
bien le favon, qui y fait écume facilement : les légumes
s’y cuifent aulîï plus promptement: elle eft plus
propre à pétrir la farine pour le pain : en coulant fur
la terre qu’elle arrofe, elle y produit une belle herbe
verte : on voit naître , où ,elle s’arrête , du creffon
de fontaine : c’eft auffi la meilleure pour arrofer les
prcs: les pierres fur lefquelles elle coule, deviennent
ordinairement graffes au toucher.
Il eft aufli des eaux de fources qui coulent périodiquement
dans certaines faifons ou dans certaines
heures-de la journée : ce qui vient de la fonte périodique
des glaces 6c des neiges en certains rems de
l’année & à certaines heures du jou r , ou de la ftruc-
ture des réfervoirs 6c des canaux, & en certains
lieux, du mouvement périodique des eaux de la
mer.
Les eaux des puits naturels, font des fources dans
des terreins bas, fur un banc dé glaife qui foutient
un lit dè fable. Au milieu même des marais, on
trouve quelquefois des puits pareils, dont l’eau.eft
auffi pure que les eaux de fources* Les puits artificiels
, pour être bons , doivent être creufés au-def-
fous du niveau des eaux environnantes , être revêtus
de pierre jufqu’au fond , couverts : 6c plus on
emploie de cette eau, meilleure-elle devient.
Les eaux des rivières Sc des ruiffeaùx , qui coulent
fur du fable , ou du gravier vitrifiable, font
toujours très-bonnes à boire. Elles font pluspoiffon-
ne.ufes, mais plus péfantes, quand elles coulent fur un
fond d’argille ou de limon; indigeftes, lorfqu’elles
coulent fur des pierres purement calcaires, ouféléni-
teitfes ou tofeufes, ou fur des terres & des pierres minérales.
Ce font Ces eaùxféléniteufes, qui font naître
ces gouetres que l’on voit aux habitans du T y r o l,
du Valais , 6c de quelques autres contrées. Ils de-
vroient faire filtrer les eaux qu’ils boivent , ou les
bouillir. Ces eaux mêlées de molécules tofeufes 6c
calcaires, font peu propres à arrofer les .près,
ou à blanchir les tpiles. Les eaux des rivières, qui
coulent fur le fable, font préférables pour tous ces
ufages.
Les eaux les plus mauvaifes pour les hommes 6c
les bêtes, même, pour certains poiflons , font les
eaux mortes , dormantes ou ftagnant.es ; foit qu’elles
viennent des pluies qui n’ont pas d’écoulement, &
qui tombent fur un fond limonneux ou argilleux
qui les retient ; foit qu’elles s’amafient dans ces
fonds par les débordemens des rivières-; foit enfin
qu’elles foient au milieu des marais fans écoulemens.
Ces eaux font pefantes , difpofées à la corruption,
laiflent beaucoup de fédiment, 6c peuvent quelquefois
corrompre , dans les chaleurs de l’é té , l’air des,
lieux circonvoifins. Tel eft l’effet des marais Pontins,
aux environs de Rome. Mais ces eaux font les meilleures
pour faire un bon mortier, 6c dans la teinture
pour certaines couleurs, comme le bleu 6c le
noir.
Les eaux des lacs ne different guere des eaux des
rivières , puifqu’ils font formés d’ordinaire par une
rivière qui y entre & qui en fort. Souvent même
cette eau eft meilleure que celle des rivières, parce
qu’elle a été battue ; elle a dépofé ce qu’elle avoit
d’étranger , & par-là elle s’eft purifiée.
IV. Eaux compofées. Outre ces eaux communes,
plus ou moins fimples & pures, il y a des eaux com-
pofées qui font mêlées ou combinées avec quelque
matière étrangère , qu’elles tiennent fuïpendues ou
en diffolution. La combinaifon eft d’autant plus par-
faite, que la diffolution eft plusexa&e; 6c cette diffolution
eft d’autant plus exa&e, que ces matières
diflbutes ont plus d’affinité avec l’eau : comme les
ochres, ou les précipités des métaux imparfaits,
leur rouille ,,toutes les fubftances falines , les efprits
ardens, les efprits reâeurs des fubftances animales
& végétales, les éthers vitrioliques, la partie la plus
volatile des huiles 6c des bitumes, 6c d’autres fem-
blables. Ces eaux compofées font eq général de
deux genres : il y en a de froides ; il y en a de chaudes
, qu’on nomme thermales.
