découvre eft la même que lescompofés, on dévoilera
à ion aide leur fecrete analogie.
Ce que nous avons dit du chionantho, encourage
à tenter des greffes fingulieres ; mais il n’en eft pas
moins vrai que celles vantées par les anciens fe font
trouvées fans fuccès la plupart. Nous ne pouvons
nous empêcher de répéter une obfervation curieufe
qui fe trouve dans l’article G reffe du Diction,
raif. des Sciences, 8cc. Non-feulement le platane ne
reçoit aucune des greffes que les anciens ont dit qu’il
adoptoit ; mais il rebute jufqu’à la fienne propre , &
ce qu’il y a encore de plus fingulier, l’écuffon du
figuier, quoiqu’il ne s’y colle point du tout, porte
néanmoins la corruption dans toutes les parties du
platane, 8c lui caufe une mort foudaine.
Les fevespeuvent donc fe mêler pour fe dévorer,
8c il ne fuffit pas pour qu’un arbre puiffe être greffé ,
qu’il ait la faculté de réparer les délits de fon écorce,
faculté que la vigne n*a que dans un très-petit dégré ;
car le platane eft de tous les arbres , celui qu’on
élague avec moins de rifques , 8c dont les plaies fe
recouvrent le plus aifcment.
Nous avons vu deux arbres, très-différens qui
peuvent fe marier enfemble par la greffe : nous venons
d’en voir unqifi fe refufe même à la lienne. Entre
ces deux extrêmes, il y a un exemple affez fingulier
qui ôte leur application générale aux indications pri-
fes de l’analogie fenfible entre les arbres. Il eft difficile
d’en trouver un, qui ait avec un autre plus
de reffemblance que n’a le mûrier blanc avec le
mûrier noirtcependant les greffes du mûrier noir, quoiqu’elles
fe collent parfaitement fur le mûrier blanc,
& qu’elles faffent même la première année un jet
d’une étonnante vigueur, périffent; 8c le plus fou-
vent fe détachent même nettement, le fécond prin-
tems;ôc s’il arrive que ces greffes aient plus de durée,
c’eft un rare phénomène, on le greffe d’upe induftrie
toute particulière.
Ce n’eft pas que la reffemblance entre les parties
fexuelles , 8c entre celles de la fructification de différens
arbres n’indique encore fou vent les ' effais à
tenter, 8c ne fonde les efpérances à concevoir de les
unirpar la greffe. La preuve en eft dans les familles
des néfliers, des poiriers, des coignaffiers, des ali-
fiers 8c des fôrbiers , dont les différentes 8c très-
nombreufes efpeces, fe greffent toutes les unes fur les
autres, 8c même quelquefois avec‘avantage. Voyons
quels font en général ceux qu’on retire de l’opération
de greffer.
Nous avons déjà montré qu’elle fervoit à propager
les variétés eftimables qu’a fait naître un accouplement
fortuit, ou l’irrégulier concours d’autres
caufes. En vainobjefteroit-on qu’on peut les perpétuer
par leurs femences ; l’expérience a appris qu’elles
confervent rarement, dans les individus qui en naif-
fent,les cara&eres diftinâifs de ces variétés ; qu’elles
ne rendent pour le grand nombre que des fruits fau-
vages,8c nous embarrafferoient le plusfouvent d’une
foiile de Variétés nouvelles, dont la plupart n’au-
roient aucun mérite ; parmi lefquelles il s’y en trou-
veroit peut-être de bonnes, lefquelles il faut à la
vérité chercher par la voie des femis, mais fans négliger
la greffe elle peut feule nous tranfmettre les
anciennes fans altération. C ’eft avec bien plus de
raifon qu’on lui oppoferoit les marcottes, 8c les
boutures ; mais fi elles peuvent les fuppléer pour
multiplier ces variétés fans les changer, elles au-
‘ roiént le grand inconvénient de ne donner que des
arbres qui s’égayeroient long-tems à pouffer des
branches infécondes avant que de fe mettre à fruits,
8c qui peut-être n’en produiroient jamais , dans une
certaine abondance.
On fait que la greffe occafionrte à fon infertiori urte
ûodofité où les vaiffeaux changeant de direction,
ferpentent, fe tourmentent, fe croiffent, 8c forment
en un mot une efpece .de filtre où la feve s’affine
peut-être , mais où certainement fon effor fe ralentit,
fon impétuofité s’appaife ; 8c qui rendant l’arbre
plus fage, plus.docile, avançant l’âge de fa maturité
, 8c portant le terme de fa v ie , nous fait jouir,
plutôt 8c plus abondamment de fes fruits.
