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miniftres choîfis par le caprice d’un eunuque infen*
fible aux profpéritésde l’état. Achmet fe montra peu
jaloux de luivre les projets de fes prédéceffeurs lur la
Hongrie, & conclut avec Mathias un traité déshonorant/
Il confentit à reftituer Canife , Agria , Albe-
Royale, Pifte & Bude , place plus importante que
les trois autres : ainfi l’empereur tira beaucoup plus
d’avantages de la llupide indifférence du fultan, qu’il
n’eut pu s’en promettre de la guerre la plus labo-
xieufe. Il eit vrai qu’il renonça aux prétentions de
fa couronne fur la Tranfilvanie. Cette province refta
à Bethlenn-Gabor qui la gouverna fous la protection
de la Porte. Les dernieres années de ce régné fe
pafferent en négociations & en intrigues, occafion-
nées par le défaut de poftérité dans Mathias. L’impératrice
Anne ne lui avoit donné aucun héritier, &
plulieurs princes briguoient l’honneur de lui fuccé-
der. Philippe I II, roi d’Efpagne , defiroit que le
choix tombât fur l’archidto Ferdinandg arriéré-fils
de Ferdinand I , par Charlft, duc de Stirie. Ce choix
de voit plaire aux élefteurs, parce que fi l’empire fe
perpétuoit dans la maifon d’Autriche, au moins il
fortoit de l’ordre des fucceffions, puifque l’empereur
avoit encore plufieurs freres q u i, fi les loix du fang
euffent été écoutées, avoient plus de droits au trône
que Ferdinand : Mathias fe laiffa perfuader par Phi-
, lippe ; il engagea Albert & Maximilien, fes freres, à
! renoncer à fes trois couronnes, & les affura toutes à
Ferdinand qui déploya fur le trône impérial la même
autorité que s’il eût été fur celui de France ou d’Ef-
pagne. Mathias mourut peu de tems apres ‘ il etoit
âgé dë foixante-treize ans ; il ën avoit régné fept.
On attribue fa mort à la perte de Clefel, évêque de
Vienne, fon premier miniftre, enlevé par les ordres
fecrets de Ferdinand , dont il blâmoit le caraétere
impérieux. Il eft fans doute honteux pour ce prince
d’avoir eu l’ambition de troubler les dernieres années
du régné de Rodolphe II , fon frere, & à lui ravir les
royaumes d’Hongrie & de Bohême. Au refte il fe ,
comporta avec beaucoup de modération fur le trône.
Il avoit des talens, & fouvent il en cacha l’eclat pour
ne point alarmer les grands qui auroient pu en craindre
l’abus ; & lorfqu’en mourant il remit fon fceptre
à Ferdinand qui étoit nourri dans les moeurs Efpa-
gnoles & qui aimoit le defpotifme , il lui dit que s’il
vouloit paffer des jours heureux, il devoit rendre
fa domination prefqu’infenfible. Il eut un fils naturel
connu dans l’hiftoire fous le nom de dom Mathias
d? Autriche. Ce fut cet empereur qui érigea la charge
de dire&eur général des poftes en fief de l’empire.
Comme Mathias s’étoit rendu fufpeéf, les éle&eurs,
avant de le couronner, ajoutèrent plufieurs articles
importans àla capitulation de Charles-Quint. L’union
électorale fut érigée en loi fondamentale. Ces fept
princes unis étoient un hydre bien redoutable pour
un' empereur. Cette capitulation obligeoit encore
Mathias & fes fucceffeurs i°.de réunir à l’empire les
fiefs d’Italie qui en étoient aliénés, c’étoit ordonner
de perpétuer la guerre en Italie ; z°. d’employer les
fubfides fournis par les états au feul ufage pour lequel
ils étoient accordés ; 30. elle permettoit aux
électeurs d’élire un roi des Romains , quand ils le
jugeroient utile & néceffaire même, malgré l’oppofi-
tion de l’empereur. Elle contenoit encore plufieurs
articles, mais ceux-ci font les plus dignes de remarque.
(M— y .)
