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jours de fon régné en firent heureufemerit augurer:
les impôts furent abolis, 6c le fénat fut chargé de
rechercher & de punir les délateurs qui avoient
été en faveur fous le dernier régné. Les frontières
étoient alors dévaftées par Artaban, roi des Parthes,
qui vouloir jirer vengeance de la mort de fes fujets,
que Caracallà avoit fait maflacrer. Macrin lui op-
pofa une armée qui l’arrêta dans le cours de fes
conquêtes. Mais enfin il fe vit réduit à demander la
pàix à Ce roi barbare, qui ne l’accorda qu’à des conditions
honteufes. Macrin \ plus occupé de fes plai-
lirs que de fa gloire, s’abandonna à la baffeffè de
fes penchans. Indifférent aux profpéritésde Pempire,
il oublia les affaires pour fe plonger dans les plus
laies voluptés. Il s’éloigna de .Rome, 6c fixa fon
lejour à Antioche, pour n’avoir plus le fénat pour
témoin de fes débauches. Tandis qu’il étoit noyé
dans les délices de la molleffe , -il exigea du foldat
une obéiflànce d’efclave : la discipline militaire devint
cruelle, fous prétexte de là rendre exâ&e, Ingrat
envers ceux qui l’avoient élevé à l’empire , il
oublia qu’ils ponvoient détruire leur ouvrage. L’armée
, laffe de fupporter fa févérité outrée, proclama
Héliogabale dans la ville d’Emeffe. Le bruit de cette
révolte ne put réveiller Macrin affoupi dans les voluptés
: il fe contenta de lui oppofer une armée fous
les ordres de Julien. Ce général fut défait & maffa-
cré. Un foldat eut l’audace de porter fa tête à
Macrin , en difanf que c’étoit celle d’Héliogabale,
ion concurrent. Ce foldat > après avoir été bien
réeompenfé, s’enfuit avec précipitation. Macrin,
revenu de fon erreur, reconnut trop tard le danger
que fa négligence avoit dédaigné. Comme il n’avoit
point d’amis, il fe vit abandonné des adorateurs de
fon ancienne fortune, Empereur fans troupes 6c fans
fujets ,-il fe déguifa pour n’être point connu dans fa
fuite. 11 fut découvert dans un village de Cappa-
doce par des foldars qui avoient fervi fous lu i, 6c
qui avoient éprouvé la févérité de fa difçipline : ils
lui tranchèrent la tête qu’ils portèrent à Héliogabale,
qui la reçut comme une offrande digne de lui. Son
fils Diadumene , qui étoit d’une beauté raviffante,
fut enveloppé dans fa malheureufedeftinée. Il l’a voit
affécié à l’empire ; & ce fut cet honneur qui lui coûta
la vie. Macrin mourut âgé de cinquante ans , après
un régné de quatorze mois. Il laiffa un nom abhorré.
Son fucceffeur, qui eut tous les vices 6c qui commit
tous.les crimes , ne le fit point regretter. CT— n . )
MADRIGAL, ( Mujiq.) forte de pièce de îtiufî-
que travaillée 6c favante qui étoit fort à la mode
en Italie au i6 efiecje, & même au commencement
du précédent. Les madrigaux fe compofoient ordinairement
pour la vocale à cinq ou fix parties,
toutes obligées , à caufe des fugues & deflins dont
ces pièces étoient remplies; mais les organiftes compofoient
6c exécutaient aufîi des madrigaux fur l’or*
g u e , & l’on prétend même que ce fut fur cet
infiniment que le madrigal fut inventé. Ce genre de
contre-point, qui était affujetti à des loix très-rigou-
reufes , portoit le nom de jlyle madrigalefque. Plu-
fieurs aüteurs , pour y avoir excellé,.ont immorta-
lifé leurs noms dans les fafles de l’art : têls furent
entr’autres, Luca Marentio, Luigi Preneftino, Pom-
ponio Nenna , Tommafo P ec c i, & fur-tout le
fameux prince de Venofa , dont les madrigaux,
pleins de fcience & de goût, étoient admirés par
tous les maîtres , & chantés par toutes les'dames,
ï ï m m m t .. ■
MÆLER lac d e, ( Géogr.) grand lac de la Suede
proprement dite., entre l’Uplande , la Sudermanie
& la Veftmanie : on lui donne douze milles de longueur
, & l’on y compte au-delà de izoo petites
îles. Il eft fort poiffonneux ; il eft bordé de villes,
de châteaux, d’églifes & de maifons de campagne,
& il communique avec la nier par deux des rivières
qui paffent à Stockholm. ( D . G , )
MAESTOSO, ( Mujiq. ) en françois majejheeux',
avec majeJU. Quand on trouve ce mot à la tête d’une
piece de mufique, il faut l’exécuter d’un mouvement
qui tienne le milieu entre 1’andante 6c ¥ allegro d’un
coup d’archet long, ferme , mais détaché , fans être
fec en marquant bien chaque phrafe muficaîe.
