lorfqu’ils font en fi grande quantité, qu’ils bouchent
le canal cholédoque 8c les autres vaifl'eaux biliaires,
d’oîi réfulte un engorgement au foie qui tôt ou tard
eft mortel. Ces infeéles qui fembleroient devoir fe
porter avec la bile dans le duodénum, ne s’y rencontrent
cependant jamais. Les remèdes contre ces
vers font les martiaux fur-tout les boiffons réitérées
des eaux non épurées de Pafli, qu’on fait prendre
au cheval;il faut lui en donner pendant huit
jours matin 8c foir.
Le canal pancréatique efl quelquefois rempli de
vers, comme le cholédoque, mais d’une nature différente.
Cesinfedles dont j’ai feul parlé , 8c que les
diffeétions 8c les ouvertures fréquentes des chevaux
m’ont fait appercèvoir , font cylindriques ,
de la longueur de deux pouces environ ; la moitié
de leur longueur efl: rouge, le relie ell blanc ; la tête
eft difficile à diftinguer de la queue : pn peut croire
cependant que la tête ell cette extrémité à laquelle
on remarque deux efpeces defilamens, à-peu-près
femblables à ceux que portent les vers de l’eftomac.
Au relie, ils ne s’attachent point, 8c errent çà 8c là
dans le canal pancréatique ; on n’en rencontre que
très-rarement dans le canal intellinal. Les moyens
de les détruire font les mêmes que ceux que nous
avons indiqués contre les vers du foie.
Outre toutes ces efpeces dont nous avons parlé,
il s’en trouve une cinquième répandue dans la capacité
du bas-ventre 8c errantes fur les vifeeres : ces
derniers vers font longs de quatre pouces & plus, 8c
minces comme des aiguilles ; ils font abfolument
différens de ceux des intellins. On n’a aucun. ligne
qui indique' que le cheval en foit incommodé, 8c
quand on en auroit de certains, comment y porter le
remede? On ne pourroit avoir recours qu’aux injections
ameres, faites après la ponélion.
Les chevaux font fujets à avoir des pierres dans
les reins; elles fe logent dans le baffinet 8c rarement
dans les mamelons. Elles font de deux efpeces : la
plus ordinaire ell un amas de fable, de gravier ou
îedimens qui s’amoncelent, fans cependant acquérir
une confiuance bien dure, quelquefois elles font
femblables à une pierre blanche. L’autre efpece ell
d’une fubllance plus dure, brunâtre, quelquefois
rouge & quelquefois cryflallifée. Ni l’une ni l’autre
ne font effervefcence avec les acides ; elles n’ont-point
non plus, comme les bezoards, de point central. La
pierre de la veffie ell ordinairement de la première
efpece : ce vifeere peut en contenir plulieurs, mais
ce cas ell rare. Le plus ordinairement on n’en rencontre
qu’une feule plus ou moins groffe : le diagno-
flic ell aifé à porter par l’affeélion des reins; le mal
ell incurable.
De l’adénologie, ou traité des glandes. Nous avons
encore peu de chofe à dire fur cet article, parce qu’il
n’y a pas grande différence entre l’anatomie des glandes
du cheval 8c de celles de l’homme. C’ell pourquoi
nous ne ferons que les indiquer’ fans entrer
dans aucune defeription, à moins qu’il ne fe préfente
quelque Variété effentielle.
Les glandes de la tête fe divifent en falivaires &
en lymphatiques. Les falivaires font,les parotides,
les maxillaires, les fublinguales, les molaires-, les
buccales, les labiales, les linguales, les amygdales,
les palatines, les arythénoïdiennes 8c les tyroïdien-
nes ; les lymphatiques font, les parotides, les maxillaires
ou de morve , les occipitales.
Les glandes du col font les cervicales, les jugulaires
8c les oefophagiennes. Celles du thorax fon t,
les thorachiques & les médiaftines. Les glandes du
bas-ventre font, le foie, le pancréas, les reins, les
reins - fuccinturiaux , les glandes méfentériques,
les lombaires , les iliaques 8c les facrées, les grandes
8c petites proftrates 8c une fuite .de glandes
répandues dans la plupart des vifeeres dont nous
avons parlé , telles que celles de l’ellomac, des
intellins, de la veffie," &c, Les.gfandes des extrémités
•font y les axillaires, les ingninaléS 8c les crurales.