MATRAS,f. m. (Art militaire. Armes.} c’étoit
une efpece de trait beaucoup plus long que les fléchés
, beaucoup plus gros & armé au bout, au lieu
de pointe, d’un gros fer arrondi pour fracaffer le
bouclier, là cuiraffe & les os de celui contre lequel
on le droit avec de greffes" arbalètes, que l’on ban-
doit avec des refforts. V ’>ye\fig- S , planche I , Art
milit. armes & machines de guerre, dans ce Suppl; (V ,)
MA T
§ MATRICE, (Anatom.) Les quadrupèdes à fang
chaud ont une véritable matrice , les autres animaux
ont quelque choie d’analogue, ou n’ont qu’un conduit
pour les oeufs, au lieu de cet organe.
Dans la femme, & en général dans les quadrupèdes
, la matrice eft placée dans une cavité particulière
, qui fait une efpece d ’appendice de l’abdomen.
Devant èlle eft la veflie, derrière elle eft le reCtum,
fa fituation n’eft pas entièrement perpendiculaire-,
le fond penche un peu en arriéré ,& le cou en devant.
Quelquefois , & dans la groffeffe fur-tout, l’obliquité
eft plus grande , & la matrice élevée alors au-
deffus du pubis, que le vagin n’affermit plus que
très-foiblement, peut s’incliner avec beaucoup de
liberté en avant, en arriéré , & de l’un ou de l’autre
côté. Le gros inteflin rempli de vent ou de matière
peut contribuer à jetter la matrice d'un côté ;
mais la caufe principale de l’obliquité eft l’attache
irrégulière du placenta , qui, collé au côté droit ou
gauche , à la partie antérieure ou poftérieure de la
matrice , & la faifant groffir par tout oit il s’attache ,
l’entraîne par fon poids du côté oîi il eft attaché lui-
même. Deventer a regardé l’obliquité de la matrice,
comme la principale caufe de l ’accou ehe ment difficile.
Nous ne la regardons que comme une caufe
poffible ; & la caufe générale des mauvais accou-
chemens no,us paroît la difproportion de la tête du
foetus aux détroits du baflîn.
Dans le foetus & dans l’enfant encore tendre, le
baffiti a peu de profondeur , la matrice eft plus longue*^
proportion, & s’élève au-deffus du contour
fupérieur du baffin, les ovaires repofent alors fur
les os des îles. Avec l’âg e , le baffin devient plus
profond, l’utérus y eft entièrement renfermé &
les ovaires avec lui. Dans la groffeffe , la matrice
acquiert un volume très-confidérable, elle fort alors
en grande partie du baffin, & remonte jufqu’au colon
tranfverfal, & jufqu’à l’eftomac : après la délivrance
, il reprend, fon ancien volume, & revient dans
le baffin. *
La figure de la matrice diftingue la femme de pref-
que tous les quadrupèdes. Il n’y a que quelques linges',
où elle foit à-peu-près auffi fimple que dans
l’efpece humaine. L’utérus eft arrondi par le haut,
& terminé par un ceintre affez plat dans la vierge ,
fans aucune divifion. Dans le quadrupède & dans la
cavale , auffi-bien que dans les autres efpeces , la
matrice eft profondément partagée en deux parties
égales.
Il y a cependant quelques traces de la ftruâure
commune , qui fe confervent dans l’efpece humaine.
11 arrive affez fouvent que \* matrice foit divi-
fée par une cloifon, & même entièrement double
avec deux paires de trompes & d’ovaires ; j’ai vu
cette ftrufture dans une fille de qualité. Mais fans en
appeller à des cas extraordinaires, il y a dans toutes
les filles fous l’âge une éminence affez marquée, formée
par une fubftance même de la matrice, & qui la
divife légèrement à la vérité en deux parties fem-
blables & égales.
La figure de l’utérus de la femme a été comparée
au cornet, dont on fe fert pour fearifier. Son corps
eft elliptique, & le grand arc eft horizontal ; la ligne
fupérieure eft ceintrée, les côtés fönt convergens
& convexes en-dehors. L’extrêmite inferieure fe
continue au cou. En général la matrice eft applatie ,
elle eft plus convexe cependant du côté du reftum ;
fes bords latéraux font émincés & prefque en tranchant.