{ F . D . C . )
MÀGADE , (Mujiq. inflr. des anc.) On peut voir
dans le traité De luxu Greec. de Mufonius , que,
ïuivant Ariftarque, la. magade étoit une efpecç de
flûte ; ce qui eft confirmé-par un paffage dû poete
Ion de Chros , 6c gar un autre de Tryphori. Mu»
fonius ajoute enfuite que la magade avoit un fon
ai^u & grave ; ce qui poiirroit faire foupçonner que
c’etoit un infiniment d’une grande étendue, ou bien
une flûte double', dont une tige étoit à l’oftave de
l’autre. Cette derniere conjedfure femble fortifiée
par le même nom de magade qui vient probablement
du verbe magadifer1, chanter à l’oûave. De plus,
cet auteur dit encore que, fuivant Ariftoxene 6C
Menæchme de Syciorte , la magade 6g. le peftis
étoient la même chofe. Voye^ Pe c ï i s , ( Mujiq,
injîr. des anc.) Suppl.. Ce dernier dit encore que
Sapphô, qui vivoit avant Anacréon, eft la premiers
qui fe foit fervie du pe&îs.
. Apollodore, dans fa lettre à Arîftote , dit que la
magade étoit ce qu’on appelloit alors pfaltérion.
Au refte, fi quelqu’un eft curieux de lire une
.ample diflertation fur la magade , dans laquelle, on
rapporte les opinions de plufieurs auteurs, qu’il lifts
la fin du chap. g du liv. X I V . du D eipnofoph. d’Athe-
née. Il paroîtauffi, par un paffage du IV* liv. de ce
même ouvrage , qu’il y avoit une trompette de ce
nom. (F: D . C . ) *
MAGADISER, v. n. ( Mujiq. dès a n c . ) C'était
la mufique. grecque chantée à l’oftave, comme fai-
foient naturellement les voix de femmes & d’hommes
mêlées enfemble ; ainfi les chants magadifés étoient
toujours des antiphonies. Ce'mot vient de magas ,
chevalet d’inftrumens, ôfpar extention, infiniment
à côrdes doubles, montées à l’o&ave l’une de l’autre,
au moyen d’un chevalet, comme aujourd’hui nos
clavefïîns. ( S )
M AG ASIN , ('Mujiq. Thédtr. ) hôtel de la. dépendent^;
de l’opéra de Paris où logent'les direâeurs St.
d’autres personnes attachées à l’opéra, & dans lequel
, e f t un petit théâtre a p p e l l e auffi mdgajîn, ou. théâtre
du m agafin , fur lequel fe font les premières répétitions
: c’eft Y'odeum de la mufique françoife. Vayex
O d e u m , D i c l . rai/: des S c ien c e s, &c ( S )
■ MADELEINE ( l ’ o r d r e d e s a i n t e ) , fut projette
par Jean Chefnel, feigneur de la Chappronaye,
gentilhorrrtne Bréton , qui le préfenta à Louis X1IL
& à- la chambre de nobleffe pendant la tenue des
états-généraux ( qui s’étoient affemblés à Paris, le
27 octobre 1614). Le roi en vif les ftatuts, &dif,
peu de jours après, qu’il agréoit lç deffein de ce
gentilhomme ; cependant, cet ordre ne. fut point
inftitmé.
;)La fin qu’il fe propofoit, étoit d’empêcher les duels
& les querelles parmi la nobleffe ; &, à l’exem-,
pie de fainte Madeleine , parfait modèle de pénitence
, faire revenir les jeunes gentilhommes dô
leurs égaremens , & les conduire à la vertu.
Les ftatuts de l’ordre de fdinte-Madeleine, dreffés
par Jean Chefnel, fe trouvent en vingt articles dans
Favin, en fon livre,intitulé : Théâtre d’honneur, pagK
8yx & fuivantes. <
La marque de l’ordre étoit une Croix gfécaue
naiffante d’un croiffant, dont la branche d’en-haut,
ainfi que les deux des côtés, fe terminoient en fleur-
de-lis ; elle étoit accompagnée de huit palmes, deux
entre chaque branche pofées en cercle, les feuillages
pendans intérieurement : au centre de cette
croix ,-on voyoit l’image de la Madeleine profternee
devant une croix. .
