
pelotons de quatre ou cinq dans chaque- arrondiffe-
metit, fous la conduite de leur palfrenier ordinaire ;
enfin le plus grand avantage qui réfulteroit de ce
pla'h , eft la facilité de changer ces pelotons d’année
en année , d’une extrémité de la province à l’autre ,
& par conféquent de fournir chaque arrondiffement
d’étalons nouveaux , chaque année , ou tous les
deux ans, fans augmentation.de depenfe ni de foins.
Pendant les trois mois de monte, l’étalon ne doit
être employé à aucune autre fonction : je penfe
même que pendant deux mois avant ce tems, il doit
être préparé à cet exercice par le repos, ou de très-
légeres promenades , & par une nourriture plus
abondante qu’à l’ordinaire. Ainfi on peut cotnpter
cinq mois , employés tant à la préparation à la
monte , qu’à la monte même. Quant aux fept mois
reftans, on peut tirer de ces chevaux tous les fer-
vices dont ils font capables. On fait qu’un travail
bien ménagé & proportionne à la nature de 1 animal
, lui eft plus falutaire qu’un repos trop continué.
Ces chevaux appartenant au public, doivent travailler
pour lui ; ainfi en leur donnant un mois pour
pourvoir à leur propre fubfiftance, c’eft-à-dire, pour
récolter leurs provifions ; la province pourra jouir
fix mois entiers de leurs fervices pour les travaux
publics, tels qu’entretien des chemins royaux, cha-
rois militaires ou autres , auxquels on voudra les
employer. Cette fpéculation eft d’autant plus fondée
, qu’en entrant dans quelques details, on verra
que par leur nombre , par leur diftribution, ils
pourront fuffire à-peu-près à ces objets.
La Champagne peut porter quatre cens étalons ,
& je crois qu’ils font effe&ifs ; quoiqu on doive les
placer à la campagne, de preference à la ville, tant
pour la moindre dépenfe , que pour plus grande
commodité , & pour éviter beaucoup d inconve*
niens dans le fervice ; fi l’on prend cependant, pour
fixer ces idées , les principales villes de la province
, & qui font à-peu-près à égale diftance les
unes des autres , on trouvera que l’on peut feparer
ces quatre cens chevaux en huit divifions, de cinquante
chacune , lefquelles pourront etre places
dans les villes , ou plutôt dans les environs de
Reims , Châlons , Sainte - Menehould , Vitry ,
Joinville , Chaumont, Bar-fur-Aube , & Troyes.
Trente des chevaux pourront travailler journellement
fans fe fatiguer, pendant que vingt fe repofe-
ront, ou que quelques-uns feront retenus par quelque
accident : or , il n’eft point de paroiffe qui,
l’une dans l’autre , ne paie volontiers cinquante
écus pour être déchargée de fa part de l’ouvrage que
ces chevaux feront pendant fix mois , &c qui n y
trouve fon profit. En jettant les yeux fur le calcul
ci-joint , on verra que ces fommes reunies feront
fuffifantes pour l’entretien des étalons, & qu’il en
reftera même une par an affez confidérable pour le
remplacement & le complet des chevaux. Je ne
parle point des petits privilèges que l’on pourroit,
fans grande conléquence, attacher à ces établiffe-
mens, foit pour l’achat des provifions, foit pour le
logement , ou pour les perfonnes qui y feroient
employées.
On objeôera fans doute le premiec'achat des étalons
, la dépenfe de leur établiffement, & les frais
de leur premier approvifionnement : objets confidé-
rables. Quant au premier , on peut prendre des
arrangemens avec les gardes - étalons a&uels qui
céderont leurs chevaux, & dont les paiemens feront
faits d’année en année fur la fomme d e ...................
deftinée à l’achat des étalons, dût-on leur payer la
rente du prix fur cette fomme , jufqu’au paiement
total. L’établiffement eft un objet ftable & fixe, peu
difpendieux , chaque édifice confiftant en écurie de
cinquante çhevaux, magafin à foin & à paille , grenier
à avoine, & logement pour les employés au
fervice du haras. D’ailleurs cét objet n’eft poinr
d’une utilité particulière , propre à certain endroit,
indifférent à tous les autres , il intéreffe toute la province
, ïl tient au bien général ; quant aux frais de
premier approvifionnement , ce font les dépenfes
que l’on eft obligé d’avancer pour mettre fon bien
en valeur, & qui rentreront par la fuite au centuple.
D’ailleurs le bon qui fe trouve chaque année
fur la recette, dépenfe déduite , eft affez confidérable
pour fuffire à tous ces objets en peu d’années ;
on le verra dans le calcul ci-aprcs. On obfervera que
les étalons bien conduits , doivent être en état de
fervir au moins pendant fix ans,. la plupart font con-
fervés pendant huit & dix. Cette fomme annuelle
que l’on pourra mettre en caillé pendant ce nombre
données, produira un fond affez fort pour fubvenir
à toutes ces dépenfes.
