
que par conféquent il n’y avoit point de périofte
interne. Cette apparencen’étoit cependant pas vraie;
car bien certainement il paffe de l’os à la moèlle, &
réciproquement de la moelle à l’os, un grand nombre
de petits v ai fléaux, dont l’injeâion réiiflit quelquefois.
îln’eft donc pas vrai que la moèlle foit véritablement
libre & détachée de l’os. Je peneherois
cependant à croire, que pour la sûreté même de
ces vaifleaux, il doit y avoir une membrane, qui les
affermiffe contre l’os; peut-être eft-ce une cellulo-
Jité trop fine, pour qu’on puiflé la démontrer*
La maffe médullaire a dans le corps de l’os les
mêmes vaifleaux que la fubftance de l’os. Un grand
tronc nourricier, deux ailleurs ou trois, percent obliquement
le tuyau de l’os, & fe rendent en droiture
dans la moelle, prefque dans fon milieu. Une branche
remonte vers l’extrémitéfupérieure de l’os,une
autre defcend vers l’extrémité inférieure : cette artere
nourricière donne une infinité de branches aux cellules
médullaires. C’eft elle qui dépofe fans doute la
moèlle dans ces cellules, car l’injeâion fine & l’eau
fur-tout y pafle depuis l’artere & les remplit.
Mais cette même artere, avant que d’arriver à la
moelley a donné une infinité de petites branches, qui
rampent entre les lames de l’os , qui le pénètrent
de tous Côtés , & qui amènent avec elles cette cel-
lulofité, compagne inféparable des vaifleaux, qu’on
a regardé comme le réfeâu fondamental des os. C ’eft
cette cellulofité , avec les vaifleaux, qui refte feule
de la fubftance d’un os diflous par les acides.
Ce font ces mêmes chemins, par leïquels la moelle
fuinte, lorfqu’elle eft corrompue : elle jaunit alors ;
cette couleur infefte fucceflivement toute la fubftance
de l’os , elle arrive même .jufqu’à la furface ,
qui regarde le périofte, & la couvre d’un enduit
gras & gluant. On a regardé ces pores comme fépa-
rés des chemins des vaifleaux , & comme formés
exprès pour le paflage de la moèlle, mais c’eft faute
d’avoir rempli les vaifleaux. Si on avoit pris cette
précaution,, on auroit vu qu’il n’y a point d’autres
canaux, qui depuis le tuyau médullaire conduifent
à la furface extérieure de l’os.
Dans les épiphyfes l’artere’ vient en partie de
celle du corps de l’o s , qui perce la croûte cartilagi-
neufe pour pénétrer dans la fubftance cartilagineufe
de l’épiphyfe. Mais les arteres principales de l’épiphyfe
s’y rendent par des puits dont . l’épiphyfe eft
toujours gravée , & leurs troncs font différens de
l’artere nourricière.
Les arteres font plus apparentes que les veines de
la moèlle y elles en font accompagnées cependant,
puifqu’une veine inje&ée d’eau , remplit de cette
humidité les véficules cellulaires. On a même cru y
voir entrer des vaifleaux lymphatiques & des nerfs,
je n’ai aucune expérience particulière à offrir là-
deflus.
Si effeftivement des nerfs entrent dans la fubftance
de la moèlle, elle fera fenfible à proportion de la
grandeur de ces nerfs. J’ai cependant de la peine à
me rendre à l’expérience unique de Duverney ,
qui d’ailleurs eft équivoque, puifqu’il faut faire naître
dans un animal des douleurs énormes, lorfqu’on
lui ampute un os : la feule peur peut le faire jetter les
hauts cris à la vue d’un infiniment. Il eft sûr du
moins que toute cette grande furface offeufe, qui
forme la boîte du crâne, ne reçoit pas le moindre
nerf de la dure-mere, puifque cette membrane elle^
même en eft dépourvue. Et je fuis trop sûr d’avoir
vu trépaner & percer le crâne dans une perfonne
très-préfente, fans qu’elle en ait reffenti la moindre
douleur. C’eft donc un fujet à recommander de
nouvelles recherches, pour fe confirmer fur l’exi-
ftence ou fur la non-exiftence des nerfs de la moèlle.•
La moèlle eft. une graiffe peu différente de la graiffç
ordinaire : la liqueur rougeâtre même , qui remplit
les petites cellules du tiffu fpongieux des épiphyfes
ne différé pas effentiellement de la moèlle.