V. Eau de la mer. Parmi les eaux compofées froides
, celles des mers tiennent le premier rang, par
leur maffë énorme fur la terre. Toutes ces eaux ont
une faveu-r falée, plus ou moins âcre 6c amere ; 6c
cette âcreté 6c cette amertume font communément
attribuées par les uns à un bitume combiné avec le
fel ; par d’autres à un fel de Glauber amer, 6c au fel
marin à bafe terreufe, qui eft âcre. En effet, les expériences
ont appris qu’il y avoit dans ces eaux un
fel commun 6c marin, qui fe cryftallife en cubes, un
fel de Glauber, du fel marin à bafe terreufe & de la
félénite. Tous les effais que l’on a faits jufques ici
pour rendre potables les eaux de la m er, n’ont pas
eu un grand fuccès, 6c on n’a pu par aucune expérience
facile en extraire le bitume que l’on y fup-
pofe , ou la matière qui en rend la boiffon fi défa-
gréable.
Dans les pays chauds, où il fe fait une plus grande
évaporation, l’eau eft allez ordinairement chargée
de plus de fel. La quantité de fel commun foutenue
va ordinairement de 3 à 4 pour cent, & l’eau fatu-
rée de f e l peut en foutenir , èn diffolution , à-peu-
près le quart de fon poids. Voyez Swedenborg,
Mifccllan. p. 103.
Le fel commun eft du nombre de ceux qui fe foit*
tiennent en quantité à-peu-près égale dans l’eau froide
comme dans l’eau chaude, 6c c’eft par l’évaporation
que l’on peut extraire ce fel, qui fe cryftallife.’
Dans les provinces méridionales de France on
fait évaporer l’eau de la mer par la chaleur du foleil
d’été, de même qu’en Efpagne 6c en Portugal. On
creufe pour cela des baffins peu profonds, où l’on
fait paffer fucceffivement l’eau de la mer. Dans quelques
provinces feptentrionales de France, on ra-
maffe en quelques endroits le fable humefté par
l’eau de la mer; on le fait fécher au foleil ; on le
lave dans une petite quantité d’eau pour diffoudre le
fel attaché au fable ; on fait enfuite évaporer l’eau fur
le feu, dans des chaudières de plomb. Dans le nordi
on fait, geler l’eau de mer en certains lieux, dans
des baffins. La portion falée ne gele point. On la fé-
pare ainfi, 6c 011 la fait évaporer fur le feu pour en
obtenir le fel.
Ilrefte après cés manipulations ce que l’on nomme
eau-mere. Si on la fait évaporer, on peut, par le re*
froidiffement, en obtenir uneportion de fel de Glaub
er,qu i étant mal cryftallifé, porte le nom de fe l
d'Epfom. Enfin dans ce qui refte de l’eau de la mer
il n’y a prefque plus.que du fel marin à bafe terreufe,
dont on peut encore précipiter la terre parle moyen
d’une leffive alkaline : c’eft ce que l’on appelle
magnefie du fel commun. Un traité complet ô?hydro~
logie pourroit apprendre les méthodes des divers
pays pour toutes ces différentes opérations, que
nous ne faifons qu’indiquer rapidement. Voye£ Se l ,
Me r , Dicl. raif. des Sciences, &c. Ce feroit une
partie fort utile de l’haliologie.
VI. Fontaines falées. Dans l’eau des fontaines, des
fources ou des puits falés, on trouve à-peu-près
les mêmes principes que dans celle de la mer. La
compofition eft prefque la même, à l’exception des
dépôts des poiffons, des animaux 6c des plantes marines
putréfiées 6c décompbfées. Il y a de ces fontaines
qui tiennent jufqu’à 15 ou 16 pour cent de fel
commun, comme celle de Dieufe en Lorraine. Celles
de Salins, de Montmorrot, de Lons-le-Saunier en
Franche-Comté; celle du Bévieux, dans le canton
de Berne, varient 6c font beaucoup moins riches.
