§ INTESTIN, (Anat.) Uinujlin dans fon fensle
plus étendu, eft un canal de l’animal, dans lequel
l’aliment eft reçu & duquel cet aliment eft diftribué
dans tout le corps. Dans ce fens l’intejlin eft la partie
la plus effentielle de l’animal. Le polype eft fans
coeur, fans cervelle, fans nerfs, fans mufcles, mais
il eft creux, c’eft un intefîin animé.
Dans un fens plus étroit, on appelle intejlin la partie
de ce canal alimentaire, qui tient à fon extrémité,
& qui eft cylindrique & plus étroite que la partie
qu’on .nomme ejlomac, continué au canal par lequel
l ’aliment eft reçu, car dans les infeétes, &c même
dans les quadrupèdes à fang froid , Feftomac n’a
guere d’autre marque de diftinftion, que l’élargif-
ment d’un canal, dont la partie la plus étroite eft
appellée intejlin.
Dans le quadrupède & dans l’homme, Yinteflin eft
plus marqué & plus différent de l’eftomac. Il eft
affez uniforme dans bien des animaux, & fur-tout
dans les animaux qui fe nourriffent de chair, comme
dans Fours, le lion, la belette ; fes parties font mieux
diftinguées dans l’homme, dans le cheval, & dans
les animaux qui fe nourriffent de végétaux. La première
diftinftion c’e'ft celle de Yinteflin grêle & du
gros intejlin; elle eft vraie dans l’homme, mais alors
Y intefîin vermiforme eft déplacé.
Il y a plus d’arbitraire dans la diftinélion de Yintejlin
grêle en trois intejlins, & plus encore dans la
diftinftion du gros intefîin en trois autres inteflins. Il
n’y a effectivement qu’un feul intefîin grêle , &
qu’un feul gros intejlin avec l’appendice vermicu-
laire. Il eft reçu cependant de donner trois noms à
des régions déterminées de Y intejlin grêle, & d’en ufer
de même pour le gros intejlin.
Dans les animaux les plus fimples Yinteflin eft de
la même longueur, que le refte du corps ; tel eft fans
doute le polype. Dans les animaux plus compofés il
a des anfraâuofités & des plis qui l’alongent. L’intejlin
eft cependant généralement fort court dans les
infeCtes & dans les poiffons ; il y en a même dans
cette claffe, où Yinteflin ne furpaffe pas la longueur
de l’animal. Il eft affez court dans les oifeaux & plus
longs dans les quadrupèdes. La pie & la grue-trompette
Font extrêmement court. Il eft triple & quadruple
de la longueur de l’animal carnivore, comme
dans le lion, la belette ; fextuple dans l’homme ; extrêmement
long dans la gazelle, la renne ; & généralement
plus long dans ceux des animaux ruminans
qui fe diftinguent par leur vîteffe.
La partie grêle eft toujours plus longue que la partie
la plus groffe ; elle la furpaffe encore plus confi-
dérablement dans le quadrupède carnivore, dont le
gros intefîin eft toujours fort limple &: fort court.
Dans l’homme la proportion e f t d e u à j f , &
même au-delà.
Puifqu’il eft reçu de partager Y intejlin grêle & d’en
faire trois inteflins, il faut fuivre l’opinion reçue ou
du moins expliquer ce que les auteurs entendent par
duodénum, par jéjunum & par iléum.
Pour donner au duodénum des bornes précifes, on
entend fous ce nom la portion.de Yintejlin grêle, qui
eft entre Feftomac & le méfocolon tranfverfal, elle
eft placée dans la divifion fupérieure du bas-ventre,
ce méfocolon féparant cette divifion de l’inférieure.
Il commence au pylore, qu’il embraffe, l’extrémité
de Feftomac fe prolongeant dans la cavité de
Y intejlin, qui renferme cette extrémité ; c’eft ce que
Ton nomme valvule du. pylore.
La direâion & les attaches du duodénum font
affez difficiles, les voilà, d’après l’homme. La première
ligne de cet intejlin eft tà-peu-près tranfver-
fale, le duodénum s’y porte de gauche à droite juf-
qu’au cou de la véficule du fiel ; il fe porte en même
tems un peu en arriéré, & fait quelques petites courbures
qui fe compenfent. C ’eft la lame fupérieure du
méfocolon tranfverfal, qui couvre cette ligne du
duodénum.
