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Géorgie, 8caprès l’avoir vaincu, il lui accorda la paix
à condition de lui payer un tribut annuel de trois cens
balles de foie. Les Perfes pendant cette guerre effuye-
rent de grandes fatigues ; ils les l'upporterent avec
cette réfignation qu’infpire le zele d’une religion naif-
fante. Son armée n’étoit qu’un affemblage de fanatiques
qui défioient les périls 8c la mort pour être
couronnés de la palme du martyre, lfmaèl leur don-
noit l’exemple de cet enthoufiafme religieux; & on
le regarde comme l’inftituteur de la fette qui domine
aujourd’hui dans la Perfe. Quoiqu’il affeftât beaucoup
de refpeû pour tous les dogmes contenus dans l’al-
coran, il ne fe faifoit point de fcrupule de boire du
vin ÔC de manger de la chair de porc ; 8c même par
dérifion de l’averfion des Turcs pour cet animal, il
en faifoit nourrir un dans fa cour qu’il faifoit appel-
ler Baja^et. Ce prince dévot 8c guerrier mourut à
Cafvinà l’âge de quarante-cinq ans.
ÏSMAEL II, fils de Schah - Ta mas, fut le quatrième
roi de Perfe, de la race des Sophis. Son frere aîné lui
cédafes droits au trône pour vivre dans la retraite 8c
l ’auftérité. Sonpere quiavoit beaucoup de tendreffe
pourEider.le plus jeune de fesfils, auroit bien voulu
lui mettre la couronne fur la tête ; mais les grands, à la
mort, la déférèrent àT/maë/qui depuis plufieursannées
étoit détenu prifonnier dans une citadelle. Son exemple
prouva que les princes nourris dans l’exil 8c la per-
fécution, font ordinairement cruels 8c fanguinaires. Il
fit mourir fon frere Eider, qui pendant fa détention,
s’étoit fait proclamer roi aufli-tôt après la mort de
fon pere. Tons les parens de ce jeune prince furent
enveloppés dans fa ruine. Ceux qui avoient confeillé
à fon pere de le faire arrêter, périrent par le fer ou
le poifon. Son inclination pour la fecie des Turcs,
le rendit encore plus odieux que fes cruautés. 11 ne
put fe diflimuler combien il étoit abhorré. Ilufa d’artifice
pour connoître fes plus grands ennemis, en fai-
fant courir le bruit de fa mort. Tous ceux qui eurent
l’imprudence de décrier fon gouvernement -expirèrent
dans les tourmens. Sa foeur craignant de tomber
fous le glaive qui frappoit tant de citoyens, délivra
la Perle de ce fléaxi ; on ignore quel fut le genre
de fa mort, on foupçonna qu’il avoit été empoifonné.
Il mourut le 24 novembre 1577.
Ismael III, fils de Mahomet Chodabende, fut le
fixieme roi de la race des Sophis. Il monta fur le
trône par un fratricide. Le droit d’aîneffe avoit placé
fur le trône fon frere Hemfe, il l’en fit defcendre par
la faâion de plufieurs grands qui conjurèrent la mort
de leur maître. Des affaffins habillés en femmes 8c
voilés comme elles, s’introduifirent dans le férail 8c
maffacrerent le monarque. Ce crime ne refta point
impuni. Abbas, qui dans la fuite mérita le nom de
Grand, frere lfmaèl 8c du prince affafliné, craignit
d’être la vi&ime d’un ambitieux qui avoit outragé la
nature ; mais comme il ne pouvoit oppôfer une armée
à celle de fon frere, il corrompit un des valets de
chambre d’lfmaèl, qui lui coupa la gorge dans le
tems qu’il lui faifoit la barbe. Il n’avoit régné que
huit mois. ( T—n. )
I S O L E R , ( Phyfique. Electricité. ) c’eft faire
enforte qu’un corps condii&eur ne touche que des
corps non - conducteurs, tellement qu’on puilfe l’é—
leétrifer pofitivement ou négativement. On prend
pour cet effet les corps non - conducteurs à travers
lefquels le fluide éleCtrique paffe le plus difficilement
; le verre eft par conféquent très - propre à
cela, car c’eft un des corps électriques qui eft le plus
imperméable à ce fluide. Il eft vrai que fa fragilité
empêche qu’on ne l’emploie généralement par-tout
qû on le voudroit ; on prend alors du foufre & plus
fouvent des réfines fur-tout de la poix avec laquelle
on fait des gateaux; mais il faut que l’épaiffeur fup-
plée ici à l’imperméabilité que ces fubftances ne pof-
1 S S
