qu’il eft néceflaire pour la confervation de ces bâti-
mens du roi d’afïeâer des matelots , Si encore plus
néceflaire d’affeâer un nombre d’officiers de vaif-
feaux uniquement pour le fervice des galères.
Si l’intention du roi eft de former de bons officiers
, & pour fes vaifleaux, Si pour fes galères ,
comment fe flatter d’y parvenir en leur faifant faire
alternativement une campagne fur les vaifleaux , St
plufieurs années après une campagne fur les galères ?
car il s’en écoulera fûrement plufieurs avant que le
tour de chacun vienne d’être employé fur un état
d’armement. Ainfi loin de pouvoir etre inftruits à
fond des deux métiers tout différens, ils ne finiront
ni l’un ni l’autre. Si l’on en croit les Tourville , les
Duquefne , les Ruiter , St tous les grands hommes
de mer , on apprend tous les jours dans le métier de
la navigation. J’en conclus encore qu’un feul des
deux métiers, des vaifleaux ou des galeres , eft fuffi-
fant St plus que fuffifant pour occuper un officier
toute fa vie , fi l’on veut qu’il en foit inftruit à fond.
Voilà ce que quarante-lept ans d’expérience m’inf-
pirent pour le lervice du ro i, St pour le bien de
l ’état. ( Cet article eß extrait d’un Mémoire de M. DK
FöNTETTE , capitaine de vaiffeaux. )
* § GALICE , ( Gèogr. ) province d’Efpagnc.....
Elle a plufieurs ports..... mais fans commerce.... des
mines dont on ne tire rien.....des forêts qu'on laiffe dépérir
, enfin une quarantaine de villes dépeuplées qu'on
nommeroit ailleurs de tnifèrables villages. Le P. Briet
compte foixante-quatre villes dans la Galice, parmi
lefquelles il y en a cinquante de murées. Tout le
monde ne les regarde pas comme de miférables villages.
Il y a à la Corogne en Galice un des plus beaux
St des meilleurs ports de tout l’Océan. On fait dans
cette province un grand commerce de vin St de bef-
tiaux, St les Galiciens font de très-bons foldats.
Lettres fur l'Encyclopédie.
GALILÉE (Philosophiede) , Hifi. delà Phi~
lofophie. On lit dans la préface des mémoires de
l ’académie de Dijon, un jugement très-avantageux,
porté fur les découvertes St fur le mérite de Galilée.
On y lit aufli que pendant que François Bacon indi-
quoit en Angleterre le chemin de la vérité, Galilée
en Italie y marchoitdéja à grands pas; que ce même
Galilée fut allez clair-voyant pour découvrir les
loix de la chute des corps pefans ; loix q ui, depuis ,
généralifées par Newton , nous ont expliqué le
grand fyftême de l’univers; qu’il acquit par fes inf-
trumens merveilleux un nouveau monde à la philo-
fophie ; que le ciel à fes yeux fembla s’accroître ,
& la terre fe peupler de nouveaux habitans ; que
Galilée , non content de la fimple gloire d’avoir fait
de nouvelles découvertes , y joignit celle d’en tirer
les plus grands avantages pour le genre humain ; St
qu’après avoir obfervé pendant vingt-fept ans les
fatellites de jupiter , il fit fervir les tables de leurs
mouvemens à déterminer les longitudes, St à perfectionner
la géographie & la marine ; que fes expériences
fur la pefanteur de l’air firent naître une phy-
fique toute nouvelle , qui conduifit Toricellià expliquer
la preflion de l’atmofphere , St la fufpenfion
du mercure dans les baromètres ; que fes obferva-
tions fur le mouvement du pendule , mirent les
aftronomes St les phyficiens en état de mefurer le
tems avec précifion , de fixer la variation des poids
dans les climats différens, Si de déduire la vraie
figure de la terre ; St on conclut que Galilée a beaucoup
découvert, St a acquis des droits évidens fur
les découvertes des autres.