Ruyfch a remarqué que dans les corps humains
tirés des fépulcres, & la graiffe , &, la moèlle,
cette humeur rouge des épiphyfes, eft un véritable
fuif fee & folide.
Comme la graiffe du refte de l’animal, la moèlle
eft du nombre des humeurs crues & peu animali-
fees, elle eft pleine d’un acide fort vifible & fort
abondant. C ’eft une raifon de plus pour ne pas
admettre une qualité , qu’on a attribuée à la moèlle,
c’eft celle de fervir d’aliment à l’os. La matière nutritive
doit certainement être naturalifée à l’animal
, & femblable à la partie qu’elle nourrit : mais
les os font fans acide, & l’acide abonde dans la
moèlle.
Le dégraiffement, qui eft la fuite des fievres &
du mouvement mufculaire , prouve évidemment
que la moèlle rentre dans les veines d’un animal,
dont la circulation eft accélérée. Les animaux qu’on
envoie des provinces éloignées aux boucheries d’une
capitale, y arrivent fans moèlle ; un peu de repos la
fait renaître.
La moèlle ne nourrit pas les o s , mais elle peut
contribuer à'les rendre plus flexibles, & à leur
ôter une féchereffe que la fragilité accompagne-
roit: elle fuinte apparemment dans l’aninjal en vie.
par les pores & les canaux qui amènent les vaif-
feaux dans les intervalles des lames offeufes.
Elle fuinte encore à travers les croûtes cartilagineuses,
& fait une partie effentielle de la glaire articulaire.
Non-feulement elle pénétré ce cartilage , &:
le jaunit dans les cadavres; mais on a vu une liqueur
colorée, dans laquelle on avoit enfoncé le cartilage
de l’épiphyfe, pouffée par le poids de l’a ir ,
pénétrer par le cartilage, & arriver dans le tuyau
médullaire. ( H. D . (?.)
§ M o e l l e a l o n g é e , ( A n a t On appelle de
ce nom la partie de la moèlle de l’épine , qui eft renfermée
dans le crâne, quoique, continue à la partie
qui eft placée dans la cavité des vertebres. Je ne
parlerai ici que de ce qui eft effentiel à cette moèlle ,
fans m’étendre fur les autres parties du cerveau.
Pour fe faire une idée de la moèlle alongée y Ù faut
connoître les corps cannelés & les couches des nerfs
optiques, puifque ce font ces deux paires de colonnes
médullaires qui la compofent.
Des deux éminences qui font le pavé du ventricule
latéral du cerveau, l’antérieure eft appellée le
corps cannelé ; il eft plus grand & plus extérieur. Il
commence par une élévation arrondie, & devient
plus étroit, à mefure qu’il s’éloigne de l’axe des deux
ventricules : il defcend dans la jambe defcendante du
ventricule, & fe confond avec les couches, pour
former la colonne antérieure de la moèlle cérébrale.
Il s’élève comme un bas relief de deffous la moèlle
du cerveau , avec laquelle fa bafe fe confond.
Sa furface extérieure eft corticale & grisâtre : di-
vifé par une fedion perpendiculaire, il découvre fa
partie médullaire ; elle eft continue en arriéré ; en fe
portant en avant, elle fe divife en de.petites îles
blanches, féparées par un peu de fubftance corticale
: ces colonnes font plus longues dans-la partie
poftérieure des corps cannelés ; elles deviennent plus
petites & plus courtes, à mefure que ce corps approche
de l’axe. On ne les a pas bien de Aînées encore.
Outre ces colonnes il y a de petites îles médullaires,
formées en traits de diverfesgrandeurs,répandus
dans la fubftance corticale des corps cannelés.