fedent pas au même dégré que le verre; car on a
trouvé que le fluide élearique s’écouloit affez vite
à travers ces gateaux lorfqu’ils n’étoient pas affez
épais. -,
Le bois fec eft très-propre à ifoler; c’eft ce que le
pere W . Ammerfin nous a appris dans un traité latin
publié à Lucerne, en 1754. Il dit que fi on fait fé-
cher du bois au four jufqu’à ce qu’il foit devenu fort
brun, il ne conduit plus le fluide éleCtrique. Il recommande
de faire bouillir ce bois dans l’huile de graine
de lin ( car les huiles font d’ailleurs des non-conducteurs)
, après qu’il a été féché, ou de le couvrir de
vernis au fortir du four (celui que l’on fait avec de
l’ambre 8cde l’huile^de lin feroit très-propre à cela),
afin d’empêcher toute humidité de rentrer dans les
pores; 8c il ajoute que du bois ainfi préparé femble
donner des lignes d’éleCtricité encore plus forts que
ceux que le verre donne. Il s’eft même fervi en guife
de globes de mefures de bois dont on fe fert dans les
greniers, après les avoir ainfi préparées ; 8c on remarquera
à cefujet que l’électricité de ces cylindres étoit
pofitive ou négative fuivant que le frottoir étoit de
foie ou de laine ; mais l’éleCtricité en eft plus puiffante
étant négative, que lorfqu’elle eft pofitive. La foie
fert aufli au même ufage, 8c M. Grey a trouvé que
celle qui étoit teinte en bleu étoit meilleure pour
ifoler que de toute autre couleur, mais ce n’eft pas la
couleur en tant que couleur, qui produit cet effets
comme il le croyoit, ce font les ingrédiens dont elle
eft compofée, ainfi que M. Dufay l’a prouvé. Enfin
on peut combiner enfemble ces différentes fubftances
pour en faire des tabourets à ifoler ou d’autres machines
pareilles , ce qui les rendra plus parfaites. Mais
il faut obferver que l’humidité eft très-nuifible à l’ifo-
lation, 8c qu’il faut fécher tous ces meubles 8c en
général tout ce qui appartient à la machine éleâri-
que, quand on veut s’en fervir en tems humide; 8c
même jufqu’à l’air de la chambre où eft la machine en
y faifant un grand feu: car le tems le plus favorable
pour faire des expériences éleftriques, c’eft lorfqu’il
eft fec 8c froid. Un autre chofe encore que nous der
vons faire obferver avant que de terminer cet article,
c’eft que le verre, le bois 8c peut - être bien d’autres
fubftances éle&riques qui font trop échauffées, deviennent
des conducteurs, c’eft ainfi que le bois au
fortir du four laiffe librement paffer le fluide éleâri-
que ; quant au verre il faut qu’il acquière un dégré de
chaleur beaucoup plus grand pour produire le même
effet. ( / . )
ISDN, (.Uufiq.) Voy&iC hant en Iso n , (Af«/%.)
Supplément. ( F. D. C. )
ISRAËL, ( Hi(l,facr. ) c’eft le nom que l’ange
donna à Jacob, après qu’il eut lutté toute la nuit
avec lui au torrent de Jaboc. Ce nom fignifie un prince
de Dieu, c’eft-à-dire, un grand prince, ou un homme
quifurmonte Dieu, G en. x x x ij. 28. Le nom d’Ifra'èl
fe prend quelquefois pour la perfonne de Jacob ,
quelquefois pour tout le peuple ülfraèf & quelquefois
pour le royaume des dix tribus, diftingué du
royaume de Juda. (H-)
ISRAÉLITES, (Hijl.facr.) les defcèndans d’Ifraël
d’abord appelles Hébreux, à caufe d’Abraham , qui
étoit venu de de-là d’Euphrate, 8c enfuite Ifraclites,
à caufe d’Ifraël, pere des douze patriarches ; 8c enfin
Juifs , Judai, fur - tout depuis le retour de la captivité
de Babylone, parce qu’alors la tribu de Juda
fe trouva beaucoup plus forte 8c plus nombreufe
que les autres tribus.
ISSACHAR , récompenfe, ( Hijl.facr. ) cinquième
fils de Jacob 8c de Lia , qui naquit vers l’an du monde
1255. On ne fait aucune particularité de fa vie ; comme
il étoit un homme fort 8c vigoureux, endurci au
travail, Jacob, en lui donnant fa bénédiction, lui dit,
ljfa.char9 comuie un âne vigoureux, demeurera dans-Les
I S S
bornes de fon partage, il a vu que le repos eft bon, &
que fa terre efl excellente ; il a baijfé Tépaulefous le fardeau
, & s'eft affujetti à payer le tribut. Gen. xlix. 14.
