Cette ville fut prife par les Anglois lorfqu’ils âflie-
;gerent Orléans en 1428 , reprife en 1419, par Jean,
duc d’Alençon, & la Pucelle d’Orléans. '
C’eft la patrie des trois freres Gaignieres q u i,
quoique de baffe naiffance, s’élevèrent par leur mé*
rite dans le dernier fiecle , aux premiers- honneurs
-de la guerre: ils mirent le comble à leur gloire en
ne rougiffant jamais de la pauvreté de leurs parens.
La Martiniere. Dictionnaire de la Croix, tome / ,
page 1 Sx, -édition 1766. (C .)
JARGON , f. m. ( Belles-Lettres, Poèfie. ) I l n'a
•manqué à Molière que d'éviter le jargon & d'écrire pure-
ment, dit la Bruyère ; Sc il a raifon quant à la pureté
du ftyle. Mais quel eft le jargon qu,e Moliere auroit
dû éviter? Ce n’eft certainement pas celui des pré-
cieufes & des femmes favantes, : il eft de l’effence
de fon fujet. Ce n’eft pas celui d’Alain & de Geor-
getteî il contribue à caraétérifer leur naïveté villa-
geoife, & à marquer la précaution ridicule de celui
qui en a fait les gardiens d’Agnès. Ce n’eft pas non
plus celui que Moliere fait parler quelquefois aux
gens de la cour & du monde , car il n’imite les Angularités
recherchées de leur langage que pour tourner
en ridicule cette même affeûation. Nulle recherche
dans le langage du Mifantrope, ni du Chrifale
des femmes favantes, ni de Cléante dans le Tartuffe;
Sc ce qu’on appelle le jargon du monde, il le réferve
à fes marquis.
Scarron, dans fes pièces bouffonnes, employoit
un buriefque emphatique du plus mauvais goût. Ce
jargon fait rire un moment par fa bifarre extravagance
; mais on a honte d’avoir ri.
Le jargon villageois a été heureufement employé
quelquefois par Dufredi &-par Dancourt : il eft très-
bien placé dans le jardinier de YEfprit de contradiction;
mais Dancourt, dont le dialogue eft fi v if, fi gai,
fi naturel, s’eft éloigné de la vraifemblance en entremêlant
fans raifon dans les perfonnes du même
état le jargon villageois Sc le langage de la ville :
dans les trois Confines, fes payfannes parlent comme
des demoifelles, Sc leurs peres Sc meres comme
des payfans.
Le jargon villageois a quelquefois l’avantage de
contribuer au comique de fituation , comme dans
l ’Ufurier gentilhomme ; c’eft-Jà fur-tout qu’il eft piquant.
Quelquefois il marque une nuance de fimpli-
cité dans les moeurs, Sc Moliere s’en eft habilement
fervi pour diftinguer la fimplicité grofliere de Geor-
gette, de la naïveté d’Agnès. Mais fi le jargon villageois
n’a pas l’un de ces deux mérites, on fera
beaucoup mieux de mettre un langage pur dans la
bouche des payfans. L’ingénuité, le naturel, la fim-
ciplité même n’a rien d’incompatible avec la correction
du langage. Mais ce qu’il y a de plus incompatible
avec le jargon villageois, c’eft un rafïnement
d’expreflion, une recherche curieufe de tours fin-
guiiers ou de figures étudiées ; Sc c’eft ce qui gâte
le naturel des payfans de Marivaux.
Dans la langue italienne, les différens idiomes font
annoblis , parce qu’il n’y a point de ville principale
qui donne exclufivement le ton, Sc parce que de
bons, écrivains les ont tous employés, Sc quelquefois
mêlés enfemble, non-feulement dans la comédie
, mais dans des poèmes badins.
