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rempli de cette üéco£Uon encore bouillante ; la vapeur
s’élève , elle humeéïe les nafeaux & pénétré
avec l’air jufques dans les poumons, le vinaigre ranime
l’animal &c lui fert de cordial.
On ne nourrira pendant tout le cours de la maladie
l’animal qu’avec des herbes rafraîchiffantes, telles
que l’orge verd, le plantain, les laitrons, les gra-
mens, le trefle, le pourpier, la bette, les laitues,
la mercuriale, les choux rouges, l’ofeille, les courges,
le fon , & d’autres plantes qui ne caufent aucune
chaleur ni picotement dans la bouche lorfqu’on les
mâche ; fi l’animal paroît foible, on le fortifiera avec
quelques verres de vin, qu’on mettra dans fa boiffon ;
le vin >eft très - excellent pour réfifter à la putridité ;
c ’eft pourquoion ne eourtaucunrifque d’en donner,
pourvu qu’on fâche en. modérer la dofe, & ceffer
lorfqu’il convient de le faire.
On tiendra l’écurie auffi propre que faire fepourra ;
on en renouvellera la litière chaque jour-, & on lie
négligera point d’étriller &broffer les chevaux pendant
leur maladie.; on parfumera encore l’écurie avec
des baies de genievre, après les avoir lailfe tremper
quelque temps dans du vinaigre ; fi ce font des vaches
qui font malades, on en traira le lait, mais on fe
gardera bien d’en faire ufage ; lorfque la maladie eft
à fa fin, on purgera l’animal, & on choifira pour cet
effet les purgatifs les plus doux; on prendra, v. g.
une demi-once de fcammonée, & quatre onces de lel
d’Angleterre ; on fera diffoudre ces deux drogués dans
deux livres d’eau, & on les fera boire tout à la fois
à l’animal ; les pauvres gens pourront fuppléer à ce
purgatif par la tifanne fuivante :
Prenez demi-livre de racines de bryonç ou courge
fauvage encore fraîche ; un quart de livre d?écorce
de fureau^ & autant de tartre crud ; après avoir haché
le tout, il faut le faire bouillir dans fix livres
d’eau pendant une demi heure, après quoi on filtre
la déco&ipn &: on la donne à l’animal le matin
avant qu’il ait mangé & qu’il ait été abreuvé ; on
l’abreuve enfuite & on lui donne très-peu à manger
jufqu’à ce qu’il fe foit écoulé au moins cinq à fix
heures, le féné, dit M. Reynier, la gratiole, & des
autres purgatifs de cette nature, purgent très-peu le
bétail; quant à la coloquinte; à l’agaric, à Phelle-
bore noir, ils lui caufent trop d’irritation dans les
boyaux ; & pour ce qui eft des autres, tels que la rhubarbe,
la manne, elles font trop cheres pour être
employées pour le bétail, car les dofes en doivent
être fortes.
Après le purgatif, pour rétablir l’eftomac de l’animal
dans toutes fes fondions , on lui donnera chaque
matin à jeun pendant une quinzaine de jours dans
un picotin de ton & quelques poignées d’orge grof-
fiérement moulu, une prife de la poudre fuivante ;
prenez foie d’antimoine une once, aloës un demi-
quart d’once, pareille quantité d?affa foetida, & de
myrrhe; broyez le tout enfemble julqu’à ce qu’il
foit réduit en une poudre groffiere.
On nourrira en même tems l’animal avec un foin
qui ne foit ni trop gras, ni trop maigre ; on lui donnera
auffi à manger parmi fon foin des plantes ameres
telles que la centaurée, la grande & petite abfynthe,
la germandrée, le trefle de marais, la rhue & autres
plantes de cette nature; il faut auffi l’abreuver trèsr
fou vent pour abattre la chaleur qu’excitera dans fon
eftomac le travail dé la dieeftion.
Comme la peau fe trouve fort chargée de craffe
après les' maladies des beftiaux, & comme le poil
tombe, on les étrillera &broffera fouvent; on les
baignera encore, fi c’eft en été, ou on leur lavera le
corps avec de l’eau fraîche, fi les bains font impraticables.
.