A ce que les académiciens de Dijon en ont dit,
on peut joindre le témoignage de beaucoup de nos
auteurs italiens, qui ont fait les plus grands éloges
$e Galilée. En Hollande, Hugues Grotius dit que fes
ouvrages furpaffent les forces humaines ; Huygens
l’appelle un très-grand homme. Leibniis en Allemagn
e, St Jean Bernoulli le reconnurent pour le plus
clair-voyant de fon tems , St Kepler écrit qu’il mon-
toitfur les plus hautes murailles de l'univers, St qu’il
découvroit tout, depuis le commencement d’une
chofe jufqu’à la fin. Newton en Angleterre cita plufieurs
fois les théorèmes & les découvertes de Galilée.
Keill a écrit aufli que Galilée, avec le fecoiirsde
la géométrie, pénétra les fecrets les plus cachés dô
la nature, & créa une nouvelle connoiflance du mouvement
;& Mac-Laurin exalta beaucoup les fervices
qu’il nous a rendus parle fecours du tclefcope , & l a
maniéré claire & géométrique, avec laquelle il nous
a expliqué la théorie des corps pefans qui tombent ,
ou qui font jettés en quelque direâion que ce foit.
David Hume, dans fon appendix à l’hiftoire de Jacques
premier, fait un parallèle des plus exaéls entre
François Bacon St Galilée. Il dit que Bacon étoit
inférieur à Galilée, fon contemporain , St peut-être
même à Kepler ; que Bacon avoit feulement montré
la route oii Galilée marchoit à grands pas ; que le
premier ne favoit pas la géométrie ; que le fécond
la poffédoit parfaitement, ainfi que la philofophie
naturelle ; que le premier méprifoit le fyftême de
Copernic , que le fécond avoit établi par des preuves
tirées de la raifon & du bon fens ; que le ftyle
du premier étoit dur, St celui du fécond agréable &
brillant , quoique quelquefois prolixe. L’hiftorien
anglois dit fort agréablement que l’Italie ne fit pas
peut-être de Galilée le cas qu’il méritoit, à caufe de
la quantité d’hommes illuftres qui y fleuriflbient
alors.
Galileo Galilei naquit à Pife en 1 564, St y fut
fait leûeur de mathématique en 1.589 ; trois ans
après il le fut à Padoue : en 1610 il fut fait mathématicien
du grand duc Ferdinand II , St retourna en
Tofcane, où il mourut en 1640 dans la Ville d’Acce-
t r i, près de Florence : il naquit l’année où mourut à
Rome Michel-Ange Buonarotti, St mourut l’année
que naquit en Angleterre Ifaac Newton. En 1583 ,
comme l’attefte Magalotti dans fes Effais fur l'aca-
démie del Cimento & Viviani dans fa Vie, étant aflîs
dans la chaife primatiale à Pife , il obferva qu’une
lampe mife en mouvement faifoit fes vibrations dans
des tems fenfiblement égaux , quoique les arcs
qu’elles décrivoient fuflënt fenfiblement inégaux
entr’eux. Cette importante obfervation fut pouf-
fée fi loin par Galilée , qu’il imagina de fe fervir
d’un pendule pour mefurer exactement le tems ,
St l’appliqua dans fa vieilleffe à l’horloge. Becker,
dans une differtation furlamefure du tems , artefte
avoir entendu dire au comte Magalotti, que Galilée
fit faire à Florence, par Marc Treffier , horloger
du grand duc., la première horloge à pendule;
quoique le même Magalotti dans fes Effais fur l'académie
del Cimento, dife qu’il eft vrai que ce fut Galilée
qui imagina l’application du pendule à une horloge
, mais que ce fut fon fils -Vincent qui, en 1649 ,
la mit en pratique. Nous avons cependant les lettres
de Galilée à Beaugrand, St celles de Realio St d’Hor-
tenfius , qui avec ce que dit Viviani, font croire
indubitablement que ce fut lui qui ajouta le pendule
à l’horloge. Elie Diodati en 1637 , envoya au pere
du célébré Huygens la defeription de l’horloge à
pendule faite par Galilée. Becker ajoute qu’on en
envoya un modèle en Hollande. Tout ceci fuffit
pour répondre à Huygens , à Mnflchembroeck , St
à beaucoup d’autres qui voudroient enlever à l’Italie
la gloire de cette belle invention. Huygens inventa
un pendule qui faifoit fes vibrations dans les arcs
d’une cycloïde. L’invention eft très-ingénieufe , St
la théorie géométrique que l’inventeur en donna,
eft une des plus belles productions de la géométrie ;
iiiaïs pôiir cè qui regarde la commodité de la pratique
, le pendule eyçloïdal fut bientôt abandonne, &
nous nous fervons préfentement de pendules qui
fe meuvent en petits arcs circulaires , comme Galilée
l’avoit inventé d’abord.