C ’eft par l’évaporation, fur le feu, dans de grandes
poêles de fer, que l’on fait cryftallifer ce fel. Pour
l ’économie du bois on a imaginé des bâtïmens de
graduation. On éleve l’eau par des pompes; on la
fait retomber fur des fegots d’épine ; l’eau douce
s’évapore, & quand l’eau eft chargée de 1 o , 11 à 14
pour cent, on la cuit. Voye£ Sel commun , Dicl.
raif, des Sciences, &c. On reconnoît ces eaux falées;
fi l’on en jette fur la diffolution d’argent, le métal fe
précipite auffi-tôt. Toutes les parties de l’haliologie
entrent ainfi dans une traité complet $ hydrologie,
qui nous manque encore.
VII. Eaux minérales. Parmi les eaux mixtes ou
compofées, il faut auffi placer toutes les eaux minérales
, dont l’hiftoire & la théorie font de même une
partie effentielle de Fhydrologie. Toutes c.es eaux
contiennent en diffolution, en décompofition, ou en
combinaifon, quelque fubftance foffile ou minérale,
cm’on peut quelquefois féparer par différentes méthodes.
Ces eaux font froides ou chaudes.
Dans la première claffe il y a d’abord les eaux
froides ou fpiritueufes, ou éthérées. Ces eaux font
légères, pénétrantes : on y apperçoit des bulles qui
montent à la furface. Cet efprit naît de la décompofition
de quelque fubftance minérale ; quelquefois
c’eft un acide vitriolique volatil, que l’on reconnoît,
parce que l’eau noircit alors avec la teinture de noix
de galle. Si cette eau verdit le fyrop de violettes, il
faut en conclure que cet efprit a quelque propriété
alkaline. Il y a auffi une eau fpiritueufe alkaline volatile
urineule, qui purge violemment. Telle eft la
fource de Faul-Brunne, près de Francfort-fur-le-
Mein, & celle de Lauchftadt. En général plus une
eau eft chargée d’air, plus elle eft vive 6c légère.
Il y a des eaux minérales groffieres, qu’on nomme
eaux crues, eaux dures, eaux terreufes. Cette eau eft
pefante, fouvent trouble ; elle forme des dépôts ,
desincruftations tofeufes, gypfeufes, félénitiques,
des ftalaâites, des ftalagmites. Telle eft l’eau de
Furftenbrunn, près de Iene en Saxe, celle de Tol-
fen, une fource près de Montcherand, dans le canton
de Berne & ailleurs. En mêlant un alkali fixe
dans cette eau, il fe précipite un dépôt blanc terreux.
Souvent la partie calcaire de pes eaux verdit le
fyrop violât. Elles ne peuvent diffoudre le favon que
difficilement, & elles font nuifibles aux végétaux 6c
aux animaux.
L’eau vitriolique de cémentation cuivreufe appartient
auffi à la claffe des eaux minérales froides.
Telles font celles de Neufol en Hongrie. Si l’on y
jette un morceau de fer, ii4fe précipite autant de cuivre
, qu’il fe diffout de fer, 6c par les loix de la combinaifon
le cuivre prend la place 6c la forme du morceau
de fer. Ce n’eft donc point une transformation,
mais une fubftitution de parties.
Les eaux vitrioliques martiales font communes;
fouvent elles tiennent de l’ochre martial. On réton-
noît ces eaux, parce qu’elles noirciffentavec la teinture
de noix de galle , avec celle des feuilles de
chêne, celles de thé, de bois d’aune, 6c d’autres
plantes aftringentes. Ces eaux font médicinales, toniques
ou defobftruantes. Il y en a dans prefque
tous les pays. Elles font les plus utiles & les plus
fûres dans l’ufage. Mais elles varient par les mélanges,
les diverfes combinaifons, & les dofes des
matières minérales. D e - là vient que les analyfes
varient fi for t, 6c de la même foUree, en différens
tems. Telles font les eaux de Schwalbach, de Spa, de
Bourbonne, de la Brevine dans le comté de Neufchâ-
tel ; mais toutes avec des qualités différentes. Celles
deRadelberg, de Weifenburg, celles de Forges &
celles de Paffy font plus foibles, auffi-bien que celles
de Couvet & de Motier dans le comté de Neuf-
châtel.
