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également par la mere à fes enfans, & la levre d’Autriche
,eft entrée dans cette auguftemaifon par Marie
de Bourgogne ?
Le fexe mâle feroit-il donc fuperfhi ? n’auroit-il
aucune part à la génération ? l’amour ne feroit-il
qu’un lien de la fociété ? fon utilité fe borneroit-elle
au plaifir ?
Dans les premières clalTes d’animaux dont nous
avons parlé , le germe fe développe fans le fecours
d’une liqueur ftimulante. Dans les autres animaux,
cette liqueur eft néceffaire ; fans elle, le foetus ,quoi-
que ébauché dans l’ovaire de la femelle, ne parvien-
droit pas à fa perfeûion. Le mâle eft donc néceffaire ;
& quelques cas rares , dans lefquels des parties du
foetus, ou des foetus entiers,-fe développent fans lui,
ne fauroient être oppofés à des réglés générales.
L’embryon vit avant la fécondation. Le foetus eft
préfent dans l’oe uf, il y eft contenu,-l’un eft une
partie de l’autre. Mais il y a dans plufieurs animaux
ovipares des oeufs d’une grandeur très-différente : il
y en a de fort petits, & de fort éloignés de leur maturité
: il y en a de mûrs, ce font ceux que le blanc
enveloppe, autour defquels il fe forme une coque
calcaire, & que la poule va pondre quelques jours
après. Pour parvenir à cette grandeur, capable de
foutenir les injures de l’air, & de fe palier de la
mere, l’oeuf & le foetus qui en fait partie, a du
croître , il a donc dû vivre ; fon coeur & fes principaux
organes ont eu une efpece de circulation. Si
l’oeil ne découvre point de coeur à cette époque,
c’eft la parfaite tranfparence qui rend le coeur in-
vifible.
Mais cet accroiffemènt eft extrêmement fent dans
l’embryon renfermé dans l’ovaire : les battemens du
coeur font foibles, ils ne fuffiroie'nt jamais pour développer
les petits vaiffeaux quicompofentla partie
vivante de l’ànimal ; ils ne donneroient jamais aux
os une dureté qui les mît en état d’être la charpente
du corps animal.
La chaleur peut beaucoup pour hâter l’aceroiffe-
ment du foetus, & pour accélérer le mouvement dû
coeur. Sans elle, l’oeuf, quoique fécondé, ne produi-
roit jamais un animal. Le coeur, dans les premières^
heures de la ponte, ne paroît pas battre encore; il
eft invifible lui-même : bientôt, à la faveur de la chaleur
de la mere, il va battre & frapper l’oeil avec la
vivacité de fes mouvemens. Ce phénomène li général
fe lie à la force vivifiante du printems, qui réveille
cent animaux affoupis, qui rend à leur coeur
fon mouvement, & qui remonte la machine animale.
Ce que la chaleur fait dans un oeuf déjà v ivifié, la
liqueur fécondante paroît le faire fur l’embryon af-
foupi, dont le coeur & les organes encore fluides
n’agiffent pas encore. Nous avons vu naître l’irritabilité
dans les inteftins du poulet ; le pouvoir de fe contrarier
naît apparemment, ou du moins devient vifi-
ble dans l’embryon de l’animal vivipare, dès que la
liqueur féminale a été verfée fur lui. Cette liqueur a
généralement une odeur forte & particulière , quoique
diverfifiée dans les différens animaux. Elle fert
d’un puiffant aiguillon qui accéléré la marche des
humeurs animales.
La différence du véritable mâle à l’eunuque,
prouve que cette puiffance ftimulante agit encore
dans l’animal pleinement formé. Elle agira fur le
coeur de l’embryon avecd’autantqdus de force, qu’il
eft plus tendre & plus irritable. Le coeur du poulet
a dans fes premiers momens une aftivité & une fen-
fibilité qui diminuent continuellement, jufqu’à ce
que la férié de ces diminutions fe termine par la
mort. Il y a dans ce petit coeur près de cent cinquante
pulfations dans la minute ; eft-il immobile ? le moindre
fouffle , la plus petite irritation le rév.eille & rappelle
fes battemens.