Le col de l’utérus eft affez cylindrique , beaucoup
plus long dans la vierge tendre , & plus court dans
la femme qui a mis au monde des enfans. Sa longueur
eft perpendiculaire ; il eft un’ peu plus dilaté
au-deffus de fon orifice qui eft un peu plus étroit.
MAT
Le vagin embraffe la partie la plus large du cou au-
deffus de l’o rifice, de maniéré que le cou fe prolonge
dans le vagin , & qu’il y eft contenu. II s’y
plonge obliquement, il eft plus alongé & déborde
davantage antérieurement, de maniéré que le petit
vallon, qui entoure ce cou, eft moins profond dans
cette partie antérieure , & l’eft davantage dans la
poftérieure. Les occupations de là journée & la fitùa-
tion perpendiculaire du corps le font defeendre.
Dans la groffeffe'il defeend dans les premiers mois,
remonte depuis le milieu dit troifieme mois, devient
toujours plus court, & s’efface prefq.u’entiérement
vers le tems de la délivrance.
L’angle dé l’utérus avec le vagin eft confiant. C ’efl
une erreur de quelques accoüchéurs dé croire que
l’axe de l’utérus fe continue naturellement avec l’axe
du vagin ; ces deux axes font un angle obtus, le vagin
fe porte beaucoup plus en avant, & approche
davantâge de la, ligne horizontale.
La cavité, de la matrice n’a pas la. même figure que
fon corps : j’appelle cavité pour me conformer à’
l ’ufage, un fimple plan de contait entre les faces antérieure
& poftérieure de la matrice. Cette cavité eft
prefque triangulaire, les trois lignes du triangle font
un peu courbes & convexes en-dehors, elles le deviennent
davantage par la fécondité. La ligne fupérieure
eft la plus courte , elle conduit aux trompes,
vers lefquelles la cavité de l’utérus forme comme
deux appendices. La pointe répond au cou de la
matrice. Cette cavité devient ronde dans la grof-
feffe,
La cavité du cou eft longue , & en général cylindrique,
elle s’élargit un peu au-deffus de l’orifice.
Cet orifice fe trouve fur lé bourrelet prolongé du col
de la matrice ; il eft tranfverfal -, fort étroit dans la
vierge, & même en tout tems à l’exception des der-«
niers tems de la groffeffe. Il eft toujours ouvert, à
moins qu’il ne foit fferme par quelque membrane
contre nature, ce qui arrive affez fouvent.
Avec cette ouverture naturelle il eft affez étonnant
que l’eau & l’air même puiffent fe ramaffer dans
la cavité de la matrice , & y former des vents , &
même une hydropifie.
La ftruâure de la matrice eft affez particulière dans
l’efpece humaine, ca r , dans les animaux, elle eft
analogue à celle de l’oefophage.
La membrane externe eft le péritoine même, qui
remonte le long de la matrice depuis la veffie, &
redefeend derrière elle au re&um. Comme le péritoine
n’atteint la matrice que fort au-deffus de l’ôri-
fic e , une partie de ce vîfcere eft fans membrane
externe, & n’eft couvert que par une cellulofité
pleine de vaiffeaux. Le péritoine eft attaché à la fubftance
de la matrice par un tiffu affez ferré.
La fubftance de la matrice eft épaiffe & cellulaire,
fpongieùfe & abreuvée d’humeurs ; elle fe détache
en lames par la macération & par les maladies ; fon
épaiffeur eft extrême, aucun animal n’en approche
; le cou eft moins épais. Le tiffu en eft très-ferré
& très-dur dans la vierge , il fe relâche & devient
beaucoup plus flexible dans la groffeffe. Il eft vrai
qu’alôrs les veines de la fubftance de la matrice fe
gonflent extrêmement & en font l’épaiffeur. C’eft
elles qui font l’épaiffeur. C ’eft elles qui empêchent,
la matrice de s’amincir dans le tems qu’elle fe dilate *
fon epaiffeur ne diminue pas en général par la groffeffe
, elle augmente même à la partie où le placenta
eft attaché.
Dans la vierge, on ne diftingue aucune fibre muf-
culaire dans la matrice, elle eft très-différente en cela
de 1 utérus des animaux à quatre pieds, qui généralement
eft un véritable mufcle auffi irritable & auffi
v if dans fes mouvemens que les inteftins : il s’aeite
Tome I I I .
