complettetnent ces divers cafttteres, devra paffer i
:pour la meilleure marne. y. .
Voici encore quelques expériences qui Serviront !
à reconnoître, & à faire ufage de la marne.
i?. M. Duhamel rapporte des expériences qu’il a
faites fur deux efpeces de marnes: l’une verte 6c
grafl'e, c’eft-à-dire, douce au toucher; l’autre blanche
& cravonneufe. Toutes deux ont fuféôc le font
réduites en poudre, étant feulement dépofées dans
un lieu humide, mais la gradé plus promptement.
Celle-ci s’eft encore plutôt fondue dans l’eaii : 6c
M. Duhamel obferve qu’elles furent plus vite dif-
foutes par ce.mendrue, que par la limple humidité.
Tous les acides attaquèrent vivement ces deux fub-
ftances : au lieu qu’ils n’eurent fur la glaife i qu une
aftiori prefque infenfible. Enfin , la glaife ayant rougi
au feu, & s’étant cuite conjme la brique, ces marnes
ne firent que s’y durcir. Mais un feu plus confidé-
rable vitrifia la marne grade, même dans un creufet,
tandis que lacrayonneufe ne fe vitrifia ni calcina.
a°. Plufieiys autres phyficiens fe font occupés des
moyens de bien analyfer la marne. Mais la diverfite
que préfentent les réfultats de leurs expériences ,
femble indiquer une forte d’équivoque dans les noms
des jubftances foumifes aux épreuves chymiques.
Ainfi M. Home dit avoir reconnu que la marne en
général ed compofée de chaux 6c d’argille diver-
fement combinées félonies efpeces, & que ce mélangé
ed ordinairement à-peu-près de trois parties
d’argille fur une de chaux. Ce médecin d’Edimbourg
a voit procédé fur de la marne pierreufe & fur
de l’argilleufe; l’une & l’autre nullement propres,
félon lui, à faire des briques, ou à fe vitrifier, la
chaux s’oppofant à ces deux produ&ions.
3°. M. Duvergé penfe que toutes les marnes ont
pour bafe une terre calcaire, dont les molécules font
rapprochées 6c réunies par un gluten qui leur ed propre,
6c que ce médecin, membre du bureau d’agriculture
de Tours, femble défigner fous le nom de
mature grajfe , on&ueufe, 'faline , très - fubtile, qui
change fubitement en verd la couleur du fyrop violât
: il ajoute en note, au même endroit, que c’ed le
fel alkali qui rend la marne grade au toucher. M.
Home infinue que ce font les .parties huileufes de
l ’argille qui fe retrouvent dans les analyfes de la
marne.
Selon M. Duvergé, la marne pure ne fe durcit pas
au feu, 6c il èn conclut qu’elle ne contient point
d’argille. . ■ ■ ' ,
Cet auteur reconnaît deux efpeces de marne argil-
leufe : l’une qu’il qualifie de terrejlre, ed une terre
gradé, molle, douçe au touche*, qui éclate au feu,
qui s’y durcit, qui fe divife dans l’eau 6c s’y debar-
raffe même finguliérement de toute autre fubdance
que dè la terre calcaire avec laquelle elle rede toujours
intïmément attachée. Il y a des argilles qui font
blanches, d’autres grifes, de jaunes 6c de bleues. La
terre à foulon ed dans la claffe des blanches: l ’ef-
fence de cette terre ed d’être une argille pure, mais
l’on mélange avec la terre calcaire lui fait acquérir le
çaradere des marnes.
La fécondé efpe.ee de marne argilleufe porte le titre
de fablonneufe, dans le Mémoire de M. Duvergé. Il
obferve qu’elle n’ed pas fi gradé, ni fi onftueufe que
la première; qu’elle fe durcit aulfi moins au feu;
qu’elle ed plus friable, plus légère ; & qu’elle fait
effervefcence beaucoup plus vivement avec les acides.
Cette effervefcence ed due, dit- il, foità l’alliage
de ces marnes avec le fer, foit aux fubltances
alkalines qui entrent dans leur compofition.
