Rome deux dictateurs
, trois confuls Sz douze tribuns. Il n’eft connu
que par l’afyle qu’il donna à fon beau-pere que fes
crimes Sz fon orgueil avoient précipité du trône, Sz
qui fut le dernier roi des Romains. •
Manlius Capitolinus, defeendant du premier,étoit:
à peine parvenu à l’âge de feize ans, que Rome le
comptoit déjà au nombre de fes plus braves guerriers.
Cette ville devenue la conquête des Gaulois ,
n’avoit plus de reffource que dans le capitole , dont
les barbares étoient fur le point de fe rendre maîtres.
Manlius réveillé aux cris des oies, fe mit à la
tête d’une troupe de jeunes gens, Sz repouffa les
ennemis dont il fit un grand carnage. Ce fervice lui
mérita le furnom de Capitolinus ou de confervateur
de Rome. Alors couvert de gloire, il fe ménagea la
■
faveur du peuple pour parvenir aux premières dignités
de la république, & peut-être pour en être le
tyran. Dès qu’il fut entré dans les charges, il intro-
duifit plufieurs nouveautés dangereufes, & fur-tout
l ’abolition des dettes. Le di&ateur Cornélius Coffus
le fit arrêter & conduire en prifon. Le peuple qui
le regardoit comme fon proteâeur, fit éclater fon
mécontentement par un deuil public , & le fénat
fut contraint, d’ordonner fon élargiffement. Alors
devenu plus audacieux par fon impunité , il alluma
le feu des féditions. Les tribuns du peuple fe rendirent
eux-mêmes fes accüfateurs, Sz lui imputèrent
plufieurs trahifons. Les premières àffemblées fe tinrent
ait champ de Mars , d’oii l’on découvroit le
capitole qu’il avoit fauvé. Les juges faifis d’un faint
reipedl, n’oferent prononcer la condamnation d’un
citoyen dans le lieu même qui avoit été le théâtre
de la gloire. Les comices-fuivantes furent indiquées
dans un autre endroit. Manlius convaincu d’être
traître à la patrie, fut condamné à être précipité
du haut du capitole, & il fut défendu aux Manliens
de prendre dans la fuite.le nom de Marcus qu’il
avoit porté.
Manlius ( T orquatus) , de la même famille
du premier, étoit né avec un. efprit v if & facile;
mais il avoit une fi grande difficulté de s’énoncer ,
que fon peré rougiffant de c.e défaut naturel , lui
donna une éducation agrefte & fauvage , dans la
crainte qu’étant élevé à Rome , il n’excitât la déri-
fionde la multitude. Cette fauffe honte fit regarder
fon pere comme un dénaturé qui condamnoit fon
fils aux fon&ions de l’efclavage. Il fut cité ait jugement
du peuple. Le jeune Manlius alarmé du danger
de fon pere, s’arma d’un poignard , & fe rendit
chez l’accufateur auquel il ne-daiffa que l’alternative,
ou d’être égorgé, ou de fe défifter de fon
accufation. Cette piété filiale lui mérita la faveur
du peuple, qui l’année fuivante le nomma tribun
militaire. Il fignala fon courage & fon adreffe contre
les Gaulois, & il vainquit dans un combat fin-
gulier un ennemi-, qui fier de fa taille gigantefque
avoit défié le plus brave des Romains. Après l’avoir
fait tomber fous fès coups, il lui enleva fon collier
d’or dont il fe fit un ornement. Sa valeur éprouvée
lui mérita la dignité de di&ateur. Il fut .le premier
des Romains qu’on en revêtit fans avoir paffé le
confulat. Son fils animé par fon exemple , accepta
un défi que lui fit un officier ennemi. La difcipline
militaire puniffoit févérement ces fortes de combats.
Il1 en fortit vainqueur; mais au lieu de jouir de
fa gloire ; il fut condamné à la mort par fon inexorable
pere, comme infra&eur de la difcipline; &
depuis ce tems on donna le nom d’arrêt de Manlius
à tous les jugemens qui parurent trop féveres. Le
diâateur fumant du fang de fon fils, marcha contre
les ennemis fur les bords du Vifiris. Ce fut dans ce
combat que Decius fon collègue fe dévoua à la
mort. Manlius obtint les honneurs du triomphe. Il
fut élevé plufieurs fois au confulat, & il refufa cet
honneur dans fa vieilleffe, fous prétexte de fa cécité
, difant qu’il étoit imprudent de confier le gouvernement
à celui qui ne pouvoir rien voir par fes
yeux ; & comme les jeunes avoient le plus d’em-
preffément de le voir à leur tête, il leur dit : Cejfeç
de me folliciter ; f l j ’étois conful, je réprimerois la licence
de vos moeurs, 6* vous murmureriez bien-tôt de
ma fevérïté.