Le jargon du monde & de la cour a fa place dan?
le comique : Molière en a donné l’exemple ; mais on
en abufe fou vent; Sc parce que dans une piece moderne
d’un coloris brillant & d’une vérité de moeurs
très - piquante, ce jargon employé avec goût, Sc
fiemé de traits & de faillies, a réufli au théâtre, on
n’a ceffé depuis d’écrire d’après ce modèle, Sc de
copier ce jargon. Les jeunes gens ne parlent plus
d’autre langage fur la feene comique ; aux perfonna-
ges même qu’on ne veut pas tourner en ridicule
oh donne fans difeernement ce ridicule de l’expref-
fion, Sc cela, faute de cortnoître le ton du monde Si
de la cour, dont le vrai cara&ere eft d’être uni Sc
fimple. ( M. Ma rm o n t e l . )
JARLSBERG, ( Géogr.) comté de Norvège, dans
la préfecture de Chriftiana : il eft de vingt-cinq paroif-
fes, Sl renferme la ville de Tonsberg. L’on y découvrit,
en 1729 , une bonne mine d’argent, Sc l’on y a
d’ailleurs pour reffources la pêche & l’agriculture :
c’eft un des cantons du royaume les moins ftériles en
grains. La famille de "Wedel en eft en poffeffion.
( P .G . )
JAROSLAWL, (Géogr. ) grande ville de laRuflîe
en Europe, dans le gouvernement de Mofcov, à
^embouchure de la Weda dans le Wolga. C’eft là
capitale d’une province qui a eu jadis fes ducs particuliers
, Sc qui comprend encore les villes de Ro-
manov & de Luth : & c’eft une des villes les plus
commerçantes de l’empire ; il y a d’immenfes ma-
gafins de draps, de toiles & de cuirs fabriqués dans
fes murs & à la ronde : on y livre , on y débite Sc
l’on y expédie les marchandifes avec un ordre admirable
; & celles que l’on y tire de l’étranger y
font de même reçues, tenues Sc expofées en vente
avec tout le foin poffible. Le négoce y trouve , dit*
on, en un mot, plus de facilités que par-tout ailleurs
en Ruffie. C ’eft dans cette ville que le duc de Cour-
lande , mort il y a quelques mois, paffa l’exil que
l’impératrice Elifabeth lui fit fubir. ( D . G. )
§ JASMIN, ( Bot. Tard.') en latin , jafminum; en
anglois, jafmine ; en allemand , jafmin.
Caractère générique. •
Un calice permanent, cylindrique Sc divifé eil
cinq parties aiguës, porte une fleur monopétale
découpée auffi par les bords en cinq .fegmens qui
s’étendent : au fond du tube de la fleur font attachées
deux étamines courtes Sc terminées par des fommets
alongés : dans le milieu fe trouve un embryon
arrondi furmonté d’un ftyle. L’embryon devient une
baie ovale Sc fucculente qui renferme deux femen*
ces plates du côté oit elles fe joignent, Sc convexes
dans leurs côtés extérieurs*
EfpeceSï
1. Jafmin à feuilles oppofées empennées, à folio*
les pointues. Jafmin blanc commun.
Jafminum foliis oppojitis pinnatis, foliolis acumina*
tis. Mill.
Common white jafmine.
2. Jafmin à feuilles alternes, tantôt fimples, tantôt
à trois folioles, à branches anguleufes. Jafmin
jaune commun.
Jafminum foliis alternis, ternatis, fimplicibufque a
ramis angulatis. Hort.Cliff.
Common yellow jafmine.
3. Jafmin à feuilles alternes, à folioles larges Sc
entières à trois ou à cintq, dont là terminale eft
pointue, à branches rondes& polies, à fleurs jaunes
Sc baies noires.
Jajminum foliis alternis, foliolis lads integerrimis
ternatis & quinnads extimo cufpidadm definente, ramis
laviter angulatis ,coidce glabro, flore luteo ,fructu ni-
gro. Hort. Colomb. Cètteefpece n’eft pas dans Miller*
4. Jafmin à feuilles alternativement empennées
&ternée s, à rameaux anguleux. N°. 2 de Miller.
Jafmin jaune d’Italie.
Jafminum foliis alternis ternatis, pinnadfque, ramis
angulatis. Hort. Upfal.
Itàlian yellow jàfmine.
5. Jafmin à feuilles oppofées, empennées; à fo-;
lioles courtes Sc obtufes. Jafmin d’Efpagne.
Jafminum foliis oppojitis pinnatis, foliolis breviori-
bus obtujis. Miller.
Çatalonian jafmine.
6. jafmin à feuilles alternes en trefle, à folioles
Ovales à rameaux cylindriques.