Le collier étoit compofé de lacs-d’amour divins,
rëpréfentés par des fléchés à tetes en forme de croix
pattées ; des chiffres faits des lettres L A M, étoient
placés entre les lacs-d’aiîiour, & repréfentoient les
noms de fainte Madeleine, du roi Louis XIII &
d’Anne d’Autriche , fa femme ; le tout d’o r , émaillé
d’incarnat, de blanc & de bleu.^
La devife de cet ordre étoit : l'amour de Dieu eji
pacifique.
Voyeipl. X X V I . fig. Sx du Blafon, dans le Dicl.
ràifi des Sciences, & c . (G . D . L. T .)
MAGNENCE, (i/i/2. Romaine.) né dans la Germanie
, fut un foldat de fortune qui parvint’par fon
courage à l’empire. La nature l’avoit comblé de tous
les dons qui féduifent le coeur & les yeux ; il étoit
d’une taille noble & avantageufe. Ses traits étoient
intéreffans & réguliers ; fa démarche & fon maintien
étoient majeftueux : il avoit cette éloquence naturelle
& militaire qui dédaigne les preftiges de l’art.
Sans être favant-, il avoit la fuperfjcie de toutes les
fciences. Confiant, préfageant qu’il étoit appellé à
une haute fortune, le tira de l’emploi de foldat pour
l’élever aux premiers grades de la milice ; fes bienfaits
ne firent qu’un ingrat. Magnence , plus àbfolu
que lui dans l’armée , avoit gagné le coeur des fol-
dats en s’affociant à leurs débauches : il paffoit les
jours & les nuits p e c eux dans les tavernes, &
fourniffoit par-tout à leur dépenfe. Alluré dé leur
àffe&ion, il fort de fa tente revêtu de la pourpre ; il
parcourt les rangs, accompagné de quelques fatel-
ütes mercenaires. Ses partifans le proclament empereur
, & ceux qui n’étoient point fes complices ,
gardèrent un morne filence. Tandis qu’il en impofe
à toute l’armée, il charge Gaïfon d’aller maflacrer
Confiant dans fa tente, & cet ordre eft exécuté. Magnence
fut reconnu empereur par les armées d’Italie
& d’Afrique :lesGaules feules refufoient de lui obéir .
Il y envoya fon frere Decentius à la tête d’une armée
pour s’y faire reconnoître. Il écrivit enfuite à
Conftantin, qu’il lui abandonnoit l’Orient & la
Thrace , où il avoit déjà le commandement des armées.
Conftantin, fans daigner lui faire de réponfe,
laiffa le foin des affaires d’Orient à fon oncle Gallus,
qui avoit été nommé Céfar. II aborde en Efpagne ,,
où il invite les peuples à tirer vengeance du maflacre
de fon frere Confiant. Dès qu’il fut*û la tête d’une
armée , il chercha l’ufurpateur qu’il joignit en Pannonie
; on en vint aux mains dans les plaines de
Meurfe. L’attionfut vivement difputée. Magnence,
contraint de céder à la fortune, fe retira dans les
Gaules, que Conftantin offrit de lui céder pour
épargner le fang de fes fujets. Le tyran, fe flattant
de réparer la honte de fa défaite, rejetta avec dédain
une offre auffi avantageufe. Il tenta la fortune
d’un fécond combat dans la Provence, où la fortune
trahit encore fon courage. La crainte de tomber au
pouvoir du vainqueur, lé précipita dans le défef-
poir. Il fit mourir fa mere & tous fes parens pour
les fouftraire à la honte de la captivité, & fe poignarda
lui-même fur leurs cadavres fanglans. Sa tête
fut portée fur une pique dans les principales villes
de l ’empire. Il profeffoit le chriftianifijne, fans en
pratiquer les maximes. Intempérant jufqu’à la débauche
il-vécut, comme tous les Germains de fon '
tems, dans une perpétuelle ivreffe. Il fut le premier
des chrétiens qui trempa fes mains dans le fang de
fes fouverains. Fier & préfomptueux dans la prof-
périté , il fe laiffoit abattre par le moindre revers ;
quoiqu’il eût été nourri fous la tente, il n’eut jamais
çette franchife qui forme le caraêtere de l’homme de
guerre. Cruel & difllmulé, il déguifoit fa haine pour
mieux affurer le fuccès de fes vengeances : il é t p i t
