moÿen de fondre les callofités des ulcérés feroif dè
faire des injeélions fortes St corrofives, fi on pou-
voit les faire fur les parties feulement ; mais comme
elles arrofent les parties faines , elles irritent celles
qui ne font pas ulcérées St augmentent le mal ;
de-là l’impoffibilité de guérir la morve par les cau-
lliques. Ainfi dans la morve invétérée, où les ulcérés
font en grand nombre, profonds & fameux, où les
vaiffeaux font rongés, les os cariés St la membrane
pituitaire épàiflie , je ne crois pas qu’il y ait de
remede : le parti le meilleur eft de tuer les chevaux,
pour éviter les dépenfes inutiles qu’on pourroit
faire pour tenter leur guérifon.
. Quand on a pour diagnofiic la fupprelîîon des
larmes par les narines, il faut toujours inje&er de
haut en-bas , ou de bas en-haut, le canal lacrymal.
L’injeûion le fait à la vérité plus aifément en-bas
qu’en-haut ; mais comme le canal eft plus étroit en-
haut qu’en-bas, Si que les matières qui font épaiffes
ne fauroient fortir par en-haut fans forcer ce conduit,
on doit la faire par les conduits lacrymaux, principalement
par celui de la paupière inférieure. C ’eft
ainfi qu’on parvient à déboucher aifément le conduit
lacrymal. L’injeâion ne doit être dans les premiers
tems que d’une eau très-légère de graine de
lin : on fe fervira enfuite des injeûions de leflive
ci-deffus.
Le farcin eft, après la morve, la maladie la plus
terrible St la plus fréquente. Il produit même fou-
vent la maladie dont nous venons de parler. On
donne le nom de farcin à certains boutons, à certaines
galles, à certains ulcérés répandus plus ou
moins fur la furface du corps ; mais l’arrangement
de ces boutons, leur multiplicité, leur fituation ne
fervent prefque de rien pour décider fi c’erft le farcin
ou une autre maladie ; on n’en peut juger que
par le taû : combien voit-on de chevaux avoir le
farcin, St avoir les jambes rondes comme des pots-
à-beurre , qui percent dans certains endroits fans
que l’on puiffe appercevoir de tumeur circonfcrite.
Dans d’autres, les boutons fontSuperficiels ; dans.
d’autres, ils font très - apparens ; mais ces différences
ne fuffifent pas pour carattérifer le farcin ;
il y en a bien d’autres que nous indiquerons tout-
à-l’heure.
Quant aux caufes primordiales du farcin, elles
ne font guere connues ; cependant à examiner les
tumeurs & les plaies qu’occafionne ce virus , il y a
lieu de croire que c’efl tantôt un vice de la partie
rouge du fang, St tantôt un vice de la partie blanche
& non pas une feule St même efpece.
Le virus farcineux occupe dans certains chevaux
les vaifleaux de la peau ; dans d’autres, les vaifleaux
fanguins ; & dans d’autres, les vaifleaux de la tranf-
piration : il s’en trouve chez lefquels le fiege de cette
maladie eft dans le tiflii cellulaire ou dans le corps
des mufcles. En ouvrant les ch e v au x o n a trouvé
plufienrs fois des abcès placés dans le corps des
mufcles. Quelquefois ce vice n’attaque que les glandes,
jamais, ou prefque jamais , les parties tendineu-
fes Si ligamenteufes. On voit tous les jours des
chevaux avoir une jambe , fur-tout celle de derrière
, extrêmement engorgée St remplie de dépôts
, quoique les glandes inguinales ne foient pas
engorgées : on en voit d’autres dont les glandes des
ars & des aines font engorgées, fans que les jambes
le foient & fans qu’elles le deviennent. On remarque
encore des boutons durs fur les feffes, fur ies
côtes qui produifent tantôt un pus louable, tantôt ne ;
fourniffent qu’une férofité plus ou moins fanieufe.
Toutes ces différences fuffifent pour prouver que le
vice du farcin n’occupe pas toujours les mêmes parties;
qu’il n’eft pas toujours le même, St que la curation
par conféquent en doit être différente.