D’ailleurs il eft des fonds affe&és aux haras, dont
on pourroit aider ce nouvel établiffement, s’il étoit
approuvé , fauf par la fuite à remettre même ces
avances.
On peut conclure de tout ce que nous venons de
dire, qu’il eft deux efpeces d’avantages qui réfulte-
roient du plan propofé ; les uns tendant à la perfection
des haras de la province, en fupprimant tous les
droits payés par les propriétaires des jumens, toutes
les exemptions & privilèges des gardes-étalons, la
répartition fera plus égale , la rétribution infenfible ;
ces propriétaires ne paroiffant affujettis à aucune taxe
propre à cet objet, fourniront leurs jumens avec
empreffement. On fe livre toujours à un profit qui
femble ne rien coûter, la race fe perfeâionnera de
plus en plus, & fe foutiendra par le croifement des
étalons, & par les autres opérations de l’adminiftra-
tion aâuèlle, telles que gratifications pour les jumens
de taille, pour les poulains d’une certaine beauté ,6’C.
qui fubfifteront toujours ; enfin la province fera
déchargée d’une partie des corvées qui l’accablent ôc
qui gênent l’agriculture.
E T A T de tentretien des haras, fuivant le plan projette.
Dépenfe.
Nourriture, foins, entretien de quatre cens étalons
, 500 liv. chacun,.par an, fait. . 200,000 liv.
Recette.
Deux mille deux cens paroiffes, en
Champagne, payant chacune 120 liv.
par an, fait . ................................264,000
Chaque garde-étalon jouit de 80 liv.
exemption de taille ; le refte des privileges
20 liv. droits de monte de vingt
jumens à 3 liv. 10 f.
Total, 170 liv.
Pris au plus bas, on pourroit compter
fur 200 liv. par an.
Quatre cens gardes-étalons, à 170
liv. f a i t ..................... ..... • • • 68,0001
T o t a l d e r e c e t te . 3 3 1 ,0 0 0 % ,
D o n t à ô t e r d é p e n fe çi-d eflu s . . 10 0 ,6 0 0
R e l ie p a r an . . . • • * • 1 3 1 ,6 6 0
S om m e d e flin é e a u r em p la c em e n t d e s é ta lo n s &
d ép en fe s d ’ en t re t ie n d e^ b â t im en s o u e x t r a o rd in
a ir e s .
E T A T de dépenfe & recette, fuivant le plan projette.
Dépenfe.
Quatre cens étalons , à 500 liv. d*entretien
chacun . . , . 8 . . • • %oo,ooo liv.
Recette.
Deux mille deux Cens paroiffes, à 150 liv. chac
u n e ............................... ..... 330,000 liv»
Sur quoi on obfervera qu’il faut ôter
pour exemptions de garde & droits de
monte 6800Ô liv. que l’on paie aujourd’hui
. . . . . » . . » . 200,000
r e f t e .......................... * * . . 130,000
Somme à employer.
Quatre cens étalons à 6bo liv. ; . 240,000
Huitbâtimens à 2500O liv. . '» . 200,000
T o t a l » . 4 4 0 ,0 0 0 liv .
En 'quatre dns cette dépenfe fera acquittée, & il
y aura 8o,oOo liv. deTeftè.
Mais je fuppofe que la province de Champagne
ne porte que deux cens étalons.
Leur nourriture & leur panfement à 500 liv. chacun,
par an , fait . .. . . . » 100,000 liv.
Il n’eft point de cheval qui, eh fix
mois de travail, ne puiffe apporter des
matéraux fuffifamment pour l’entretien
d’une lieue de chemin , puifque M. de
Turgot prétend qu’un feul homme petit
lui feul en entretenir deux.
Par la lifte générale des poftes, il rie
fe trouve en Champagne que cent cinquante
lieues de grandes routes , c’eft
donc cent cinquante chevaux qu’il fau-
droitjees deux cens par conféquent font
donc plus que fuffifans, St bien âu-def-
fous du travail qu’un cheval doit faire.
En attachant deux manoeuvres , outre
le conducteur à chaque cheval peri-
dant les fix mois de l’année, à 20 fols
par jour, fait par an 312 liv.
Ainfi les haras & les chemins de la
province fe trouveront entretenus
m o y e n n a n t .................................... 162,400
Mais comme il y a en outre les routes
de traverfes, &que la totalité de
la province porte quatre cens chevaux,
le nombre de chevaux feroit plus que
fuffifant pour ces travaux, & pour relayer
ceux qui fe trouveroient trop
, foibles ou malades.
En prenant la dépenfe du tout, elle
montera à . ...............................324,800
Mais la province, à la taxe, médiocre
que nous fuppofons, donnera . . 3 30,000
Que l’on confidere actuellement l’argent qui rentrera
dans les coffres de la province, par les droits
que paieront & ne payoient pas les gardes-étalons,
ce qui eft un objet fort confidérable.
Il ne refte pour la dépenfe du haras, que l’acqui-
fition des chevaux, celle des tombereaux & harnois
néceffaires.
