154 FUS
Efpeces.
1. Fufain à feuilles ovale-lancéolées, à fleurs contenant
quatre étamines, à fruit à quatre cornes.
Evonymus foliis lanceolato - ovatis, floribus tetan-
driis, fruclu tetragono. Mill. evonymus vulgaris granis
rubentibus. C. B. P.
Common fpindle - tree.
2. Fufain à feuilles ovale - lancéolées , à fleurs
contenant cinq étamines, à fruit pentagone, à très-
longs pédicules.
Evonymus foliis ovato - lanctolatis, floribus pentan-
driis, fruclu pentagono , pedunculis longiffimis. Evonymus
latifolius. C. B. P.
Broadleav'd fpindle-tree.
3. Fufain de Virginie à feuilles dentelées, à fleurs
rougeâtres & à écorce galeufe.
Evonymus Virginianus foliis dentatis t flore rubefcen•
te, cortice fcabro. Hort. Colomb. n °. 5 de M. Duhamel.
4. Fufain dont toutes les fleurs ont cinq pétales.
Evony musfloribus omnibus quinquefidis. Linn. Sp.pl.
Evergreen fpindle - tree.
5. Fufain à feuilles ailées, à fruit triangulaire en
grappe.
Evonymus foliis pinnatis, .fruclu racemofo, trigono.
Spindle-tree with a winged leaf, &c.
Le fufain à fruit noir , n°. 2 de M. Duhamel ne
fe trouvant fur aucun catalogue, je n’en ferai pas
mention.
Le fufain communparoît être originaire de l’Europe
occidentale & feptentrionale ; il s’y trouve dans les
haies&dansles bois taillis; comme on le coupe fou-
vent il n’y forme qu’un gros buiffon ; mais fi on le livre
à fon naturel, & que planté dans une bonne terre, on
le laiffe s’élancer librement, il atteindra à la hauteur de
plus de vingt pieds & prendra un tronc & une touffe
proportionnés. Sa racine eft blanche & dure, fa
vieille écorce blanchâtre & rigide, les jeunes branches
font revêtues d’une écorce verte, liffe & relevée en
arrêtes Taillantes: le feuillage eft beau, mais la fleur
n’a nulle apparence, en revanche le fruit brille de
l’éclat des fleurs; il eft d’un pourpre clair très-vif.
Rien n’eft plus agréable qu’un beau fufain chargé de
fes capfules lorfqu’elles s’ouvrent, elles biffent voir
une graine arrondie, couverte d’une peau luifante de
l’orangé le plus éclatant: cet arbre doit entrer dans
la compofition des bofquets d’été.
Le fufain n°. 2 prend plus de corps que le premier
& s’élève plus haut; les feuilles ont environ
quatre pouces de long fur deux de large par le milieu :
les fleurs ont cinq pétales dont la couleur blanche
d’abord fe charge enfuite d’une teinte de pourpre :
fes fruits furpaffent en grofl'eur ceux du n°. 1 , leur
figure eft pentagone, & leur couleur purpurine. Les
jeunes branches font exactement arrondies, revêtues
d’une écorce verte & luifante, & terminées par de
gros boutons alongés. Il pouffe dès le commencement
d’avril, &fon feuillage eft d’un verd très - gracieux
Ce fufain doit être employé dans les bofquets
d’été, oit on le plantera parmi les arbriffeaux du premier
ordre dans les fonds des maffifs ; il aime une
terre légère & fubftantielle : on le multiplie par les
marcottes, quîon doit faire en juillet & qui feront
bien enracinées la fécondé automne.
La troifieme efpeee croît en Virginie : elle paroît
devoir moins s’élancer que les précédentes : fa jeune
écorce eft galeufe ; fes fl eu ts font rougeâtres & fes
feuilles n’ont pas beaucoup de largeur. On peut la
multiplier parles marcottes, ou parla greffe en approche
, ou l’écuffon, {\xc fufain commun.