L’étincelle éleélrique rend à un mufcle paralytî- '
que fa contraction ; la partie odorante de la liqueur
dit mâle réveille apparemment le mouvement extrêmement
foibledu coeur : elle lui donne par la vivacité
accroiffante de fes battemens une fupériorité
fur lés réfiftances, & le pouvoir d’étendre & de dilater
les vaiffeaux du petit animal. Cette liqueur
feule fera le ftimulus à qui la nature a donné le pou-»
voir de ranimer le coeur ; delà la néceflxté du mâle.
Cette même matière volatile eft encore le ftimulus
qui, dans l’animal déjà pleinement formé, fait pouffer
les corneS'& la barbe, & qui modifie différentes
parties de fon corps, qui les rend plus grandes, plus
dures, plus colorées.
Dans le puceron, cette même liqueur peut être
fupplée apparemment par la chaleur feule de la fai—
fon : cet animal pond & avec l’aide d’un mâle & fans
lui.
Dans les animaux vivipares, dont les mouvemens
ont plus de vivacité, le coeur ne fe développe jamais
fans l’afliftance de cette liqueur.
C’eft ainfi que bien des plantes fe reproduifent par
des caufes fondées dans la plante mere feule ; mais
que dans plufieurs autres plantes le fruit, qui en eft
le foetus, ne parvient pas à fa perfeClîon fans le fecours.
de la pouflîçre analogue au fperme mâle des
animaux.
Les dents, les os , les cheveux qui naiffent dans
l’intérieur des vierges véritables, rentrent dans l’ordre
des parties qui renâiffent après avoir été détruites
dans les animaux à fang froid. Il y avoit apparemment
dans l’intérieur de ces foetus vierges un germe
de foetus qui, pour fe développer , n’a eu befoin que
de la force vitale du foetus même auquel il étoit attaché.
Formation du foetus. Cette partie importante de
l’hiftoire des animaux eft à peine ébauchée. Il nous
manque généralement les premiers commencemens
du foetus; ils manquent fur-tout dans l’homme: il
n’y a que le poulet où l’on ait fuivi avec quelque
exa&itude la progreflion fucceflive, par laquelle le
foetus tend à fa perfeôion. Nous allons donner un
précis très-raccourci de ce que nous connoiffons
d’avéré là-deffus : nous y ajouterons des fragmens de
l’hiftoire du foetus, dans le quadrupède &c dans
l’homme.
On a été ^curieux de tout tems de connoître cette
formation fucceflive du poulet qui eft affez aifiée à
obferver ; peut-être le hafard a-t-il conduit les yeux
d’un obfervateur qui aura été frappé de la beauté de
la figure veineufe & de celle des vaiffeaux que le
fang parcourt avec rapidité vers la cinquantième
heure de l’incubation. Du moins, Hippocrate & Ari-
ftore ontûls déjà connu des obfervations faites fur
une fuite d’oeufs commis à l’incubation : on ouvroit
chaque jour un de ces oeufs. La maniéré de faire
éclorre les poulets en Egypte, &c celle de M. de
Réaumur feroient encore plus favorables à l’obfer-
vateur , du moins par rapport aux époque#: elles,'
font mal affurées dans des oeufs couvés par des poules
: la chaleur eft très-inégale ; quelques poulets
prennent leurs accroiffemens avec beaucoup plus de
rapidité que d’autres mal couvés. La chaleur même
de la faifon change les époques. Il n’y a que le terme
auquel le poulet fort de l’oeuf , qui foit à-peù-près le
même dans tous les pays , la variété ne va que du
vingt-unieme jour au vingt-unieme & demi.
Dans un pays tempéré, fort éloigné cependant
d’être froid , & dans lequel les raifins & les grenades
réuflîffent en perfeâion , où il y a des cygaies
& des mantis, le foetus d’un oeuf de poule n’a pu
être diftingué qu’après douze heures d’incubation,
encore falloit-il lui donner de l’opacité par le moyen
du vinaigre, pour le rendre vifible.
