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pour l’adminiftration des francs-maçons : il fut grand-
maître en 1685.
En 1 7 1 7 , il fut décidé que les maîtres & le$ fur-
veillans des différentes loges, s’affembleroient tous
les trois mois en communication ; c’eft ce qu’on appelle
quartefly communication, 6c k Paris, ajfcmblee
de quartiers ; lorfque le grand-maître eft préfent,
c ’èftune loge in ample forrn, finon elle efl: feulement
in due form, mais elle a toujours la même autorité.
En 1718, Georges Payne, grand-maître, voulut
qu’on apportât à la grande loge les anciens mémoires
concernant les maçons 6c la maçonnerie, pour faire
connoître fes anciens ufages, 6c fe rapprocher des
inftitutions primitives; on produifit alors plufieurs
vieilles copies de conftitutions gothiques.
En 17 19 , le grand-maître Jean Théophile Defa-
guliers fit revivre l’ancienne régularité des toafls ou
fantés que l’on porte dans les banquets ou loges de
table à l’honneur du ro i, des maçons, &c. mais on
brûla beaucoup d’anciens papiers concernant la maçonnerie
& fes réglemens fecrets, fur-tout un qui
avoit été fait par Nicolas Stone, furveillant fous Ini-
go Jones, 6c qu’on a beaucoup regretté ; mais on
vouloit prévenir tout ce qui pouvoit donner aux
ufages de la maçonnerie une publicité qtti eft contre
l’efprit de l’ordre.
Le nombre des loges étant fort augmenté à Londres,
en 1721, & l’affemblée générale exigeant beaucoup
de place, on la tint dans une falle publique, ap-
pellée (lationers - hall. Les furveillans ou grands-
gardes, furent chargés de fe procurer quelques
fiewards, intendans ou freres , qui euffent de l’intelligence
pour les affaires de détail, 6c d’avoir auflï
des freres fervans pour qu’il n’entrât jamais des
profanes dans les loges. Le duc de Montaigu fut
élu grand-maître 6c inftallé ; on nomma des commif-
faires pour examiner un manufcrit d’Anderfon , fur
les conftitutions de l’ordre, 6c l ’on en ordonna l’im-
preftïon, le 17 janvier 172.3 ; la fécondé édition eft
de 1767.
Ce fut alors que la réputation de la maçonnerie fe
répandit de tous côtés : des perfonnes du premier
rang defirerent d’être initiées, 6c le grand-maître fut
obligé de conftituer de nouvelles loges qu’il vifitoit
chaque femaine avec fon député & fes furveillans ;
il y eut 400 maçons à la fête du 24 juin 1713. on
avoit alors pour député grand-maître le fameux chevalier
Martin Folkes, qui a été fi long-temspréfident
de l’académie ou de la fociété royale de Londres, &
pour grand furveillant John Senex, mathématicien,
connu par de beaux planifpheres céleftes, dont les
aftronomes fe fervent encore tous les jours.
Il étoit difficile que ce nouvel empreffement des
Anglois pour la maçonnerie ne s’étendît pas jufqu’à
nous. Vers l’année 1725 , mylord Dervent-Waters,
le chevalier Maskelyne, M. d’Heguerty 6c quelques
autres Anglois, établirent une loge à Paris, rue des
Boucheries, chez Hure, traiteur Anglois; en moins
de dix ans, la réputation de cette loge attira cinq ou
fix cens freres dans la maçonnerie, 6c fit établir d’autres
loges; d’abord celle de Gouftaud, lapidaire Anglois
; enfuite celle de le Breton, connue fous le nom
de loge du Louis F argent, parce qu’elle fe tenoit dans
une auberge de ce nom ; enfin la loge dite de Buffy,
parce qu’elle fe tenoit chez Landelle, traiteur, rue
de Buffy ; elle s’appella enfuite loge d'Aumont, lorfque
M. le duc d’Aumont y ayant été reçu, y fut choi-
fi pour maître; on regardoit alors comme grand maître
des maçons, mylord Dervent-'Waters, qui dans
la fuite paffa en Angleterre, oii il a été décapité.
Mylord d’Harnouefter fut choifi en 1736 parqnatre
loges qui fubfiftoient alors à Paris , & eft le premier
grand maître qui ait été régulièrement élu.
