pefte. Les moines, qui défrichoient d’une main pelante
le champ de l’hiftoire, que l’ignorance leur
avoit iivré, rapportent qu’un evêque communiqua
aux eaux de l’Aîne la folidité de la terre, 6c que les
Allemands marchèrent deffus comme fur le pont le
mieux affermi. C’étoit mettre l’évêque au - deffus
de Moïfe 6c de Jofué. Il y eut un traité entre les
deux monarques. Lotaire renonça à la Lorraine en
faveur d’Othon II. qui en donna l’inveftiture à
Charles de France, frere de Lotaire. On prétend
cependant, mais contre toute vraifeinblance, qu’O-
thon ne reçut la Lorraine que comme fief de la
couronne de France. La mort d’Othon arrivée en
883 , donna quelqu’efpoir à Lotaire de pouvoir'
rompre avec avantage un traité qui le privoit d’une
province dont il avoit toujours ambitionné la domination.
Il voyoit fur le trône de Germanie un prince
jeune encore, 6c que le vieux Henri de Bavière
vouloit en faire descendre. Il fe jetta d’abord fur
Verdun dont il fe rendit maître, 6c fit prifonnier
le comte Godefroi ; mais quand il fut que la puif-
fance d’Othon III. étoit affermie, il abandonna fa
conquête 6c rendit la liberté à fort prifonnier.
L’affociation de fon fils Louis à la royauté ; fut le
dernier événement mémorable de fon régné : il le fit
couronner avec fa femme Blanche d’Aquitaine, qui
peu fenfible à l’élévation de fon jeune époux, & à la
couronne qu’elle venoitde recevoir , s’enfuit delà
cour. On prétend que Blanche étoit jrebutée de
l’humeur feche 6c brufque de fon mari. Lotaire
fâché de l’évafion de cette princeffe , alla lui-même
l’exhorter de revenir auprès de fon fils. 'Il mourut
à Reims au retour de ce voyage, qui attelle fon
affeftion pour fa famille : cet événement fe rapporte
au fécond jour de mars 986. On crpit
qu’il mourut de poifon que lui préfenterent les
afpirans à la couronne. Des hiftoriens ont accufé
la reine fa femme de ce crime : mais fans rien
dire de l’exceffive douleur qu’elle témoigna à la
mort de ce prince , tous les hiftoriens conviennent
qu’elle verfa un torrent de larmes ; eft-il croyable'
que cette princeffe auroit pu facrifier ajnfi fon mari
dont dépendoit fon bonheur 6c fa gloire ? Que
devoit - elle defirer de plus que d’être reine de
France ? Lotaire eft le dernier des rois du fang de
Charlemagne qui ait retracé qùelques-unes-des vertus
de ce grand fiomme. Il étoit d’un tempérament
robufte , 6c avoit une force de corps étonnante. Sa
dextérité le rendoit propre à tous les exercices ; fon
efprit fe reffentoit de la trempe de fon corps, plein
de feve 6c de vigueur. Il étoit aftif, vigilant, 6c fa
bravoure alloit jufqu’à l’intrépidité. Gn lui reproche
fon peu de fidélité dans les traités , ce qui fem-
ble avoir été un vice de ce tems. L’hiftoire lui donne
un défaut plus grand en politique, elle l’accufe de
n’avoir point foutenu fes entreprifes avec affez de
confiance. La plupart des hiftoriens ne lui donnent
que deux fils; mais un livre de prières trouvé dans
le dernier fiecle, a fait croire à des favans critiques
qu’il en eut untroifieme nommé O thon. Ce livre avoit
appartenu à la reine Emme : le nom de ce prince s’y
lit expreffément ; on y voit encore une image fort
bien faite, 911 Jefus-Chrift eft dépeint dans une nue,
étendant fa droite fur les deux rois Lotaire 6c Louis,
qui fe tiennent par la main, 6c qui ont des couronnes
en forme de cercle ; 6c fa gauche fur la reine qui lui
préfente un enfant tonfuré 6c portant une robe
rouge : on prend cet enfant pour le jeune Othon.