Jjfachar eut quatre fils , Thola, Phua, Jobab 8c Sem-
ron. Sa tribu eut fon partage dans un des meilleurs
endroits de la terre de Chanaan, le long du grand
champ, ou de la vallée de Jezraël. Moyfe, en mourant
, lui prédit qu’elle s’enrichiroit par le commerce
qu’elle feroit fur la mer : Qui inundationem maris, '
quajî lac Jugent, & thefauros abfcondltos arenarunt-.
Deut. xxxiij. ig. ( + )
ISSANT, t e , adj. ( terme de Blafon. ) fe dit d’un
lion , d’une aigle , ou d’un autre animal qui paroît
fur un chef, fur une fafce , &c. 8c ne montre que la
tête 8c une petite partie du corps, foye^fig. 24$ ,
planche V. du Blajon, dans le Dictionnaire raf. des
Sciences, ôcc.
lffante , fe* dit aufli de la guivre qui femble dévorer
un enfant ; mais on ne fe fert de ce terme, que
lorfque l’enfant eft d’un autre émail que la guivre.
De Monteynard de Montfrin , de la Pierre, de
Chaftellard, en Languedoc 8c en Dauphiné'; de vair
au chef de gueules, chargé d'un lion ijjane d’or.
De Colas de Tenax, de Couyeres , de Gaffé en
Normandie ; d’argent à la guivre de fable , ijfante de
gueules, au chef de même , chargé de trois rofes du
champ. (G . D . L. T. )
ISSOIRE, Ixiodorum, (Géogr.) petite ville d’Au*
Vergne fur la Conze , près de l’Ailier, entre Clermont
8c Brioude. Grégoire de Tours en parle fous
le nom de Vieus, 8c dit que S. Auftremôine , apôtre
des Auvergnats, y avoit été enterré. L’abbaye des
Bénédictins a été dédiée fous fon nom. L’abbé eft fei-
gneur de la ville qui a foutenu deux fieges, l’un en
15 7 7 , l’autre en 1590. C ’eft la patrie du cardinal
Antoine Boyer , qui a fait conftruire l’hôtel-de-ville
& l’horloge , 8c du trop fameux cardinal Duprat,
neveu de Boyer, qui voulut y établir une univerfité
en 1520 ; mais fon projet échoua par l’oppofition de
l’univerfité de Paris.
L’éleCtion d’IJJoire comprend 139 paroiffes. Le
pays eft affez abondant, îur-tout en noyers, dont
on débite beaucoup d’huile. ( C. )
§ ISSOUDUN, Exoldunum y Ijjoldunum, (Géogr.')
deuxieme ville du Berry, chef-lieu d’une élection,
prévôté royale 8c bailliage , à 7 lieues de Bourges ,
dans une plaine agréable, avec un château , 4 paroiffes
8c 4 fauxbourgs, abbaye de Bénédictins, fondée
en 977.
Les habitans font un grand commerce de bois, de
drap , de ferges 8c de gros chapeaux :ce commerce
eft entretenu par huit foires. Cette ville eft recommandable
par fa fidélité envers les rois de France,
qui lui a acquis de beaux privilèges. Elle fe diflingua
durant les guerres civiles, en 1589 ; 8c après avoir
beaucoup fouffert de la part des ligueurs, elle trouva
le moyen de fecouer leur joug, 8c de conferver la
place à Henri IV. Sous la fronde, elle fut prefque
entièrement ruinée par l’incendie de plus de 1200
maifons. Louis X IV, qui, quelques jours après, paffa
par cette ville, vit encore les maifons fumantes, en
fut touché , 8c a donné aux habitans, en toute occa-
fion, des marques de fon fouvenir 8c de fa bienveillance.
Cette ville a effuyé trois incendies qui l’ont fort
dégradée ; l’un en 1135, le deuxieme en »504, 8c
le trolfieme en 1651. (C .)
tS -S U R -T IL L E , Ifium, Hicium ad Tillam,
{Géogr. anc-) petite ville de Bourgogne dans le Dijo-
nois, à 4 lieues nord de Dijon, 2 de Selongey, une
de Tilchâtel.
Les habitans vécurent en toute franchife 8c liberté
jufqu’en 13 12 , qu’ils fe mirent fous la prote&ion de
Philippe le Bel, pour fe délivrer des vexations d’un
I S T 6jt
feîgneur de Tilchâtel, qui avoit droit fur 8 ou 10
hommes du lieu , moyennant 12 deniers fur chaque
hôtel, excepté 8 ménaiges qui font de franc-aleu & en
ont toujours été, dit le roi dans fes Lcttres-patdntesi.
