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Caractère générique.
Le laurier a des individus mâles Sc des individus
femelles : les fleurs mâles font dépourvues de calice ;
elles portent neuf étamines difpofées trois par trois,
& terminées par des fommets déliés; elles font plus
courtes que le pétale : les fleurs femelles font, aufli
fans calice, elles confiflent en un pétale divifé; par le
bord en fix fegmens : au fond eft fitué un embryon
ovale. On trouve des glandes globuleufes portées
fur des pétioles très-courts à la bafe du pétale. L’embryon
devient une baie ovale à une feule cellule ,
contenant une feule femence de la même forme.
Efpeces.
ii Laurier à feuilles lancéolées, veinées & pérennes,#
fleurs découpées en quatre. Le Laurier à
feuilles larges.
Laurusfoliis lanceolatis, venojis , perennantibus,Jlo-
ribus quadrifidis, diceciis. Hort Cliff
The common broad Leav*d bay.
2. Laurier à feuilles lancéolées, veinées , pérennes
, dont les bords font ondés. Laurier commun à
feuilles ondées. .
Laurtis foliis lanceolatis, venojis , perennantibus ,
marginibus undatis. Mill.
Common bay tree v/itkwaved leaves.4
3. Laurier à feuilles lancéolées Sc étroites, veinées,
pérennes , à feuilles découpées en cinq. Laurier à
feuilles étroites.
Laurus foliis lineari-lanceolatis , venojis, perennantibus.
,Jloribus quinquefidis , diceciis. Mill.
Harrow leav'd bay tree.
4. Laurier à feuilles lancéolées, pérennes, veinées,
planes, à rameaux galeux cicatrifés,à fleurs en
grappes. Laurier des Indes*
Laurusfoliis lanceolatis, perennantibus, venojis, plants
, ramulis tuberculatis cicatricibus,fioribus racemojis.
Hon m m
The Indian bay.
5. Laurier à feuilles lancéolées, pérennes, à bords
renverfés , veinés tranfverfalement ; à fleurs. en
grappe. Laurier de la Caroline.
Laurus foliis lanceolatis , perennantibus, marginibus
rejlexis, tranfversi venojis, floribus racemojis. Mill.
Carolina bay tree with blue berries fitting upon long
red foot fialhs.
6. Laurier à feuilles ovale-lancéolées, obtufes, entières
, annuelles. Beuzoin d’Amérique.
Laurus foliis ovato-lanceolatis, obtujis , integris,
annuis. Mill,
American benjamin tree.
7. Laurier à feuilles entières à trois lobes. Saffafras.
Laurus foliis integris trilobifque. Hort. Cliff.
Saffafras V c , -
8. Laurier à feuilles à trois nervures, Ianceole-
ovales , dont les nerfs fupérieurs font unis à la bafe.
Laurus foliis trinerviis, lanceolato-ovatis, nervis fu-
pra bajin unitis. Linn, Mal. Med.
The camphlrc trte.
Dans le détail que nous allons donner de ces efpeces,
nous nous appuierons du fameux jardinier de
Cnelfea à l’égard de celle fur lefquelles nousn’avons
pas une expérience fuffifante. Jaloux de,ne préfen-
ter aux cultivateurs rien qui ne leur foit véritablement
utile , nous avons eu foin dans tout le cours de
cet ouvrage, de fuppléer pgr les lumières des meilleurs
auteurs, à celles qui nous manquent, Sc de
nous retrancher plutôt dans le filence, que de leur
donner des conje&ures qui auroient pu les égarer.
Nous avouons que onze années d’expérience fuivies
avec la derniere atttfition ne nôus ont pas encore
appris tout ce qu’on peut favoir de la culture des
arbres, tant la moindre partie d’un art eft étendue.
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Le laurier, n ° . 1 , croît naturellement en. Afie-, il
• n’eft pas aufli dur que le Laurier commun ; il fupporte
aux environs de Londres, le froid des hivers ordinaires
, lorfqu’on le plante à une bonne expofltion ,
mais les froids féveres le font périr. 11 y a apparence
qu’on ren.préferveroit en le couvrant de la maniéré
expliquée à Yarticle Alaterne , Suppl.