Lotaire fut inhumé dans l’églife de S. Remi, à
Rheims. Adalberon, archevêque de cette métropole
, célébra fes funérailles ; ce prélat qui l’avoit
traverfé pendant tout le cours de fon régné, lui
donna à fa mort les éloges que ce prince pouvoit
mériter. ( M—y . )
LOTH, couvert, (Hi/l.facr.) fils d’Aran, petit-
fils de Tharé, f u i v i t fon oncle Abraham, Jorfqu’il
fortit de la ville d’Ur, 6c fe retira avec lui dans la
terre de Chanaan. Comme ils avoient'l’un 6c l’autre
de grands troupeaux, ils furent contraints de fe fépa-
re r , pour éviter la fuite des querelles qui commen-
çoient à fe former entre leurs pafteurs. Loth choiflt
le pays qui étoit autour du Jourdain, 6c fe retira à
Sodome, dont la fituation étoit riante 6c agréable *
mais dont les habitans, perdus de vices dévoient
bientôt être écrafés par la foudre de la colere de
Dieu. Quelque tems après, Codorlahomort, rçi des
Elamites, après avoir défait les cinq petits rois de la
Pentapole, qui s’étoient révoltés contre lu i, pilla
Sodome, 6c enleva Loth * fa famille 6c fes troupeaux.
Abraham en ayant été informé, pourfuivit le vainqueur
, le défit, 6c ramena Loth avec ce qui lui avoit
été enlevé. Celui-ci continua de demeurer à Sodome,
jufqu’à ce que les crimes de cette ville infâme étant
montés à leur comble, Dieu réfolutde la détruire avec
les quatre villes voifines. Il envoya pour cela trois
anges, qui vinrent loger chez Loth fous la forme de jeunes
gens. Les Sodomites les ayant apperçus, fe livrèrent
à une paflion abominable, 6c voulurent forcer
Loth à les leur abandonner. Loth, effrayé à la vue du
péril que couroient fes hôtes, & du crime déteftable
quevouloient commettre ces furieux, offrit de leur
abandonner fes deux filles ; & cette offre, effet de fon
trouble que l'on ne peut excufer, parce qu’il n’eft
jamais permis de faire un mal pour empêcher les
autres d’en faire un plus grand, n’ayant pas arrêté
ces infâmes, les anges les frappèrent d’aveuglement,
prirent Loth par la main, & le firent fortir de la ville
avec fa .femme 6c . fes deux filles. Il fe retira d’abord
à Segor, jufqu’à ce qu’ayant vu la punition éclatante
exercée contre Sodome, il n’ofa demeurer dans
le voifinage, 6c fe réfugia dans une caverne avec fes
deux filles , car, fa femme, pour avoir regardé derrière
elle contre la défenfe expreffe de Dieu, & par
uné curiofité qui avoit fa foùrce dans l ’amour des
biens quelle venoit de quitter, avoit été changée
en ftatue de fel. Les filles de Loth, s’imaginant que
la race des hommes étoit perdue, enivrèrent leur
pere ; & dans cet état, elles conçurent de lui chacun
un fils; Moab, d’oii fortirent les Moabites; 6c Ammon
qui fut pere des Ammonites. On ne fait ni le
tems de la mort, ni le lieu de la fépulture de Loth,
6c l’Ecriture n’en dit plus rien. (-J-)
LOTINE, ( Mufiq. infir. des anc. ) Athénée rapporte
dans fon Deipnos; que la flûte appellée lotine
étoit la même que celle que ceux d’Alexandrie ap-
pelloient photinge. Voye1 P h o t i n g e , ( Mufiq. infir.
des anc. ) Suppl. Il ajoute qu’on la faifoit de bois de
lotos qui croît en Afrique. ( F. D . C.)
LOTUM , ( Géogr. anc.. ) L’Itinéraire d’Antonin
marque fix lieues gauloifes entre Tuliobona , Lille-
bonne & Loturn ; la pofition de ce lieu doit tomber
aux environs de Caudebec, dans le voifinage de l’abbaye
de Saint Vandrille, fur le grand chemin de
Rouen.
Ce mot dans les thanufcrits eft écrit Lolium, Lo-
tium., Loium. Près,de Fontenelle ou faint Vandrille,
il y avoit, au v iie fiecle, un monaftere appellé Lo-
giurn : fainte Bathilde y fit plufieurs donations vers
656 : Etvicino logienfi monajlerio. "Wille en futabbeffe
en 700; Milon fon fils, moine de Fontenelle, fe retira
près de Logiurn, fur le bord de la Seine, pour
y mener la vie heremitique, & s’y pratiqua, dans
les rochers une grotte qui fe nommoit, long-tems
après, la grotte de Milon, Milonis cripta. Ce pieux
folitaire demanda avant fa mort d’être enterré à l’en*
trée du monaftere de Logium. Ilffubfiftoit encore vers
le milieu du IX e fiecle, puifque Anfégife, abbé
de faint Vandrille, qui mourut en 833, lui légua
par
par fôn teftament un livre d’or ; A d Logium librarà
unam direxit. Il y a apparence qu’il fut détruit en 861
parles Normands, qui brûlèrent 6c ruinèrent de fond
en comble l’abbaye de faint Vandrille. Quel qu’ait
été le fort du monaftere de Logium, il n’eft poinr
fait mention de ce lieu dans les tems poftérieurs, 6c
on n’en connoît plus aucuns veftiges.