M a n l iu s V u l s o n , de la famille des deux premiers,
fut nommé conful l’an z8o de Rome. Il marcha
contre les Veiens qu’il'avoit ordre d’exterminer:
mais toliché de leur repentir, il leur accorda la paix,
après les avoir mis dans l’impuiflànce de nuire. Il
fit le dénombrèment de tous les chefs de famille de
Rome, & l’on en compta cent dix mille , fans cornprendre
les marchands, les artifàns, les étrangers &
lesefclaves. Les villes modernes les plus peuplées ne
renferment point un fi grand nombre d’habitans, &
Rome ne faifoit encore que fortir de l’enfance.
Un autre M a n l iu s exërça le confulat conjointement
avec Fabius Vibulanus. Ilrfutchargé défaire
la guerre aux Tofcans dont il fit un grand carnage;
mais il ne jouit point du plaifir de fa viftoirc, parce
qu’il fut tué dans la chaleur de la mêlée.
On voit encore un T i t u s M a n l iu s Im p e r i o s u s
T o r q u a t u s , qui fut élevé à la diâature , l’an 405
de la fondation de Rome. (T — N .)
* MANOEUVRIER, ERE , àdj. (termede Tactique.)
qui fe trouve fouvent dans les auteurs modernes
qui ont écrit fur cette partie de l’art de la guerre. Ils
difent une armée maneeuvriere, des troupes manoeu- '
vrieres. Ils entendent une armée & des troUpés habiles
à faire les belles évolutions de la ta&iqué moderne
, dont le. roi de Pruffe eft le principal inventeur^
MANSFIELD, (Géogr.) ville d’Angleterre dans
la province de^Nottingham , & dans la fameufe forêt
de Sherwtsod : elfe eft bien bâtie & fort commerçante
fur-tout en drêche; & elle donne le tirre
de baron à un lord de la famille de Murray. (D. G.)
MANTAILLE, près de Vienne, (Géogr. anc.)
ancienne maifon des rois de Provence, fituée dans
une vafte plaine du Dauphiné , nommée la Valoire
(Fallis aurea) , à 5 lieues de Vienne, entre cette ville
& l’Ifere. Ce lieu eft appelle,en latin Mantala'; dans
les diplômes de Bofôn, qui y fut élu,roi, par vingt-
trois évêques, en 879, il eft nommé Mantellum;
en frànço is Maniai lie , non pas Mante ni Mantale ,
comme l’écrivent la plupart de nos hiftoriens.
Il y a même un vallon qui a confervé, àinfi que
la paroiffe , depuis annexe de Saint-Sorlin , le nom
de Mantaille. On voit encore au bas d’un coteau qui
fépare la Valoire de ce vallon , les ruines de cet ancien
château qui paffa des rois de Provence aux
archevêques de Vienne. Çeux-ci en jouirent paifi-
blement jufqu’au 1 5e fiecle, que le château fut brûlé
par quelqu’un de leurs vaffaux, & n’a point été
relevé depuis.. .
Daviti & Samfon prétendent que c’eft Montmé-
liard : Guichenon & Bouche ont adopté le même
fentiment , & font réfutés folidement par M. Mille ,
dans fon troifieme volume, p. 14 , fur YHifloire de
Bourgogne. C’eft celui de nos hiftoriens qui a le
mieux débrouillé les trois royaumes de Bourgogne,
d’Arles & de Provence. Il eft bien à fouhaiter que
cet auteur eftimabie, qui fait briller à Paris fes talens
pour le barreau , trouve le teins de continuer &
finir une hiftoire fi intéreffante. ( C. )
§ MANTE, (Géogr.) Medunta & Petromantalum,
dans l’Ifle-de-France , diocefe de Chartres. Cette
ville , dans unefiruation des plus~agréables, fur la
Seine, à 11 lieues de Paris, fut faccâgée & brûlée
par Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, en
1087, & rebâtie quelque tems après. L’églife de
Notre-Dame fe reffent encore de la magnificence
des reines Blanche de Caftille Sz Marguerite de Pro-.
vence, mere & femme de S. Louis. Les rois de
Navarre y ont leurs monumens.
Henri IV logea plus de dix ans ari château de
Mante , dont iLne refte plus rien. Louis XIII y fé-
journa en allant à Rouen. Le cardinal Mazarin y
logea aufli, lorfque Louis XIV vint à Mante , en
1652 , pour pacifier les troubles de la fronde. Ce
château , qu’on croit avoir été bâti avant Charlemagne
^ fut démolien 1721.
On remarque à Mante deux belles fontaines que
le marquis d’O y fit conftruire, par ordre de Henri
IV , en 1590.
Aux illuftres Mantois cités dans le Diction. ra!f.