De plufieurs points d’iüppotôrnie. On entend par
digeftion , 1e changement des alimens en chyle. Cette
opération ell préparée dans la'bouche par la mafti-
cation, s’avance dans l’eltomac ,' l'e perfe&ionne &
s’achève dans les intellins grêles, eii un mot, fe fait
dans le cheval de .la même maniéré que dans l’homme.
C’ell pourquoi nous Centrerons dans aucun détail
là-deflus. Par la mêhlé raifon , nous ne dirons
rien non plus de la maniéré dont la circulation fe fait
dans le cheval.
Les parties qiii compôferit l’oreille du cheval portent
les mêmes nôms'que celles de l’oreille de l’homme,
8c l’anatomie,en eltprefque la même,aux dimen-
lions près. L’oreille externe du cheval ell compofée
de trois cartilages: favôir, la conque, la cuiraffe 8c
le bouclier qui font mus par le moyen de douze muf-
cles , & recouverts de la peau. Cette partie de l’oreille
ell féparée de l’interné par le moyen d’une membrane
qu’on nomme membrane du tympan. Le tympan
perd fon reffort par le moyen de la trop grande
humidité qui le relâche ; parvenu à un certain point
de relâchement, il ne peut pas recouvrer fon élafti-
cité : cette perte de reffort peut encore être caufée
par la trop grande féchereffe, qui, continuée long-
tems, fait tendre les fibres, lefqu elles, incapables
de prêter, fe rompent. Dans ce cas, comme dans le
premier, il n’y aura plus d’entendement, à moins que
l’on né puiffe fobftituer une membrane artificielle.
Je crois qu’elle réuffiroit fi elle étoit adaptée hermétiquement.
Cet accident arrive fouvent par la
faute de ceux q u i, traitant des chevaux malades,
fuivent la mauvaife pratique de leur verfer des mé-
dicamens dans l’oreille. Elle annonce un homme totalement
dénué de connoiffances anatomiques; cependant
elle ell encore fort en itfage.
L’anatomie de l’oeil du cheval ell prefque en tout la
même que celle de l’oeil de l’homme ; c’ell pourquoi
nous dirons encore peu de chofe de cette partie. La
cornée ell compofée de plufieurs tuniques membra-
neufes , de l ’exillence defquelles on peut s’affurer
dans les accidens qui furviennent à la fuite de quelque
coup reçu dans cette partie, puifqu’on 'les ap-
perçoit dilacérées : on en compte alors quelquefois
jufqu’à trois ; c’eft dans ce cas que certains maréchaux
difent qu’ils vont faire tomber la peau , ou
manger les peaux qui font fur l’oeil. Les humeurs de
l’oeil du cheval font les mêmes que celle de l’oeil de
l’homme. Lorfque rhumeur aqueufe vient à féjour-
ner dans la chambre antérieure , elle devient blanche
8c opaque; c’ell une maladie de l’oeil qu’il a plu à
certaines perfonnes de nommer lunatique, comme fi
la lune avoir quelque influence fur les corps : mais
fi l’on vouloit bien faire attention que cette maladie
arrive plus fouvent dans les tems humides que dans
d’autres, on avoueroit que dans cette conllitution,
les corps en général perdent de leur reffort, & que
par conféquent on ne doit point être furpris que les
vaifl'eaux abforbans de l’oeil perdent auffi du leur.
Le cryftallin ell compofé de plufieurs couches qui
fe dillinguent feulement lorfqu’ilell devenu opaque,
c’ell-à-dire, lorfqu’il y a une cataraéle bien formée.
C’ell dans ce cas que le vulgaire dit que le cheval
a un dragon dans l’oeil.