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On a généralement mal déterminé la figure de ce
foetus, parce qu’on l’a confondu avec l’amnios ; on
lui a donné la reffemblance d’un clou , & defliné fa
partie inférieure comme fi fa largeur étoit affez con-
fidérable. Mais quand le foetus' eft entièrement découvert
, la tête eft fort groffe , & la partie inférieure,
celle qui fera lècorps de l’animal, eft extrêmement
mince. Cette partie du poulet eft alors mal
circonfcrite, & comme nébuleufe.
Au bout du premier jour, le foetus a pris des accroiffemens
très-confidérables. Sa longueur eft multiple
de celle qu’elle doit avoir été à la première
heure. Au même terme, on commence à diftinguer
le foetus & l’amnios. Les troncs des vaiffeaux qui
vont au jaune , paroiffent à la trente-fixieme heure :
la tête commence à s’incliner & àfe jetter furie côté,
& après quarante heures, le cou prend un peu de
courbure. Les vertebresfediftinguent même à trente-
huit heures. Le coeur a battu dans les foetus les plus
avancés, à quarante-cinq heures.
Tout eft plus diftinift à cinquante heures, & la
partie inférieure du corps eft bien féparée de l’amnios.
Les deux racines de- l’aorte paroiffent bientôt
après, & cette artere eft de la longueur du corps de
l ’animal qui dans fes commencemens reffemble à une
queue.
Le poulet fe courbe d’heure en heure , & la tête
fe rapproche de la queue. A la foixante-quatrieme
heure, on voit les commencemens des quatre extrémités
& les bulles du cerveau.
A la fin du troifieme jour, la véficule ombilicale
paroît ; on voit des vaiffeaux fur les bulles cérébrales
; & dans, le courant du quatrième jour, la membrane
, qui fera la poitrine, le foie, les inteftins, l’ef-
tomac, & bientôt après les reins, deviennent vifibles;
A la fin du cinquième jour, on apperçoit les petits
cæcums, & la partie inférieure du bec commence
à fe montrer, aufli-bien que les poumons.
Bientôt après, lefoetus commence à fe donner quelque
mouvement; la poitrine & l’abdomen font couverts
de tégumens.
A la fin du feptieme jour, on diftingué des muf-
cles & des vaiffeaux dans les extrémités. Le cerveau
prend quelque confiftance.
A la fin du huitième jour, les Cotes fôrtent du dos,
mais la partie antérieure de la poitrine eft encore
membraneufe. Les extrémités inférieures, fort petites
jùfquesici ».grandiffent : le poulet ouvre le bec
au milieu des eaux, la véficule du fiel paroît, & le
commencement du fternum bientôt après.
Pendant le courant du dixième jour , la bile devient
verte, les plumes commencent à poindre; on
découvre les glandes rénales.
Le douzième jour, les côtes font perfe&ionnées.
Le quatorzième, la rate paroît avec le tefticule.
I L’irritabilité s’eft fait appercevoir dans les inte-
llins au quatorzième jour.
Le dix-huitieme, le poulet a commencé à piailler,
il a continué les jours fuivans. Sa tête n’eft plus enfermée
dans l’amnios, & la coque de l’oeuf a des
fentes qui admettent l’air.
Les accroiffemens diminuent à mefure que le
foetus groflit ; celui du premier jour eft de quatre-
vmgt-huit à un, celui du dernier de fix à cinq. .
Ajoutons quelques obfervations fijr les progrès de
quelques-unes des parties principales du foetus.