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lui-meme, & rampe quand on l’a détaché du corps,
La matrice de la femme eft cependant certaine^
ment irritable. Elle fe contra&e avec beaucoup de
force dans l’accouchement ; les accoucheurs fe plaignent
qu elle ôte le mouvement aux doigts & à la
main meme. Elle fe contrarie de même autour de la
tete de 1 enfant, & l’empêche de s’avancer. Un autre
phenpmene fort connu, c’eft la vîteffe avec laquelle
la matrice reprend après la délivrance le petit volume
auquel elle étoit bornée avant la groffefl’e. Après la
îeétion cefarienne, elle fe contraÛeen pende tems ;
c’eft la feule reffource qu’ait la médecine pour fermer
les plaies des énormes vaiffeaux que cette, opération
nous force de divifer.
Le mouvement mufculalre de l’utérus eft facile à
démontrer, il n’en eft pas de même des .fibres qui
font les organes de ce mouvement. Quoiqu’on les
apperçoive mieux fans doute dans une femme nouvellement
accouchée , ou morte fans fe délivrer il
eft toujours tres-difficile ,de les ramener à un certain
ordre, de féparer les plans & de diftinguer les
paquets mufculaires qu’elles compofent. Elles font
naturellement réticulaires comme dans le coeur, &
ne font pas diftinguées par des cëllulofités aflèz marquées.
• .
Si j’en dois croire mes recherches & celles de
quelques anatomiftes expérimentés , on ne peut
pas y diftinguer des plans 'exafts ; il y a des fibres
tranfve'rfales,, il y en a de longitudinales , elles font
même alternativement de l’une & de l’autre de ces
d i r e c t i o n s , qui elles-mêmes ne répondent pas exactement
à leur dénomination , & qui font obliques en
différens fens.
On comprendroit affez que les fibres longitudinales
raccourciffent la matrice & en dilatent l’orifice,
& que les tranfverfales compriment la cavité, &
ferment ce même orifice. Mais il eft très-difficile
de croire que ces fibres mêlées & liées enfemble
en mille maniérés puiffent agir les unes-fans les autres.
Je çroirois plus probable, qu’à l’exemple du
coeur, toutes les fibres de la matrice fe réunifient à en
rétrécir la cavité..
La membrane interne de la matrice eft une continuation
de l’épklerme, elle renaît comme elle, elle
eft liffe dans la fille & dans la femme hors de l’état de
la groffeffe ; elle devient plus vafculeufe & plus rouge
un mois avant la délivrance. On a rejette l’exif-
tence de cette membrane, mais elle eft très-vifible
dans une femme accouchée.
La furface intérieure du cou de l’utérus n’eft pas
auffi fimple que celle du corps. Elle eft ouvragée
d’une maniéré très-élégante, fur tout dans la vierge
encore jeune. Elle eft pleine de plis placés d’une maniéré
très-agréable, & nés d’un redoublement de la
membrane interne, qui en les formant devient plus
dure & prefque cartilagineufe.
Je crois qu’on peut rapporter ces plis à deux e f p e c
e s de palmes, l’uné antérieure & l’autre poftérieure.
C ’eft une éminence parallèle à l’axe, qui partage*
toute la longueur du co l, & qui fe continue avec
l’éminence qui partage le corps de la matrice.
De cette éminence fe détachent de côté & d’autre-
des plis élevés , parallèles entr’eux, & qui font avec
l’éminence principale Ses angles demi-droits ; leur
dire&ion eft en-dehors & en-deffus ; iï y a environ
quinze de ces plis, dentelés par le bord qui eft tranchant,
convexes contre le corps de la matrice ,
concaves contre le vagin.
Ces plis élevés font féparés par des plis parallèles :!
ils diminuent de hauteur en s’écartant du tronc , 6c
finiffent par de petites .branches qui fe joignent à
celles de l’autre palme ; ils font d’ailleurs moins élevés
à mefure qu’ils s’approchent de. l’orifice. De
petits plis réunifient les principaux plis p a r a l l è l e s . |
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