Ce que l’auteur nomme marne pierreufe, & dont
les propriétés ne font bien fenfibles qu’après la calcination
, comprend certaines ardoifes , le fpath , la
craie, le marbre. Cependant il met dans cette claffe
une marne qui féilivife facilement, qui contient du
fable, des coquilles de toute efpece, & qui, fans
être paffée au feu } fait avec les acides une effervefcence
aufii vive que les marnes les.plus pures. Audi
dit fil'que ç’ed la meilleure de ce genre.
Une,autre claffe comprend les raluns 6c les ma-
niers.Les faluns contiennent très-peu de terre, beau-,
coup plus de fable & quantité de débris dé coquillesg
dont on didingue très -bien les formés & les cannelures,
on en trouve même beaucoup d’èntiereS: ces
fubdances font réunies par un gluten favonheux , 6c
contiennent en outre un fel qui paroît tenir beaucoup
plus du fel marin que de tout autre.
Les maniers font compoiés de fable , -dè coquillages
, de madrépores,"de coraux ô£ de fel dont la
nature paroît être à-peu-près la même'que celle
des faluns.
Tant les maniers que les faluns ne-fè -diirciffent
pas au feu, au contraire, ils y viennent friablèS-;-
mais alors leur effervefcence avec -les acides'eft
moindre.
4°. M. Mills fuppofe que la marne qui fe rencontre
fous des lits de fable ou de gravier, ed formée de
parties tant végétales qu’animales, qui anciennement
demeurées àlafurface du fol, ont pénétré dansTon
intérieur; mais que d’autres marnes qui font principalement
un mélange de coquilles foit entières, foit
altérées 6c de terre extrêmement fine, proviennent
prefque toujours d’anciens lits de rivières ou de
grandes maffes d’eau flagrante. Pour ce qui ed jie la
marne prefque toute calcaire, &c oii l’onn’apperçoit
aucun vedige de coquilles, cet auteur penfe qu’èlle
ed compofée d’une terre extrêmement fine, que les
pluies ont intimement mêlée avec des particules la-
lin es 6c huileufes émanées des plantes 6c des animaux.
Il fonde fori opinion fur les routes que Ion
trouve fouvent dans le fable 6c le gravier, & qui
répondent au lit de marne, laquelle ed toujours plus
parfaite à une grande profondeur qu’à la fuperficie
du lit. , ', ' ‘ “ ’ J' f- * '
5°. Comme rien n’ed plus convenable que dq,
réunir les principes 6c les eara&eres d’un engrais
auflï précieux que l’ed la marne, on trouve dans le
Recueil de la fociètè économique de Berne là-deffus
des obfervations très-intéreffàntesde MM. Bertrand,
Bourgeois'& d’a u t r e s . ' .. V • \\
6°. Un artiftéhfait diverfes épreuves fur deux
marnes grifes d’ârcloifes, prifes à près de trois iieues
de didànce fiinc de l’autre, dont l’une, qui a le
grain fin,"eft très-douce au toucher & lé .diffout
| très -prômtemerit à l’air; l’autre a le grain plus grof-
fier & ed plus rude à la main 6c fe diffout plus difficilement
fur les prés.
7°. On a pris trois taffes de porcelaine & dans
chacune on a mis deux onces de marne groffiérement
pulyérifée. Dans la première ori a verfe cent gouttes
d’efprit de nitre , 6c quand elle a commencé à fermenter,
ori y a ajouté de l’eau fraîche. L’ébullition a
été forte, la taffe s’ed remplie d’écume & a jetté
beaucoup de fumée. Dans l ’efpace de quelques mi-,
nutes la marne a été parfaitement diffoute.
Dans la fécondé taffe, on a fait les mêmes opérations
avec de l’efprit de vitriol; la même fermentation
a eu lieu ; mais la marne ne s’ed point diffoute,
elle s’ed épaiflïe con'fidérablement.
Enfin, dans une troifieme taffe, on a verfé une
once de vinaigre didillé. L’ébullition a été la même
après l’addition de l’eau fraîche. La marrie ne s’ed pas
diffoute, elle s’ed formée en petits grains,, comme
du plomb de chaffe.
Deux heures après, on a*verfé de nouveau dans
la première taffe, quatre-vingts quinze gouttesd’ef-
prit de nitre ; dans la fécondé autant d’efprit de vitriol
, & dans la troifieme du vinaigre didillé ; après
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une nouvelle ébullition, il y ‘a eu les mêmes réfultats
qu’à la première opération.