Le fufain n». 4 eft une production de la Virginie,
de la Caroline & de quelques autres parties de l’Amérique
feptentrionale: il s’élève fur une tige ra-
meufe à huit ou dix pieds de haut : fes branches font
FUS
oppofées à chaque joint & garnies de feuilles figurées
en lance de deux pouces de long & de neuf lignes de
large, elles font aufli oppofées & fubfiftent durant
l’hiver. Les fleurs naiffent au bout & aux côtés des
branches en petites grappes ; il leur fuccede des capfules
arrondies couvertes de protubérances rigides.-
Cet arbriffeau mérite une place dans les bofquets
d’hiver. On en a une variété à feuilles panachées : il
fe multiplie parles marcottes comme les autres, nous
n’avons pas effayé la greffe.
Le fufain n°. 5 habite la Jamaïque & quelques
autres îles des Indes orientales : cet arbrifl'eau s’élève
à dix ou douze pieds fur une tige droite, qui fe divife
en deux ou trois branches courtes, garnies de feuilles
ailées, compofées de fix ou fept paires de lobes : les
capfules font arrondies & de couleur brune; il demande
la ferre chaude & le même traitement que les
autres plantes de.ces climats.
On a deux variétés du fufain n°. 1, une dont le
fruit eft jaune , & une autre à feuilles maculées de
blanc ; ilfe trouve des feuilles entièrement blanches,
& le jeune bois eft ftrié de couleur vineufe : ces deux
variétés s’écuffonnent fur le fufain commun ; on peut
aufli les greffer en approche.
Tous les fufains peuvent fe multiplier par leurs
graines : fi on les ferne dès qu’elles font mûres, il en
germera une partie le printems fuivant; mais pour
peu qu’on tarde, elles ne paroîtront qu’un an après.
Il faut faire ce femis dans une terre fraîche expofée
au levant, au nord ou légèrement ombragée par
Fart on par la nature.
Comme les fufains pouffent de bonne heure , il
faut les planter en automne, excepté les fufains toujours
verds ; le bois du fufain eft afl'ez dur, on s’en
fert pour faire de groffes lardoirës tk. des fufeaux: on
en fait aufli du charbon qui fert aux deflinateurs.
Voye[ le Traité des arbres & arbufles de M. Duhamel
du Monceau. On dit que les fruits & les feuilles du
fufain font pernicieux au bétail, & que deux ou trois
de fes fruits purgent violemment. ( M. le Baron de.
T se h ou D i. )
Fusain grimpant, bourreau des arbres, ( Bot*
Jard. ) en latin, evonymoïdes.
Caractère générique.
Un calice d’une feule pièce divife en cinq, porte
cinq pétales ovoïdes, cinq étamines & un piftil com-
pofé d’un petit embryon & d’un ftylé terminé, par
un ftigmate arrondi. L’embryon devient une capfule
oblongue qui fe rétrécit vers le pédicule. On trouve
dans l’intérieur quelques femences ovales.
Efpeee.
1. Fufain grimpant de Canada à feuilles dentelées.-
Evonymoïdes Canadenßs feandens, foliis ferratis ,
Acl. acad. R, S.
2. Fufain grimpant à feuilles non dentelées dont les
fruits font ronds & d’un beau rouge.
Evonymoïdes Virginianus foliis non ferratis, fruclit
coccineo eleganter bullato. Acl. acad. R. S. Evonymus
Virginianus rotundifolius, capfulis coccineis eleganter
bullatis. D. Banifl. Pluk. Phytog. ,
L ’evonymoïdes de Caroline eft le ceanothus.
On cultive en Hollande une variété du /z®. /, dont
les feuilles font panachées.
Les fufains grimpans s’élèvent fur des tiges fouples
& volubiles, à la hauteur de dix: ou douze pieds,
lorfqu’on les foutient: ces tigesi couvertes .d’une
écorcegrife& polie, fe tourmentent & s'entortillent
autour de leursfupports qu’elles preffent fortement :
les feuilles, colorées d’un verd tendre , font larges,
ovoïdes & pointues : leurs fleurs herbacées n’oht
nulle apparence ; mais en revanche les fruits pourpres
ou orangés qui fortent en grappe de.lëurfeuil-
lage forment des feftons charmans, On peut employer.