Les caufes fécondés font les mauvais fourrages, le
long repos, le peu d’attention à étriller les chevaux,
un arrêt de la tranfpiration , de fréquens exercices,
une trop grande déperdition defueur, & le eontaél
d un cheval farcineux. Les chevaux entiers & principalement
ceux de meflagerie & de charrette , y font
plus fujets que les autres.
Cette maladie eft plus ou moins difficile à traiter '
félon les parties qu’elle occupe. Celle qui eft dans la
peau eft phlegmoneufe on fquirrheufe : dans le premier
cas, on doit employer les relâchans ; dans le
fécond, on emploiera les réfolutifs. Mais Comme ces
remedes ne réuffiffent pas toujours, St que fouvent
ces galles font autant de petits cancers , on rafera
ces tumeurs avec le biftouri St on les fera fuppurer.
Il faut donner intérieurement les fondans de la lymphe
: on donnera pour boiffon au cheval les eaux
ferrugineufes.
Le farcin qui attaque le tiffu cellulaire commence
toujours par un phlegmon, puis dégénéré en kifte.
Il faut donc le traiter comme l’inflammation ; mais
quand la tumeur devient enkiftée, il faut l’ouvrir de
peur que le féjour du pus ne forme un ulcéré de man-
vaife qualité. L’ouverture faire, on appliquera un
digeftif animé: mais comme les remedes externes ne
fuffifent pas, il faut employer en même tems les internes.
Après quelques jours de traitement, l ’exercice
eft falutaire; l ’on en fauve tous les jours en les
faifant^ travailler. Quelquefois les boutons qui font
pour l’ordinaire cordés, percent, & les bords de la
plaie fe renverfent ou fe replient fur la peau en cul
de poule: dans ce cas, il fautrafer les boutons & y
paffer enfuite la pierre infernale, puis y exciter la
fuppuration : cet accident n’arrive qu’aux boutons
qui produifent une férofité fanguinolente, St non à
ceux qui forment un pus louable.
„ Le farcin, qui occupe les parties charnues , eft
difficile à traiter, rarement le guérit-on. Ce virus
fe jette fouvent fur les vifceres, tels que le péritoine
, les reins, &c. mais le plus communément fur
les poumons, ou fur la membrane pituitaire ; quelquefois,
après avoir affefté les p rem ie r s il va ronger
celle-ci. Outre les remedes énoncés, onpaffe au
cheval un féton de chaque côté du co l, & on a foin,
après l’avoir graifle tous les jours, de le retourner
pour procurer une grande fuppuration. Mais rarement
le cheval guérit quand le virus s’eft porté fur
un des vifceres ou fur la membrane pituitaire.
Le farcin qui attaque les glandes fe traite comme
celui du fquirre de la peau ; fi ce n’eft que fur la fin
de la curation , en fe fervant du cheval, on lui fait
manger dans du fon , ou prendre en breuvage des ~
poudres de graines aromatiques. On emploie en
même tems tous les remedes quelconques.
Maladies des yeux. L’humeur aqueufe peche par
fa diminution , par fon altération ou par fa trop
grande abondance ; cette derniere caufe , qui eft la
plus commune, vient fouvent de coups donnés dans
le globe de l’oe il, de-là l’arrêt de l’humeur aqueufe
dans la chambre antérieure. Les remedes de cette
maladie font faciles à imaginer.
La lunatique n’eft autre chofe qu’un épaiffiffement
de l’humeur aqueufe , occafionnée par fon féjour
dans la chambre antérieure de l’oeil St par l’opacité
de la cornée tranfparente, elle eft affez fouvent
héréditaire ; elle arrive fur-tout aux chevaux élevés
dans les marécages. Dans ce cas, il faut appliquer
un féton ou deux fur la crinière du cheval r
& laver les yeux avec de l’eau fraîche tous les matins.
Quelquefois ce mal arrive à la fuite d’un coup
fur la cornée tranfparente, l’humeur aqueufe s’épaif-
fit, féjourne, devient âcre, St corrode l’uvée. Dans
ce cas, on donnera un coup de lancette dans la
chambre
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chambre antérieure pour ouvrir une iffue k la matière
épàiflie.