La fécondé ligne eft oblique; elle defeend en arriéré
& en même tems à droite, & fe prolonge juf-
qu’à la partie inférieure du rein droit. C ’eft encore
la même lame du méfocolon, qui la couvre. C ’eft au
bas de cette ligne que le canal pancréatique, réuni
avec le cholédoque, s’ouvre dans cet intejlin.
La troifieme ligne fait un angle affez aigu pour
fe porter à gauche avec la veine rénale de ce côté,
& enfuite en - devant. Elle eft appuyée fur la lame
inférieure du méfocolon tranfverfal. Il fe contourne
enfuite par une ouverture faite par le méfocolon
réuni avec l’origine du méfentere, & defeend dans
la région inférieure du bas - ventre.
Ces trois lignes forment enfemble une courbure
confidérable, ouverte du côté gauche & fermée du
côté droit.
N’ayant qu’une lame du méfentere pour fe couvrir,
& n’étant pas enfermé entre deux lames, il eft
moins ferré que les-autres intejlins, il eft plus mou
& plus ample.
Le refte de Yintejlin grêle remplit la cavité inférieure
du bas - ventre & une partie du baffin & fe
termine dans la cavité des îles du côté droit, oit cet
intefîin s’ouvre dans le colon.
11 eft difficile de trouver la raifon qui a porté les
anatomiftes à partager cet intejlin. Il eft vrai qu’effec-
tivement la partie la plus voifine du duodénum eft
plus vafculeufe & plus rouge, que fes valvules en
font en plus grand nombre, qu’elle a moins de glandes
& que la matière alimentaire y eft plus fluide;
au lieu que la partie qui confine au colon, eft plus
blanche, moins vafculeufe, moins riche en vaiffeaux
lactés, mais fournie plus abondamment de paquets
glanduleux ; que la maffe des ali mens y eft plus
épaiffe & quelquefois même fétide.
Mais ce n’eft que l’extrémité fupérieure de Yintejlin
grêle , qui différé bien fenfiblement de l’extrémité
inférieure: les parties du jéjunum & de l’iléon ,
qui s’avoifinent, different très-peu , & le premier fe
change dans le fécond par des nuances imperceptibles.
Winflow a pris un parti tout-à-fait arbitraire en
fe fervant de la longueur feule pour diftinguer les deux
intejlins : il en attribue deux tiers au jéjunum, &C
trois à l’iléon. Je crois que l’on devroit en bonne
logique ne point féparer des inteflins que la nature
n’a pas diftingués.
\Jintejlin grêle en général eft un tuyau membraneux
, a - peii - près cylindrique, un peu plus étroit
cependant à la partie qu’embraffe le méfentere, &c
plus large à l’extrémité flottante. Ce tuyau eft capable
d’une grande extenfion ; on Fa vu cependant fe
rompre par l’effort des matières accumulées.
Cet intejlin, à la réferve du duçdéqum, n’a point
de direûion certaine ; il eft replié en mille contours
redoublés: il y a des animaux oii ces contours font plus
réglés; ils décrivent une fpirale dans le cochon.
La membrane extérieure vient du péritoine. Une
grande partie du duodénum n’en a point; le méfocolon
le couvre antérieurement, & en partie le pancréas.
Le refte de Yintejlin grêle eft renfermé entre
les deux lames du méfentere, qui s’écartent pour
l’embraffer & qui fe rejoignent fur la convexité de
Yinteflin. C’eft ce que l’on appelle membrane exlé-
rieure de Yintejlin. Elle eft firnple & blanche, fes
vaiffeaux font fort petits, & quelques expériences
nous apprennent qu’elle eft infenfible.
A la première approche du méfentere il refte entre
fes deux lames un peu de cellulofité ; peu-à-peu le
méfentere s’attache plus fortement à Yintejlin, & il y
eft collé fi exactement à la convexité flottante , qu’on
a éiruy reconnoîtrè des fibres mufculaires; ce n’é-
toient que celles- de Yinteflin. Malgré l’adhéfion du
méfentere, on a vu des exemples, où Fart, & même
la nature , a féparé Yintejlin du tuyau, que lui prête
le méfentere pour l’envelopper.