Le nez ell divifé en deux parties ; l’une interne &
l’autre externe. Le nez interne ell cette grande Cavité
formée par le concours des os dont nous avons
fait mention dans l’olléologie. Cette cavité fe divife
elle-même en plufieurs autres : la première ell fituéè
au-deffous de la première table offeufe de l ’os frontal,
dans fa partie inférieure , 8c retient le nom de
finus frontal. Ce finus verfe, par une large ouverture
, l’humeur pituitaire dans le finus maxillaire 8c
zygomatique. Ce dernier finus forme la leconde
cavité , c’ell la plus confidérable des trois : la dernière
cavité ell fituée au-deffousde la troifieme dent
molaire ; elle s’ouvre dans le cornet inférieur du nez
dans Jequel elle verfe l’humeur purulente qui s’y
amaffe dans la morve.
C’ell à raifon de cette flruélure que dans mon
Guide du maréchal, je propofe le trépan en trois
endroits différens ; opération indifpenfable lorfqu’il
y a collection de pus dans ces parties ; on
établit, par ce moyen , une communication entre
ces cavités 8c le finus fphénoïdal, & l’on donne de
l ’écoulement à la matière. Une feule couronne de
trépan fur l’os frontal fuffit à la vérité, pour que
l ’inje&ion forte par les narrines , à moins que le
cheval ne l’avalé,comme cela peut fort bien arriver
; mais il ell néceffaire de multiplier les couronnes,
pour déterger la cavité ou finus litué au-deffous
de la troifieme dent molaire.
La quatrième cavité efl plus fpacieufe : on y confédéré
deux cornets d’une figure approchant de celle
d’une navette, mais plus alongée , un fupérieur 8c
un inférieur. Le premier ell plus étendu 8c formé
par la réunion de, l’os ethmoïde, 8C de cette dupli-
cature mince qui appartient aux os du nez : le fécond
ell fitué au-deffous de celui-ci, il ell appliqué fur
les os maxillaires., 8c fert de paroi au linus maxillaire
de la troifieme dent molaire. Ces cornets doivent
être regardés comme autant de finus 8c de culs-
de-fac. Leur ftru&ure démontre combien il ell difficile
de traiter la morve loffqu’elle occupe ces différentes
cavités. Quoique perfonne n’ait encore bien
connu ni bien décrit cette ftru&ure, on a cependant
vu nombre de gens s’imaginer avoir un fecret pour
la morve , qu’ils ont regardée fans doute, moins
comme un vice local , que comme- un vice des
humeurs. Mais fuppofons que cette maladie dépende
d’un vice répandu dansje fang , après avoir
employé tous les remedes capables de le purifier, 8c
en être venu à bout, aura-t-on fait évacuer le pus
qui remplit ces culs-de-fac, ces finus qui n’ont point
d’iffue ? Que rifque-t-on de faire des effais en ce
genre , puifque perfonne ne veut garder un cheval
attaqué de cette maladie, 8c qu’on ne peut le
vendre?
On comprend, fous le nom de bouche, tout l’ef-
pace qui fe trouve depuis le bord antérieur des
levres jufqu’à la première vertebre du col. Les parties
qui compofent la bouche du cheval font les memes
que celles de la bouche de l’homme, à l’exception
cependant de ce qu’on appelle les barres dans le
cheval, qui ne font autre chofe que la peau qui tapifle
la mâchoire inférieure. Cette peau forme plus ou
ijioins de plis dans la vieilleffe. En général on dit qu’un
cheval a les barres épaiffes, charnues ou tranchantes;
épaiffes ,.lorfque la mâchoire ell arrondie en
cet endroit; charnues, ce qui provient oh de fesplis
ou d’une induration occafionnée par{ le mors : cet
accident ôte la fenfibilité au cheval, qui n’obéit qu’à
raifon de cette fenfibilité excitée par la preflion du
mors fur, cette partie : on appelle barres tranchantes,
celles, dont les os font faijjans.; ce qui fe. rencontre
plus communément dans Je§ jumens.que dans les
chevaux. Les barres tranchantes font fujettes à être
offenfées ; à la fuite de cette léfion, il furvient même
fouvent carie , laquelle on ne fauroit guérir qu’en
rugi.nant l’o s , 8c en le fajfant exfolier.