Quand il fut lecteur à P ife, il commença diverfes
expériences publiques fur la chute des corps pefans ,
& fit voir à tout le monde que les bois, les métaux
& les autres corps , quoiqu’ils fuffent de pefanteurs
différentes , tomboient dans le même efpace de
tems St avec une égale vîteffe, de la même hauteur.
11 tira de-là l’important théorème , que la gravité
abfolue des corps eft proportionnelle à la quantité
de leur matière. L’année 1597» il inventa à
Padoue fon compas de proportion , qui eft St
fera toujours un infiniment fort utile. Il fut le premier
qui inventa le thermomètre, St trouva la maniéré
d’augmenter cent quatre-vingt fois la force de
l’aimant; St ayant entendu dire, en 1609 , qu’un
Hollandois avoit fait une lunette qui râpprochoit les
objets , il en devina tout de fuite la conftrucfion ,
St en fit une pareille le jour fuivant ; Si fix jours
après il en porta une à Venife qui agrandiffoit
trente-trois fois le diamètre des objets. Il fait voir
lui-même dans fon effai par quels raifopnemens
fimples , ou pour mieux dire , par quelle expérience
facile il y étoit parvenu^ Il connut aifément que les
objets ne pouvoient pas s’agrandir, ni s’éclaircir
avec un , ou plufieurs verres plans, ni avec une lentille
concave qui les rapetiffe, ni avec une lentille .
convexe qui les groffit Si qui les confond. I l fe borna
à éprouver ce que produirait un verre convexe & uh
verre concave , & il vit que l'effet répondait à fon idée.
On a fait depuis des limettes qui groffïffoient davantage
, & embraffoient un champ plus vafte avec
deux lentilles convexes, St d’autres combinaifons
de verres, mais il n’y a pas un mot à redire à la
théorie de Galilée.
Plufieurs auteurs ont trouvé les traces de cette
découverte dans les OEuvres de Roger Bacon & de
Jean-Baptifte Porta , St leur ont attribué l’invention
du télefeope. Mais le célébré Robert Smith, dans
fon Traité de l ’Optique , après avoir examiné tous
les fragmens de Roger Bacon , a fait voir que cet
homme que M. de Voltaire avoit déjà appellé un'or
encroûte de toutes les ordures de fon fiecle, n’avoit non-
feulement pas l’idée du télefeope, mais ignoroit
même les effets de chaque lentille prife féparément ;
St M. de la Hire, dans les Mémoires de l'Académie
de Paris, en 1717 , a prouvé que Porta dans cette
partie fpécieufe de fa Magie naturelle, ne parloit
pas d’autre chofe que d’une fimple .lunette , dans
laquelle il avoit tellement combiné un verre convexe
avec un concave, qu’ils aidoient la vue de ceux .
qui ne voyaient plus que confufêment. M. de Montu-
cla, toujours fort bon juge St apologifte des inventions
italiennes , eft du même fentiment, Si dit dans
Ion Hifioire des Mathématiques, qu’avant le tems de
Galilée , on ne connoiffoit pas le télefeope. Galilée
s’appliqua toujours à leper’fe&ionner, tellement
qu’il en inventa un , moyennant lequel on pouvoir
regarder avec les deux yeux ;‘ il l’envoya en 1618 à
l ’archiduc d’Autriche Léopold : il eft fort étonnant
que Rhéitâ , dans un livre imprimé en 1645 » a*r
Voulu en paroître l’inventeur.
On en doit eftimer plus l’ufage que l'invention.