Que la greffe ferve encore à augmenter leur volume
, à les peindre de plus vives couleurs, à adoucir
leur pâte , à rendre leur goût plus délicat ; qu’elle
puiffe auffi avancer leur.précocité , ou retarder le
tems de leur cueillette ; c’eft ce dont l’expérience ne
laiffe pas douter, 8c qui paroît une fuite bien naturelle
de la circulation de la feve. Celle qui du fujet
monte à la greffe, ne peut que modifier la feve propre
de cette greffe, dont le retour dans ce fujet influe
auffi tellement fur lui, qu’il fuffit qu’un écuffon d’un
orme panaché ait été feulementcolléimparfaitement
contre un orme commun, fans y avoir fait même les
moindres produirions, pour qu’il fe trouve des feuilles
panachées fur les branches que pouffe déformais
cet orme , ainfi que l’expérience* vient de nous en
convaincre.
Mais il réfulte néceffairement de ces principes, que
fi lag-rt/è peut groflir 8c améliorer les fruits, elle
peut auffi les amoindrir 8c les dépraver : c’eft ce qui
arrive Iorfqu’on proftitne fes fcions ou les écuffons
en les unifiant à un fujet peu eftimable. Elle ne prÔ-
duira de bons effets que lorfqu’on les confiera à des
arbres doués d’excellents fruits ; 8c encore faut-if
qu’il y ait entré les deux arbres une affinité fingulieres
en cas qu’elle ne s’y trouvât pas, bien que le fujet fût
fupérieur par fon fruit à l ’efpece d’où,la greffe feroit
prife, il nenaitroit de cette union contrainte, que des
fruits inférieurs à ceux même de l’efpece greffée qui
h en auroit pas fubi le joug. C ’eft ce qui arrive à certains
poirier s.greffés fur coignaflïer, quoiqu’en général
ce fujet améliore lés poires ; celles de ces poiriers
ci deviennent maigres 8c chétives, parce que
la feve de ces efpeces a quelque répugnance pour celle-
du coignaflïer. Dans le cas au contraire où le fruit du
fujet eft plus petit, moins bon que celui de l’efpece'
dont on prend les greffes ; dans le cas même où il n’eft
pas mangeable, mais où le rapport entre les feves &C
les vaiffeaux eft intime, 8c devient bientôt fenifble
par la belle végétation de ces greffes, il arrive comme
dans nos bons cerifiers fur mah§leb, que les fruit»
ne diminuent pas fenfiblement degroffeurôcdebonté.
Cependant certains poiriers que nous greffons fur
épines, quoiqu’ils y végètent très-bien , n’y donnent
plus leurs fruits auffi g ros, mais il nous demeure l’avantage
d’en avoir avancé de plufieurs anneês la récolte;
c’eft auffi le feul à-peu-près que l’on doive attendre
de la greffe d’un arbre .fur lui-même.
Nous avons dit que cette greffe trop vantée nepou-
voit en rien changer l’effence des efpeces ; avouons
pourtant qu’elle peut produire quelque augmentation
dans la groffenr du fruit. En ralentiffant,la marche
de la feve, elle réprime le vain luxe qui la 'fait
fe répandre en branches ftériles, 8c l’oblige de s’arrêter
au profit du fruit dans les branches courtes 8c
fécondes.
Il s’en faut bien toutefois qu’en répétant cette
opération , on parvienne à obtenir une augmentation
fucceffive dans le volume des fruits; au contraire,'
les noeuds les uns au-deffous des autres, embarraffant
la feve dans fa marche', ne produiroit bientôt plu»
d’autre effet que de diminuer leur beauté, 8c leur
nombre précipiterait l’arbre vers fa décrépitude 8c
lui ca’uferoit enfin la mort.
Enfin on ne peut pas douter que le choix du fujet
fur lequel on place une greffe de fruitier, ne le rende
plus hâtif ou ne, retarde le tems de la maturité de
fon fruit, fuivant que ce fujçt eft de fa nature d’un
Rapport plus précoce ou plus tardif. Nombre d’expériences
atteftent la vérité de cette propriété de la
greffe qui n’eft pas affufément un de fes moindres
avantages. , . » .-
Nous n’entrerons pas dans le détail de la maniéré
d’exécuter les différentes greffes : il fe trouve dans lé
corps du Dici. raif. des Sciences; nous nous bornerons
à quelques obfervations.