Le laurier, n°. 2 , eft. le plus, commun ; la même
graine donné deux variétés : l’une à feuilles unies,,,
l’autre à feuilles ondées.>Dans une cour à L aon, j’en
ai vu un individu fuperbe à feuilles ondées qui avoit
plus de vingt pieds de haut : on le met en èfpalier
contre les murs qui foutiennent les terraffes; en l’abritant
l’hiver avec des paillaflbns, on eft fûr de très-
bien le conferver : on en peut jetter des buifl'ons aux
bons abris des bofquets d’h iv e r ; peut-êrré parvien-
droit-ôn à l’y élever en t ig e ,fi les arbres & maflïfs
environnans é toient’aflez touffus Sc affez é le v é s ,
pour le parer des vents Sc du froid.
J’ai vu en Valteline, ce laurier croître de lui-même,
fur une montagne où il gele fouvent affez fort. Il
s’y en trouve nombre de buiffons mêlés avec de
baffes cepées de coudriers Si autres arbuftes qui ne
lui donnoient qu’un bien foible abri : ce laurier
fouffre l ’ombre des autres arbres.
On a une variété de cette efpece dont les feuilles
font marquées d’un jaune v if. C ’eft un arbre très-
curieux Si très-agréable : il demande la ferre.
La troifieme efpece porte des feuilles très-long
u e s , étroites, moins épaiffes que celles des deux
premières ; elles font aufli d’un verd plus cla ir , l’é corce
des branches eft d’une couleur qui tire fur le
pourpre. Les fleurs mâles naiffent en petites grappes
de l’aiffelle des feuilles. C e laurier eft trop tendre
^ p o u r fubfifter en plein air dans l’Europe feptentrio-,
i Anale : il demande la ferre.
■ | La quatrième efpece croît naturellement à Ma*
|p e r e , Sc dans les îles Cana ries, d’où on l’apporta
d’abord en Portugal : on l ’y a multiplié en telle
quantité, qu’il paroît à préfent être une produélion
indigène de ce pays. En 16 20, on l’éleva dans le jardin
de Farnefe, par fes baies venues des Indes ; on le
prit pour un canellier abâtardi. Cet arbre s’élève à
la hauteur de trente à quarante pieds dans les climats
qui lui conviennent. En Angleterre , il demande la
fe r r e ,. ainfi que dans la France occidentale Sc fepten-
trionale : fon jeune bois eft très-moëlleux Sc fragile ;
il veut être arrofé fouvent. Ses larges feuilles font
toujours un peu inclinées; elles font portées par des
pédicules rougeâtres ; quelques - uns l’appellent le
laurier r o y a l , Sc d’autre le laurier de Portugal.
Le laurier, n°. y , habite la Caro line , où on l’appelle
laurier rouge; on le trouve aufli, mais en moindre
quantité, dans d’autres parties de l’Amérique ; cet
arbre dans certainesfituations près delà m e r ,s ’élève
fur un tronc robufte Sc d roit, à une hauteur confi-
dérable. Dans l’intérieur du p a y s ,il ne vient pas fi
gros ; fon bois eft très-eftimé ; il eft d’un grain fin Sc
propre à la boiferie Sc à d’autres ufagès. Les feuilles
de cet arbre font beaucoup plus longues que celles
du laurier commun ; elles font légèrement velu es
.paf-deflous, & leurs bords font un peu rabattus.
Les fleurs mâles naiffent en longues grappes de l’aiffelle
des feuilles; les individus femelles portent leurs
fleurs en grappes peu ferrées; ces fleurs font foute-
nues par d’affez longs pétioles purpurins : il leur fuc-
cede des baies bleues portées fur des cupules rouges ;
cette efpece eft aufli trop fenfible au froid pour ré-
fifter en plein air à celui des îles Britanniques. Il faut
l’abriter dans l ’orangerie.