La cellulofité, dont nous avons parlé, eft appellée
la première. On y a vu de la .graiffe & des pelotons
graiffeux, que l’on a pris pour des glandes. On a vu
cette graiffe fe faire jour dans la cavité des intejlins,
& ïortir avec les excrémens.
La membrane externe des intejlins a , comme toutes
les autres membranes du corps humain, des pores
que l’eau pénétré. Quand on renverfe Yintejlin,& que •
cette membrane eft devenue fon enveloppe intérieure,
l’eau qu’on y féringuera, la pénétrera, &
dégouttera parla membrane veloutée devenue exté-:
Les intejlins de l’homme ont fous la première cellulofité
une enveloppe mufculaire: les quadrupèdes
Font généralement plus forte & plus épaiffe que
l’homme. Elle a deux plans de fibres. Les fibres longitudinales
fe continuent depuis Feftomac ; elles font
répandues fur toute la circonférence de Yintejlin y
mais plus preffées à la convexité flottante de Yintejlin
, elles ÿ font attachées à la tunique extérieure.
Le plan intérieur compofé défibrés annulaires,
eft plus robufte; elles font en général des angles
droits avec l’axe de Yintejlin. Elles ne font pas fpirales,
mais elles font quelquefois un peu obliques & font
des angles très-aigus avec les fibres voifines. Aucune
de,ces fibres n’acheve un anneau complet, elles font
compofées de fibres prefque droites qui, par un détour
de leur extrémité un peu recourbée, s’engagent
entre les fibres voifines. Elles forment plufieurs
plans placés les uns fur les autres.
Soüs' cette tunique mufculaire il y a une fécondé
cellulofité; elle eft lâche du côté de la tunique charnue;
& plus ferrée à mefure qu’elle approche de la
tunique veloutée. Sa partie la plus interne eft affez
ferrée pour avoir mérité le nom de tunique nerveufe.
C ’eft elle qui fait la bafe & la folidité de Yintejlin;
l’air n’eft retenu ni par la veloutée, ni par la tunique
mufculaire, dès qu’on a détruit la nerveufe.
Quelque folide que paroiffe la tunique nerveufe,
l’air feul la détruit & la diffout au point qu’il ne refte
qu’un tiffu cellulaire très-lâche. On y parvient en
renvérfant Yintejlin & en le fouillant ; l’air fuit alors
les vaiffeaux, qui de la première cellulofité pénètrent
dans la fécondé; il gonfle celle-ci & la réduit dans'
une efpeçe d’écume; on peut s’y prendre d’une maniéré
plus firnple, en faifant une petite incifion à la
veloutée & à la nerveufe, par laquelle on y introduire
de l’air. C ’eft une découverte d’Albinus que
nous venons de perdre. Cela ne réuffit pas dans les
animaux carnivores ; leur tunique nerveufe plus
ferme réfifte à l’air, & conferve fa folidité.
Albinus a confondu avec cette cellulofité celle
qu’on diftingue de nos jours fous le nom de troi-
Jzcme cellulaire des intejlins : elle eft placée entre la
nerveufe & la veloutée. C’eft dans fes petits efpaces,
que fe trouvent les glandes , & que fe ramifient les
nombreux petits vaiffeaux de la veloutée; elle fe
continue dans les valvules & s’étend entre les deux
feuillets dont elles font compofées, au lieu que la
tunique nerveufe ne s’enfonce que très- légèrement
dans cet intervalle. On fouffle la troifieme cellulaire
par une petite ouverture de la veloutée, elle
eft moins copieufe què la fécondé, & fe conferve
moins, parce que la veloutée réfifte mal à l’air.
On appelle veloutée l’épiderme qui defeend par la
bouche, qui fe continue dans.Feftomac, ôf qui ta-
piffe la furface intérieure du tuyau inteftinal : la chaleur
& Fhumiditc l’y changent, elles la rendent plus
molle & plus fpongieufe, & incapable de contenir,
Tom e UI.
cômme le fait l ’épiderme externe, la matière de la
petite vérole: àuffi eft-ce une erreur de dire que
dans cette maladie on trouve des pullules dans les
inteflins.
