J i l l III
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elles font -d’an verd luilant i le fruit eft petit & n’eft
pas bon à manger.'
Le figuier n° . g eft un petit àrbrè qui atteint fiirun
trône vigdiireux & droit à vingt pieds de haut : lés '
feuilles font larges, ovalès, fofdës ; elles ont environ
quatorze pouces de long fur un pied de large ;
elles font d’une cottfiftance épaiffe , très douces au
toucher, arrondies par le bout, &d'erifées' vers le
pétiole1; lè delïlfs eft d’un verd luifant; le défions eft
de couleur glauque ou vèrd de mer : il croît naturellement
darîs: l’Inde.
La dixietné efpece eft une production ' des Indes
occidentales ; cefiguier s’élève à vingt pieds de
haut ; lès branches font couvertes d’une écorce blanche;
les feuilles font d’un vèrd brillant par le-defïus,
& d’ùn verd pâle en-deffous : les fruits font d’un pourpre
obfcur, & nàiffent vers les bouts 6c aux côtés
des branches, oit ils font attachés immédiatement;
ils.font -environ de la fontie & de la groffeur d’un
gros pois gris4 Se ne font pas mangeables.
Toutes ces efpeces fe multiplient aifément de
marcottes, de boutures 6c de rejets, 6c demandent
le traitement qui convient aux plantes de leurs climats
refpedtifs. Tes : boutures fe font en été : il faut
les làift'er expofées à l’air dans un endroit ombragé
pendant deux ou trois jours , afin de fécher la coupure
, fans quoi elles pourriroient. Peut-être que
cette précaution feroit effentielle à l’égard des bouturés
de nturierS & de tous les arbres: dont il exfude
du lait , .des réfines ou une feve abondante.
Nous allons maintenant nous occuper des figuiers
dont les fruits font bons à manger.
Pline t livre X I I I , chapitre7 , parle de notre figuier
{1°. z . Miller dit que fon fruit eft peu eftimé; mais
Pline en fait plus de cas : nous ne pouvons nous empêcher
de,rapporter ce qii’il en dit déplus effentiel ;
la defeription qu’il en donne eft entièrement fembla-
ble à la nôtre. Sa figue, dit cet auteur, eft très-
douce ; elle n’a point de grains au-dedans ( ceci, demande
d’être vérifié & eft fort difficile à croire. ) :
pour la fai re mûrir, il faut la grater aves des ongles
de fer ( Cette efpece de-caprification feroit fort fin-
guliere , fi elle étoit indifpenfable pour la maturation
d’un fruit qui croît fous le climat quiluieft propre.).
Ce fruit mûrit quatre jours après ■ cette opération, 6c
l’on trouve e,n le cueillant un fécond fruit qui commence
à pouffer fdjis cejui qui eft mûr (nç feroit-cé ,
-Pa$ plutôt à , c,pf,é£ ^.Qn ;en fait ainfi jufqu’à .fept
yuçiüetes-par au, faute d’être gratté il ne mûrit ;
-PPÎpIfcis/frffit-nouv^eauue laiffe pas de pouffer qua- :
tre fois en été fous, Celui qiû n’eft pas mur. Cette '
obfcurité de Pline femble éclairer ce paffage : il me ■
parôît qu’il en refaite que ce figuier rapporteroit de
lui-même quatre réçpjtfis .;d,e. figues mûres .pendant
l’Çtp > & qu’au moyen cl’une, opération qui hâte fa
maturité , iPenrapportefept. Nous obferverons que
», 51 pratiquée diversement ,r eft ;
de la plus faute antiquité. Xèprophete Amosjffqûoit i
dès figqeX f^uy^ges^ &, c’etoit un de fies métiers ,
f 7 ‘ On.trouve clans la tradu&idn |
en .mangçôit, 6c non qu’il lé.? I
Fe mpt .Hébraïque, a-t-il pu produire .une :
pareille ëquivo'qùe ? Continuons d’extraire Pline. 1
Le boi? du fyco.more (y ’eft toujours lefg iiïè rd’É- 1
Egypten°. p . j eftfes plus utiles.: il a cela de partiçu-
^‘er.*i-91*?’^?si,qu’il eft ,coupé, ôn le mot dans les
,étangs Çc’eft àmfi.qné s’exprime notre nouveau tra-
du&èur } , ï t que c’ëft 1$ fa maniéré de fécher : d’abord
il va au fond,,'màïs quand il e ftfe c il nage fur :
;l’eau, de ffiànièrè^üe^cët elétnent ffui humèae tbus. t
les antres boife, face au contraire celui dôfit bons par- j
Ions (on côïrjôft rqu’il peut le fucer ; niais que l’eau ;
ne remplacépas ia feVe en s’infinuâht dans fés canaux
: c’eft 'fur ^uôi nos 'phyfieïehs doivent proiioncer