La paupière fupérieure peut être relâchée par
coups pu paralyfie. Dans ce demi et cas., il faut couper
la paupière, enforte que l’on voie la pupille ,
St que les rayons de lumière puiffent y pénétrer
La même chofe arrive au cartilage? nommé onglée;
les remedes font auffi les mêmes. Les paupières fe
joignent rarement fans pouvoir être féparées ; ainfi
il fuffit- dans ce cas de les baffiner avec de l’eau
tiede.
La catara&e eft une opacité plus ou moins grande
du cryftallin , qui eft tantôt blanche , tantôt jaune»
Il eft aifé de reconnoître cette maladie en examinant
le cheval en face à la fortie d’une écurie, Pon voit
un corps plus ou moins blanc, que l’on appelle dragon.
Ce niai eft prefque toujours incurable, non-
feulement à caufe de la difficulté de l’opération, mais
même à caufe des fréquentes contrarions du mufcle
rétra&enr.
Le fquirre St le cancer des mammelles peuvent
être occafionnés par différentes caufes , qui font
à-peu-pres les memes que celles qui produifent ces
maladies dans les mammelles de la femme. Le plus
prompt & le plus fur remede eft d’emporter tout le
ïquirre, ou cancer, avec un biftouri fans en rien
lâifler , enfuite d’attirer la plaie à fuppuration.
■ Lorfqu’après une courfe forcée & une longue
fatigue , le cheval eft tout en fueur, elle lui découle
du co l, du poitrail & des jambes fur les extrémités
& fur le pied. Quelque tems après, fi on porte
la main fur les jambes , on fent que cette fueur eft
refroidie , & cpie les jambes font froides depuis
1 épaulé jufquen-bas; mais on s’apperçoit que le
froid va en augmentant à mefure qu’on defeend
vers le pied ; c’eft ce qu’on appelle , cheval froid
dans les épaules. Si on laiffe la fueur fur les jambes
elle y feche ; ou, ce qui revient au même, ce fera
1 eau fi on lui lave les jambes, ou fi on le mene à la
riviere , & qu’on ne l’efluie pas. Le lendemain on
remarque que le cheval a peine à marcher, que les
jambes de devant femblent être d’une feule piece,
que les articulations ne jouent plus ; c’eft ce qu’on
appelle cheval pris des épaules. L’animal, en marchant
, fe déroidit, les articulations fe dénouent,
puis il marche fans boiter, comme s’il n’avoit point
de mal, & cela parce que le mouvement mer en jeu
les fibres, les dégourdit & ranime la circulation :
mais, il retombe dans le même- état par le repos,
parce que les fibres ayant une fois perdu leur, ref-
fo r t , ne le reprennent pas facilement. Cet accident
n’attaque quelquefois, qu’une jambe, mais le
plus fouvent les deux jambes de devant en même
tèms. C ’eft un mal fâcheux, il eft rare de le guérir.
Pour prévenir ce mal, il faut, dès que le cheval
revient de fa courfe , faire tomber la fueur avec un
couteau de chaleur , effuyer avec un linge, St frotter
fortement les jambes avec un bouchon de paille
has en-haut à rebrouffe- p oil, afin d’empêcher
1 epaiffiffement des* humeurs St l’engourdiflement
des fibres. Par cette précaution, on préferve toujours
le cheval de'cette maladie. Pour la curation,
les indications qu’on a à remplir font de ranimer le
jeu des fibres , d’augmenter la férofité du fang , de
rendre la fluidité aux humeurs. Pour cela il faut
i • donner au cheval une bonne nourriture , du fon
"■ de la farine d’orge ou de fèigle délayée dans
beauçoiip d’eau : les bons alimens augmentent le
iquidè animal, St raniment par-là les parties. z°. Il
xaut fomenter les jambes avec une décoction de
plantes aromatiques St les frotter à rebrouffe-poil.
, axs ® meilleur remede, c’eft le bain des eaux
ermales, ou les boues de ces eaux ; elles mettent
de la fefofife dans le fang, & fortifient en même
Tome III.
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tems les fibres , leur rendent leur reflort Sc rétablif-
fent les fondions.