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En 1738, on élut M. le duc d’Antin pour grand-
maître général 6c perpétuel des maçons dans le
royaume de France ; mais les maîtres de loges chan-
geoient encore tous les trois mois. U y avoit vingt-
deux loges à Paris en 1742..
Le 11 décembre 174 1 , M. le comte de Clermont
prince dufang, fut élu grand-maître perpétuel dans
une affemblée de feize maîtres , à la place de M. le
duc d’Antin qui venoit de mourir ; l’afte fut revêtu
de la fignature de tous les maîtres 6c clés furveillans
de toutes les loges régulières de Paris, 6c accepté
par les loges de provinces. M. le prince de Conti &
M. le maréchal de Saxe eurent plufieurs voix dans
cette éleftion; mais M. le comte de Clermont eut la
pluralité & i l a rempli cette place jufqu’à fa mort. On
créa pour Pari? feulement des maîtres de loges perpétuels
& inamovibles, de peur que l’adminiftration
générale de l’ordre, confiée à la grande loge de Paris,
en changeant trop fouventde mains, né devînt trop
incertaine 6c trop chancelante. Les maîtres de loges
dans les provinces font choifis tous les ans.
La maçonnerie, qui avoit été plufieurs fois perfé-
cutée en Angleterré, le fut auffi en France : vers
1738, une loge , qui s’affembloit chez Chapelot, du
côté de la Râpée, ayant excité l’attention des ma-
giftrats , M. Héraut, lieutenant de police, qui n’a-
voitpas une jufte idée des. maçons, s’y tranfporta;
il fut mal reçu par M. le duc d’Antin, cela lui donna
de l’animofité ; enfin il parvint à faire fermer la loge,
murer la porte & à défendre lesaffemblées: la perfé-
cution dura plufieurs années, 6c l’on alla jufqu’à
emprifonner des francs-maçons, que l’on trouva af-
femblés dans la rue des deux Ecus au préjudice des
défenfes.
Cela n’empêcha pas les gens les plus diftingués
de la cour 6c de la ville de s’agréger à la maçonnerie,
& l’on voyoit encore, en 1760, à la nouvelle
France, au nord de Paris, une loge célébré;
tenue d’une maniéré brillante 6c fréquentée par des
perfonnes du premier rang : elle avoit été fondée par
le comte de Benouville. La grande loge étoit fur-tout
compofée de perfonnes de diftinâion, mais la féche-
reffe des détails 6c des affaires qu’on y traitoit pour
l ’adminiftration de l ’ordre, les écartèrent peu-à-peu;
les maîtres de loges qui prirent leur place, n’étant
pas auffi refpefrés, le travail de la grande loge fut
interrompu à différentes fois jufqu’en 1762. : il y eut
alors une réunion folemnelle ; l ’on dreffa des réglemens
pour toutes les loges de France, on délivra des
conftitutions pour la régularité & l’union des travaux
maçoniques, & l’on perfe&ionna le réglement de la
maçonnerie en France, fous l’autorité de la grande
loge-
En 1 76 7 , il y eut encore une interruption par ordre
du miniftere, dans les travaux de la grande loge ;
mais elle les a repris en 17 7 1 , fous la protefrion d’un
prince quiafuccédé à M. le comte de Clermont dans
la dignité de grand-maître, 6c qui s’intereffe véritablement
à la maçonnerie. Ce prince a ete folemnel-
lement inftallé & reconnu dans une affemblee générale
des députés de toutes les loges du royaume, le
22 ofrobre 1773. Des maîtres de loges auffi zélés que
lettrés, fe font trouvés à la tête de l’adminiftration,
ont fait pour toutes les loges régulières de France
de nouveaux réglemens, & la maçonnerie a repris
dans le royaume une nouvelle confiftance.
Si cette affociation a été fufpefre en France,feulement
parce qu’elle n’étoit pas connue, il n’eft pas
furprenant qu’elle ait été perfécutée en Italie : il y a
deux bulles de la’ cour de Rome contre l’ordre des
francs-maçons ; mais comme elles etoient fulminées
fur des carafreres qui n’étoient point ceux des’véri-
tables francs-maçons, ils n’ont point voulu s’y 'recon-
noître, 6c ils fe regardent tous comme étant très en
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fureté de confcience malgré les bulles ; la pureté de
leur morale 6c la régularité de leur conduite doit en
effet les raffurer totalement.