La lunette en Hollande, fut comme l’aimant à la
Chine , un objet de fimple euriofité. Galilée , dans
la meme année 1609 ■> regardant avec la lunette la
lune, obferva que les progrès de la lumière après
la nouvelle lune , étoient irréguliers, quelques traits
^’élançant fucceflivement du fond encore
obfcur. N’étant point aflèrvi aux préjugés desancien-
çes écoles ; il connut tout de fuite que la lune étoit
fèmblâble à nôtre g lobe, St comme lui couverte dë
vallées St de montagnes encore plus hautes que les
nôtres. Galilée -, dans fon premier Dialogue far lé
fyftême du monde, expliqua fort bien la reffemblance
qui eft entre ces deux planètes : elle fut ( cettë
reffemblance ) portée plus loin par d’autres auteurs ,
qui reconnurent autour de la lune divers indices
d’une atmofphere plus raréfiée St plus variable que
la nôtre , Si voulurent ainfi expliquer le cercle qui
entoure la lune dans les tems des eclipfes de foleil *
St les variations que MM. de Mairan , Cafîini, de
la Hire , Maraldi, Kirk , & de l’ifle , ont obfervées
plufieurs fois dans les planètes St les étoiles fixes,
voifines du difque lunaire ; St Galilée , d’après la
decouverte de la lunette , continua toujours fes
obfervations fur la lune ; car peu d’années avant que
dé perdre la vue, comme le dit Viviani, il découvrit
la libration du corps lunaire par les obfervations
qu’il fit de la même tache Grimaldi St de Mare Cri-
(ium , qui occupa tant enfuite Grimaldi, Hevelius
St Bouillaud. L’obfervation eft décrite dans le dialogue
que nous avons cité , où il femble encore
qu’au numéro 5.9 foit prévenue la conjecture de
Newton fur la caufe pour laquelle la lune tourne
toujours le même côté vers la terre. On y lit qu’il
eft manifefie que la lune, comme attirée par une venu
magnétique , tourne toujours le même côté vers le globe
terreflre , 6* ne change jamais.
Le ciel entier fembloit offrir à Galilée de nouveaux
phénomènes ; la voie La£tée lui parut formée
d’une quantité innombrable de très-petites étoiles :
il en compta plus de quarante dans le feul grouppe
des Pleyades, St plus de cinq cens dans la conftèlia-
tion d’Orion ; la feule nébuleufe d’Orion lui parut .
eompofée de vingt-deux étoiles fort petites, & très-
près les unes des autres ; celle du cancer d’environ
quarante : il vit aufli les quatre fatellites de jupiter,
découvrit les taches du foleil, les phafes de vénus
& de mars : il obferva certaines apparences dans
faturne , qui furent enfuite confidérées plus au long
par Huygens , qui les a expliquées par l’hypothefe
d’un anneau. Galilée porta au plus haut degré de
perfe&ion fes obfervations für jupiter. Après un t a-
vailde trois ans, il commença la théorie des fatellites,
St julqu’au commencement de 1613, il ofa prédire
toutes leurs configurations pendant deux mois coiv
féeutifs,. Il imagina enfuite d’en faire ufage pour Ié
problème des longitudes ; St en 1636, par le moyen
de Hugues Grotius, il offrit aux états de Hollande
de s’y appliquer entièrement : les états acceptèrent
volontiers fa demande , deftinerent à Galilée une
chaîne d’o r , Si députèrent quatre commiffaires pour
conférer avec lui. Martin Hortenfius , un d’eux, fe
tranfporta en Tofcane peu de tems avant que Galilée
perdit la vue. Galilée, après ce malheur, com:
muniqua fes obfervations & fes écrits à Renieri, qui
fut enfuite mathématicien à Pife , St qui fut chargé
par le grand duc d’étendre les tables St les éphémé-
rides des fatellites de jupiter. Renieri les étendit
véritablement, & les montra au grand duc St à
beaucoup d’autres , comme Viviani faflure. Il étoit
en 1648 fitr je point de les publier, Ibrfqu’il perdit
la vie par une maladie fubite. Je ne fais par quel
accident on a perdu fes papiers , St ceux qu’il avoit
eus de Galilée.
- Les phafes de venus prOiiverent ce que des aftronomes
anciens avoient feulement fuppdfé , que
yénus ne fe mou voit point autour de la terre , mais
autour du foleil. Copernic embraffa cette hypo-
thefe, St ajouta encore qu’il étoit néceflaire que
les phafes de vénus reffemblaffent à celles de la
lune. La lunette de Galilée fit voir la reffemblance
des phales de vénus ; St quelques inégalités de
mars ; phénomènes qui prouvent évidemment le