Il y a encore des eaux vitrioliques de zinc. Elles
ne changent point la couleur du fyrop de violette:
& ne foqt point effervefcence avec aucun acide;
mais l’alkali fixe en précipite la terre de zinc, 6c
cette eau donne une couleur jaune au cuivre rouge,
de même que cette terre, mife en cémentation avec
le cuivre, le rend auffi jaune.
Comme il n’y a que le cuivre, le fer 6c le zinc qui
puiffent etre dijffous par 1 acide vitriolique peu con-
centré, il n’y a auffi que ces trois minéraux qui fe
précipitent en ochre, & qui puiffent par conféquent
fe trouver dans les eaux minérales métalliques; 6c
le fer étant le pl,us commun, les eaux femigïneufes
font par cette raifon les plus communes -, comme
auffi les plus falutaires.
On trouve encore des eaux alkalines, que l’on reconnoît
par leur effervefcence avec les acides 6c
par la teinture en verd qu’elles donnent~au fyrop
violât, ou à la teinture de tournefol. Telles font les
eaux de Seltz.
Les eaux bitumineufes contiennent une fubftance
graflë 6c inflammable comme le naphte ou le bitume.
Quelquefois il s’en éleve des vapeurs qui s’enflam-.
ment. On prétend qu’il y a une fontaine pareille près
de Cracovie. Quelquefois une huile de pétrole fur-
nage. On en trouve ainfi en Pologne le long des
Krapacks. D’autres fois c’eft un afphalt, comme dans
la mer Morte; ou un bitume altéré, comme dans la
fource de Neidelbad en Suiffe. Voye^ Scheuchzer^
Hydr0gr.pag.3n. Souvent le foufre eft mêlé avec
ces fources: celles-ci font plus fréquentes.
Les eaux fulfureufes fe reconnoiffent par une
odeur d’oeufs pourris, fur-tout par la propriété de
noircir ou de jaunir l’argent. Le dépôt de ces fources,
après l’évaporation, donne une flamme bleue ,
quand on brille ce fédiment. Telles font les eaux des
bains d’Yverdon, mais peu chargées, & une multitude
d’autres dans prefque tous les pays. Ces fources
blanchiffent le linge 6c la laine.
Il y a auffi des fources acidulés, dans différentes
combinaifons. 11 en eft de martiales vitrioliques, que
l’infùfion de noix de galles rend de couleur pourpre
ou noire. Leur fédiment eft un ochre jaune. Quelques-
unes de ces eaux font volatiles; d’autres font alkalines
; ce que l’on reconnoît par le verd qu’elles
donnent au fyrop de violette, 6c le rouge qu’elles
communiquent à la teinture de tournefol. Les eaux
de Seltz, de Pirmont, de Vildung, de Swalbach, de
Spa; approchent toutes de cette efpece, avec quelques
diverfités dans les mélanges ; de même que celles
de Carbenfée 6c Buchenfée. D’autres fources acidulés
tiennent un peu de bitume. Un alkali fixe paroît
conftituer ces eaux, qui tiennent toutes un fel de
chaux différemment mélangé.
On a prétendu qu’il y avoit des eaux urineufes &
ammoniacales, qui étoient volatiles , parce qu’elles
donnoient fine teinture bleue à la diffolution du cuivre
dans l’acide nitreux, 6c qu’elles purgent violemment
; mais ce ne font vraifemblablernent que des
eaux vitrioliques cuivreufes , chargées de peu de
cuivre , avec quelques autres matières combinées.
Il eft encore des eaux qui contiennent un fel
neutre. Elles ne font effervefcence ni avec les alka-
lis, ni avec les acides.
Les eaux favonneufes ou fmedites, comme celles
de Plombières, tiennent en diffolution des foufres
naturels, unis à des terres fmeâiques, maisfubtiles.
Toutes font propres à blanchir le linge, & à dégraif-
fer les étoffes. Plufieurs tiennent auffi un peu de
quelques fels en difi'olution.
Enfin il y a des eaux qui contiennent plufieurs
fortes de fels unis 6c combinés. Celles, par exemple,
d’Epfom en Angleterre, & d ’Egra en Bohême, font
chargées de l’acide vitriolique, 6c de l’alkali de fel
marin. Il y a dans l’Oberland au canton de Berne,