d’apres l’experience. ). Lorfqu’il commence à
nager fur l’ eau , c ’eft une marque qu’il eft bon à met-
tre^en oeuvre. L’arbre qu’on a p p e lle , dans l’île de
. C r ê t e , figuier de Chypre ( c’eft toujours Pline qui
parle ) , reffemble, jufqu’à un certain p o in t, au fÿ -
. comore ; car il a fôn fruit attaché au tronc & aux
j groffe| branches ; maïs il pouffe des bourgeons
| fansdiicunes feuilles ; fa racine eft femblable à celle
du peu plie r , 6c fa feuille à celle de l’orme ( quelle
contradiction ! Il eft dit plus haut qu’il poulie des
bôiirgëons fâris aucunes feuilles, ne peut-on pas entendre
, par cette expreffion du texte ,f e d & gérmina
emittitjine u llis fo liis , qu’il pouffe lès germes ou petits
fruits avant qu’il n’ait encore des feuilles. Celâ-
eft conformé à la nature, & même à la nature du
figuier; au lieu que l’autre leçon la contrarie & rend
le fens de Pline ridicule ) ; il bourgeonne 6c produit
du fruit quatre fois l’année ; fes figues ne mûriffent
point , à moins qu’on ne fa ffe une incifion pour leur
faire jetter leur lait : ce fruit eft d’un auffi bon goût
que la figue ( i l faut ajou ter, la figue du figuiercnl-
tivé. ) ; il lui reffemble en-dedans ; il eft gros comme
une corme. ( c’eft le fruit du forbier. )
Pline cornptoit vingt - neuf efpeces de fixités
cultivées. La figue du mont Ida, quieftrouge° ôc
de la groffeur d’une olive ; elle eft plus ronde, & a
fin goût de neffle : on l’appelloif en ce pays la faut
Alexandrine. Le figuier qui la porte ne donne point
de lait. Lés figues d’Hercanie, qui félon le même
auteur, étoient plus douces que celles d’Italie, &
dont chaque arbre rapportait jufqu’à deux cens foi-
xante-dix boiffeaux de figues. Nous avons, dit-il en
Italie plufieurs fortes àe figuier étrangers, qui y ont
été apportés de Chalcis 6c del’île de Çhio,dont les
fruits reffemblent aux figues de Lydie, qui font purpurines,
& à celles qu’on nomme Matnelues. Les
Calliftruthiennes n’ont guere meilleur goût, & font
les plus froides de toutes. Quant aux Africaines, que
plufieurs préfèrent à toutes les autres , c’eft’ une
-grande qrteftion de favoir fi elle méritent cette préférence.
Les figues d’Alexandrie, d’Egypte, font noires;
mais en le fendant elles laiffent paroître des
filions blancs : on les a furnommées délicates. Il
compte encore les Rhodiennes , qui font noires : les
Tïvolienries , qui font hâtives ; & d’autres qui por-
toient le nom de ceux qui les avoient fait connoître
( &: peut-être obtenues de graine ) : les Liviennes ,
les Pompéiennes, qui fe gardoient d’une année à
l’autre : les Marifques, ou groffes figues infipides ,
que l’on fàifoit fécher au foleil ; 6c celles qui avoient
des taches'femblablés à celles des rofeaux ( des ro-
feaux de la Laconie. ) ; les Hérculàniennes, les Ab-
bicérates (dont Columelle dit, albaquequeefervat Ravit
copiomirtâ Cerce ) ; les Aràtamnes blanchès, qui font
groffes, 6c but la queue très-courte ( ce font fans
dôüte nos groffes figues blanches) ; les Porphyrites
du Purpurines ; lesXheIidoniènnes,.qui ne murif-
foîerit qü’à lâ fin de l’hiver; les figues de Tarente
qug lesTarentins appelloient ones.
Caton dit que 1 es figuiers Marilquès aiment les endroits
argilléux & découverts ; & que les ligués
tPAfïique , lès Hercûlaniemies , les Sagpntines lés
HiverlaneSj.les T e lah e s , jjréferentj les lieux g r a s&
bien fumés. Depuis le teins de Caton ( Continue Pli-
n e j les;figues_6nf'eu tant de noms , & fe fb nt multi-
p lië ê sà tel p o in t , que cela fèul fait vo ir combien un
frèçle différé de l ’ autre. Il y a , d it- il, des figues
d’h iver dans la Méfie : pour lès obtenir on cou v re de
ïfiihier , après l’automne, les petits figuiers 6c, les
figues non fnùrès qui s’y trouvent : à l’entrée du prin-
^tèms Ôn ôte cet ap pa re il, Sc ôn les met à l’air. Les
figues parviennent ainfi à leur maturité , lorfque lès
ùûtresfiguiers ne font que commencer de bourgeonner.