Il n’eft point vrai que la greffe en approche ne foit
d’aucune utilité , ni que les arbres qui la portent,
bornés dans leur végétation, atteignent fi vite le terme
de leur croiffance : cela; n’arrive que lorfqu’elle
eft mal exécutée;lorfque fe contentant d’appliquer la
branche, en lui enlevant feulement un peu d’écofce
dans une coche faite au bout du fujet, il ne peut fe
faire qu’une union imparfaite, 8c qu’il refte à l’infer-
tion une nodofité groffe 8c faillante ; mais lorfqu’on
fait cette greffe avec précifion , les arbres qui l’ont
reçue ne different en rien de ceux qu’on a entés: c’eft
qu’en effet la greffe en approche ne différé pas de
l’ente ; lorfqu’on a foin de choifir des branches
affez fortes pour qu’on puiffe les tailler par la
moitié de leur épaiffeur, de la même maniéré qu’on
prépare un fcion, lorfqu’on fend le bout du fujet,
qu’on y inféré exactement la languette qu’on a comme
fculptée dans l’épaiffeur de \agreffe doux le fuccès
eft toujours infaillible, à caufe de la partie de bois
•alimentée qui demeure à fon dos. ,
Cette greffe fe fait dans quatre fituationsdifférentes.
On peut apporterfoit en pot, foit en mottè, le fujet
à greffer près de celui dont on veut le greffer, ou cè-
lui-ci près de celui-là ; on peut aufîi planter dans
une rangée d’arbres en pépinière, un ou plufieurs individus
de l’efpece dont on veut greffer les arbres de
cette rangée qu’on greffera fucceflivement de proche
en proche ; enfin on émploié cette forte de greffe fur
un arbre enté fur plufieurs branches, en appliquant
les rameaux des greffes reprifes fur les tronçons où
elles ont manqué. Cette derniere. méthode eft pratiquée
avec fuccès dans plufieurs villages du pays
, Meffin où l’on recueille d’excellens fruits ; de tous
les exemples que nous pourrions citer de la vigueur
des arbres greffés en approche, nous n’indiquerons
que celui de nos mélifes noirs d’Amérique fur mélife
commun. Voyt{ l’article M'Élise , Suppl.
C ’eft aufli à tort que l’on préféré fans reftricHon
l’écuffon à l’ente : l’ente lui eft préférable dans bien
des cas. i° . On l’a fait dans les premiers jours du
printems fur des fujets de la groffeur au mbins d’un
pouce coupés près de terre , 8c l’on fe procure par
ce moyen de fort beaux efpaliers,8c demi-vents qu’on
peut planter à demeure, dès l’automne de la même
année ; dans trois ans on auroit à peine d’auffi beaux
arbres par le moyen de l’écuflbn. a°. Loin de retarder
le rapport de l’arbre, elle doitle hâter, lorfqu’on
a foin de choifir le fcion fur des branches fages 8c
fécondes, 8c de laiffer à fon bout un peu de bois de
deux ans. 30. C’eft la feul e greffe qu’on puiffe faire fur
des arbres d’un âge moyen dont on veut changer les
fruits ; 8c il fe trouve même bien peu de gros arbres
où l’on ne puiffe la pratiquer lorfqu’on les recoupe
~ fur leurs ramifications dernieres où fe trouvent le
plus fouvent des branches dont le pourtour ni’excede
pas la groffeur convenable à l’exécution 8c à la
réuflite de cette greffe. Ôn a par ce moyen des arbres
chargés quelquefois de plus de foixante greffés'qui fe
trouvent rajeunies par là même,pour bien des années;
parce que ce retranchement des groffes branches 8c
la vigoureufe végétation de ces greffes, procurent le
développement des nouvelles racines qui fe couronnent
en peu de tems d’une touffe fuperbe * 8c fur lefquelles
enfin Ton eft affuré de faire dès latroifiéme
automne une récolte abondante d’excellens fruits.