Tou s ces lauriers fe multiplient de marcottes : le
commun fe reproduit de furgeons; mais les arbres
qui en proviennent font fujets à pouffer continuellement
à leur p ied , une petite forêt qui nuit à leur
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croiffance. Les marcottes retiennent toujours un peu
.d’habitude de leur courbure; les boutures feroient
donc préférables : on peut les faire au mois d’a o u t,
en ottobre Sc en avril. Il faut les bien a r ro fe r , & les
parer du foleil avec des paillaflbns ;les boutures des
efpeces délicates feront plantées en pot-, afin de pouvoir
les abriter l’hiver. Miller confeille d’é lever les
lauriers.-par leurs baies pour fe procurer des arbres
mieux venans &,plus droits. Il faut plonger les pots
où on les afemé s dans une couche tempérée, afin de
hâter leur germination ; il ne dit pas le tems où il
faut faire c e femis ; mais il eft certain qu’on peut
confier toutes les femences d’arbre à la te rre , peu
de tems après leur parfaite maturité.
La fixieme efpece croît naturellement dans l’A-
mérique feptentrionale où elle forme un petit arbre
qui s’é lè ve à la hauteur’ dè huit ou dix pieds; les
feuilles font affez larges & d’un beau vert luifant;
elles font veinées tranfverfalement par-deffous ; les
fleurs font de couleur herbacée ; l’écorce eft d’un
brun no irâtre, Sc polie ; les jeunes branches font
v e r te s ;le s feuilles, lorfqu’on les fro iffe , exhalent
une odeur fo r te , mais affez agréable , Sc qui tire fur
celle du citron. C e t arbufte fe dépouille en automne,
mais fo rt tard ; de forte qu’on peut le planter dans
les bofquets de cette faifon. Il réfifte affez bien à nos
. hivers ordinaires ; par les plus grands fro id s , il fera
bon de le c o u v r ir , & on fera bien de répandre toujours
des 1 automne de la litiere ou des lits de feuilles
feches autour de fon pied. Il pouffe du bas de fa tige
des furgeons qui fervent à le multiplier; on peut aufli
,en faire des marcottes en juillet qui feront bien enracinées
la fécondé année.
5 Le laurier., n°. y , eft le faffafras dont on fait tant
d ufage en pharmacie. Il fe trouve très-communément
dans la plupart des contrées de l’Amérique feptentrionale
, où il s’étend beaucoup par les furgeons
que pouffent fes racines rampantes. Le faffafras même
en Amérique, n’eft qu’un buiffon de la hauteur de
huit a dix pieds au plus : les feuilles font de différentes
dimenfions Sc de diverfes figures ; quelques-unes font
ovales Sc entières ; celles - ci ont environ quatre
pouces de long Sc trois de large ; d’autres font profondément
divifées en trois lobes ; la longueur de
celles-là eft de fix pouces , ainfi que leur largeur ,
prife de l’extrémité des deux lobes extérieurs. Elles
font difpofees alternativement, Sc portées fur des
pétioles affez longs ; leur verd eft brillant; fes fleurs
jaunes & petites naiffent au printems au bas des
feuilles fur des pétioles déliés qui en foutiennent trois
ou quatre. Elles ont cinq pétales ovales Sc concaves ;
les fleurs mâles qui viennent fur des individus diffé-
rens ont huit étamines ; les fleurs femelles font pourvue
s d un embryon ovale ; cet embryon devient une
baie de meme fo rm e , qui eft bleue dans fa maturité.
On multiplie ordinairement le faflaflras par fes
baies qu?on apporte d’Amérique ; mais^lles ne lèvent
an plutôt qu’au bout d’un an , & fi on ne les feme
qu’au printems, elles ne paroiffent qu’au bout de
deux ou trois ans. Il faut fe faire envo ye r ces baies
difpofees par cou che s , entremêlées de couches de
terre dans^ des p o ts , Sc les femer d’abord qu’elles
font arriv é es , en les enterrant de deux pouces ; il
en germera une partie le premier printemps. Comme
une autre partie ne paroîtra que la fécondé année,
i l ne faudra pas toucher à la terre de ce femis qu’on
fera dans une planche de bonne terre ou dans des
caiffes ; il fera bon de le couvrir ou de le mettre dans
la fe r r e , les premiers h iv e r s , Sc de s’y prendre dès
avant les premières gelées d’automne, qui endom-
mageroient extrêmement les pouffes les plus tendres.