O n obtient ainfi des figues précoces dans up
ordre
ordre de faifon in ve rfe 6c dans une contrée des plus
froides.. T o u t c e que dit enfuite cet au te u r , des
figuiers y quoique fort intéreffant, eft d’une érudition
qui feroit déplacée i c i , ou qui concerne la caprification.
Voyt{ l ’article CA PR IF IC A T IO N , Diet,
raif. des Scitnc. 6cc.
Examinons à préfent les variétés des figuiers cultivés
dont parle Miller. V o ic i la lifte des meilleurs,
dans l’ordre de leur maturation. Il en a reçu de V e-
tïife une très-ample collection, & il ne s’eft attaché
à cultiver que les excellentes efpeces : preuve que
dans le nombre de celles qu’on a regardées jufqu’à
préfent comme propres exclufivement à l ’Italie 6c à
nos provinces méridionales, il s’en trou v ero it dont ’
o n p o u r ro it , a v e c les foins convenables, recueillir
d e bons fruits dans nos provinces feptentrionales '&
occidentales.
1 . L a figue brune i f chia 9 o u i f chia de couleur de
châtaigne, donne là plus groffe figue de toutes : elle
e ft ronde , rétrécie vers le pédicule ; l’oeil eft large ,
l a chair eft de couleur de pourpre ; fouvent elle
c re v e lors de fa maturité , qui arrive dans lés derniers
jours de ju ille t, o u au commencement d’août.
C e figuier, dit M ille r , foit en buiffon, foit en plein
v e n t , m’a donné dans un fo l chaud des figues parfaitement
mûres. Si on le plante contre un mur bien
expofé au fo le il, on peut compter fur deux bonnes
récoltes ; car on v o it une partie des figues de la fé condé
portée mûrir fans aucun art contre un m u r ,
à l ’afpefr du fud-eft.
2. La figue noire de Gênes. C ’ eft un fruit alongé
qui s’amincit vers la .queue, & qui fe gonfle vers la
couronne oil il eft obtus. La peau eft d’un pourpre
très-obfcur, prefque noir ; il eft couvert d’une fleur
purpurine comme certaines prunes , le dedans eft
d’un rouge brillant, & fa chair a un goût très-relevé ;
e lle mûrit dans les premiers jours du mois d’août.
. 3. La petite figue blanche précoce. Elle eft arrondie
, un peu applatie fur la cou ronne , 6c portée fur
lin pétiole très-court : lorfqu’ elle eft parfaitement
mû re , la peau eft mince , d?un blanc jaunâtre ; le
dedans eft b lanc, 6c la chair très-douce , mais le
g oû t n’en eft pas fo rt rele vé : elle mûrit en août.
4. La groffe blanche de Gênes. Elle eft groffe &
ronde , un peu alongée vers la queue : la peau eft
mince & d’une couleur jaunâtre, quand elle eft bien
mûre ; elle eft rouge en dedans. C ’eft un bon fruit ;
mais l’arbre ne change pas beaucoup.
5. L’ ifchia noire. C e fruit eft court & d’une grofi-
feu r médiocre , un peu applati par la couronne :
lorfqu’il eft mûr , la peau eft noire : le dedans eft
d ’un rouge foncé : la chair a une faveur fort agréab
le , 6c l’arbre rapporte beaucoup. Cette figue mûrit
en août : les oifeaux en font extrêmement friands.
6. La figue de Malthe. C ’eft un petit fruit brun,
très-comprimé par le b o u t , & très-rétreci vers le
pétiole ; le dedans eft brun comme la pe au , la chair
e ft très-douce & de bon goût.' Si on laiffe prendre
cette figue fur l’arbre jufqu’à ce qu’elle fo it ridée ,
alors e lle eft délicieufe.
7 . La figue murrey ou brune de Naples c’ eft un
sffez gros fruit rond d’un brun clair en dehors-,
mêlé de quelques foibles teintes d’un blanc fale. Le
dedans eft à-peu-près de la même couleur ; les femen-
ces font affez groffes , fa chair eft de bon goût.; Il
mûrit vers la fin de l’automne ; mais l’arbre rapporte
peu.