Cette terre fut réunie à la couronne par Louis XI
en 1477. La groffe tour quarrée, refte de l’ancien
château des ducs, eft un fief en toute juftice : elle eft
fameufe par l’ordonnance de François I, donnée en
oârobre 1535, appellée l’ordonnance d'YSy concernant
la police des prifons. « Ce prince, dit Saint-
» Julien de Baleare, pag. 18'y s’aimoit fort en ce
» bourg, fitué en belle 8c plaifante afîiette, tant pour
» le plaifir de la chaffe 8c de la volerie, qu’aux com-
» modités favorifant fon naturel ».
Cette place étoit autrefois confidérable , ayant
trois portes 8c plus de 700 feux ; elle n’en a plus que
300 : elle a effuyé bien des révolutions qui ont caufé
fa décadence. Les grandes compagnies , connues
fous les noms effrayans de retondeurs, de tard-venus,
tfécorcheurs, la pillèrent en 1444. Les Suiffes , après
avoir ravagé les bourgs voifins , en 1513 , s’emparèrent
de la maifon-forte d’ Is-fur-Tille, brûlèrent les
titres 8c emportèrent les meilleurs effets, lorfqu’ils
vinrent afliéger Dijon.
Mais le plus grand défaftre arriva du tems de la
ligue , oit la ville , qui étoit royalifte , fut faecagée
par le duc de Nemours , à la.tête de 6000 Lorrains >
grands larrons & ligueurs , difent les mémoires de
Tavarin : ils y commirent toute forte d’excès pendant
dix-huit jours qu’ils y féjournerent.
Enfin la révocation de l’édit de Nantes en 1685 ,
lui fit beaucoup perdre de fa population 8c de fon
commerce. Les proteftans y avoient élevé un temple
en 1600 ; il fut démoli en 1685. Y eurent quelques
miniftres de réputation , tels que Durant,
Sautier.-. . .
Hôpital fondé pour cinq lits en 1 7 1 1 , auquel l’oii
a réuni l’ancien hôpital, doté en 1434 par N. Milon ,
curé du lieu. On vo it , par un titre de 1185 , qu’il ÿ
avoit une maifon du temple aux chevaliers de ce nom.
Cette ville fe fouviendra long-tems de François
Michel, curé aufli zélé que charitable, mort en 1754.
Il étoit frere du célébré Michel, mufiçien de la fainte
chapelle de Dijon. Mém. pris fur les lieux en 1773. ■ I WÊÊÊÊÊ 1S T È R , ( Géog. anc.j C’eft un des noms du Da*
nube ; car ce fleuve chez les anciens n’avoit pas le
même nom vers fa fource 8c dans la partie baffe de
fon cours. Né dans cette partie de la forêt Hereinie,
qu’on appelle la forêt-noire, il coule rapidement
entre la Germanie au nord , la Rhétie , le Norique
8c la Pannonie au fud : mais parvenu à l’extrémité
de la Moefie 8c à l’entrée de la Dace qu’on appelloit
Riptnjis, il trouve en fon chemin une barre de roches
qui refferre fon lit 8c le traverfe ; ce qui caufe une
chute ou cafcade dans fes eaux. C ’eft de-Ià que le
Danube prend le nom à’IJler, qu’il conferve jufqu’à
la mer.
C ’eft un peu au-deffous de cette cafcade que Tra-
jan fit conftruire un pont pour s’affurer en tout tems
le paffage du fleuve 8c l’entrée dans la Dace. On en
voit encore les reftes à l’entrée de la Bulgarie , entre
Fetillau 8c Swerin ; il étoit de 20 arches, dont l’ouverture
étoit de 170 pieds romains. La longueur du
pont étoit de 520 tôifes, c’eft-à-dire, que le Danube
en cet endroit eft fept fois plus large que la Seine à
Paris fous le Pont-Royal. VÏJler, qui fe jettoit autrefois
par fept embouchures dans le Pont-Euxin, n’en
a plus que deux aujourd’hui. Ce grand fleuve reçoit
plus de foixante rivières dans fon cours. Malgré fa
rapidité , il eft glacé prefque tous les hivers. C’eft à
la faveur des glaces, que les Daces 8c les Sarmates
paffoient le fleuve pour ravager les provinces romaines
fitùées au midi. Géogr, de Fïrg. pag. 140. { C f