Dans trois autres taffes , oh a fait exaftement les
mêmes effais & en mêmes dofes ; les réfultats ont été
les mêmes, d’ôii l’on peut conclure que , quoique ces
., deux efpeces de marne paroilîènt un peu différentes
à la vue, au taâ & dans l’ufage-, elles peuvent avoir
les. mêmes effets pour la végétation, avec cette différence
pourtant, que l’effet de la marne la plus dure
ed beaucoup plus long à proportion de fa lenteur à
fe diffoudre. On a Joint les quatre onces de marne
contenues dans les deux taffes qui avoient été imbibées
d’efprit de nitre ; on les a lelîrvées & évaporées
parle feu, où on en a tiré demi-once d’un fel nitreux
qui a pétillé fur le charbon comme le nitre ,6c
qui en a l^s aiguilles. Cet effet n’ed pas furprenant,
l’efprit de nitre n’étant autre chofe que du falpêtre
dégagé de fa terre, enforte que lorfqu’on y joint
quelque terre que ce foit , pourvu qu’elle puiffe s’y
diffoudre, il retourne en falpêtre.
Il redoit encore à faire quelque effai fur la fubdance
de la marne. On en a pris une piece qui étoit
encore dure, tirée nouvellement de la marniere ; on.
1 a pilee , lavee, leflîvée : les lotions filtrées n’ont
produit aucurie efpece de fel.
Voici le réfultat des différens effais précédens.
Premièrement on a vu que la marnent s’amalgame,
ni aveclefprit de vitriol, ni avec le vinaigre dif-
tillé, qui font de très-forts acides ; au contraire, 'ils
ont produit un magnat ou une coagulation. La marne
s’ed parfaitement diffoute avec l’efprit de nitre ; d’oii
l’on peut conclure que quand même elle ne contien-
droit en elle-même aucun f e l , elle s’imbiberoit &
attireroit l’efprit univerfel ou le nitre , fi propre à
fertilifer les terres. En fécond lieu, la marne qui lé
diffoudrale mieux & le plus promptement avec l’efprit
de nitre, fera la meilleure, en ce qu’elle attirera
plus abondamment l ’efprit univerfel répandu
dans tout l’athmofphere. En troifieme lieu, la marne
ne paroît être qu’une limple matrice qui, comme
une éponge, s’imbibe du nitre & des fels répandus
dans l’air ; puifque tirée récemment de la mine,
elle n’a donné aucun fe l, & que celle au contraire
qui a été tirée de la même mine , après avoir été
fufée à l’air , fournit un peu d’un fel bitumineux. En
quatrième lieu, fi la marne, comme limple matrice ,
ed propre à attirer le nitre de l’air ,’ elle fera d’un
effet continu pour la végétation, parce que, le ffai-
fant paffer dans la terre par l’effet des pluies , elle
pourra s’en imprégner de nouveau. Ceci ed pleinement
judifié par les terres dont les falpétriers ont
tire le falpetre étant expofées pendant un certain
nombre d années à l’air & au vent de la bife & du
nord, 6c abritées par des murs 'du côté du midi,
elles s’imbibent d’un nouveau falt^tre, qu’on en
tire en les travaillant comme la prlîthiere fois. Des
remarques précédentes, il femble^u’on pourroit
conclure que l’ufage de la marne, couverte par la
charrue dans des champs graveleux ou de terre légère
, feroit inutile ; parce que , ne jouiffant pas de
l ’air à plein , elle ne pourroit pas attirer le nitre ou
l ’efprit univerfel, & s’en*imbiber. Cependant l’expérience
prouve l’effet de cette méthode; ce que
l’on doit attribuer à la nature fpongieufe de la marne :
elle s’imbibe de l’eau qui a pénétré la fuperficie du
fel ; elle la conferve, & rafraîchit les racines des
plantes. Sans ce fecours , cette eau fru&ifiante auront
coulé plus bas , ou fe feroit évaporée à là pre-
c^a^eur* Enfin, la marne produit un effet fi
fenfible t fi prompt 6c même fi foutenu pour la vé- j
getation, qu’il eft difficile de fe perfuader qu’elle
n ait d autre qualité que celle d’attirer à foi l’efprit
univerfel. Ne peut-on pas préfumer qu’elle contient
des lels ou des foufres que l’art n’a pas pu encore dém
a r m
Couvrir ? Il femble que la nature fe voile à nos yeux ;
noùs n’en Corinoiflbhs que les effets : le quomodo eft
pour nous Une énigme toujours inexplicable.