On dit que le cheval fe couche en vache, de maniéré
que le coude appuie fur l’éponge de dedans;
la compreflion de l’éponge fur le coude y fait- fou-
vent venir des. tumeurs de différentes efpeces , qui
le diflipent d elles-memes lorfqu’elles font nouvelles,
lur-tout fi l’on remédie à la ferrure. Dès que ces
tumeurs commencent à fe former , il faut tâcher de
les réfoudre par le moyen des réfolutifs, St ferrer
court. Mais quand elles font anciennes, remplies
d eau rouffç, de pus, &c. il faut les ouvrir. Si la
tumeur eft formée par des chairs fpongieufes il
lau u ’extirper par le moyen des inftrumens.
L’enflure des jambes peut être phlegmoneufe;
mais le plus fouvent, c’eft un amas de férofité.dans
de ces parties q u i, en féjournant,
s epaiffit & fe durcit, de maniéré que les tuniques
des tendons St le corps cellulaire font tellement
endurcis , qu’on croiroit couper des tranches de
lard. La bouffiffure des jambes fe connoît aifément
par l’enflure, le .défaut de douleur St l’impreffion
du doigt qui refte. La fimple bouffiffure peut fe guérir
, mais l’oedeme endurci, qui forme une tumeur
reffemblante à du lard , ne fe peut guérir , vu la dé-
licateffe des parties/ur lefquelles elle fe trouve. Les
remedes de la bouffiffure font à-peu-près les mêmes
que ceux de l’oedeme. Les fudorifiques, les fomen-
tations.aromatiques , l’exercice font recommandés.
Mais fi la lymphe épanchée dans le tiffu cellulaire
eft endurcie, ces remedes font infruâueux ; on doit
avoir recours au feu qu’on met par raies ; Iorfque
l’oedeme eft dans le paturon , on met le feu par
pointes. C ’eft le moyen le plus efficace. .
On appelleyWer enflé le gonflement total de cette
partie : il doit communément fonprigine à un vice des
humeurs , ce qui fe manifefte par une inflammation.
Le gonflement du jarret eft quelquefois opiniâtre*
ce qui annonce un épaiffiffementde la lymphe dans
les tuniques, qu’on ne fauroit guérir fans l’application
du feu qu’on met en patte-d’oie ; ce qùi opere
plus d’effet que les pointes. Le jarret eft encore ex-
pofé à d’autres maladies, dont nous allons parler,
telles que le vefligon, la molette, &c.
Le vefligon eft pour l’ordinaire une tumeur molle
qui furvient au jarret, à la partie inférieure du tibia*,
entre- lui St le tendon extenfeur de l’os du jarret
tantôt en-dedans, tantôt en-dehors. Si cette tumeur
paroît des.deux côtés, on l’appelle veffigon 'chevillé.
Ce rnai vient d’un effort que le chevafa fait dans
cette partie : on le guérit par les fomentations réfo-
lutives, le feu qù’on applique en raies ou en pointes.
Le caplet ou paffe-campagne eft une groffeur
flottante fur la pointe du jarret; elle n’attaque que
la peau St fon tiffu : ce n’eft q.u’un épanchement de
férofites. Les caufes les plus communes-font leS
coups. : •
On appelle molette une petite tumeur molle & indolente
qui vient ordinairement au boulet fur le
tendon , & plus fouvent entre le tendon & l’os du
canon ; quelquefois elle forme une tumeur en-dedans
St en-dehors : c’eft la même maladie que le veffigon;
St elle fe traite de la même maniéré.
Le jardon eft une tumeur dure qui s’étend depuis
la partie poftérieure & inférieure de l’os du jarret,
jùfqu’à la partie fupérieure &, poftérieure de l’os du
canon , fur le tendon fléchiffeur du pied. La caufe
vient d’une, extenfion de l’un des tendons de cette
partie. Si le mal eft récent, il faut les émolliens • s’il
eft ancien ,, il y, faut le feu.
Les poireaux ou fie, font dé; petites tumeurs dont
la bafe eft plus .étroite que l’extrémité ; ejiès font
recouvertes d’une petite pellicule grisâtre, dénuée
de poils St aride ; on les détruit en les coupant ou en Jil