L’Allemagne 6c la Suède ont faifi avec zele les-
avantagesde la maçonnerie; le roi de Pruffe, après
y avoir été agrégé, s’en eft déclaré le protecteur
dans fes états, ainfi qu’il l’eft des fciences 6c de toutes
les inftitutions utiles. Le nombre des francs-maçons
s’étoit trop multiplié, pour qu’il ne-s’y établît pas
des diftin&ions de grades, ils font même en très-grand
nombre , 6c ils mettent entré les différens ordres des
maçons des différences très-marquées relativement
au rang 6c aux lumières, de même que par rapport
aux objets dont on s'occupe dans chaque loge. La
maçonnerie a continué de s’étendre auffi en Angleterre
: on y a frappé une médaille en 1766, avec cette
exergue : immortàlitati ôrdinis.
D ’un autre cô té , les profanes (e font égayés aux
dépens de la maçonnerie : On a gravé une immenfe
caricature qui reprèfente une proeeffionburlelque 6c
ridicule des f'ancs-mâçons ; mais ceux-ci ont fait peu
d’attention aux fottifes d’une populace ignorante.
Cependant l’ordre s’eft foutenu 6c s’eft accru en
Angleterre1 au point, qu’en 1771 , les francs-maçons
ont cru pouvoir paroître au grand jour; ils ont re-
préfenté au parlement delà nation qu’ils avoient de
quoi bâtir une loge qui contribueroit à l’émbelliffe-
ment de la capitale, 6c même de quoi faire une fondation
pour l’utilité publique ; ils ont demandé en
conféquence d’être reconnus 6c autorifés, comme
tous les autres corps de l’état ; il paroît que la demande
eût été acceptée, fi les francs-maçons de la
chambre-haute ne s’y étoient oppofés ; ils ont penfé
qu’une inftitution qui eft toute myftérieufe 6c fecrete
ne devoit rien avoir d’auffi public, 6c que cette often-
tation pourroit porter atteinte au but de la maçonnerie.
(M. d e la La n d e . )
FRANGÉ, ée , adj. ( terme de Blafon. ) fe dit des
gonfanons 6c bannieres^pfi ont des franges, dont on
fpécifie l’émail lorfqU’il'eft différent. Voy.pl. X V I I I
de Y are Héraldique, dans le Dictionnaire raifonné
des Sciences', 6cc.
Grand chambellan -, Charles Godefroy de la Tour
d’Auvergne, ducfôuverainde Bouillon, &c. à Paris;
écartelé aux premier & quatrième quartiers, fané de
France à la tour d'argent, qui eft de la Tour d’Auvergne
; au deuxieme coticé eC or à deux tourteaux de gueules
, qui eft de Boulogne ; au troifieme coticé, d'or &
de gueules, qui eft de Turenne : fur le tout, d’or au
gonfanon de gueules, frangé de finople , qui eft d’Auvergne.
( G. D . L. T. )
FRANKENAU , (Géogr.') gros bourg d’Allemagn
e, dans le cercle de Franconie, 6c dans les états
de lamaifori de Hohenlohe-Waldembourg, fous le
château de Schiliirîgsfurft , 6c tout proche des four-
ces de la Wernitz. 11 eft devenu confidérable depuis
douze à quinze ans, par le nombre de fabriquans 6c
autres gens de métier, que les gracieux édits du prince
y ont attirés, & que fes bienfaits y ont fixés. L’églife
paroiffialeen eft aux proteftans; mais il y a pour tous
liberté de confcience, franchifes 6c fûrété. Une petite
ville de la Heffe porte auffi le nom de Frankenau.
