
méridionale deVîle de Madagascar, où elle eft véritablè-
ment. Voye\ Flacour , Hijloire de Madagafcar, & les
cartes géographiques de MM. de Lille, d’Anville,
&c. Lettres fur P Encyclopédie*
§ FRAPPÉ, ( Mujique. ) En battant de la main
la mefure, les François ne frappent jamais que le pre*
mier temps, 8c marquent les autres par divers mou*
vemens de la main ; mais les Italiens frappent les
deux premiers tems de la mefure à trois, 8c lèvent
le troifieme ; ils frappent de même^es deux premiers
de la mefure à quatre, 8c lèvent les deux autres.
Ces mouvemens font plus fimples 8c femblent plus
commodes. ( S )
C’eft toujours au frappé que l’harmonie change ou
devroit changer ; & les notes qui s’y trouvent , ont
par elles-mêmes plus de poids que celles qui font
dans le levé, ce qui provient en partie de ce que les
inftrumens à archet exécutent toujours les notes du
frappé en tirant l’archet, 8c par-là même les marquent
plus fortement : c’eft pourquoi toutes les i'yl-
labes longues doivent tomber fur 1 e frappé de la mefure
, 8c les brèves fur le levé. ( F. D . C. )
* FRAUDER, v. a. ( Gramm.-j èmployer des
moyens obliques pour fruftrer quelqu’un de ce qui
lui appartient. Frauder les créanciers. Frauder les
droits du roi \ frauder la gabelle ; c’eft éviter de payer
ce qui eft dû pour les droits du roi, ôu pour la gabelle.
Voye^ Fraude, dans le Dictionnaire raifonné
des Sciences , &c.
* FRAUDEUR , f. m. ( Gramm. ) celui qui fait
la fraude.
* FRADULEUSEMENT, adv. (terme de Jurif-
prudence. ) d’une maniéré frauduleufe.
* FRAUDULEUX, EÜSE, adj. (terme de Jurif-
prudence & de Commerce. ) contrat frauduleux, do-
nation frauduleufe, banqueroute frauduleufe.
FRAVENFELD , ( Gcogr. j capitale de la Thur-
govie : le fiege du baillifde ce landgraviat, 8c celui
des dietes du corps Helvétique, depuis 1711. On
croit que cette ville eft ancienne, 8c que les comtes
de Kyburg l’ont rétablie : elle parvint aux comtes
de Habfpurg , 8c de-là à la mailon d’Autriche , fur
laquelle elle fut conquife par les Suiffes en 1460.
Elle jouit de beaux privilèges : le baillif de la Tfaur-
govie n’a point d’autorité fur elle ; elle a fes propres
lo ix, un grand 8c un petit confeil, & deux avoyers ,
qu’elle établit elle-même, en les prenant dans les
deux religions. Le grand 8c le petit confeil font com-
pofés de de proteftans 8c 7 de catholiques. Le petit
confeilaun pouvoir étendu ; les appels de fes fen-
tences fe portent en droiture à la diete. Le grand confeil
forme la juftice criminelle , non-feulement de la
ville, mais de prefque tout le landgraviat : il s’affem-
bîe alors fous la préfidence du land-amman de la
Thurgovie. Une grande partie de cette ville a été
confumée , en 1771 , par un incendie , 8c elle aura
beaucoup de peine à fe relever. Elle a la haute 8c
baffe juftice fur fes habitans 8c fur plufieurs villages..
Long, j o , 42 , latit. 4 7 ,2 8. ( H. )
F R A V E N S T E IN , ( Géographie. ) château ,
ville 8c bailliage d’Allemagne , dans le cercle de
haute-Saxe 8c dans l’Ertzgebirge : il en reffortit quatorze
villages, dont les habitans induftrieux, travaillent
beaucoup en bois : ils en font des violons ,
des horloges, 8c des uftenfiles de toute efpece.. Il y
a dans la haute-Carniole , fous l’Autriche, un château
du même nom; mais qui, appartenant à un riche
couvent de S. Dominique, ne peut pas avoir des
habitans auffi utiles : ce couvent s’appelle Michelflet-
ten , & il eft fameux dans la contrée, par une image
de la Vierge. ( D . G. )
FRÉDÉRIC I , dit Barberoujfe & le pere de la patrie.