Quand, malgré les remedes employés ci-deffus, il
fe forme des tumeurs, c’eft pour lors.que la fécondé
LOU
indication fe préfente à remplir; on infiftera d’a-
hqrd lur les remedes internes ci-deffus prefcrits ,
mais on s’abftiendra de la faignée ; auffi-tôt qu’on
s’appereevra de ces tumeurs, on les ouvrira avec un
raioir, & on fera des fcarifications tout alentour;
qn appliquera enfuite fur toute leur étendue un ca-
taplalme fait avec l’abfynthe, la rhue ,1a menthe, la
centaurée, la petite joubarbe , l’herbe à robert, la
ciguë, l’écorce de quina, de frêne, .le fel ammoniac
& le vinaigre ; ce cataplafme fe préparera de la maniéré
luivante :
On prendra deux poignées de plantes indiquées
deux onces d’écorce de frêne verte, & une demi-
once de fel ammoniac ; on concaffera le tout enfemble
, on y ajoutera fept à huit onces de vinaigre ; on
fera bouillir le tout pendant un quart - d’heure &
on l’appliquera fur la tumeur.
On recharge ce cataplafme dès qu’il paroît un peu
fec, c’eft-à-dire, de quatre heures en quatre heures,
où bien on fera ufage à la place d’un rriêlange de lait
de lune, de craie d’argille avec le vinaigre ; cette
derniere application n’eft cependant pas des plus
efficaççs ; quelques-uns fe fervent de la fiente de
vache, fraîche ; 4’autresappliquent fur ces tumeurs
des cataplafrpes émpUiens, & des remedes encore
bien plus abfurdes; & en effet ces remedes pourraient
être très-utiles, s’il s’agiffoit de hâter la mortification,
& de faire tomber les chairs par efcarre,
mais ç?eft préçifément ce qu'on d.oit, éviter autant
qu’il eft poffible ; on s’en tiendra donc aux fcarifif
cations ; après quoi on, panfera çes plaies deux ou
trois fois par jour avec l’onguent égyptiac, & on
appliquera deffus le cataplalme ci-deffus indiqué;
on continuera ce panfement jufqu’à ce que le pus
foit devenu d’un blanc louable, & on le mêlera alors
avec parties' égales d’onguent bafilic pour pouvoir
d’autant mieux confolider la plaie.
Si on eft appellé trop tard pour empêcher la gangrené
de fe manifefter, & fi on s’apperçoit que les
chairs font déjà mortifiées, il faut faire les fcarifica-r
tions affez profondes pour parvenir jnfqu’au v if, &
fi la gangrené a fait beaucoup de progrès, on emporte
les chairs mortes jufques près du v if pour que les
remedes puiffent agir fur celles qui font encpre faines ,
& les garantir ; c’eft ce qu’il faut encore faire s’il s’ÿ
forme une efcarre. On lavera enfuite la plaiç avec du
vinaigre, dans chaque livre duquel on aura diftbus
une once ou deux de fel ammoniac, & on appliquera
par deffus les cataplafmes indiqués: qn pourra
guffi employer le beurre de fâtiirne; mais op fê
gardera bien d’ufer de tout remefie fpjritueux, de
baijipes; d’onguens, de graiffeux d’émolliens;
il faut pn général continuer les panfemens félon la
méthode indiquée çi-defl'us, foit pour arrêter les
progrès de la gangrené, foit pour amener la fuppura-
tion, faire recroître les chairs, & confolider la plaie j
on continuera le régime & les remefies indiqués ci-
deffus jufqu’à guérifop.
,Mais il ne fuffit pas, félon M. Reynier, de cpn-
noître les remedes propres à guérir les maladies du
bétail, il faut encore chercher à s’en garantir; on
aura d’abord attention à la pureté de l’eau des baffins
des fontaines ; chaque ville & chaque village confer?
veront donc une fpntain.e pu plufieurs s’il eft néceffaire
pour y laver le linge, & défendront qu’on le
faffe dans les autres ; ils feront par conféquent environner
de cloifons fes fontaines deftinees à laver,
le bétail p’y pourra pas pénétrer; quant aux fermes
& domaines, cppiipe 9n 9? peut pas difpofer de plufieurs
ifontaines & en garder une popr c,et ufage, le?