8°. Quelques naturaliftes prétendent que là marrie
èft le réfultat d’un mélange de craie , de coquilles
réduites en poudré, de l’animal qui habitoit ces coquillages
, d’argille & de fable. Wallerius croit que
c eft un compofé d’argille 6c de chaux : .tout cela
peut être vrai de certaines marnes, mais non de
toutes les efpeces. J’ai vu des marnes répandues
fur un pré, qui exhaloiènt une odeur de foufrè
& de putridité infupportable , lorfqu’elles étoient
échauffées par le foleil. D ’autres, encore attribuent
la fertilité de la marne aux alkalis qu’elle contient.
J’ai vu des marnes, parmi lefquelles on trouvoit des
morceaux de craie gros comme le pouce, & en aflez
grande quantité.
Conclujîon générale de pratique. Malgré l’efpece de
confufîon que produit là diverfité d’opinions fur la
nature de la marne, on voit toujours les auteurs fe
réunir fur les marques carattériftiques indiquées ci-
devant , pour*diftinguer effentiellement les marnes
d’avec tout autre genre de fubftance. Lors donc que
ces épreuves fimples 6c faciles affurent que l’on à
entre les main$ une marne quelconque , il ne s’agit
plus que d’examiner à quelle forte de terre elle fera
utile, 6c dans quelle quantité il convient de l’employer
, pour que fon effet foit fenfible 6c durable-*
La marne crétacée, foit blanche , foit rouge , a
ordinairement un effet prompt, mais qui rie fe loü-
tient pas.
Entre les argilleufés, la bleue eft quelquéfôis
meilleure que la jaune , 6c fon effet dure plus iông-
tems.
Nous avons déjà dit qu’il y a d’excellente marné
verdâtre.
Toutes les marnes pierreufes , employées fans
calcination, mais feulement expofées à l’aftion de
l’air, à la pluie & au foleil, plus ou moins#de tèms t
à proportion de leur degré de dureté , font un engrais
qui dure très-long-tems : mais èômme leur
aftion eft lente , 6c qu’elle ne remplit pas affez
promptement les defirs du laboureur, fouvent il
préféré les marnes graflès , plus aifément fufibles.
Dans Staffordshire , province méridionale d’Angleterre,
on eftime beaucoup, pour amender les
terres à grains, une marne bleue & moëlleufe qui fe
trouve ordinairement aiix mêmes endroits & à là
même profondeur que celle que.nous avons défi-
gnée fous le no. 2. mais on y préféré la marne grife
pour les pâturages. .
L’efpece n°. 2 de notre divifion économique , eft
regardée comme excellente par les Anglois de la
province de Chefter.
Par-là même que le n°. 3 eft une màrne fort graffe
& compaéfe , on eft perfuadé dans le comté de
Stafford qu’elle eft propre à amender l^s terreins
de f^)le_, pourvu que l’on y en répande beaucoup
plus que d’aiitre efpece de matne.
M. Mills dit que l’on regarde généralement i ’àr-*
doifeufe n°. 1 comme la meilleure efpece de màrne *
& qu’eiie a un effet très-durable.
11 rapporte, d’après M. Markham, que ies Anglois
du Suffex, qui n’ont que quatre efpeces de marner
font grand cas de la Bleue, puis de la jaune , 6c après
elle , de celle qui eft d’un gris-brun ; regardant là
ïouge comme un engrais que l’on eft obligé de re-
nouveller fréquemment.
D ’autre côté, Evelyn préféré la marne rougë à
celles qui font blanches Ou bleues , Ou d\m gris-
brun , pour les fables légers & les terres fechés. Ü
paroît, par la fuite du dîfcoitrs , qu’il penfe qué
c’eft la plus graffe & la plus prOmpte.à fe téfoudré.
Selon M. Mortimêr, la marne du Suffex approché
|