( Hijloire d?Allemagne.') XIIIe. roi ou empereur de
Germanie ou d’Allemagne (ce dernier-nom commençoit
à fortir des limite^ de la Suabe.) depuis Conrad
I , XXIe empereur d’occident depuis Charlema*
gne, naît l’an 1 m , de Frédéric, duc de Suabe * 8c
de Judith Guelphe , fille de Henri le noir * duc de
Bavière ; fuccede à fon pere , l’an 1 14 7 ; e& em"
percur, le4 mars 1152., après la mort de Conrad III;
meurt en 1190;
L’Empire, qui s’étoit affaiffé fous Lothaire II , Sc
fous Conrad III, fe releva tout-à-coup fous Frédéric I.
Jamais régné n’eut des eommencemens plus brillâns,
8c plus fortunés : il fut à peine monté lur le trône,
que trois princes Danois, Waldemar, Canut 8c
Suénon , qui fe difputoiefit la couronne , le choifi-
rent pour l’arbitre de leur deftinée. Suénon obtint la.
préférence : il mit fon royaume fous la protèftion de
l ’empereur, 8c en reçut l’inveftiture par l’épée, fui-
vant l’ufage de la conférer, aux rois : les ducs la re-
cevoient par l’étendart, 8c les évêques par le feep-
tre, depuis'le concordat de Henri V 8c de Califte II.
Suénon , après les cérémonies de l’inveftiture, porta
l’épée de Frédéric , regardant comme-un honneur de
faire les fon&ions de vaffal. L’empereur, jaloux de
■ conferver fes droits fur Rome, ou plutôt de reprendre
ceux que fes derniers prédéceffeurs fembloient
avoir perdus , y envoya des ambaffadeurs pour re»
. cevoir en fon nom la couronne impériale,„Ce fa it,
rapporté par Heiff, étoit une innovation : on ne voit
pas qu’aucun empereur d’occident eût été couronné
par ambaffadeunilétoit occupé à pacifier l’Allemagne,
troublée par Henri le lion , Lorfqu’il apprit que plufieurs
villes de Lombardie avoient formé une affo-
ciation pour fecouer le joug.de fon obéiffanc.e,. Cette
nouvelle redoubla fon aéhvité, 8c lui donna des ailes
: il paffe les Alpes, prend 8c rafe Tortofe, fait
pendre treize officiers municipaux de Veronne ,
pour avoir ofé lui fermer leurs portes ; affiege Milan
, dont il brûle les fauxbourgs, 8c va à Pavie, oii
il fe fait couronner roi des Lombards. Rome, étoit
toujours partagée en deux [fanions qui fe divifoient
. encore en plulieurs' partis4 différens , 8c fervoient
d’alimens aux difeordes des villes 8c des familles.
Adrien IV , voulant écrafer la faftion qui lui étoit.
contraire, l’appelle à fonjfecours* 8c va le recevoir à
Sutrin. Le cérémonial introduit par Lothaire II, manqua
d’être un obftacle à leur union : mais Frédéric,
s’y fournit dans la crainte de révolter les efprits qui
croyoient la religion intéreffée à.avilir les empereurs..
Les Romains tremblans à fon approche lui envoient
une députation nombreufe, croyant faire leur cour,
ils lui difent qu’ils l’avoient fait leur citoyen & leur
prince, d? étranger qu'il étoit. Choqué de ce compliment
, il leur impofe filence par cette fiere, réponfe :
Charlemagne & O ton vous ont conquis , je fuis vôtre-
maître. Adrien l’ayant facré 8c couronné dans l’églife
de faint Pierre (18 ou 28 juin 1 15 5), il revient en
Allemagne, 8c reprime les malverfations exercées
pendant fon abfence. Le comte Palatin du Rhin 8c
l’archevêque de Mayence furent condamnés à la
peine de cynéphorie , pour s’être fait la guerre : le
Palatin fubit l’arrêt, mais l’archevêque obtint grâce.
Il obligea le duc de Pologne à lui livrer fon frere en
otage , 8c de payer le tribut de 500 marcs d’argent ,
auquel fon duché étoit affujetti. L’empereur fe rendit
enfuite en Bourgogne : il poffédoit cette province
du chef de Béatrice de Bourgogne, qu’il avoit époû-
fée l’année précédente ( 11 56 ) ; des légats vinrent
l’y trouver 8c le prièrent de faire rendre la liberté
à l ’archevêque de Lunden en Scanie, détenu pri-
fonnier par celui de Bremen, Le faint pere lui de-,
mandoit cette grâce., en reconnoiffance de ce qu’il
lui avoit conféré la couronne impériale, qui étoit un.