• Jafminum foliis alternis ternatis, foliolis 'ovads ,
ramis teredbus. Miller.
Iellow Indian jafmine.
7. Jafmin à feuilles oppofées en trefle, à feuilles
eordiformes pointues. Jafmin des Azores ou
Açores.
Jafminum foliis oppojitis ternatis, foliolis cor data-
acuminads. Mill.
Aqorian jafmine. Ivy-leaV’d jafmine.
8. Jafmin à feuilles lancéolées, oppofées , très-
entieres ; à fleurs folitaires, portées par des calices
dont les fegmens font très-aigus. Jafmin de Malabar
à fleurs larges.
Jafminum foliolis lanceolads oppojitis integerrimis 9
■ calicibus acutioribus, pedunculis unifions. Mill.
■ Large Jlowering Malabar jafmine.
Quelques auteurs ont rangé l’arbre café parmi
les jafmins, Sc certainement la reflemblance eft parfaite
à l’égard de la baie ; mais la fleur eft très-différente
; celle du café n’eft point découpée par les
bords, & celle du jafmin eft divifée en cinq parties.
-La fleur du jafmin n’a que deux étamines ; celle du
café en porte cinq.
Le jafmin n°. /, originaire de la côte de Malabar
& de quelques autres parties des Indes, a été apporté,
il y a très-Iong-tems en Europe ; on l’à fait
paffer fucceflivement des ferres chaudes dans les
orangeries ; maintenant on le plante en pleine terre
à de bonnes expofitions , Sc nos hivers les plus
rigoureux ne lui font effuyer que peu de perte. Cet
ancien, colon a prodigieufement multiplié fous nos
ciels froids, Sc peut-être le tems Sc l’habitude pourront
ils le naturalifer entièrement : quoique fes fleurs
abondantes brillent fans nombre fur fes tiges, Sc
qu’elles ajoutent aux exhalaifons odorantes de l’été
des parfums délicieux, il ne s’eft point encore juf-
qu’à préfent prêté à l’aéte de la génération qui demande
le concours de toutes les forces végétales.
On ne l’a pas encore vu fruûifier en Europe.
On fait que le jafmin eft très-propre à garnir des
murs Sc des treillages dans les lieues abrités. Il y en
a une variété à feuilles panachées de jaune , Sc une
à feuilles panachées de blanc. La première fe plante
à l’expofition de l’eft Sc du couchant ; la fécondé
plus délicate , demande le midi ou le fud-eft.
Le jafmin commun eft un des plus précieux orne-
mens des bofquets de juillet Sc d’août. On peut eii
garnir le bas des tonnelles, il embaumeroit délicieu-
fement l’air frais qu’on y va refpirer. Qu’on le jette
en buiffon parmi des arbuftes toujours verds qui lui .
ferviroient d’abri, Sc fur lefquels fes feftons fleuris
ferpenteroient avec grâce ; qu’on le déploie en haie
devant une paliffade de ces arbuftes, qui le pareroient
des vents froids ; fous toutes ces formes il fera d’un
effet charmant, Sc ce tribut de l’In.de embellira nos
étés. C’eft à l’Orient que nous devons les fleurs, les
fruits Sc les arts de notre fauvage Europe. Ôn aura foin
de répandre de lalitiereaupied des jafmins pour garantir
leurs racines, fi on enveloppé leurs branches
dans de la paille , on aura le plaifir de les voir entières
au printems ; Sc l’on pourra élever les jafmins
pliis. vite à la hauteur qu’on veut leur donner. Ils
fe multiplient • fans peine par les marcottes qii’on
couche au printems, un an après elles font pourvues
de bonnes racines. C’eft vers la mi-avril qu’il convient
de les tranfplanter. Les boutures doivent être
faites en automne & abritées l’hiver. Elles m’ont
bien reufli en avril & encore mieux en juillet.