âgé de cinquante ans lorfqu’il fe donna la mort ; il
voulut-voir mourir fon frere & fes plus intimes
amis avant de fe priver de la vie. ( T—n . )
MAGNUS, ( Hifi, du Nord. ) roi d’Oftrogothie ,
il étoit fils de Nicolas, roi de Danemarck : c’étoit un
prince cruel qui n’avoit ni affez de lumières pour
d i c t e r des loix, ni affez de vertu pour les obferver ;
il aflaffina Canut, roi des Vandales ( Voye[ C a n u t
Suppl.). Son peuple eut horreur de cette perfidie, &
le chaffa de fes états ; il alla chercher un afyle à la
cour de l’empereur Lothaire, dont il paya les fecours
par la plus noire trahifon ; cependant les Juthlandois
armèrent une flotte pour le rétablir dans fes états ;
il fut vaincu, reparut encore les armes à la main, 6c
périt dans un combat l’an 113 5. ( M. d e S a c y . )
MAGNUS, (IIfi. de Danemarck. ) roi de Norwege
& Danemarck, régnoit vers l’an 1040; peu fatisfait
des états que la fortune lui avoit donnés, ifeontrai-
gnit Canut-Horda à le reconnoître pour fon fuccef-
îeur à la couronne de Danemarck. Après la mort de
ce prince il demanda le trône du ton dont il auroit
parlé s’il y avoit été déjà affis ; il falloit le couronner
ou le combattre, il fut couronné : Magnus ne fe
! diffimula point que les Danois l’avoient élu malgré
eux ; & pour les retenir dans les bornes de l’obéif-
fance, il diftribua tous les gouvernemens à fes créatures
, & ’confia aux troupes Norvégiennes la dé-
fenfe des places : il fomma enfuite Edouard de lui
remettre la couronne d’Angleterre ; mais n’ayant pu
Fobtenir par les menaces, il n’ofa l’arracher par la
force des armes, il demeura dans le Danemarck r
Suénon devint fon miniftre, & bientôt fon rival ; il
lui difpùta la couronne, Magnus le battit en plufieurs
rencontres : on ignore les circonftances de la mort
de ce prince , arrivée vers l’an 1048. Les Danois lui
donnèrent les furnoms glorieux de bon 6c de pere de
la patrie ; & on ne peut les accufer d’avoir voulu
flatter lâfchement un prince étranger qu’ils n’avoienf
reconnu qu’ à regret. ( M. d e S a c y . )
M a g n u s , ( Hiß. de Danemarck. ) roi de Livonie
& duc de Holftein, il étoit fils de Chriftiern III, roi
de Danemarckjle duché de Holftein avoit été partagé
entre les trois enfans de ce prince, Frédéric, Jean &
Magnus. Frédéric devenu roi de Danemarck, échangea
l’an 1560* la fouveraineté des diocefes tl’Oëfel
& de Courlande, contre la portion du duché de
Holftein qui étoit échue en partage à Magnus. Les
Livoniens las du joug de l’ordre teutonique, le reçurent
avec enthoufiafme : il eft aifé de penferqu’ori
ne le laiffa pas tranquille dans cette contçée, la république
de Pologne & le czar de Mofcovie lui
difputerent les armes à la main une conquête qui ne
lui avoit coûté que des bienfaits ; la Livonie' devint
donc le théâtre de la guerre. Enfin l’an 1570, le czar
propofa au duc Magnus de le créer roi de Livonie :
recevoir là couronne des mains du czar, c’étoit fe
déclarer fon vaffal, & il valoit mieux être indépendant
avec le titre de duc, que tributaire avec celui
de roi ; mais ce nom fafeina les yeux de Magnus, il
fe rendit en Mofcovie , il y fut couronné} le trône
fut déclaré héréditaire dans fa famille, il fe fournit
à payer un tribut annuel au czar, 6c celui-ci fe réfer
va le titre de proteêieur de Livonie. Magnus hé
avec cette douceur, cette équité, ces vertus qui
n’obtiennent pas toujours des couronnes, mais qui
les méritent, fit le bonheur des Livoniens ; mais
bientôt le czar qui n’avoit d’autre but que de régner
fous fon nom, arma contre lui : le prote&eur de la
Livonie en futToppreffeur , la guerre fe ralluma ;
Magnus fe vit enlever la plupart de fes places, 6c
fe retira dans fon duché de Courlande où il mourut,
le 18 mars 1583 ; les regrets des Livoniens le