J’ai vu le coeur après un jour & demi, il étoit
rond & paroifloit lortir de la poitrine. A la qua-
rante-deuxieme heure, j’ai vu le fang encore d’une
coiffeur de rouille, s’élancer comme une fléché du
ventricule à l’aorte, & retomber de l’aorte dans le
ventricule. Peu après, j’ai vu les fautillemens fuc-
ceflifs de l’oreillette du ventricule & du bulbe de
l’aorte. A la fin du fécond jour, on diftingué la ftruc-
Tome ///,
titre du coeur ; il paroît alors un canal replié fur lui-
même. Après le troifieme jour, le coeur fe couvre,
il a paru nu jufqu’à cette époque ; niais il étoit dès-
lors couvert de l’amnios qui defcend de la tête pour
s inferer dans les tégumens dy foetusfôûs le coeur.
Le péricarde ne paroît que vers la fin du quatrième
jour.
L’oreillette eft unique pendant quatre jours ; elle
n’eft au commencement que l’extrémité de la veine-
cave.
Elle commence à fe partager à la fin du quatrième
jour,, & l’oreillette gauche fe féparepeu-à-peu de la
droite qui vient de naître.
Le coeur du poulet a une partie qui ne paroît plus
dans l’animal adulte ; c’eft le canal auriculaire, il va
de l’oreillette encore unique au ventricule, pareillement
unique encore ; pveu-à-peu il eft couvert des
chairs du coeur, & il difparoît avec la fin du fixieme
jour.
Le ventricule du coeur eft unique pendant cinq
jours, c’eft le ventricule gauche qui paroît feul, qui
reçoit le fang de l’oreillette, & qui le rend à l’aorte;
rond le premier jour, il devient pointu , & vers la
fin du quatrième jour, il pouffe une boffequi devient
après le cinquième jour un nouveau ventricule ; on
l’appelle droit.
Le bulbe de l’aorte paroît comme la troifieme véhicule
du coeur, dans les premiers commencemens
de cet organe ; la pulfation y eft très-vive, & une
petite maffe de fang y paroît auffi diftin&ement que
dans le ventricule. Cette partie de l’aorte difparoît le
fixieme jour. ,
Il y a deux conduits artériels'dans l’oifeau, &
l’une & l’autre branches de l’artere pulmonaire s’unif-
fent également avec l’aorte defcendante : dans les
quadrupèdes, il n’y a qu’un feul conduit de cette efpece,
& il fort de la branche gauche de l’artere pulmonaire
: ces conduits s’effacent le quarantième jour,
après que le poulet eft fort; de fa coque, & ne font
plus que des ligamens.
Le changement du coeur qui paroît des plus fur-
prenans , ne l’eft pas autant que le promet le premier
coup-d’oeil. Il dépend principalement de la réparation
de l’oreillette en deux , de l’effacement du
canal auriculaire, de la production du nouveau ventricule
, & de la rentrée du bulbe de l’aorte entre
les chairs dit coeur : c’eft par ces changemens que le
canal replié fur lui-même du coeur primitif, dans
lequel on diftinguoit trois véficules & un détroit, fe
change en un organe mufculairè & continu. Ce changement
dépend lui-même, d’un côté, de la force
nouvelle qu’acquiert le tiffu cellulaire, & qui rapproche
les différentes parties du coeur; & de l’autre,
il eft lié à la formation des poumons, dont nous
allons parler.’
Ce vifcere, dont le volume eft confidérable dans
l’oifeau adulte , ne paroît que fort tard. Il eft très-
petit à la fin du cinquième jour, il paroît alors comme
une veflie, parce qu’il eft enfermé dans des membranes
tranfparentes, & dont il, ne remplit pas la
cavité. Ses accroiffemens font rapides , fa longueur
augmente de fix lignes jufqu’à quarante dans les dix-
neuf jours qui s’écoulent dans l’oeuf après fa première
apparition.
Le développement de ce vifcere eft donc lié à
celui du ventricule droit. Le poumon invifible des
premiers jours ne recevoit qu’un filet artériel très-
fin : le fang de la veine-çave paffoir tout entier par
le trou ovale, & le ventricule droit en recevoit fi
peu, qu’il ne fe diftinguoit pas même au microfcope.
La rétraélion du canal auriculaire paroît rétrécir
le trou ovale; d’un côté ^l’oreillette fe raccourcit
& d e l’autre, Us côtés du canal auriculaire retirés
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