Les quadrupèdes ont des corps cannelés .affez fem-
blables à ceux de l’homme. Dans les oifeaux, ils font
entièrement corticaux , & les poiffons n’ont rien
d’analogue.
Le ruban poftérieur du corps cannelé a étéappellé
centre par Vieuffens, qui a pris plus d’une fois ce terme
dans un fens peu mathématique. Ce ruban eft médullaire
, il accompagne le bord poftérieur du corps cannelé
, & une veine confidérable, qu’il preffe contre
ce corps. Son extrémité poftérieure defcend dans la
corne defcendante du ventricule & y paroît dans la
longueur d’un pouce : il fe confond alors par plu-
lieurs fibres avec la moèlle du cerveau. Son extrémité
antérieure s’attache par un filet confidérable au
pilier antérieur de la voûte, par un autre encore
plus confidérable à la commiffure antérieure du cerveau
, & par un troifieme à la moèlle du cerveau
fous les corps calleux.
Je ne trouve pas ce ruban dans ‘Winflcw.
Les couches des nerfs optiques font deux autres
éminences plus petites, à-peu-près ovales ; elles s’attachent
naturellement par un plan rettiligne, & fe
confondent fort fouvent ; elles s’écartent enfuite
l ’une de l’autre, fe portent en-dehors , defcendent
avec la corne defcendante du ventricule, reviennent
enfuite en fe recourbant en-dedans, toujours
en defcendant, fortent du ventricule , & donnent
naiffance au nerf optique , dont nous parlerons à
Y article (Eil, & forment la partie fupérieure des
jambes de la moèlle alongée.
De la convexité fupérieure & antérieure de ces
mêmes couches il s’élève une boffe à côté du centre
demi-circulaire, qui s’applanitpoftérieurement : elle
paroît-naître de la preffion de la voûte qui appuie
furies couches.
# La couche droite s’unit à la gauche devant la glande
pineale: du cordon qui les unit, s’éleve une efpece
de nerf qui fe porte droit en devant & en-haut par
le bord de la couche, eft horizontal enfuite, finit par
defcendre, & fe termine dans le centre femi-lunaire
& dans la commiffure antérieure du cerveau, & quel-
quefoisdans le pilier antérieur de la voûte. Ce même
trait, femblable à un nerf, reçoit fouvent un filet
médullaire de la glande pinéale.
Les couches font corticales à leur furface dans le
ventricule; ils n’ont pas de lignes dans leur intérieur.
Elles font creufes dans les oifeaux & dans les poiffons
; elles renferment dans ces claffes d’animaux,
un ventricule particulier, & elles y fontprefqu’en-
tiérement détachées du cerveau.
Les jambes de la moèlle alongée , ou les piliers
médullaires du cerveau , font formées en-deffous
& en-dehors par les corps cannelés; en-dedans &
en-deffus par les couches, & dans le refte de leur
groffeur par la moèlle du cerveau, qui fe réunit du
lobe antérieur & du poftérieur. Il fe forme de ces
portions médullaires une colonne ronde , mais ap-
platie, fillonnée par des traits, qui en fuivent la longueur.
La colonne droite s’incline vers la gauche ;
elles s’uniffent à l’extrémité antérieure du pont de
,Varole ; elles fe portent un peu en arriéré & diminuent
en même tems de groffeur.
La colonne droite fe joint à la fin effe&ivement
à la colonne gauche, mais cette union n’eft pas apparente
, parce que les piliers du cervelet fe jettent
fur les piliers du cerveau , & les couvrent dans la
Jituation dans laquelle on eft obligé de démontrer la
bafe du cerveau dont la furface inférieure devient
la fupérieure.
Les piliers du cerveau continuent leur chemin
pour former ce qu’on appelle proprement la moèlle
alongee, par deux plans de fibres convergentes, que
recouvrent les fibres du cervelet. De ces deux plans
l’inférieur, que l’on découvre le plus aifément, &
qui eft je plus fttperficiel, fe termine dans le corps
pyramidal. Le fupérieur, féparé du précédent par
des fibres tranfverfales, nées du. cervelet, fait la
partie fupérieure & poftérieure de la mollit alongée.