FUS
Ces afbrifleaux farmenteux à couvrir des tOntleb
les ou des cintres ; mais il eft plus agréable de les
laiffer fe pancher d’eux-mêmes vers les arbres &
arbriffeaux voifins ; un farinent ira accrocher les
branches inférieures d’un platane & mêlera fes rubis
avec l’émeraude, dé fon feuillage ; d’autres moins
ambitieux ( s’il m’eft permis de rendre la nature comme
je la vois ) fe contenteront de ferpenter fur les
cimes dès buiffoos d’aulne & de noifetier. Ces effets
feront très-gracieux dans les bofquets d’été. Le fruit
des fufains grimpants fe colore dès la fin de juillet :
la racine eft exactement du plus beau corail ; mais
qui eft - ce qui jouit de fon éclat ?
Les fufains grimpans fe multiplient par les rejets
qu’ils pouffent de leur pied ; on peut aufli les marcotter
: le meilleur moyen de les reproduire, c’eft
de femer leurs pépins qu’on détache aifément de la
pulpe^ légère qui les enveloppe. Les capfules qui
s’entr’ouvrent d’elles-mêmes & paroiffent près de
verfer leurs femences, indiquent affez le moment
de leur maturité & femblent folliciter la main fecou-
rable du cultivateur ; à ce moment donc on les répandra
fur une planche de terre fraîche, légère & fubftantielle,
à l’expofition du levant , & on les recouyrira
d’un demi-pouce de terreau confommé mêlé de fable ;
elles paroîtront le printems fuivant: deux ans après
on pourra mettre les jeunes plantes aux lieux où .elles
doivent demeurer, à moins qu’on n’aime mieux auparavant
les planter à un pied en tout fens les unes
des autres dans un coin de bonne terre, où- on les
laiffera fe fortifier encore un an ou deux. ( M. le Baron
d e Ts ch o u d i .')
FUSE, ( Mufiq. ) On appelloit anciennement les
croches , fufes. (F 1. D. C. )
FUSEAU, f. m.jfufus, i , (terme de Blafon.) meuble |
de l’écu, ou piece longue, arrondie, pointue par i
les deux bouts, qui imitent le fufeau à filer.
Selon la fable , Cio thon, A trop os & Lachéfis
etoient trois vieilles foeurs , nommées les parques,
elles préfidoient à la vie des hommes & en filoient
la trame, leurs robes étoient blanches, bordées de
pourpre : elles avoient chacune une couronne de
laine blanche entremêlée de fleurs de narciffe.
La vieillefle des parques défignoit l’éternité des
decrets divins; leurs couronnes, le pouvoir abfolu
qu’elles avoient fur tout ce qui refpire ; ce fil myflé-
rieux , la fragilité de la vie humaine ; la quenouille &
le fufeau montroient que d’elles dépendoit la durée
de nos jours..
Quand les poètes ont voulu exprimer une vie heu-
reufe & longue, ilSjOnt feint que les parques filoient,
nos jours avec de lat laine blanche , & lorfqu’ils ont
voulu marquer un vie courte & malheureufe, ils
difoient qu’elles filoient avec de la laine ppire.
Vi<iye de Saint - Germain , proche Verne.uil en
Normandie ; d’azuré trois fufeaux Co'r„ [
. Mafîeilles de la Courfortin, en la même province
> de gueules a lu fufçt èchiquetet d?argent & de
fable de quatretires, accompagnée de fept faftaUx garnis
deJU aujecqnd email, quatre en chef , trois en pointes,
V L . 1 . J
FUSÉE, f. f.fufus.. i , ( terme de Blafon. ) meuble
«e 1 ecu en forme de lofange alongée, dont les côtés
font un peu arrondis.
Les fufées fe trouvent fouvent accolées & pofées
en fafee, en ba'nde ou d’une autre maniéré.
fées ^»Clllpn du Cofquet, à Nantes ; d’agir à trois fu-
_ De Voifins de Brugueirolles, d’Alzau, proche
0nne » ^ argent a trois fufées de enjajee. gueules accolées
De Lajaille des Rlonnieres, de Marfilly, en Tou-
^ p p fees gueules accolées en bande. I
Tome III. ' ' j
F U S r
f l is t e , ( Mufiq, ) trait rapide & continu qui monté
ou defeend pour joindre diatoniquement deux notes
à un grand intervalle l’une de l’autre. Foyer fia. 2.