(-D.G.J
FRANKENBERG, ( Géogr.) ville d’Allemagne,
dans l’éleûorat de Saxe 6c dans l’Erzgebirge, fur la
riviere de Tfchoppa: elle eftd’envirort quatre cens
maifons, 6c n’a prefque pourhabitans que des manu-
fafruriers ; l’on eftime fur-tout fa fabrique de barra-
cans ; elle y fut établie par des Brabançons, l’an 1585,
fous les aufpices des feigneurs du lieu , qui étoient
alors de la famille de Schonberg, 6c qui, l’an 1669,
vendirent cette poffeffion à la maifonélefrorale. Dès-
lors cette ville eft devenue baillivale ; elle a féance
& voix dans l’affemblée des états du pays, 6c fon
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reffort eft compofé d’une vingt aine de villages : il
comprend auffi les anciens châteaux de Saxenbourg
6c de Lichtenwald, 6c le village entr’autres d’Ebers-
dorff, remarquable par la fondation pieufe qu’y fit
Marguerite, femme de l’élefteur Frédéric II, lorfque
l’on eut retrouvé, dans cet endroit fauvage , Erneft
& Albert fes fils, enlevés du château d’Altenbourg ,
l’an 1455 , par Cuntz de Kauffungen, 6c par Guillaume
de Schonfels : l’on y conferve encore avec
foin , 6c l’on y montre, comme chofes curieufes, les
habits de ces deux jeunes princes ; c’eft un dépôt que
leurmere voulut y perpétuer en mémoire de fa ten-
dreffe allarmée; 6c ce village d’ailleurs affreux par
fa fituation, car il eft fur les montagnes qui féparent
la Saxe de la Bohême, au centre de rochers efear-
pés 6c de forêts épaiffes y eft devenu , par ce monument,
un des lieux de la terre oit le coeur humain
peut être le mieux rappellé à ce que la nature a de
plus touchant. ( D. G. )
Frankenberg , ( Géogr. ) ville d’Allemagne,
dans le cercle du haut Rhin, 6c dans la Heffe fupé-
rieure, au quartier de la Lahne, fur la riviere d’Eder.
On la croit bâtie déjà dans le fixieme fiecle par le roi
Thierri ; & fes chroniques portent que dans le huitième
Charlemagne la fit fortifier,. comme un rempart
contre les Saxons, 6c lui donna des privilèges
confidérables. Le tems fans doute a fort opéré fur
toutes ces chofes : fon état moderne ne repréfente
aucun de ces avantages : elle n’eft ni place forte, ni
ville importante ; c’eft Amplement le chef-lieu d’un
bailliage, qui renferme quelques jurifdi&ions, 6c 011
l’on a exploité autrefois des mines d’argent, de cuivre
, de plomb. (D . G.')
FRANKENHAUSEN, ( Géogr. ) ville d’Allemagne
, dans le cercle de haute-Saxe, & dans la principauté
de Schwartzbourg Rudolfstadt, fur un bras de
la riviere de Wipper , 6c au voifinage des monts antérieurs
du Harz. Elle a dans fes environs , des campagnes
fertiles 6c de belles forêts ; mais elle a fur-
tout desfalines d’un très grand rapport : l’Allemagne
n’en a pas de plus anciennes ni de plus abondantes:
elles appartiennent à la v ille, 6c non au prince, qui
fe contente d’en tirer feulement un certain droit par
boiffeaux. Il y a dans cette ville un college de régence
, deux églifes , une école 6c un hôpital : il y a un
château, où la cour loge quelquefois, & l’on y voit
encore les ruines d’un ancien fort, élevé pour la
fureté des falines. Un corps de huit mille payfans
Thuringiens qui, à l’exemple de ceux du Palatinat,
de la Souabe 6c de l’AUace , & encouragés par Mun-
zer, l’un des chefs des Anabatiftes, avoient pris les
armes l’an 15 15 , fut battu aux portes de Franken-
haufen, la même année, par le landgrave de Heffe r
général des troupes proteftantes. (D . G .)
FRANZBOURG , ( Géogr.) petite ville d’Allemagne,
dans le cercle de haute-Saxe , & dans la principauté
de Bart, portion de la Poméranie Suédoife.
Le duc Bogiflas XIII en fit jetter les fondemens l’an
1587, furies ruines de la riche abbaye de Niencamp :
il y fit bâtir un château pour fa réfidence , 6c prit la
finguliere réfolution de ne la peupler que d’artiftes
& d’artifans, excluant de fon habitation quiconque
auroit des terres à cultiver ou du bétail à foigner.
Huit gentilshommes de la contrée s’affocierent avec
le duc pour fournir aux frais de cet établiffement,
& pour en partager le profit ; mais l’entreprife étoit
trop étrange pour être foutenue, 6c l’on fentit bientôt
à Fran^bourg, comme on doit le fentir ailleurs ,
que dans tous les lieux où la terre eft labourable , le
plus profitable des arts, eft celui qui nourrit l’homme.
(D . G.')
* § FRANSHERE , ( Géogr. ) riviere aufud, à trois
lieues du fort Dauphin , dans la province de Carcanoff,
fur les côtes orientales d’Afrique. Liiez à la pointe