M. Petit, l’ancien l'a même conduit jufqu’aux éminences
olivaires.
Les éminences papillaires font hémifphérimies, &
font affez bien definies par le nom qu’on leur donne.
Elles font médullaires dans leur furface, ik corticales
! dans.leur intérieur; & il en fort une de chaque bord
: inteneur des piliers du cerveau fous les piliers de la
! voûte.
Au devant du troifieme ventricule une poutre mé-
dullaire pafle de la moelle du cerveau du côté droit.,
I à celle du cote gauche, c’eft la commiffure anté-
f M B S *> cerveau. Elle eft formée par le trait médullaire
des couches optiques , pâr le centre demi-
circulaire, & quelquefois par les piliers antérieursde
la voûte. Les oifeaux ont cette commiffure, & même
les éminences mamillaires.
Vae autre poutre médullaire, affez femblablè, va
d une couche à l’autre, de leur partie la plus infé-
neure ; elle eft groffe & ronde , on l’appelle la corn-
: rniyurepojlcrieiire ; elle eft dans mes obfervations plus
groffe & plus anterieure que le filet médullaire for-
me par l umon des deux traits blancs des couches.
1 our former le pont de Varole, la niiMSdu cet-
VÇKtsunitavec celle du cerveau. Les piliers médullaires
du cervelet font formés par la réunion de toutes
les branches dé l’arbre de vie; ils en font le tronc
, iCpmmun; ils font médullaires', & leur intérieur eft
traverie par des fibres corticales dentelées & faites
en refeau.
_ Chaque pilier fe termine i trois places différentes:
La partie la plus confidérable eft celle du milieu ; elle
le rapproché du-pilier de l’autre côté,'jufqu’à ce
qu’elle le jo ig n e , & leur contaû eft marqué par une
Icgere rainure, dans laquelle eft placée l’artcrc bafi-
Ihire. Leurs fibres font tranfverfales, 'elles fe jettent
lous les piliers médullaires du cerveau, & font comme
un pont, qu’on auroit jette fur le confluent de deux
rivières. C eft l’origine du nom que Varole a donné
aux corps reunis des piliers du cervelet & du cerveau..
.u S f ',e dénomination nleft cependant pas exaéïe :
i : “ " J 0” 1. eft Wf» % a ré de fa riviere, mais les, fibres
médullaires' du cervelet s’entrelacent arec céites du
| xerveau: elles font la couche la pljts inférieure &
tranfverfale des fihreà médullaires du pont : les fibres
' ÿagnudina-les du cerveau font placées, au - deffous
déliés: d’autrë5fibres tranfverfales du cervelet font
ait - cicffhs tic celles -.ci : elles font mcices de fubftance
corticale : un autre plan de fibrés’jongitudinales du
céfvêau eftau-deflusde celles-'ci.D’ailleurs les fibres
du, cervelet ne font, pas exafiement tranfverfales :
: elles te font davantage dans la partie poftérieure du
pont, elles remontent un peu dans fa partie anté-
riéurè.
Le pont eft une efpece d’ovale , dont les deux
bouts font applatis ; la furface eft médiocrement convexe:
un petit vallon le fepare de la moèlle alongée*’
II ne fe trouve pas dans les oifeaux.
Outre les fibres qui contribuent à former le pont;
les piliers du cervelet donnent d’autres paquets de
fubftance médullaire. Il y en a une partie qui remonte
vers le cerveau , & qui forme avec la fubftance de ce
vifeere une efpece d’ifthme. Elle fe termine fous les
éminences inférieures. Cette réunion eft compofée, un
paquet tranfverfal va de la colonne médullaire droite
du cerveau à la gauche, fous les éminences que je
viens de nommer. Il produit quelquefois le nerf de
la quatrième paire.
Plus bas que ce paquet tranfverfal, les deux piliers
qui du cervelet vont: au cerveau, font joints par
une lame médullaire couverte de vaifleaux, qu’on
peut injeâer, & de ia pie-mere, qui fe rétrécit en