pl. F i l de Mußq, dans le D i3. raif. des Sciences f& c î
4 moins que la fuféc ne Toit notée, il faut, pouf
1 executer, qu une des deux notes extrêmes ait une
durée fur laquelle oh puiffe paffer la fuféc hns altérer
l a . m e f u r e . > . S , . -
LeJu/ilcO. une arme très-moderne, il lut inventé en
rrance en 163a, pourTubftituet au-moufqitet qui
etoit |(ors.l’arme ordinaire de. l’infanterie, mais on
ne 1 adopta que quarante - un ans aprèsi
L’invention de la. baïonnette à fuivi de près belle
H B *U? n’avoit d’abord qu’un manche de
Bois. M. de Puifégur fut un des premiers officiers qui
mit cette arme engage ;■ c’eft lui qui nous l’apprend î
« Pourmoi, ait-il, quand je commaridois dans Ber-
» gués, dansYpres,Dixmude,&Laquenoc,toiisles
» partis que j’ënyoyois,paffoi.ent les canaux de-cette
D ( S S » “ eft vrai que les foldats ne portoient point
« d epées , .mais ils avoient des.-baïannertes : qui
>1 avoient des manches d’un pieddelong,, & lès lâffiés
» des baïonnettes étoient aufli longues, que les man-
» dies, dont les bouts étoient propresà mettréidailâ
» les canons des/a/iérppurfe défendre , qùâii'd Mêle
» qu’un vouloit venir à eux après, qu’ils avoient
» tire ». Inflrucl. milit. c-hap. 8.
Le premier corps qui ait été armé i e fußls aveé
la baïonnette a été le régiment des fufiiiers, créé en
léyfo. & appelle depuis, régiment Royal-MirtilUnei.
Il y a voit alors un tiers de piquiers. En 1699, & en
1700, on quitta les moufquets, qui étoient* d’un
fervice difficile , d’un tranfport pénible , d’un feu
fort lent &c fnjets à plufieurs inconvéniens , & on
leur fubftitua lesfufils. Trois ans après Louis XIV *
par 1 avis du maréchal de V a u b a n , ordonna que les
piques, qui étoient réduites au cinquième, biffent
entièrement fupprimées, & qu’on donnât la baïonnette
à douille à toute l’infanterie.
Le fufil a l’avantage d’être à la fois arme dé jet
& arme de main, & par cette raifon il-eft propre à
l’attaque & à la défenfe de. loin comme de près : fon
feu v if, promptement redoublé, & bien diftribué
peutinconteftablement.cfonnerde l’avantage, & être
d’une très - grande reffource en beaucoup d’occafions;
mais c’eft fur-tout par fa baïonnette qu’il eft très-
redoutable.
Le maréchal de Puyfégur qui a fait un chapitre en
faveur du fu fil, conclut que de toutes les armes dont
l’infanterie s’eft fervi jufqu’à préfent, celle - ci avec fa
baïonnette à douille eft celle qui doit être préférée j
& que l’on doit s’y arrêter jufqu’à ce qu’on en ait
inventé une autre que l’on prouve être plus avanta-
geufe. Si Fon avoit befoin d’autres autorités , on n’ert
manqueroit certainement pas; car tous les militaires
qui ont écrit fur la taôique depuis ce célébré maréchal
^excepté deux ou trois, ont répété à-peu-prèà
la même chofe: d’ailleurs c’eft aujourd’hui un fèfl-
timentfi général, qu’il eft inutile de chercher à l’ap^
puyer. On fe contentera de rapporter quelques-
exemples pour faire voir qu’il n’eft pas tout-à-fait
fans fondement.
A la bataille de Caffano, les Impériaux-, â lâ fa*
veur de leur feu, forcèrent deux fois le pont dii
Ritorto. Folard qui étoit à cette affaire, & de qui
nous en avons une relation très-curieufe & triés-1
inftruôive, dit, « que le feu des ennemis etoit fi v if
& fi violent, qu’il ne s’eft jamais rien vu de paferl >u
Le régiment de Royal- Bavière, à Sandershauferi*
fit une fi funeufe déchargé à la cavalerie ennemie qui
venoit pour le charger, qu’efle en fut on ne peut pas
plus maltraitée, Si ne reparut pas de'tonte. Faêtiorî/
Après la. défaite du comté de Stimm à Hochflef,
V I