Le palais efl: cette, peau fillonnée qui s’étend depuis
le voile palatin, & depuis les os palatins, juf-
qu aux gencives de la .mâchoire inférieure. Cette
partie en cet endroit efl moins fillonnée ; mais élevée
dans les poulains en efpçee de dos d’â n e e ’efl ce
Tome III.
qu on appelle le Iqmpas ou feve , ce que nombre
d auteurs ont regardé comme une maladie 8c comme
le fujet du dégoût, principalement pour le manger,
comme fi l ’on trouvoit ici des houppes 8c des papilles
nerveufes ? Leur opinion efl fondée fur ce que
le lampas déborde les dents, 8c en conféquence ils
y ont fait appliquer le feu. Il n’y a que l ’ignorance
feule qui ait pu autorifer la pratique de porter le
feu fur une partie qui, brûlée de la forte, n’ôte certainement
pas à l’animal le- dégoût qu’on lui fup-
pofe, mais lui caufe un mal réel , pour le guérir
d’une maladie imaginaire.
L’arriere-bouche efl: féparée de l’avant-bouche par
une cloifon aponévrotique j1 nommée voile du palais.
Cette cloifon efl échancrée dans fa partie inférieure,
pour faciliter le mouvement de l’épiglotte de devant
en arriéré, dans les différens tems de refpira-
tion ; car, quoique par l’arrangement de ces parties,
l’épiglotte monte pour l’ordinaire derrière le voile
palatin, 8c oblige l’air de pafl'er des poumons dans
le canal nazal, il pe,ut fe faire que l’épiglotte fe porte
en avant, 8c oblige l’air de fortir par la bouche ; ce
qui aura lieu lorlque le voile du palais viendra à
s’é lever, tandis que le pharynx fe contrariera. Ce
fait efl prouvé par ce qui arrive dans la phthyfie :
les chevaux en touffant jettent de la matière par la
bouche. O r , fi une humeur auffi groffiere .8c auffi
épaiffe fort par cette v o ie , à plus forte raifon l’air
doit-il donc y paffer. Tout le monde fait qu’on efl
quelquefois obligé d’abattre un cheval , lorfqu’on
veut le couper ; mais avant que de le faire , on lui
met le torche-nez ou la moraille qui lui bouche une
narine. Si la narine ouverte de l ’animal abattu, porte
à terre, de maniéré que l’entrée de l’air foit interceptée
, on les voit alors ouvrir la bouche pour ref-
pirer. La refpiration fe fait par la bouche toutes les
fois qu’il y a embarras dans les narines, de quelque
efpece que foit cet embarras.
Nous n’avons rien de particulier à dire fur la peau
8c les poils du cheval. La peau a fon épiderme qui
n’eft autre chofe qu’une expanfion des vaifl'eaux de
la tranfpiration. On voit tous les jours s’enlever cet
épiderme de deffus la peau , lorfqu’on y applique
des fubftances graffes 8c huileufes ; .méthode qui
malheureufement efl encore fuivie aujourd’hui par
bien des maréchaux, Iefquels ignorent fans doute
que les corps gras bouchent les pores de la tranfpiration
; que les excrétions ne fe faifant pas , la jambe
ou la partie malade doit augmenter de volume plutôt
que diminuer. Pour les poils , ceux de la crinière
font quelquefois fi longs qu’ils fe mêlent au point
qu’il efl très-difficile de les démêler ; ce que les igno-
rans attribuent à un efprit, qu’ils appellent follet.
Pour ce qui regarde les fabots, voye^ la defeription
du pied du cheval. Les châtaignes font des portions
de corne fituées en dedans de l’avant-bras, 8c
en dedans du canon de derrière. Cette efpece de
corne efl d’une fubllance différente de celle des
fabots: elle efl plus compare 8c plus molafle.
S E C O N D E P A R T I E .
De Chygienne. Dans cètte partie on traitera i:°. de
la conformation du cheval;-i°. de fa nourriture;
3°. du foin qu’on doit en-avoir ; 40. de fes exer-_
cices.
De la conformation du cheval. Le cheval confidéré
extérieurement, fe divife en trois parties ; favoir, en
avant-main, en corps & en arriere-main. L’avant-
main renferme la tête, le c o i, le devant du poitrail,
le garot & les jambes de devant.. Le corps comprend
le dos, les reins, le deffous du poitrail, les côtes ,
le ventre , les flancs , les parties de la génération.
L’arriéré-main comprend la crçupe, là queue, le
fon dementla nature dans la jument, les. hanches,
D d d ij