bénéfice du faintJîege. L’empereur renvoya ces légats,
qui manquèrent d’être tués fur la place, pour avoir
foutenu, conformément aux expreffions du pape ,
que
que l’em'pereut* étoit redevable dé fa couronne au
faint fiege. Adrien, fuivantla politique de la cour^de
Rome, de céder lorfqu’elle rencontroit trop d obstacles,
renvoya d’autres lettres8cd’autres légats, s ex-
eufant fur ce que par le mot bénéfice * il avoit entendu
un fimplé bienfait, dont on ne pou voit tirer aucune
conféquence: il reconnoiffoit l’mdependance de 1 empire
Frédéric reçut cette fatisfafhon, mais il força le
papeà fupprimer le tableau injurieux repréfentant le
lacre de Lothaire II, 8c fit fes préparatifs pourpaffer
une fécondé fois en Italie, afin d’y affermir de plus
en plus fa domination. LesPolonois menaçoient defe
brouiller: il leur oppofa le duc de Bohême ; 8c pour
fe l’attacher , il lui donna le titre de r o i, fans cependant
ériger la Bohême en royaume. La qualité de
roi que cOnféroient les empereurs étoit perfonnelle,
& ne pafloit pas aux héritiers : c’eft de-là que l’on
voit dans les eommencemens, tantôt des ducs, tantôt
des rois en Pologne , en Hongrie 8c en Bohême;
Arrivé en Lombardie , Frédéric fournit plufieurs
villes , comme Milan, qu’il avoit ménacee dans fon
premier voyage, 8c s’appliqua a la recherche de fes
feverius. On prétend qu’ils- montoient a dix-huit
millions d’Allemagne, fomme prodigieufe pour ces
tems, oîi l’on faifoit beaucoup avec peu d’argent.
Il fit de nouvelles lo ix , 8c décerna des peines contre
quiconque oferoit les enfreindre : une ville étoit condamnée
à cent marcs d’or ; un marquis à cinquante ;
un comte à quarante : cette progremon montre que
le comte étoit au-deffous du marquis. Frédéric changea
la formule du ferment, qui permettoit aux arriéré
vaffaux de s’armer-contre l’empereur, en faveur
des vaffaux direfts. Les Pifans 8c les Génois ,
maîtres de la Sardaigne 8c de la Corfe, furent contraints
de lui payer mille marcs d’argent, par forme
d’amende. Tant de fermeté affeôoit fenfiblement
Adrien : ce pape voyoit dans Frédéric plufieurs
Charlemagne 8c plufieurs Oton : il fongea à mettre
des bornes à cette exceftive puiffance qui menaçoit
d’engloutir la fienne. Le pontife fuivit la route
que plufieurs de fes prédéceffeurs lui avoient tracée
,8c pour mieux réuffirdans le temporel, il l’attaque
fur le fpirituel. Il fe plaint de ce qu’il exige le
ferment de fidélité de la part des évêques : l’empereur
juftifia cet ufage par un argument fans réplique,
8c mit Milan au ban impérial pour avoir
pris le parti d’Adrien qui réclama auffi-tôt les biens
de la comteffe Mathilde. Ce pape alloir lancer les
foudres de l’églife, lorfque la mort le furprit. Les
cardinaux, partagés, élurent deux papes, Alexandre
III 8c Vi&orIV. Frédéric s’apprête à profiter de
cette double éleftion qui divife fyïs ennemis : il protégé
Vi&or contre Alexandre , qu’il favoit lui être
contraire. Il convoqua un concile , oii ces deux pré-
tendans furent fommés de fe rendre. Alexandre,
ayant refufé d’obéir, fut déclaré déchu du pontificat ;
8c l’éleftion de Conrad fut confirmée comme ayant
«té faite conformément aux canons. Alexandre, re-
jettant l’autorité de ce concile, excommunie Frédéric
8c Viftor, bien fûr d’être fécondé par tous les
princes de la chrétienté , qui voyoient avec inquiétude
les prétentions de Frédéric qui afpiroit à
la monarchie univerfelle. Dans une diete tenue à
Boulogne, il avoit fait décider par quatre doôeurs
que les droits de fa couronne s’étendoient fur toutes
les nations de la terre. L’empereur G rec, les rois de
Sicile , de France , d’Angleterre , la république de
Vénife, fe déclarèrent contre l’éleôion de Viftor :
alors Alexandre III fort dé fa retraite ; il fouffle l’ef-
prit de révolte dans toutes les villes d’Italie, toujours
difpofées à fecouer le joug, 8c paffe à la cour
de France. L’empereur, pour conjurer l’orage, entre
auffi-tot en Lombardie, oii rien ne lui réfifte :
dans deux campagnes il prend Milan, qu’il détruit