Un an ou deux après la germination, on pourra
tranfplanter ces arbres en pépinière. Au bout
de deux ans, on les en tirera pour les fixer aux
Tome III*
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! lietjx oh lis doivent demeurer. On a quelquefois
multiplié le fiffafraspar les marcottes; mais elles
t tout ordinairement deux ans & quelquefois trois
: ava" t de s’enraciner. Cet arbre aime line terre un
peu humide, & fe plait à l’ombre.
Le laurier . râ. S , eft le camphrier. 11 croît naturellement
dans le Japon & dans plufieurs parties des
Indes où il devient un arbre de moyenne taille ; fon
tronc le drvîfe- en plufieurs branches menues ; fes
Iquilles figurées en lance, font unies par le deffus •
■ B ont trois veines longitudinales qui fe réunifient
au-deffus de la, bafe ; Jorfqu’on les froiffe, elles exhalent
une forte odeur de camphre , ainfi que les
branches lorfqu’qn les rompt. Cet arbre porte des'
tléurs males Sc des fleurs femelles fur differens indi-
Vidus jies fleurs rtiâles reffemblent à celles du faffa-’
*r3S I ‘*:r paroît être afîêz proche parent du
canneiiier; il n’en différé que par les feuilles.'. ’
On multiplie les-camphriers par les marcottes;
elles font deux ans Sc quelquefois plus avant de s’enraciner
, ce qui rend ces arbres fort rares : comme
tous ceux que j ’ai vus,dit Miller, font des mâles,
on ne peut efpérer d’en obtenir de la graine en Angleterre
; il faudroit la tirer des lieux où ils croiffent
naturellement, ainfi que celle du cannelier. Il feroit
effentiel, ajoute-t-il, d’envoyer delà graine de ces
deux arbres dans nos colonies, ils y réuffiroient im- \
manquablement, Sc on en tireroit un grand profit,
particuliérement du canellier qui croît aufîî bien
dans quelques-unes de nos îles des Indes occidentales
, que dans les lieux dont il eft indigène ; on en
auroit en quantiteau bout de quelques années, car il
fe multiplie très-aifément par les femences. Les Portugais
ont planté quelques canelliers, tirés des Indes
orientales , dansl’île duPrince, fur la côte d’Afrique,
où ils fe trouvent maintenant en abondance, & fe font
étendus fur une grande partie de l’île. 11 y a aufli de
ces arbres à Madere Sc plufieurs au Bréfil. Le camphrier
ne demande point de chaleur artificielle l’hiver
; il n’a befoin que d’une ferre bien feche ; pendant
cette faifon, il ne faut l’arrofer que très-fobrement :
en été il convient de le placer dans une fituatioii
chaude, où il foit abrité des grands vents, Sc où il
ne foit point trop expofé aux rayons direâs du foleil.
Tout le tems que ces arbres font dehors, il faut
les arrofer fouvent. Le camphrier peut fe multiplier
de boutures qu’on plantera dans des pots ; on enfoncera
ces pots dans une couche tempérée ; on mettra
une cloche par-deffus, Sc on les ombragera durant le
chaud du jour.
Le laurier étoit confacré à Mars & à Apollon, mais
on courorinoit quelquefois les héros, les triomphateurs
& les poètes avec le rufçus , appellé laurier
alexandrin, dont les peintres & les fculpteurs nous
ont confervé la figure de maniéré à ne pas s’y méprendre.
Voyei Pour Ies propriétés du camphre & du faffafras
, ces deux mots dans le Dictionnaire raif. des
Sciences, Sec. ( M. le Baron D E T s c h o u d i . )
Laurier, f. m. laurus, i , ( terme de Blafon. )
arbriffeau à feuilles longues Sc pointues, dont la
tige paroît unie Sc fans noeuds.,
Le laurier eft le fymbole de la vi&oire , les Romains
en couronnoient ceux qui recevoient les hommages
du triomphe.
Apollon Sc les divinités qui préfident aux arts libéraux
, ont des couronnes de laurier pour lignifier que
les^ouvrages de génie font çonfacrés à l’immortalité
, dont le laurier eft le fymbole, puifqu’il con-
ferve fa verdure malgré les rigueurs de l’hiver.
De Launay, feigneur de Launay-Ravilly en Bretagne
; d'argent en laurier de cinq rameaux de (inople
( G .D .L .T . ) J r
Laurier-cerise, {Botan. Jard.') padus laurea-
X X x x ij