propriétaires obligeront leurs fermiers , lorfqu’ils
ont avieique phofe à lavçr, de conduire des cuves
près des baffins » pour y recevoir l’eau néceffaire à
ce fujet, & de les vuiçler lprfqu’ils s’en font fervis }
pour
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pour ce qui concerne les fontaines des pâturages, il
faudra avoir le même foin de tenir leurs baffins propres
de toutes immondicités; on abreuvera fouvent le
bétail, deux fois par jour en hiver & au moins trois
fois en é té, le matin, à midi & le foir, même plus
fouventfi l’animal travaillerais il ne faut pas l’abreuver
pëndant qu’il a trop chaud, parce que la fraîcheur
de l’eau pourroit occafionner des coliques,
des inflammations dans les entrailles, & fufciter une
diarrhée, ou une dyflënterie.
Il faut donc le laiffer un peu repofer auparavant ;
il eft encore néceffaire, fur - tout en été, de lui donner
à manger quelques poignée^ de foin pour empêcher
cet effet de l’eau.
En général, il eft à obferver que la grande chaleur
du tempérament du bétail demande qu’on l’abreuve
fouvent, fur-tout les chevaux ; il n’y a aucun rifque
à laiffer boire un animal autant qu’il le defire ; mais
il y a tout à craindre de le gêner: on abreuvera
fur-tout le bétail avant que de l’envoyer au pâturage,
principalement dans les grandes chaleurs.
2°. Comme la mauvaife nourriture eft fouvent une
caufe des maladies du bétail , on n’en gardera pour
l’hiver que le moins qu’on pourra ; il vaut mieux en
avoir moins, & qu’il foit bien nourri : en fe bornant
à un petit nombre, on ne court nullement les hafards
des longs hivers, ni des frimats du printems, & on
peut attendre tranquillement que l’herbe foit affez
haute dans les pâturages pour y envoyer paître le
bétail. Il devrôit même y avoir une loi de la part des
villes & des villages qui défendît d’envoyer paître le
bétail foit dans les communes, foit dans les champs
enguérets, & même fur les poffeffions particulières,
avant le premier mai & après le premier novembre ;
& comme il arrive prefque toujours que les communes
& les champs en guërets font la plupart fans
aucun arbre, & que par conféquent dans les grandes-
chaleurs le bétail ne fait oùfe mettre à l’abri du foleil
& des infeêtes, on feroit fort bien de tenir le bétail
dans les écuries pendant les mois de juillet &c d’août,
& de réfer ver pour ces tems une partie des communes,
dont on faucheroit l’herbe, &c on la donne-
roit au bétail dans l’écurie ; chaque particulier en
a'uroit à proportion des prés & des champs qu’il a
dans le diftriél de la paroiffe; on ne devroit auffi jamais
laiffer paître le bétail en différens endroits en
même tems, & féparément: il faudroit ne le mener
d’un endroit à l’autre qu’à mefure qu’il a en - .
tiérement brouté toute l’herbe qui peut s’y trouver ;
& s’il ne convient pas de laiffer le bétail dans les pâturages
pendant le jour, ainfique nous l’avons obfer-
vé d’après M. Reynier, il convient encore moins de
l’y laiffer la nuit ; on le fera donc rentrer dans fon
écurie, car il vaut mieux, tout fatigué qu’il puiffe
être, qu’il marche une demi - heure pour y revenir;
plus la chaleur du jour eft grande, plus il eft à craindre
que l’animal ne foit incommodé du ferein, de la
chaleur du fol & des moucherons qui volent pendant
la nuit ; il ne faut pas non plus envoyer paître le bétail
dans les marais ; l’herbe qui y croît eft d’une mauvaife
qualité , c’eft le féjour des crapauds & des grenouilles.
Quand on a de ces fortes de marais, il faut
pratiquer des foffés pour l’écoulement des eaux, &
détruire toutes les plantes venimeufes & cauftiques
qui peuvent s’y trouver; on eft quelquefois dans
la mauvaife habitude de couper l’herbe qui croît
fur le bord & au fond des foffés mal entretenus,
pour les donner au bétail, cela leur eft très-nuifi- ,
ble à moins qu’on ne faffe auparavant bien fécher
cette herbe.
3°. Il convient en outre, fi on veut prévenir le
louvct-, de renouveller fouvent l’air des écuries
de tenir le bétail plus propre qu’on n’a coutume de
faire.