Cette méthode eft d’autant plus importante, qu’elle
eft la feule pat laquelle on pourroil améliorer tous
lès arbres fauvages de nos bois 8c de nos champs ;
& procurer à la foulé oubliée 8c fi intéreffante de
nos plus pauvres villageois une nourriture auffi faiu-
bre qüel’eft peu celle des' fruits âpres 8c agreftes
qu ils vont, non fans rifques, difpùter aüx hériffons 8c
aux porcs. On obtiendra à-péu-près les mêmes avantages
de la greffe en couronne : elle fe fait fur des plus
gros arbres encore ; mais il faut, tant qu’on peut, lui
préférer l’ente.
Trois précautions fur-tout font effenticiles à là
reuffite de ces greffes: le choix pour les faire, d’un
tems doux, confiant 8c moite ; les proportions du
fcion qui ne doit avoir que trois boutons, dont l’inférieur
doit être poféfur le bord de l’aire de ia coupure
du tronçon, 8c qui procurera d’ordinaire le jet
le plus vigoureux ; 8c l’attention de faire coïncider
les ecorces de la grqfe 8c du fujet, non par leurs bords
extérieurs , mais par leurs bords intérieurs. On fe
fert de différentes fubftances réfineufes, ainfi que de
boufillage , pour mettre autour des entes; mais une
poupée d’étoupes ou de vieux linges aidera toujours
infiniment à leur reprife. Les branches dans lefquelles
on doit tailler des fcions , fe coupent aux mois
de janvier ou de février. Qu’on faffe en terre une
cavité recouverte de planches 8c de terre en y laiffant
une couverture, c’eft là que ces branches fe confère
veront le mieux. On aura l’avantage de pourvoir
enter auffi tard qu’on voudra ; 8c ces fcions affamés
dès qu’on les pofera fur des fujets regorgeans
de feve qu’ils pomperont avec avidité, ne peuvent
manquer de reprendre 8c de pouffer très-vîte*
Nous avons vus de fort bons effets'd’une autre
efpece de greffe en fente : on la pratique ordinairement
pouf les jafmins 8c autres arbres , 011 arbrifi*
féaux grêles, délicats, rares, ou m o e l l e u x .Le fcion
eft de -la groffeur du fujet; on l’amincit également
par les deux côtés. Sa moelle s’ajufte fur la moëllé
. clu fujet, 8c parconféquent les écorces coïncident des
deux côtés. On aflùjettit av.ec un lien doux 8c l’on
ajufte de la cire mêlée de poix tout autour.
La gteffe'en flûte eft difficile 8c demandé i in ë g r a n ^
de précifion ; mais en la pratiquant plus qù’ori ne fait*,
on parviendroit à l’exécuter .plus facilement ; &’
puifqu’elle convient au figuier dont il y a en Italie;
( Poyeç cUd&ffus F i g u i e r ) dix bonnes efpeces qui'
réuffiffent en Angleterre en plein air, 8c'qui; nous
manquent ; puifqu’elle eft la feule, excepté la greffe
en approche, dont on puiffe fe fervir pouf le noyer ,
8c qu’il eft fi intéreffant de perpétuer -fanstvariation
& dè propager en abondance le noyer tardif,
la noix mélange , un noyer d’Amérique, 8c quelques
autres variétés ; puifqu’elle fert à multiplier le
maronnierfranc dont il-fe trouve plufieurs variétés,
eftimables, 8c que les marons donneroient une forte1
de p a in à la foule de ceux qui en manquent -, c’efti
bien à tort que l’on néglige un e‘forte de greffe qdi':
no.us feroit tant de bien.
A . la vérité nous fommes parvenus à enter le ttià-*
ronnier franc; nous avons auffi trouvé le moyen dé
l’écüflbnnermême à l’oeil dormant, en nous éloi-f
gnant'à certains -égards de la pratique ordinaire
( C h a t a i g n e r , Suppl.'). Mais plusilfe trouvera
dé greffes qui' lificonviennent, plus on pourra
avancer fa mûlriplieation ; parce qû’en tirant âvàfi-'
tage de toutes, chacune dans fon tems, encoré q.ü'é
leur fuddèspàrt'iclïliérne foit pas complet, leurs fuc-
Gès réunis deviendront confidérables : 8c l’bfl nè
doit-pas moins ëflayer toutes ces griffes, furie ndÿer*
fur lé'figuier 8c le chêne; efculus, ôü de Dcdone, donc'
les glandsfont’bons à manger; on doit mêriie entend
ter dé nouvelles; par exemple, 8c Mous lé favoris
par expérience ^ telle enté qui ne iéuflit pasyfi oii