Elle retient de la nature de Fépiderme la facilité de
fe reparer : on a de nombreux exemples -, que des
lambeaux confîderables de cette tunique fe font détachés,
&c fontfortis du corps, & qu’avec lé tems
le* malade ayant été guéri , cette veloutée a été
rétablie en entier. , v
Dans les chenilles, lorfqu’elles vont quitter leur
epiderme & développer le papillon caché, cette veloutée
fe fend, une partie fe retire en - haut, & devient
une véficule pleine d’une liqueur alkâline ; !
l’autre partie demeure attachée à l'intejlin. Auffi' le
papillon ne mange-t-il point, &c confacre les jours
qui lui relient à l’amour.
Il eft à préfumer que la tunique veloutée eft infenfible,
tant parce qu’elle eft Fépiderme même'pro-
longee, que parce qu’expofée à des alimens âfcries,
& quelquefois meme briilaas,, du moins dans l’ôefo-
phage & dans^l’eflomac, à des liqueurs fpiritueU'fes,
à des corps meme étrangers, durs & angulaires, elle
ne feroit fenfible que pour redoubler les-malheurs
de l’humanité.
* Elle eft beaucoup plus ample, que ne l’eft la tunique
nerveufe: elle occupe cependant un plus petit
efpace étant intérieure ; fon ampleur doit donc né-
ceffairement la pliffer, & la faire defeendre dans la
cavité de Yintejlin. Elle-le fait par des plis, dont
elle fait les deux pages, & qui fe terminent par un
tranchant émouffé, ce font les valvules. D ès que Fon
augmente le volume de Yintejlin & que l’on donne à
la tunique veloutée l’étendue naturelle convenable à
fon ampleur, les valvules s’effacent entièrement.
Ces memes valvules ne doivent pas être jugées fur
des préparations feches, ni fur des figures deffinées
d’après ces préparations. On les y repréfente comme
des anneaux folides & tranchans: mais dans l’animal
vivant elles font molles, flottantes, fans direction
ni fituation déterminée, elles obéiffent aux alimens
ou à Fair contenu dans les inteflins. Dans le
duodénum elles font plutôt longitudinales ; dans le
refte de Yinteflin grêle elles font affez tranfverfales &
parallèles. On a déjà dit qu’elles font beaucoup plus
nombreufes dans la première partie de Yinteflingrêle,
& plus rares dans la derniere. Elles décri venrdes arcs
de cercle & jamais des cercles parfaits; elles fe réunifient
avec leurs voifines par de petites rides obliques
; leur partie moyenne eft la plus élevée ; leur
tranchant va en ferpentant & par ondes.
La tunique veloutée tire fon nom des flocons dont
elle eft toute couverte, du moins dans Yinteflin grêle.
Ce font de petites membranes coniques, flottantes ,
fimples ou compofées, formées par Fépiderme & par
la troifieme cellulofité, extrêmement vafculeufes &
faciles à colorer par Finjeftion. Leur ftru&ure n’a été
découverte pleinement que par M. Liéberkuhn.
Il a trouvé qu’elles enjambent l’une fur l’autre
comme le font les tuiles. La principale partie de ces
flocons eft une ampoule ovale, placée dans la troifieme
cellulaire, &c ouverte dans le tuyau de Yin-
tejlin par un feul orifice; fa cavité paroît remplie
d’une cellulofité très - fine. Chaque flocon reçoit une
artere, une veine, un nerf. Ces vaiffeaux forment
un réfeau dans la cellulofité, les arteres font plus
nombreufes & les veines plus grandes ; les veines &
les arteres s’ouvrent dans l’ampoule, & la matière
injeâée la remplit & s’y fait jour dans la cavité de m ■ 1 1
L ampoule elle-meme eft l’embouchure abfor-
bante des vaiffeaux laâés : elle pompe le chyle qui
s’attache de lui-même au velouté de Yintejlin. Les
vaiffeaux lattés en naiffent, Nous en donnerons
L L 11