Il eft évident, par la reffemblance du nom & par
les circonftances locales, que le Lotium ou Loium de
Y Itinéraire eft le même lieu que le Logium du moyen
âge. Quant à fa pofition précife » don Touffaint Du-
plefiis la marque *à l’endroit oh le ruiffeau de Fontenelle
fe jette dans la Seine , 6c oh s’eft formé depuis
le hameau de Caudebequet, qui a tiré fon nom
delà ville voifinede Caudebec ; mais M. l’abbé Belley
fur les mefures de quatorze lieues gauloifes de
Rouen à Lotuni, place ce lieu au - delà de Caudebequet,
&vers Caudebec : ce ne peut être à Caudebec
même, comme le juge M. d’Anville, puifque cette
ville qui exiftoit dès le tems de Charlemagne eft
appellée Calidum-Beccum ; d’oh il faut conclure que
le Logium ou Lojum, étoit fitué entre Caudebequet
Sc Caudebec, mais plus près de cette ville, en deçà
de la quatorzième ^colonne par rapport à Rouen.
Voye^Mém. de l'acad. des infcriptions, tome X X X I I ,
in -n ,p a g . 3//. ( C . )
LOUHANS, L o a n s , Lovincum, ( Géogr. ) ville
de la Breffe châlonnoife en Bourgogne, dans une ef-
pece d’île formée par lesrivieres de la Seille, la Salle
le Solvant, non Solnant comme l ’écrit la Marti-
niere ; à fix lieues de Châlons, quatre de Tournus,
neuf de Mâcon, quatre de Saint - Amour en Comté ;
on marche à couvert par toute la ville ; il y a un dépôt
pour les marchandifes qui paffent de Lyon en
Suifle 6c en Allemagne , pendant les quatre foires
franches de Lyon. Cette ville appartenoit anciennement
à la maifon de Vienne ; Henri d’Antigny lui accorda,
en 1269, desfranchifes 6c privilegesautorifés
par le comte de Bourgogne, 6c Hugue de Vienne,
fire de Pagny, duquel elle relevoit immédiatement.
MM. de Saint-Jofeph y ont le college 6c une pen-
fion qui eft en-réputation.
Regnaut de Louhans, dominicain , traduifit ail
XVe fiecle le livre de la Confolation de Boëce.
Gabriel Gauchat, chanoine de Langres, abbé de
faint Jean deFalaife, meilleur prédicateur qu’atiteur,
eft né à Louhans en 1709.
A l’occafion des avances du premier étage de chaque
maifon de Louhans, M. de la Lande, un de
nos collaborateurs, dans fon voyage d’Italie, remarque
qu’à Bologne, à Modene,àPadoue, à Ge-
neve 6c en quelques villes de Breffe, on fe promene
de même en tout tems à l’abri du foleil & de la pluie
fous des portiques. Aujourd’h u i, dit ce judicieux
obfervateur, qu’une vaine décoration prend la place
d’une commodité réelle, ceux qui règlent les conf-
truâions 6c les décorations, ne s’ex'pofent plus aux
intempéries de l’a ir, 6c ils n’ont plus pour Je peuple
la même confidération. Dans un tems oh les magi-
ftrats 6c les gouverneurs n’alloient point en caroffe
ou en chaife à porteurs, on avoit pourvu à la commodité
publique par ces portiques & ces avances.
Foyage d?Italie, tome I I , page 176c/. ( C. )
' LOUIS IV, furnommé Y Enfant, ( Hiß. dd Allemagne.')
roi de Germanie 6c de Lorraine: ce prince,
le dernier de la race de Charlemagne qui occupa
le trône de Germanie, naquitl’an893 , del’empereur
Arnoul, & de l’impératrice Oda.Son exemple prouve
la vente de la remarque que nous avons faite à l’article
de fon pere, que l’enfance des princes françois
ii’étoit point un obftacle à leur élévation ; & que le
refus de couronner Charles-le-Simple, par rapport
à fon extreme jeuneffe, n’étoit qu’un prétexte pour
fcolorer Pufurpation d’Eu.des, En effet, Louis 7/^n’a-
Tome H L
voil que fept ans, torique les Germains dans unè
atlemblee libre, ternie à Forcheim , lui donnèrent
la couronne. On dit dans une aflemblée libre , parce
que les Germains jouiffoient du droit d’élire leurs
louverains , depuis qu’Arnoul avoit cônfenti de re.