La fécondé efpece s’élève fur plufieitrs verges
greles, vertes, à côtes faillantes, à la hauteur de huit
ou dix pieds ; on appuie ordinairement ce jafmin
contre un mur ; mais il eft plus agréable de le plan-.
ter par touffes dans les bofquets d’été Sc d’automne :
fes feuilles font d’un verd obfcur Sc luifânt, & fe
confervent tout l’hiver, lorfque cette faifôn n’eft
pas tres-rigoureufe. Par les grands froids il perd
quelques branches, Sc l’écorce des autres fè tâché
d’une galle noire. Les fleurs naiffent folitairés vers
le bout des bourgeons, elles paroiffent dès là fin dé
juin , Sc quelquefois on en vôit encore en novembre
; elles font d’un jaune vif, Sc font un joli effet
éparfes fur la verdure fombre qui les fait reffortir ;
mais elles font inodores. C e jafmin fe multiplie très-
aifément par la quantité de furgeons qu’il pouffe dé
fon pied. On peut lui confier les greffes des jafmins
jaunes plus précieux.
Plufieurs raiforts notis portent à croire qite rtotré
nç . j différé de notre n°. 4 ; nous ne l’affurons cependant
pas pofitivenient. Ce jafmin eft fuflifam-
ment décrit par fa phrafe ; nous le confervorts eil
pleine terre ians abri depuis plufiéurs années , Sc il
brave afféz bien les hivers rigoureux. Nous l’avonS
vu fruétifier.
Le jafmin, n°. 4 , porte quelquefois leriom Ae jafmin
d’Italie. Les Italiens qui apportent des orangers
dans nos climats , fe chargent auflï de ces jafmins *
La fleur eft plus large que celle des jafmins jaunes
communs fur lefquels on peut l’écufîbnner ou le
greffer en ente Sc en approche. Le feuillage eft
glacé, fort agréable Sc prefque perenne. Ces ja fmins
greffés font plus durs que ceux élevés de marcottes
ou de boutures. Il peut fupporter le froid dé
nos hivers ordinaires, fi on le plante à une bonne
expofition. On le conferve communément dans les
ferres avec les lauriers.
Le n°. 5 eft appellé ordinairement jafmin fE f -
pagne, mais'il eft naturel de l’Inde Sc de l’îlé de
Tabago : tout le monde connoît ce bel arbufte Sc
fes fleurs légères , dont les pétales d’ün blanc éclatant
en dedans, font colorés en dehors d’un incarnat
délicieux, Sc exhalent l’odeur la plus fuave : ce
qui le rend encore plus précieux, c’eft qu’il fleurit
toute l’automne Sc une partie de l’hiver. M. Linnæus
n’en fait point une efpece diftinâe. Il l’a pris mal-à-
propos pour une variété du jafmin commun. Miller
croit qu’il a été trompé par les rejets du deffous
de la greffe qui l’ont affamé, Sc ne lui ont préfenté
que l’afpeft du jafmin blanc commun fur lequel on
l’éCuffonrie, on l’ente ou on le greffe en approche.
J’ai vu pratiquer l’ente de ce jafmin d’une maniéré
fort ingénieufe : on prend un feion de jafmin d’Efpagne
de la même groffèur que le bout coupé du fujet.
On applatit ce feion en forme de coin & ori l’ajufte
dans la fente, de maniéré que les écorces coïncident
des deux côtés , Sc que les canaux médullaires
s’abouchent ; ainfi cette greffe reçoit la feve du fujét
de tous les cptés. Cette greffe ingénieufe pourroit
s’appliquer utilement à d’autres arbres d’urië ente
rébelle.
Lorfqu’on veut acheter des jafmins d’Efpagne
des marchands Italiens, il faut choifir ceux dont ïa
greffe n’eft ni chancée ni ridée ; on doit enfuite ôter
les rejets qu’ils pourroient avoir pouffes de leur-
pied, Sc plonger leurs racines dans un vafè eirtpli
d’eau qu’on mettra dans l’orangerie; au bout de deux
ou trois jours , on les en tirera pour rafraîchir les
branches & les racines , & on les plantera dans des
fpots emplis de bonne terre légère ; on enterrera ces
pots dans une couche tempérée, ombragée avec des
paillaffons, Sc lorfqu’ils âufontfait une pouffe fuf-
fifanté, on les accoutumera graduellement à l’air
libre & à l’a&ion des rayons folàires. Ces jafmins
peuvent foütenir nos hivers en pleine terre , fi ou
les plante près d’un mur expoié au midi pour les
paliffer contre un treillage; mais on rie doit point
oublier de mettre dès le mois de novembre de la