Les-chevaux font actuellement exiftans entre les
mains des gardes-étalons, ce feroit au gouvernement
ou à la province à prendre des arrangemens avec
eux pour les acquérir.
A l’égard des voitures & harnois , chaque communauté
de la province, & il y en a deux mille,
ne feroit pas foulée de fournir un tombereau &
fon harnois.. ƒ . ' ’ .
Quant au bâtiment on en trouverait affez, tel que
chateau, abbayes, &c. par exemple, à faint Dizier,
petite ville fituée fur la Marne, au centre de toutes
les fubliftances, fe trouve un ancien château, qui
par fon étendue & par fa pofition avàntageufe, fer-
viroit de depot général des vivres, en même tems
de logement à un peloton de cinquante chevaux.
Tome III.
A Vifry-le-François, fitué fur la Marné, üti bâtiment
vafte qui fervoit ci-devant de manegè aux grenadiers
à cheyal, aujourd’hui totalement inutile,
pourroit loger aifément& commodément vingt-cinq
à trente chevaux, avec leurs palfreniers.
A Châlons-fur-Marne * Traies , Reims, Bar-fur-1
Aube, &c. on trouverait de pareils logemens.
Pendant les trais mois de monté , oû il feroit né-
ceflaire de diftribuer, pour la commodité du public,
les étalons, au nombre de cinq ou fix, en divers
lieux ou départemens, on trauvetoit quantité d’abbayes
, telles que celles de Haute-Fontaine , de
Mouicetz, de Trois-Fontaines, de Cheminon , de
Moutier-Onder, de Huiron, de Môiitief-Amé , de
Rivon, de Boulancourt, de là Chapelie-aux-Plan-
çhes , de Châtriée, &c. dont les vaftes bâtimenS
fourniraient fans aucun dérangement un logement
commode, & un magafin pour cinq chevaux & url
palfrenier»
Ce plan d’adminiftration qui avoit été goûté de
plufieurs miniftres , avoit été examiné derechef par
M. de Turgot, alors contrôleur-général des finances
,, & qui, après un mûr examen , avoit promis à
l’auteur d’en faire ufage ; mais la multiplicité de
projets dont ce miniftre étoit rempli lui a fait oublier
celui-ci. La chofe étoit cependant bien néceffaire,
puifqu’il eft avéré que les haras font dans l’état le
plus déplorable, & que plufieurs miniftres fe font
plaints que la bonne efpece manquoit pour ia cavalerie
, qu’elle étoit obligée de fe remonter chez l’étran*
ger ; il y a long-tems qu,e le public s’en plaint ; les
marchands avouent,même que la vraie race normande
eft perdue , ce qui faifoit autrefois une branche
de commerce, & nous apportoit de l’argent en
France ; au lieu qu’aujourd’hui nos marchands dè
chevaux normands ont abandonné cette province ,
tant par rapport à l’efpece qui y eft abâtardie, que
par la cherté de celle qui y régné, ce qui les oblige
d’aller chercher des chevaux chez rétranger. Paris
fourmille de chevaux Friions, de Northolandois ,
de Danois, & de toutes les provinces circonvoifines
d’Allemagne ; ce n’eft que depuis quelques années
encore que l’on voit à nos. carroffes des chevaux
Bretons, qui naturellement font mal conftruits, ont
des têtes pefantes, des, pieds plats, font lourds &
prefque tous de baffe taille 9 encore ne valent-ils
quelque chofe qu’après avoir paffé deux ans dans
nos prairies du Perche, dans ïe.pays Chartrain, oit
ils acquièrent un peu de qualité. ( Cet article ejl de
M. l a F o s s e , maréchal du roi. )
§ HARCOURT , (jGéogr.') Harecórtis ■ {non Har*
contis,comme l’écrit le Dicl. raif. des Sciences."), Hercu*
nia, Hardicujîa, bourg de Normandie, au diocefe
d’Evreux, à dix lieues de Rouen, entre le Bec, Neu-
bourg & Brionnë, avec château ancien, dont les ap-
parpemens ont été rétablis à la moderne, fut érigé
en comté, parle roi Philippe V I , en 13 38 ; ce comté
comprend vingt paroiffes.
Il y à un prieuré de l’ordre de Saitlt Auguftin , de
la congrégation de SainteGenevieve, oiil’on cohfer-
ve des reliques anciennes & précieufes. Un grand
candélabre de cuivre à fept branches, & les tombeaux
des anciens comtes à.’Harcourt, fonàateurs^du prieuré.
HaAcourt, fur l’Orne à fixlieuesdéOaen,appellé
auparavant Thury, qui de marquifat a été érigé en
duché par Louis X IV, en 1700 ; fous le nom d'Harcourt,
en faveur de Henri d’Harcourt de Beuvron ,
depuis maréchal de France, & capitaine des gardes
du corps, & en pairie en 1704.
Les feigneurs de ce nom font tfès-illuftres & bien
connus dans nos annales. ([C.)
HARDBERG, (Géogr.) ville d’Allemagne, danâ
le cercle d’Autriche, & dans la Styrie, au quartier
P p ij