Tome 111. ' • I
LOU 809
4°. On aura foin auffi de ne pas employer trop tôt
au travail les jeunes chevaux & boeufs ; en général
on doit avoir attention à ne point trop fatiguer ces
animaux lorfqu’on les fait travailler, & à les nourrir
proportionnellement.
5q- Comme c’eft le plus foüvent pendant l’été que
les maladies font plus de ravages parmi les beftiaux,
à caufe des grandes chaleurs, pour prévenir ces maladies,
on les rafraîchira fouvent avec des nourritures
& des remedes approprias ; tels font ceux-ci :
Prenez une'once de crème de tartre, une demi-
once de cryftal minéral, & autant de fleur-dê-foufre ;
broyez le tout enfemble & avec du fon mouillé, ou
prenez quelques poignées d’orge grôffiéremènt moulue
, & une once de .felpêtre ; délayez p tout dans
quatre ou cinq livreÿcfeau'; ou bien encore :
Prenez quelques poignées de fon de froment, autant
de farine d’orge , deux onces de tartre blanc
crud, & une demi-once de fleur-de*foufre ; mêlez le
tout enfemble , & humeâez-le avec de l’eau, i ;
On baignera en outre les chevaux tous les jours
pendant l ’été ; rien n’eft plus fain pour eux à tous
égards ; ainfi quand on n’aura pas des rivières pu des
ruiffeaux à portée pour pouvoir le faire, on fera
très-bien d’y pratiquer des réfervoirs. .
M. Reyt^er finit fon traité par différentes précautions
à prendre , qu’il indique contre les épidémies ;
nous les avons déjà expofée.s plufieurs fois dans ce
Di&ionnaire ; mais comme on ne feuroit affez répéter
une matière auffi intéreffante, nous allons encore
rapporter ic i, d’après M. Reynier, le précis de la
plupart de ces précautions.
1 °. Il faut féparer l’animal malade d’avec le fain,
dès l’inftanr qu’on s’en apperçoit, & on ne le laiffera
plus rentrer dans l’écurie que lorfqu’on fera entièrement
affuré de fa guérifon.
i ° . S’il périt quelque animal dans une écurie, on
n’en doit pas mettre un autre à fa place que premièrement
la crèche n’aif^été bien lavée avec du vinaigre
, & les parois blaWcnies avec de la chaux, qu’on
n’ait mis dehors le foin , la paille, la litiere qu’il au-
roit pu toucher , & que le fol ne foit bien nettoyé ,
bien fec ; & quand les maladies font fort meurtrie- .
res, on dépavera même l’écurie avant d’y introduire
d’autre bétail ; le foufre eft pour cet effet le meilleur
parfum, & celui qui coûte le moins.
3°. Si on eft obligé de laiffer Je bétail malade dans
la même écurie , parce qu’on n’a pas d?autre plase
pour l’y mettre, il faut au moins en renouveller fou-
vent lUir, & la parfumer quatre, cinq ôt fix fois par
jour avec des baies de genevrier qui auront trempé
dans du vinaigre.
4°. On ne laiffera pas aller aux pâturages ni aux
fontaines publiques, les animaux qui font malades ;
ils peuvent facilement en infe&er par-là d’autres.
. 50. On défendra très-expreffément de conduire
de jour les cadavres à la voierie, à caufe de l’odeur
qu’ils répandent ; elle peut être funefte à ceux, qui
feroient alors hors de l’écurie : on veillera même
foigneufement à ce qu’on les enterre & qu’on ne les
laifl’e pas expofés auprès d’un ruiffeau ou dans les
champs : on ne doit pas non plus permettre qu’on les
écorche pour en tirer la peau, & en conféquence
les tanneurs feront aftraints à ne point acheter de
peaux que celles des animaux qu’on tue dans la boucherie
, ou que deux perfonnes dignes de foi peuvent
atteftèr n’être pas péris de maladie.
6°. Pendant les épidémies on aura fur-tout foin de
tenir le bétail auffi propre qu’il eft poffible, de le
baigner fouvent, de lui donner à manger des nourritures
rafraîchiffantes , & de lui faire prendre, matin
& foir, une dofe de la poudre fuivante.
Prenez un quart d’once d’affa-foetida, une once
de fleur-de-foufre , & autant de cryftal minéral ;
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