ce voir le fceptre qu’ils lui offrirent, tandis que Char-
les-le-Gros, fon oncle , le poffédoit encore. La couronne
avoit ete promife à Louis, même avant là naiL
lance F torique l’empereur, fon pere, invita les .états
dans une diete qu’il tint en 889, à confentir ampar-
tage de fes états entre Zumtibold & Rathold, fes fils
naturels F ils le lui promirent, mais feulement dans
le cassoù il ne laifferoit aucun fils, légitime. Ils fui-
virent l’ancienne coutume, que l’on avoit violée à
la venté envers Charles, fils de Louis-le-Beguej
mais que l’on rbfpeéloit encore. << Nous avons beau-
I mieux, aimé , dit Hatton , archevêque de
” ™yeoce „ fuivre Fancien ufage des Francs , dont
» les rois ont tous été d’une même maifon, que d’in-
” traduire une nouvelle coutume ». Arnoul, en dé.
e arant par un decret, qu’ori devoit fe foumettre au
joug de I eglife de Rome, n’avoit entendu parler
que du joug fpirituel ; mais il femble quédès - lors les
papes prérendoient l’étendre fur le temporel, com-
me il paroît par la lettre de Hatton à Jean IX : ce
prélat fe juftifioit fur ce qu’im avoit procédé à H
leclion de Louis IV , fans fon agrément; cependant
cette lettre peut avoir été fuppoféè. Lè filehce dé
plulieurs auteurs, qui onfrérrit fur la vie des papes ,
autonfe ce foupçon. Le régné de Louis ne fut pas
moins orageux que celui de fes prédéceffeurs. Tous
les ordres de l’état .fe. jouèrent de fa jeiineffe 5c
1 aHngerent les droit.sjes plus précieux du. trône.
L eveque de Toul .en obtint le privilège d’avoir de
la monnoie frappée à fon empreinte ; il fe fit encoré
donner tous.Ies péages du Comté qui fut déclaré libre
de tribut envers la couronne. La qualité de Hatton 1
K fon crédit dans le royaume, porté au plus haut
egre, puifqu il etoit à ia tête de la régence, nous
font loupçonner qu’il eut la. plus grande part à. cette
dangereule concelhon ; & l’on a lieu de s’étonner de
ce qu Othon-le-Grand, beau-frere du jeune prince,
oc collègue de Hatton dans la régence, n’apporta
aucun obftacle aux deftrs trop ambitieux du pfélat,
Cependant Louis fut à peine placé à la tête de l’état
que les Lorrains qui abhorfoient la domination de
Zumtibold, prince colere, & qni s’oublfoit’quelquefois
jufqu’à maltraiter les évêquesf dans un accès
de fureur il manqua d’.en faire expirer un fous le
bâton XFinviterenf à venir recevoir leur hommage,
Zumtibold voulut en yain éviter le fort dont il étoit
menacé : attaqué dlun côté par fes liijets, &c de l ’au-
tre par les Germains qui le furprirent aux environs
delà Meufe, il fut vaincu & tué dans un combat; les
deux tiers de fon armée refterent fur le champ de
bataille, & tous fes bagages furent la proie du vainqueur.
£0«« trouvant tous les paffages libres, f i
rendit à Thionville, oit tous les feigneurs de la Lor.
rame le reconnurent pour leur fouverain ; mais cette
lueur de profpérité s’éclipfa bientôt. Sesfuccès éten-
doient les bornes de la domination fans affermit
fon autorité. Les Lorrains & fes autres fujets ne lui
rendirent qu’un ftérile hommage. Devenus propriér
taires des fîëfS qui appartenoient à la couronne
ils conftruifirent des châteaux , & fe fortifièrent les
uns contre les autres , plus jaloux de venger leurs
querelles particulières, que de foutenirles intérêts
de Fêtai, ou de combattre pour fa gloire. Les Huns i
ou Hongrois armés par la politique de Bérenger)
qui donnoit des, loix à l’Italie, & qui craignôit d«j
voir les Germains lu; redemander un royaume Ôii il
régnoit au milieu .des plus terribles fadions, avoient
déjà ravagé la haute-Pannonie, & s’apprêtoient- à
paflbr le Leçh, qui fçryoit limite à cettë province
G G g g g