Tome UL•
de fond en comble, 8c en difperfe les habitans ; aux1
quels par grâce il accorde la vie ; Breffe 8c Plaifancé
furent démantelées : les autres villes , épouvantées
par ces exemples, donnent des otages pour gage de
leur foumiffion : Rome eft forcée de recevoir Paf-
cal III, qu’il nomme pour fuccéder à Viftor IVi
Mais une pefte, qui fit périr fon armée, arrêta le cours
de fes fucces, 8c l’expofa à la merci des Italiens qui
cefferent d’être obéiffans dès qu’il eeffa d’être redoua
table. Une défaite ajouta à cette calamité. Les pratiques
fecrettes de Henri le lion, 8c, fuivant Heiff, la
captivité d’Oton fon fils * que les Vénitiens retenoient
prifonnier -, après l’avoir défait dans un combat naval
, lui infpirerent des fentimens pacifiques. Mais
trop fier pour conclure dans un tems oii fes ennemis
pouvoient fe prévaloir de fon état, il raffembla toutes
fes forces , 8c offrit à fes ennemis la paix les lauriers
à la main. Alexandre qu’il confentoit à recon-
noître pour pape , travailla de tout fon pouvoir à
rétablir le calme dans l’églife 8c dans l’empire. Venife
fut choifie pour tenir le congrès : Frédéric 8c Alexàn-
dfe s’y rendirent. Les hiftoriens varient fur les particularités
de leur entrevue : les uns prétendent qu’ils
fe dirent des injures refpeftives; mais d’autres que
nous fuivons d’après les meilleurs critiques , ne font
nullement mention que lesbienféances aient été violées.
L’empereur rendit au pape tous les honneurs
qu’il avoit rendus à Adrien IV : il lui baifa les pieds*
lui tint l’étrier, fuivant l’ufage introduit par Lotaire II.
Ces cérémonies étoient humiliantes, à la vérité ;
mais la fuperftition du peuple les faifoit regarder
comme indifpenfables. La paix fut jurée fur l’évangile
, 8c Frédéric promit de n’attaquer de fix ans au*
cune ville d’Italie. 11 tint parole : la treve expirée j
il leur accorda une paix perpétuelle, dans une diete
tenue à Confiance. Ses droits y furent réglés : 8c
chaque ville confentit à être gouvernée par des vicaires
ou des comtes, à la nomination de la cour.
L’empereur leur accorda le droit d’entretenir des
troupes, des fortifications, 8c des tribunaux pour
juger en dernier reffort, jufqu’à la concurrence de
cinquante marcs d’argent. Des députés de Venife
fignerent ce traité ; mais on ne fait fi c’étoit pour
elle-même ou pour les terres qu’elle avoit dans le
continent; peu^êtreauffiétoit-cecomme médiatrice
entre le pape 8c l’empereur ; fa puiffance 8c fa fageffe
autorifent ce doute. Frédéric profita de cette paix
pour affurer la couronne à Henri, fon fils aîné : il lui
donna le titre de roi des Romains, qui fe donnoit
aux fuccefleurs défignés, 8c le conduifit à Rome
pour le faire facrer. Luce III fe refufa à cette cérémonie,
exigeant de l’empereur qu’il rétablît dans tous
fes droits Henri le lion, auquel on n’avoit laiffé de
fes biens immenles que les villes de Brunfsvich 8c de
Lunebourg. Luce III réclamoit encore la fucceffion
de Mathilde , 8c vouloir que l’empereur renonçât ail
droit de main-morte ; que l’on reftituât à l’Eglife les
dixmes inféodées; 8c qu’enfin on exemptât le clergé
de toute charge féodale. Le pape fe difpofoit à l’excommunier
8càdélierfes fujets du ferment de fidélité,
lorfque la mort le furprit. Urbain III s’apprêtoit à fui»
vre le chemin qu’il lui avoit tracé; mais la perte de Jë-
rufalem, que Saladin, le héros de fon âge, venoit d’enlever
aux Chrétiens, changea les fentimens. La nouvelle
de cfette perte tourna toutes les penfées du pape
vers PA fie, 8c le força de ménager l’empereur: il lui
perfuada qu’il ne pouvoit employer plus glorieufe-
mentla fin de fon régné qu’à reprendre la ville fainte.
On le régardoit comme le plus capable de tous les
princes de la Chrétienté, d’arrêter les progrès de Sa*
ladin qui, après avoir conquis Acre, Damas, Alep ÔÇ
Jérufalein, deftinoit à fon triomphe le roi Lufignan,
fon captif. Frédéric , ayant reçu la croix des mains
des légats , fit publier une paix générale dans