8. L ’ifchia v erte. C ette figure eft o b lon g u e , mais
prefque ronde à la couronne : la peau eft mince 6c
v erte : lorfque le fruit eft bien m û r , il eft teint d’ une
couleur brunâtre par le reflet de la pulpe qui eft
pourpre : fa chair teint le linge 6c le papier, elle eft
de bon g o û t , particuliérement lorfque la faifon eft
chaude : cette figue mûrit vers la fin d’août.
7«me U I%
9. La figue madona, quron appelle communément
en Angleterre la figue de Brunswich , ou d'Hanovre y
eft un gros fruit long 6c pyramidal : la peau en eft
brune, la chair groffiere, 6c d’un brun plüst clair :
elle mûrit à la fin d’août & au commencement de
feptembre : les feuilles font plus 'divifées dans cette
efpece que dans la plupart des autres.
10. : La figue pourpre commune ; elle eft affez
connue.
1 1. La brune longue de Naples. Les feuilles de
l’arbre qui la portent, font profondément échan-
crées : le fruit eft long , un peu comprimé à la couronne
: les pétioles font affez longs : la peau eft d’un
brun foncé quand elle eft parfaitement mûre : fa chair
eft de bon goût, & tire fur le rouge : les graines
font groffes , elle mûrit en feptembre.
1 1. La figue gentille : elle eft d’une groffeur
moyenne ,6c ovale ; lorfqu’elle eft mûre, la peau eft
jaune., la chair participe de la même couleur, elle
eft de bon goût : les graines font groffes : elle mûrit
fort tard, 6c les arbres rapportent peu , de forte
qu’elle n’eft guere multipliée en Angleterre.
Les figuiers , n°. 1 , 2 , 3 , 3 & 10 , donnent en
plein vent des fruits mûrs en Angleterre , quand ils
font placés dans une fituation chaude. Les autres
demandent le fecours d’une muraille expofée à de
bons afpefrs , autrement leurs fruits ne mûriroient
pas bien.
Culture.
Voici ce que l’abbé Roger Shabol dit delà culture du
figuier : il ne parle, comme M. Duhamel, que de trois
efpeces qu’on cultive depuis long-îems en France.
Lorfiqu’on eft plus curieux de l’excellence du fruit
que de la quantité , on place \e figuier en efpalier : il
faut alors l’ébourgeonner : il pouffe d’autant.plus
. qu’on lui donne moins d’effor. Pour lui faire prendre
une forme régulière , afin de l’affujettir au treillage ,
on eft forcé de couper quantité de rameaux placés
par derrière , qui empêchent le gros bois d’approcher
du mur, ainfi que ceux qui dardent de toutes
parts en devant, d’oii il arrive que les faux bourgeons
fe multiplient à l’infini.
Le bois du figuier eft rempli d’une moelle fpon-
gieufe , & la feve eft laiteufe : par la fuppreffion de
fes rameaux on met la moëlle à l’air qui la deffeche:
la pluie s’introduit enfuite dans les petites cellules
que la nature y a pratiquées , 6c de-là s’enfuit la
pourriture intérieure qui occafionne la mortalité de
ces branches incifées ; comme fes pores font fort
ouverts, & fes conduits intérieurs fort dilatés , cette
feve laiteufe s’extravafe 6c fine jufqu’à évacuation
totale : telle eft la raifon pour laquelle tout figuier
qui n’eft point empaillé l’hiver, ou qiii-l’eft mal ,
gele aifément, fur-tout s’il tombe de la neigé , du
givre & des frimats. Ii fait fouvent écforre du bas
quantité de branchettes creufes qui gelenr en hiver ,
ou qui fechent au printems faute de confiftance
fuffifante, foit pour fupporter le froid, loit pour
réfifter au grand air du printems.
Ainfi le régime du figuier fe réduit à ne le tourmenter
aucunement , à lui ôter feulement les bois
morts , 6c à appliquer à fes plaies l’onguent de S.
Fiacre , à l'empailler amplëmenr durant l’hiver, 6c
à le tirer de fa prifon vers la fin de mars quand les
dangers font paffés.
L’ëbourgeonnement fait de la -manière dont il a
été dit (^oyc^ l’abbé Roger Shabol,tome I , chap. i . ) ,
influe tellement fur la fuite de l’ouvrage , qu’on eft
fur de ne pas s’y reprendre à plufieurs fois ; on n’a
plus qu’une fimple recherche à faire de tems^en tems.
Les arbres ayant eu le loifir de jetrer leur feu ,
deviennent plus fages, fans être épuifés , altérés ni
fatigués*-' -